Les Chroniques d’un Pilleur de Tombes | Grave Robbers' Chronicles | 盗墓笔记
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Chapitre 06 – Hainan
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Pour avoir commencé à travailler dans le business à l’adolescence, Oncle San avait vu beaucoup de situations tourner mal, aussi planifiait-il toujours les choses avant de les mettre en application. Je me disais parfois qu’il était trop prudent. Prenez la dernière tombe par exemple. 80 % de l’équipement qu’il avait prévu n’avait même pas été utilisé. C’est pourquoi je ne m’attendais pas à ce qu’il fasse montre de tant d’impulsivité et file ainsi en courant, sa valise à la main.

― Fais attention ! lui criai-je.

Il acquiesça de la tête et se précipita dans l’ascenseur.

Il se trouve qu’à ce moment-là, le préposé du centre des bains de pieds de l’hôtel venait m’apporter la facture. Ayant assisté à la scène, il sourit :

― Comment se fait-il que votre oncle soit plus pressé que vous, son neveu ? On dirait que les rôles se sont inversés. Vous devez vous inquiéter pour lui.

Ne pouvant pas lui fournir d’explications, je lui rendis simplement son sourire et pris la facture. Lorsque je vis le montant – qui s’élevait à plus de 4000 yuans – mon visage s’assombrit. Merde, pensai-je ! Ce vieux schnock est encore descendu hier faire je ne sais quoi !

En voyant la note, je ne pus m’empêcher d’être un peu soucieux. J’avais dépensé beaucoup d’argent ces derniers jours. Mon oncle avait les poches bien remplies au début de notre aventure, mais après notre évasion du Palais du Roi Lu aux Sept étoiles, il s’était mis à dépenser l’argent comme s’il s’agissait d’eau courante. Il en avait même donné une partie au village qui avait souffert de l’incendie de forêt dont nous étions responsables. Il avait pratiquement dépensé tout l’argent liquide qu’il avait sur lui et n’avait pas l’habitude de se promener avec des cartes de crédit, préférant faire les choses « à l’ancienne ». De fait, il avait dilapidé sans vergogne mon argent, disant qu’il me rembourserait une fois que sa société lui aurait transféré des fonds supplémentaires. Sait-il que je suis bientôt à court et est-ce pour ça qu’il s’est enfui ? me demandai-je.

J’étais déjà très contrarié, mais lorsque je sortis mon portefeuille, mon cœur se figea. J’avais pris l’habitude de payer rapidement sans faire attention à ce qu’il me restait. Du coup, je n’avais plus que quelques billets dans mon portefeuille. Grande-gueule était dans un coma profond et je ne savais pas quand il se réveillerait. Même si le médecin affirmait qu’il n’y avait pas de problèmes sous-jacents et qu’il avait juste besoin d’un peu de temps pour récupérer, j’étais d’avis qu’il ne pourrait pas quitter l’hôpital avant dix jours, voire quinze. Grande-gueule était seul, sans défense et je savais que cette petite somme d’argent ne suffirait pas à trouver quelqu’un qui me seconderait auprès de lui.

Mais pour l’heure, le plus urgent était cette note à quatre chiffres, un problème quelque peu difficile à résoudre. J’adressai un sourire gêné au préposé et lui dis que je n’avais pas assez d’argent sur moi, que j’allais devoir aller en chercher. Comme il savait que j’avais tout payé sans rechigner ces derniers jours, il eut un sourire.

― C’est bon, c’est bon. Cela peut attendre jusqu’à demain. Occupez-vous d’abord de vos affaires.

Il n’était pas plutôt parti que je me mis à paniquer à l’idée de ce que j’avais encore à régler.  Les fichus frais médicaux de Grande-gueule s’élevaient à quatre chiffres chaque jour ! Où étais-je censé trouver l’argent pour tout payer alors qu’Oncle San s’était enfui ? Je ne pouvais pas appeler mon vieux père. Il m’aurait probablement houspillé à mort. Les affaires étaient si mauvaises depuis quelques années qu’il avait déjà ses aprioris à ce sujet. Et voilà que je suivais mon bon à rien d’oncle dans le pillage de tombes ? Autant ne pas y penser.

Contrarié, je retournai dans ma chambre lorsque mon regard tomba sur la couverture de jade filetée d’or qui recouvrait le cercueil et qui n’avait pas quitté mon sac. Oncle San y tenait tellement qu’il l’avait enveloppée dans cinq couches de papier huilé. Réagissant au quart de tour, je me dis : Je vais devoir planifier soigneusement les dix prochains jours. Je ne peux pas manger et dormir ici tous les jours comme un gros porc et rédiger une reconnaissance de dette. Je vais devoir trouver un marché d’antiquités pour vendre ce truc. J’utiliserai le reste de l’argent pour faire le tour de Jinan. Ce ne sera pas une perte de temps !

Mon idée était tout à fait sensée. Au départ, j’étais venu ici avec l’attitude de quelqu’un qui voulait voyager, mais c’était vite devenu une sorte d’enquête à la X-files. (1) À quoi bon ? Je devais aussi prendre en compte le fait que cette affaire ne pouvait pas être bâclée, sans quoi je serais mis hors course. Ce n’était pas vraiment grave pour moi, mais ce serait un gros problème s’ils venaient à interrompre le traitement de Grande-gueule.

Je regardai par la fenêtre et vis qu’il faisait encore jour. J’allais devoir faire vite si je voulais me débarrasser de ce truc. Je descendis dans le hall et demandai au préposé s’il connaissait des endroits où vendre des antiquités. Très enthousiaste, il m’escorta même dehors et m’appela un taxi. En montant dans la voiture, je demandai au chauffeur de me conduire quelque part où il y avait beaucoup d’antiquaires. Il accepta sans hésiter et m’emmena au marché de Yingxiongshan. (2) Arrivé sur place, je découvris un endroit intéressant.

Durant le trajet, j’écoutai le chauffeur me parler de l’importante collection d’antiquités et de produits de calligraphie que l’on pouvait trouver sur ce marché, ce qui expliquait qu’il y ait tant de monde et qu’il soit si bruyant. Même si la plupart des marchandises étaient des faux, on pouvait toujours discuter avec les patrons, qui n’étaient que trop heureux de fanfaronner et de vanter leurs produits.

Je sortis de la voiture, la lourde couverture sur mon dos, avec dans l’idée de trouver un magasin qui se respecte, car ce n’était pas quelque chose que les gens ordinaires pouvaient se permettre. En général, les grandes boutiques étaient en relation avec des clients relativement riches. Je pourrais donc, moyennant une commission de deux pour cent, demander au gérant de me servir d’intermédiaire. J’étais aussi un vieil expert en la matière, personne ne pouvait donc me tromper.

En revenant du Palais aux Sept Étoiles, j’avais discuté de la valeur de cette pièce avec mon oncle. D’après lui, elle valait un million de yuans mais il n’y avait pas de marché pour ça. D’abord et à moins d’être un étranger, il aurait été difficile de s’offrir une chose aussi chère. Ensuite, elle était trop imposante et en principe, les gros objets se vendaient plus difficilement que les petits. Si quelqu’un voulait vraiment l’acheter, Oncle San était prêt à la laisser partir pour huit cent mille yuans. J’avais donc les données nécessaires pour en marchander le prix.

J’avais à peine fait quelques pas lorsque, regardant autour de moi, je vis, dans une vitrine, un brûleur d’encens en bronze. Je restai stupéfait à la vue des personnages gravés dessus. Tous avaient un gros ventre et me rappelaient la peinture murale de la tombe sous-marine dont Oncle San m’avait parlé. Je me penchais pour l’examiner de plus près lorsque le propriétaire de la boutique sortit brusquement.

― Oh, vous êtes un connaisseur. C’est la pièce la plus précieuse de mon magasin.

À son accent, je sus tout de suite qu’il était de Pékin.

― Qu’est-ce que ces gravures représentent ? Pourquoi est-ce si étrange ? Cela vient de Hainan, non ? lui demandai-je.

L’expression du propriétaire changea et il me fit entrer précipitamment dans sa boutique.

 ― Voilà que je tombe sur un véritable expert, dit-il. Cet objet est là depuis des années et vous êtes le premier à le remarquer. Vous avez raison, cela vient effectivement de Hainan.

Il était dans le commerce des antiquités, donc habitué à flatter la clientèle. J’observai son visage sans pouvoir déterminer s’il disait la vérité ou s’il tentait simplement de me vendre cet article. Je n’avais pas beaucoup d’informations sous la main et me serais certainement trahi si je faisais celui qui s’y connait. Je n’eus donc d’autre choix que de répondre :

― Je ne suis pas un expert, simplement, j’ai déjà vu ce genre de choses à Hainan et trouvé ça étrange. Je ne sais même pas comment ça s’appelle.

L’homme me demanda de m’asseoir, puis m’apporta une tasse de thé.

― Alors vous êtes modeste, mais ça n’a pas d’importance. Si vraiment vous ne savez pas, je vais vous le dire. Les figures sculptées sur ce brûleur d’encens sont une sorte de fantôme, appelé ‘Femme interdite’. C’est une longue histoire et si vous êtes vraiment intéressé, je peux tout vous raconter.

Voyant que je pouvais obtenir quelques indices, je fis semblant de vouloir l’acheter et hochai aussitôt la tête. Il me fit signe d’attendre, puis sortit le brûleur d’encens de la vitrine. Lorsqu’il le posa sur la table basse, je fus surpris de constater qu’un mystérieux parfum s’en dégageait. Il eut un sourire.

― C’est un parfum très particulier, n’est-ce pas ?

― Quelles épices contient-il ? demandai-je.

Il ouvrit le couvercle du brûleur et j’aperçus, à l’intérieur, une petite pierre noire. Devant ma stupéfaction, son sourire se fit légèrement suffisant :

― C’est un os de Femme Interdite et cette douce odeur est appelée ‘parfum d’os’. C’est une aubaine, vous pouvez même la mettre près de votre lit et vous passerez une agréable nuit de sommeil.

Je me sentis un peu nauséeux.

― Mais bon sang, qu’est-ce qu’une Femme Interdite ? Il me semble un peu immoral de respirer l’odeur de ses os pour s’endormir.

― La Femme Interdite est plus un concept général qu’une simple idée spécifique. Elle est liée aux mauvaises choses qui se produisent. Pour exemple, les gens qui sont malades ou blessés disent tous que c’est elle qui en est la cause. Il est vraiment difficile de la décrire en termes concrets, mais si vous voulez vraiment lui donner un nom, vous pourriez dire que c’est un esprit maléfique.

― Oh, alors c’est son os ? demandai-je en fronçant les sourcils. Mais d’où vient-il ? Aux dépôts incrustés sur le couvercle, il semblerait qu’il s’agisse d’un trésor marin.

― Et vous dites que vous n’êtes pas un expert ? C’est exact, cet objet a été repêché dans la mer par le filet d’un pêcheur. Cela dit, même s’il y a un peu de saleté marine dessus, il reste rare et précieux, aussi n’est-il pas bon marché, répondit-il avec un petit rire.

N’ayant pas assez d’argent sur moi, je soupirai :

― Malheureusement, je préfère les marchandises impeccables et ne veux pas de ce trésor marin. Si vous voulez vraiment me vendre quelque chose, pourquoi pas le parfum d’os qu’il contient ?

Le propriétaire eut un sourire d’excuse.

― Comment le pourrais-je ? Si vous achetez le parfum d’os, qui voudra de ce brûleur d’encens ?

J’examinai à nouveau l’objet et aperçus un peu de poussière sur le dessus. De toute évidence, il était là depuis longtemps à attendre d’être vendu. Ce genre d’objet était trop impopulaire, donc difficile à revendre, d’autant que ceux qui achetaient des antiquités à des fins d’investissement n’aimaient généralement pas cela. Comme disait le dicton, amassez de l’or dans les temps troublés et des antiquités dans les temps prospères. Il était donc normal que ce commerçant ne prenne pas la peine de s’occuper de choses qui ne se vendaient pas.

De toute façon, il était inutile que j’achète ce truc car une fois que je lui aurais montré la couverture du cercueil et qu’il aurait contacté un acheteur, j’étais certain qu’il me le remettrait de bon cœur. Après réflexion, je lui dis en souriant :

― Eh bien, mettons cette discussion de côté pour le moment. Je voudrais vous montrer quelque chose.

Tout en parlant, je dézippai mon sac et lui montrai un coin de la couverture de jade. Je verrais de suite à sa réaction si j’avais ou non affaire à un expert. Effectivement, son expression changea sitôt qu’il vit l’objet. Sans un mot, il le replaça dans le sac, puis se leva, baissa les volets, jeta le thé qu’il m’avait servi et m’en apporta une autre tasse. En respirant l’infusion, ma première pensée fut : Merde, c’est du thé Tieguanyin de première classe ». (3) Il semblerait que je sois passé au niveau supérieur à ses yeux.

Le propriétaire essuya la sueur qui perlait sur son front.

― Puis-je vous demander votre nom, monsieur ?

J’avais pu voir, à sa réaction, que cet homme n’était vraiment pas un simple antiquaire. D’un bref coup d’œil, il avait su déduire que la couverture provenait d’une tombe.

― Mon nom de famille est Wu, répondis-je poliment. Et le vôtre, patron ?

― Vous pouvez m’appeler Lao Hai. Alors, maître Wu, comptez-vous la vendre ou voulez-vous que je l’évalue ?

― Bien sûr que je veux la vendre. Ce serait un peu risqué de la garder.

Il fit plusieurs fois les cent pas dans la pièce :

 ― Est-elle en un seul morceau ?

J’acquiesçai d’un signe de tête.

― Pas une seule pièce ne manque. Toute chaude sortie de la marmite.

L’homme s’assit :

― Maître Wu, je suis quelqu’un de très franc, aussi vais-je être honnête avec vous. De tous les antiquaires du marché de Yingxiongshan, je me permets de vous dire que je suis le seul disposé à accepter cet objet. Mais quel que soit mon intérêt pour ce trésor inestimable, le marchandage n’est pas nécessaire. Dites-moi simplement quel prix vous avez en tête et j’appellerai mon ami pour voir s’il est prêt à l’acheter, me dit-il doucement.

Je pris un moment pour réfléchir. Quoi qu’il advint, je devais en tirer un million de yuans. Trois cent mille pour la famille de Poids-lourd, au moins deux cent mille pour les frais d’hospitalisation de Grande-gueule et avec ce gros lard qui nous avait laissé un message nous demandant de lui envoyer sa part sitôt que nous l’aurions vendue, cela faisait cent mille de plus.

En me remémorant les périls que nous avions encourus, j’avais vraiment l’impression que c’était trop peu. Mais d’après Oncle San, le pillage de tombe était ainsi. Sinon, pourquoi faire ce métier ? Quelle que puisse être la valeur des objets que vous rameniez d’une tombe, c’était en pure perte si vous ne pouviez pas les vendre, c’est pourquoi mon oncle n’emportait jamais rien de trop précieux, sachant qu’il ne pourrait pas l’écouler.

Estimant qu’un million de yuans serait suffisant, je l’indiquai d’un signe à Lao Hai. Il eut l’air ravi, ce qui me déprima un peu. Le prix était-il trop bas ? Il décrocha le téléphone, se cacha dans un coin et discuta un bon moment à voix basse avec la personne à l’autre bout du fil.

L’appel terminé, je le vis revenir, le visage rose de joie.

― C’est fait ! C’est fait ! dit-il avec exubérance. Vous avez de la chance, Maître Wu. Quelqu’un cherchait précisément ce genre de chose. Comme je trouvais qu’un million, ce n’était pas beaucoup et que deux, ç’aurait été trop, j’en ai demandé un million deux cent mille. Qu’en pensez-vous ?

Ma première pensée en entendant ça fut : Dieu seul sait combien vous avez vraiment demandé. De ce que j’en sais, vous auriez pu doubler le prix. Mais comme c’était toujours deux cent mille de plus que ce que j’attendais, j’étais content.

― Votre part sera donc calculée selon la méthode standard, n’est-ce pas ? demandai-je aimablement.

Son sourire s’élargit jusqu’aux oreilles :

― À dire vrai, mon client m’a déjà préparé quelque chose afin que vous puissiez garder les 1,2 million. Si j’en crois vos blessures, cet objet n’a pas dû être facile à sortir de la tombe. Vous feriez bien de vous souvenir de moi. La prochaine fois que vous aurez un objet de ce genre, ne vous embêtez pas à aller voir quelqu’un d’autre et envoyez-le-moi. Je vous en donnerai 20% de plus que le prix demandé. Vous savez, mon client est très riche et il est prêt à prendre tout ce que les autres n’osent pas accepter.

Voyant que je m’impatientais un peu, il s’empressa d’ajouter : Asseyez-vous un moment et reposez-vous. Je vais vous préparer l’argent. Ma boutique n’est peut-être pas grande, mais les fonds ne manquent pas. Je vous avance la totalité de la somme.

Cette déclaration grandiose me fit penser qu’il y avait du vrai dans le dicton ‘Sur les trente-six professions, les antiquaires sont les rois’. Apparemment, ce type avait le chic pour gérer une entreprise.

― Attendez ! Et ce brûleur d’encens à la Femme Interdite ? lui demandai-je. Seriez-vous prêt à me faire une remise ? Je vous débarrasse de l’ensemble.

L’homme ricana et agita la main :

― Prenez-le si vous voulez. Tout compte fait, je vous le donne. Pour ne rien vous cacher, je ne l’ai payé que cinq yuans, toute cette discussion n’était qu’une ruse pour que vous l’achetiez.

Trois heures plus tard, j’avais une énorme somme d’argent dans les bras et l’impression d’être sur un nuage. J’étais si heureux en rentrant à l’hôtel que je ne prêtais pas même attention au portier. J’entendis des gens derrière moi dire que j’avais dû gagner cinq millions de yuans tant mon large sourire dissimulait mes yeux. Après avoir fait mes comptes, je réglai d’abord toutes les factures de l’hôtel, puis me rendis à l’hôpital régler un mois des frais médicaux de Grande-gueule et envoyai sa part à Gros-lard. Cela fait, je transférai solennellement ce qui me revenait – avec ce que mon oncle me devait – sur mon propre compte. Enfin, je me sentais à l’aise.

Les jours suivants, je trouvai une belle guide touristique du coin pour me faire visiter Jinan. Mais comme je venais de Hangzhou et étais habitué à voir beaucoup de paysages culturels, plus j’en voyais, plus j’étais blasé. Plus tard, je me rendis dans une ferme piscicole pour pêcher (4). Ces derniers jours furent les plus agréables de ma vie, mais la nature humaine est vraiment abjecte car malgré tout ce confort, l’excitation liée au pillage de tombes commençait réellement à me manquer.

Ce genre de vie oisive durait depuis une semaine environ lorsqu’un jour, en revenant de la ferme piscicole, à peine avais-je ouvert la porte que j’entendis le téléphone sonner. Oncle San était le seul à connaître le numéro de téléphone de ma chambre d’hôtel, aussi m’empressai-je de décrocher, pensant qu’il avait enfin réglé ce qu’il était si pressé de faire. Mais la personne à l’autre bout du fil s’avéra être un étranger.

― Connaissez-vous un dénommé Wu Sanxing ? demanda l’homme sans préambule.

Au ton de sa voix, cela semblait urgent.

― Je le connais en effet. Un problème ?

― Il a disparu, répondit l’inconnu.

Je fus pétrifié en entendant cela, mais repris aussitôt mes esprits :

― Un instant ! Que voulez-vous dire par disparu ?

― Cela fait dix jours que nous avons perdu le contact avec son navire, quel lien avez-vous avec lui ?

― Je suis son neveu.

― Dans ce cas, pourriez-vous vous rendre au plus vite à Hainan ?

Notes explicatives :

(1) Série télévisée américaine de science-fiction très populaire des années 90 où deux agents du FBI enquêtent sur des affaires non résolues impliquant des phénomènes paranormaux.

(2) Situé à Jinan, ce marché où se vendent, entre autres, des livres, des antiquités, des œuvres de calligraphie et de peinture, ainsi que des sculptures, existe réellement. Il est réputé être l’un des quatre plus importants marchés d’antiquité de Chine.

(3) Le thé Tieguanyin est une variété de thé oolong. Les meilleurs Tieguanyin comptent parmi les thés les plus chers du monde.

(4) Une ferme piscicole est un endroit où les poissons sont élevés artificiellement, soit pour l’alimentation, soit pour repeupler des lacs pour la pêche à la ligne ou encore pour alimenter des aquariums. Certaines de ces fermes autorisent la pêche.



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