Les Chroniques d’un Pilleur de Tombes | Grave Robbers' Chronicles | 盗墓笔记
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Chapitre 38 – La Vérité
Chapitre 37 – Journal Menu Chapitre 39 – Zhu Jiuyin

J’étais tellement concentré sur la carte d’identité du cadavre que la question soudaine de Lao Yang me fit sursauter. Une fois calmé, je lui donnai une réponse vague et je continuai de regarder la chose dans ma main.

D’après les entrées de ce court journal, cet homme était venu ici trois ans plus tôt, à peu près à la même époque que Lao Yang et son cousin pour la première fois. Aurait-il pu être avec Lao Yang à cette époque ? Après y avoir réfléchi, je me dis que c’était peu probable. Même si les choses écrites dans ce journal correspondaient quelque peu avec l’histoire de Lao Yang, la plupart différaient. Donc, cela signifiait qu’il devait y avoir deux groupes de personnes.

Pour une raison quelconque, je ne pouvais pas m’empêcher de penser que le nom « Xie Ziyang » me semblait très familier. Xie était un nom de famille relativement peu courant. Où l’avais-je entendu auparavant?

J’essayais de me concentrer, mais trop de choses étranges s’étaient produites récemment, si bien que mon cerveau ne fonctionnait pas normalement et que je n’arrivais pas à penser clairement.

Je continuai à fouiller dans ses affaires, cependant je ne trouvais rien d’autre. Je rangeai ensuite son journal dans mon propre sac. De cette façon, je pourrais l’examiner de plus près plus tard.

Lao Yang, me voyant accroupi là sans rien dire, pensa que quelque chose m’était arrivé et m’appela à nouveau. Je remarquai qu’il avait la moitié de son visage enfoncé dans le petit espace entre les rochers et que ses yeux s’efforçaient de voir ce que j’avais dans la main. Mais j’étais dans un angle mort à cause du rocher, donc je pouvais le voir mais il ne pouvait pas me voir. En le regardant, je ne pouvais m’empêcher de penser qu’il avait l’air un peu bizarre, comme s’il mourait d’envie d’entrer.

Tu n’as pas voulu entrer, même quand nous étions sur le point de mourir tout à l’heure. Quoi, tu le regrettes maintenant ? :

― Ne fais pas tant d’histoires. J’ai trouvé quelque chose d’intéressant et je le regarde.

Lao Yang fronça les sourcils et demanda rapidement : “Qu’as-tu trouvé ?”

Je lui raconta comment je venais de trouver le corps :

― Nous pourrions finir comme ce type. Si nous ne trouvons pas d’issue, j’ai peur que nous ne mourions plus vite que lui. Mais son nom me semble familier. Tu te souviens d’un camarade de classe qui portait ce nom quand nous étions plus jeunes ?

Tout en parlant, je m’approchais du bord du rocher, essayant de lui montrer la carte d’identité à travers l’interstice. Son visage changea tout d’un coup, il devint d’une pâleur fantomatique et son regard intense me fixa droit dans les yeux.

J’eus un sentiment étrange. Qu’est-ce qui ne va pas ? Me demandai-je. Pourquoi est-il dans cet état tout d’un coup ? Avons-nous vraiment eu un camarade de classe nommé Xie Ziyang lorsque nous étions plus jeunes ?

Je fermai les yeux et j’y repensai, mais je n’arrivais vraiment pas à m’en souvenir. Mes relations avec les autres étaient devenues rares avec le temps, au point que je ne reconnaissais même plus certains de mes camarades de collège, sans parler de ceux de mon enfance. Remarquant que Lao Yang restait silencieux, je baissai les yeux sur la carte d’identité dans ma main :

― Je ne me souviens vraiment pas, mais cet homme a le même âge que nous…

Après avoir dit ça, j’eus comme une révélation et me figeai sur place.

Xie Ziyang, Xie Ziyang, Xie Ziyang, Xie Ziyang !

Ce nom ne semblait pas appartenir à un étranger, c’était le vrai nom de Lao Yang !

Je venais de « prendre une douche froide » et tous mes cheveux s’hérissèrent. Je regardai la date d’anniversaire sur la carte d’identité et restai hébété. Mon Dieu, c’était vraiment l’anniversaire de Lao Yang ! Mais c’était… c’était impossible ! Cette carte d’identité appartenait-elle vraiment à Lao Yang ?

Alors, ce cadavre qui avait pourri jusqu’aux os était Lao Yang… Mais ça ne pouvait pas être vrai. S’il était mort ici trois ans auparavant, qui me regardait de l’autre côté de ce rocher ?

Je sentis mon cou se raidir tandis que je tournais la tête presque mécaniquement pour regarder derrière moi. Quand je vis la moitié de ce visage qui dépassait de l’ouverture, une peur indescriptible m’envahit. Le visage de Lao Yang avait l’air sinistre sous le faisceau de la lampe de poche, comme s’il était entouré d’une aura fantomatique. En fait, il ressemblait un peu au serpent noir géant que nous avions vu à l’extérieur.

Je reculai machinalement dans la grotte, trop effrayé pour me tenir près de la roche. Néanmoins, Lao Yang restait immobile et continuait à me fixer avec cette intensité du regard. Je ne parlai pas non plus et je demeurai là comme une statue de pierre.

Connaissant son tempérament, il m’aurait certainement grondé et insulté en me voyant agir de la sorte, mais il n’en fit rien. Était-ce parce que son identité avait été révélée et qu’il ne savait pas comment réagir ?

À ce moment-là, je devins de plus en plus méfiant. Bien que l’homme à l’extérieur soit le même que Lao Yang en apparence et en caractère, il pouvait tout de même s’agir de quelqu’un d’autre. Notre voyage depuis Hangzhou défilait tout d’un coup dans mon esprit comme un film. Tous les mensonges, les vagues allusions, et ce qu’il m’avait dit au sommet de l’arbre de bronze se déroulaient de façon vivante, et les doutes qui s’étaient accumulés devinrent peu à peu plus clairs.

Jamais je n’aurai cru que Lao Yang puisse être aussi manipulateur. Premièrement, je ne voyais pas l’intérêt qu’il me mente à cause de ma relation avec lui. Deuxièmement, les mensonges qu’il racontait semblaient tous si crédibles que si je n’étais pas si prudent, je ne les aurais pas découverts du tout. Mais dans tous les autres aspects, cette personne était trop semblable à Lao Yang. Je ne pouvais pas lui trouver le moindre défaut. Même si j’avais toutes sortes de doutes, je pensais simplement que son caractère avait changé au cours des trois dernières années. L’idée qu’il ne fusse pas Lao Yang ne m’effleura même pas l’esprit.

« Lao Yang » s’éloigna de l’interstice et parla :

― Vieux Wu, je t’ai dit de ne pas entrer tout à l’heure, seulement tu n’as pas voulu écouter. Tu ne peux que t’en vouloir d’être aussi têtu. Ne connais-tu pas ce dicton : il y a des choses qu’il vaut mieux ne pas savoir ?

Mon cœur battait la chamade. Tout en essayant d’empêcher ma voix de trembler, je lui dis sans ambages :

― Tu n’es pas Lao Yang… qui es-tu ?

Il se mit à rire bizarrement :

― Qui je suis ? Je suis Lao Yang, Xie Ziyang, le gars avec qui tu as grandi. J’ai même passé trois ans en prison. Si tu ne me crois pas, tu peux vérifier mon casier judiciaire !

Je ricanai : 

― Conneries ! Le corps de Lao Yang est juste là, à côté de moi. Cela fait trois ans qu’il est mort. Il n’est pas allé en prison du tout. Qui es-tu, bon sang ?

Le visage souriant du faux Lao Yang apparut à nouveau dans l’espace entre les rochers :

― C’est vrai, il est mort depuis trois ans. Mais je suis en vie. Quelle est la différence ?

Je regardai son expression et j’eus une vague prémonition. Après avoir froncé les sourcils en réfléchissant pendant un moment, je réalisai finalement et ma bouche s’ouvrit sous le choc :

― Merde, tu n’es pas humain ! Je bégayais, Tu… s’est-il matérialisé ?…

Il ricana froidement :

― Pourquoi ne pas dire que je l’ai matérialisé ? Qui sait, hein ? Je suis exactement le même que lui, alors qui sait qui est arrivé en premier ?

Je faillis perdre la boule à cet instant. Je ramassais une pierre et je la lançais sur lui, mais il retira rapidement son visage de l’espace :

― Vieux Wu, je suis exactement le même que lui. Ne t’énerve pas comme ça.

― Bien sûr qu’il y a une différence ! Lui criai-je, Qui sait ce qui a été matérialisé avec ce genre de puissance !

Le faux Lao Yang se tut, l’expression faciale hideuse alors qu’il me fixait. Puis, il dit d’un ton sinistre :

― Arrête de débiter ces putains de conneries. Je suis Lao Yang. Nous sommes tous deux taillés dans la même étoffe, alors ne reste pas là à m’accuser du contraire !

J’eus un mauvais pressentiment et, ça n’y loupa pas, je vis le canon d’un pistolet entrer par l’interstice. Je roulais vite dans un angle mort au moment où il tira. Son tir toucha un rocher et en ébrécha un gros morceau. Ensuite, le pistolet visa l’angle mort où j’étais, et un autre coup de feu fut tiré. La balle passa à un poil de mon cou.

Cette crevasse était trop petite, donc même s’il y avait un angle mort, je n’aurais pas pu protéger tout mon corps. En voyant la gravité de ma situation, j’éteignit immédiatement ma lampe de poche pour qu’il ne puisse pas me voir. Dans la confusion, il tira plusieurs autres coups de feu mais il ne parvint pas à me toucher. Je roulai jusqu’à la brèche, ramassai une pierre parmi les décombres et je fracassai le canon de l’arme qui dépassait de l’interstice. Après l’avoir frappé plusieurs fois, le canon se plia dans un angle de quatre-vingt-dix degrés.

Incapable de le retirer, il commença à jurer rageusement. 

― Comment pourrais-tu être le même ? Dis-je en me moquant, Le vrai Lao Yang n’essaierait pas de me tirer dessus. Tu n’es qu’une mauvaise imitation, salaud !

Depuis que le faux Lao Yang avait mentionné la matérialisation d’une personne vivante, je ne pouvais me débarrasser du sentiment de malaise qui m’habitait. Après tout, ce n’était pas comme si cet ancien arbre de bronze avait été construit sans but. Les créatures matérialisées par cette capacité terrifiante pouvaient-elles même être considérées comme des personnes normales ? Étaient-elles vraiment les mêmes que nous ? Ou, étaient-elles plutôt des monstres?

Bien qu’il ne fût pas clair si cette « personne » était la même que nous ou non, elle savait manifestement qu’elle avait été matérialisée. Pour une raison quelconque, je sentais que les choses allaient très, très mal.

Le faux Lao Yang et moi nous injuriâmes pendant un moment, avant qu’il ne s’arrêtât finalement, comme pour réfléchir à quelque chose, et il éteignit sa lampe. L’espace entier devint immédiatement noir, et l’obscurité sans fin se pressa de tous côtés. Dans cet espace étroit et sans lumière, l’atmosphère semblait atrocement lourde.

Me méfiant toujours des tours qu’il pourrait me jouer, je m’enfonçai davantage dans l’angle mort pour me cacher.

― Vieux Wu, Dit-il, Je me souviens que lorsque tu étais enfant, le noir te terrifiait. As-tu peur maintenant ? Mais essaie de ne pas y penser. Souviens-toi de ce que je viens de te dire : tu dois être prudent et ne pas laisser libre cours à ton imagination dans cet endroit. Sinon, quand tu rallumeras ta lampe de poche, tu verras peut-être le visage d’un mort apparaître devant toi.

Bon sang, ce type veut utiliser ma peur du noir pour me faire matérialiser un monstre.

Je m’efforçai à me répéter que je ne le laisserais jamais réussir, pourtant malgré tous mes efforts, je pouvais sentir la peur grandir en moi. Ses mots du cadavre devant moi pouvant apparaître si j’allumais ma lampe venaient de tendre mes nerfs à l’extrême. J’eus ensuite l’impression que quelque chose apparaissait devant moi, à seulement quelques centimètres. L’air chaud que j’expirais frappait cette chose et revenait sur mon visage, avec une odeur nauséabonde.

Ça ne peut pas marcher aussi vite ? Pensais-je. Après tout, d’après la démonstration du faux Lao Yang à l’instant, il semblait que cette capacité de matérialisation était très difficile à contrôler. Autrement, nous n’aurions pas perdu aussi honteusement contre le serpent géant. De plus, logiquement parlant, il devrait être impossible de matérialiser un monstre aussi facilement.

Tout ça, c’est dans ta tête, me dis-je. Ne te laisse pas avoir par lui. Dans une pièce aussi petite, fermée et sombre, il est normal de ressentir un peu de peur.

Je pris une profonde inspiration et ressentis de l’humidité sur mon visage, comme si quelque chose de froid était passé. Des sueurs froides m’envahirent et je faillis faire pipi dans mon pantalon. Je touchai soigneusement ma poitrine et sentis mon cœur battre la chamade et tout mon corps mou comme une chiffe. Merde, il y a vraiment quelque chose avec moi ici !

Je n’osai pas allumer ma lampe et je me penchai lentement en arrière, essayant de m’accrocher à la paroi rocheuse dans mon dos. Cependant, en la touchant, je sentis que ce n’était pas de la roche solide mais quelque chose qui ressemblait à… des écailles, avec des muscles qui bougeaient en dessous.

Oh mon Dieu, à quoi ai-je pensé ? ! Pourquoi y a-t-il des écailles dans mon dos ? Je fermais rapidement les yeux, serrant fortement ma lampe de poche dans mes mains. Mais au moment où je la tenais devant mon visage et où je m’apprêtais à l’allumer, j’entendis le faux Lao Yang faire semblant de pousser un cri de terreur :

― Vieux Wu, pourquoi n’allumes-tu pas ta lampe ? Je vais t’aider !

Puis sa lampe s’alluma, et je vis quelque chose appuyé contre le bout de mon nez. C’était un énorme python. Lorsqu’il leva la tête, je remarquai que son corps enroulé était aussi épais qu’un tonneau et semblait remplir tout l’espace. Les rochers qui étaient à l’origine au-dessus de ma tête et derrière moi s’étaient tous transformés en murs écailleux aussi noirs que des pierres précieuses. Surpris par la lampe de Lao Yang, les écailles tout autour de moi tressaillirent et commencèrent à bouger, émettant un bruissement effrayant en se frottant les unes aux autres.



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