Les Chroniques d’un Pilleur de Tombes | Grave Robbers' Chronicles | 盗墓笔记
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Chapitre 20 – La Clé
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Chapitre 20 La Clé

Je baissai les yeux et je vis que l’objet dans sa bouche ressemblait à une clé de cuivre incrustée d’une perle d’un vert sombre. Je trouvais cela extraordinaire, mais ne pouvais vraiment dire de quoi la perle était faite. Je savais que les anciens en plaçaient parfois dans la bouche des morts pour empêcher la décomposition, aussi, si j’ôtais cette clé de sa bouche, il y avait des chances pour que cette belle dépouille millénaire se transforme instantanément en momie. Jamais je ne me risquerais à faire une chose aussi affreuse. Toutefois, j’étais dans une situation délicate. Comment aurais-je pu m’enfuir avec ce corps de femme sur mon dos ?

Alors que j’étais assis là à hésiter, j’entendis quelqu’un crier au-dessus de moi. Je levai les yeux et aperçus un homme pendu par les pieds, une liane enroulée autour de ses jambes et qui se débattait contre sept ou huit de ces branches. C’était ce maudit gros, couvert, tout comme moi, de blessures, mais en plus grand nombre. Heureusement, à l’entendre proférer des injures, sa tête ne semblait pas touchée.

― Merde, je ne peux pas croire que ces branches soient si puissantes alors qu’elles sont à peine aussi épaisses qu’une bite ! maugréa-t-il. Puis il m’aperçut et se figea : Petit camarade, tu t’occupes de la fille aux fleurs ?

Comment devais-je prendre cette remarque ? Comme je n’osais pas parler trop fort, je lui fis des signes :

― Elle est morte ! Aide-moi vite à trouver un moyen de m’en sortir !

Il remua les fesses :

― Aide-moi d’abord à descendre de là !

Je lui lançai la dague que je tenais à la main. Il la réceptionna et se pencha pour couper la liane qui l’immobilisait. Je voulus le prévenir de la façon dont j’avais atterri sur le cadavre de la femme, mais il ne m’en laissa pas l’occasion. Il tomba avec un cri étrange et atterrit sur le cadavre en armure, faisant tomber son masque au passage. Je me penchai pour y jeter un œil lorsque le gros se tourna vers moi et me cria :

― Ne le regarde pas ! C’est un renard aux yeux verts !

Malheureusement, son avertissement arriva trop tard. J’avais déjà aperçu fugitivement le visage caché sous le masque. Mon esprit bouillonnait et j’en avais la chair de poule.

― Comment peut-on appeler ça un être humain ? Bégayai-je

Sous le masque, on pouvait apercevoir un visage blanc et blafard qui, à y regarder de plus près, présentait encore des traits vaguement humains. Il était chauve et n’avait ni sourcils, ni barbe. Son visage très pointu semblait déjà un peu déformé et ses yeux verts n’étaient que de longues fentes qui émettaient une lueur froide. Je ne distinguais pas vraiment ses traits mais au premier regard, je me dis qu’il ressemblait effectivement à un renard à visage humain qui grimaçait méchamment.

Ses yeux étaient encore plus étranges. En toute franchise, si j’étais en mesure de regarder n’importe quel cadavre ordinaire, je n’osais pas regarder celui-ci dans les yeux. C’était trop flippant. Pour tout dire, être témoin d’une telle chose sans y être mentalement préparé était absolument terrifiant. Gros-lard lui-même était mort de peur. Il roula hors de la plateforme de jade et, horrifié, me dit :

― Je ne peux pas le croire ! Est-ce à ça que ressemble le Roi Shang de Lu ?

― Est-ce vraiment lui ? Pourquoi ressemble-t-il… à un renard ?

Le gros jeta un coup d’œil au cadavre en armure :

― Un de mes amis m’a dit qu’on appelait ça un « cadavre de renard aux yeux verts ». Il y a longtemps, un homme a pillé une tombe antique de dynastie inconnue. Ayant ouvert le cercueil, il a découvert qu’un renard aux yeux verts était allongé sur le corps. Le renard était une sorte de démon et le fait qu’il soit disposé ainsi était un très mauvais présage. Ce mojin aurait dû tout remettre à sa place. Seulement, il était inexpérimenté et ne voulait pas partir les mains vides, aussi déroba-t-il discrètement une tortue de jade. Quelques années plus tard, il abandonna le business et retourna dans sa ville natale pour y épouser sa promise. Celle-ci tomba enceinte et donna naissance à un enfant. Mais lorsque la sage-femme mit au monde le bébé, elle poussa un cri et s’évanouit. L’homme se précipita et vit que l’enfant avait les yeux verts. Il ne fit pas immédiatement le lien avec le renard. Pensant que l’enfant était atteint d’une étrange maladie, il chercha partout des conseils médicaux. Malheureusement, rien ne parvint à guérir le petit. Ses cheveux se mirent à tomber et son visage ressemblait de plus en plus à celui d’un renard. Ce n’est qu’alors que le mojin découvrit la véritable cause du mal. Il entreprit un long et pénible voyage jusqu’à la tombe antique et remit en place la tortue de jade. Si la maladie de l’enfant n’empira pas, il garda à jamais cet étrange visage de renard.

Il fit claquer sa langue et ajouta : Mais le corps de ce renard aux yeux verts est très bizarre. J’ai entendu dire que si tu le regardes, il te contaminera et progressivement, ton visage deviendra comme le sien. L’as-tu regardé ?

Même si je n’y croyais pas vraiment, je ne pus m’empêcher de frissonner à l’idée de devenir semblable à ce monstre.

― Ne dis pas de bêtises, rouspétai-je, que mon visage change ou non, ce ne sera pas dans l’immédiat. Aide-moi d’abord à me sortir de cette situation !

Visiblement d’accord avec le fait que l’heure n’était pas au jacassement, il se précipita pour m’aider à me libérer de l’emprise du cadavre de la femme. Il s’y reprit plusieurs fois, mais les bras de la morte étaient comme des bandes de fer. Impossible de les décrocher. Il tira deux fois de toutes ses forces et finit par haleter d’épuisement. Voyant dans mes yeux à quel point j’étais nerveux, il tenta aussitôt de me réconforter.

― Ne t’inquiète pas. Le Gros Maître ici présent a plus d’un tour dans son sac. Si aucun ne fonctionne, je pourrai toujours lui couper la main.

― Non ! m’empressai-je de crier, absolument pas ! Et s’il y avait du poison de cadavre dans son corps ? De plus, je n’ai aucune haine envers elle. Ce serait trop mesquin de lui couper la main dès notre première rencontre.

Le gros, qui ne savait plus que faire, se gratta la tête.

― En général, me dit-il, s’il n’y a pas rigidité cadavérique, cela signifie que le mort a certainement un souhait non réalisé. Si tu réalises son vœu, elle devrait te lâcher tout naturellement. Pourquoi ne pas y réfléchir ? S’est-il passé quelque chose de spécial quand elle a mis ses bras autour de toi à l’instant ?

Je réfléchis et me souvins qu’au moment où je me relevais, sa bouche s’était ouverte, me présentant quelque chose qui ressemblait à une clé. Était-ce cela ? Je redressai donc précautionneusement la tête de la morte et murmurai :

― Je vous en prie, pardonnez-moi.

Puis je pressai ses joues jusqu’à ce que ses lèvres couleur abricot s’écartent légèrement. Aucun doute : il y avait bien sous sa langue une clé ornée d’une perle verte.

― Merde, c’est une bonne chose ! S’écria le gros, étonné. Elle veut certainement que tu lui retires cette clé. Imagine à quel point cet objet, dans une si petite bouche, doit être inconfortable.

― Et si elle me mord la main ? demandais-je, nerveux.

― Regarde-toi. Ton corps est plein de points vulnérables. Elle pourrait te mordre n’importe où, alors pourquoi plutôt la main ?

Sachant qu’il avait raison, je m’armai de courage tout en me disant que ce ne serait pas très grave si je perdais une phalange ou deux. J’inspirai profondément et tendis deux doigts tremblants vers la bouche de la morte.

Mais au moment même où j’allais toucher ses lèvres, j’entendis une voix me chuchoter à l’oreille : « Arrête ».



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