Bien que ces points bleus ne fussent présents qu’en petite proportion, Yi Yun en ressentit un mystérieux froid mordant.
Le jeune garçon connaissait bien cette sensation pour l’avoir éprouvée en redescendant la montagne, alors qu’il passait devant la zone de raffinement. Il venait juste d’atteindre le niveau Vigueur.
Les points de lumière bleue flottaient dans le ciel, tels des spectres.
De temps à autre, l’un d’eux quittait le chaudron, dansait un moment dans les airs au hasard et pénétrait dans le corps d’un homme avant de disparaître comme un flocon de neige le ferait en tombant dans l’eau. De toute évidence, il avait été absorbé par l’homme.
Le cœur de Yi Yun manqua un battement. Il commençait à comprendre que ces points lumineux d’un bleu glacé étaient la cause de l’épidémie de fièvre typhoïde.
Il observa un moment et s’aperçut que ceux-ci entraient au hasard dans le corps des gens qui, occupés à couper du bois, ne s’apercevaient de rien.
Yi Yun eut la confirmation de ce qu’il pensait. Quant à l’énergie rouge-pourpre, elle restait dans l’Eau de Feu Li.
De toute évidence, il existait deux formes d’énergie dans l’os. L’une bénéfique, capable de transformer une personne et de l’amener à percer et l’autre, une force de destruction invisible!
Une énergie toxique! Même si cela pouvait paraître étrange, c’était tout à fait plausible.
Sur Terre, beaucoup d’énergies pouvaient s’avérer toxiques. Pour exemple le soleil dont la lumière devait être filtrée par l’ozone pour pouvoir donner vie à la Terre. Sans cela, les humains n’y survivraient pas. L’un des plus effrayant des éléments dégageant une énergie toxique était sans doute le Polonium radioactif dont avait été victime Arafat qui apparaissait souvent aux informations.
Un gramme de Polonium suffirait à tuer des millions de personnes et quelques centaines à éradiquer toute vie sur Terre.
Selon Yi Yun, les points lumineux bleus étaient plutôt de nature similaire à l’énergie plutôt qu’à une toxine. Ceci dit, il avait compris qu’ils pouvaient entraîner la mort par une étrange fièvre typhoïde, tout comme l’exposition aux radiations provoque cancer, ulcères et autres maladies.
– « En restant ici, ne suis-je pas en danger ? » Se demanda Yi Yun, convaincu qu’il ne surveillait pas un chaudron mais un réacteur nucléaire!
En réfléchissant, si ce monde différait de la Terre en beaucoup de choses, il y avait aussi des similitudes.
En termes d’énergie, la plus puissante sur Terre pouvait servir à créer des bombes atomiques ou fournir de l’énergie nucléaire alors que dans ce monde, elle générait les meilleurs experts, des hommes capables de renverser des montagnes, de détourner des mers et de détruire une ville d’un revers de la main!
Toutes deux, utilisées à mauvais escient, pouvaient causer de terribles destructions et s’avérer toxiques pour le peuple.
Fort heureusement, Yi Yun avait en main un trésor capable de maîtriser l’énergie de ce monde : le Cristal Pourpre.
« Mais le cristal peut-il gérer cette énergie-là ? »
Yi Yun décida de l’utiliser pour absorber les points lumineux bleus, partant du principe que s’il pouvait les voir, il devait pouvoir les absorber.
Il inspira profondément et tendit prudemment la main. Son cœur battait la chamade, mais il finit par se dire que même si le Cristal Pourpre ne parvenait pas à absorber cette forme d’énergie, un seul point de lumière ne le tuerait pas sur le champ.
Il sentit nettement le point bleu traverser le bout de ses doigts, tel un cristal de glace et s’infiltrer dans son sang.
« C’est glacé! » Fut la première pensée de Yi Yun. C’était comme si, pour lui faire une farce, on avait mis un énorme morceau de glace dans son col.
Étrangement, il le ressentait profondément alors que les autres pas du tout. Moins entraînés que lui, ils auraient dû être moins résistants au froid. De toute évidence, leur incapacité à le ressentir était due à une lenteur de réaction.
Cependant, leurs corps ne mentiraient pas : une fois envahis par la toxine glaciale, ils perdraient peu à peu leurs forces. Seraient-ils déjà morts si les hauts dignitaires ne leur avaient remis des pilules rouges ?
Yi Yun traça le point lumineux bleu qui avait pénétré son corps et réalisa qu’il avait été absorbé et dissous par le Cristal Pourpre et transformé en une énergie qui s’était mêlée à son sang.
Le froid mordant avait disparu, cédant place à une sensation de fraîcheur familière, aussi agréable qu’une baignade printanière.
Cela eut pour effet d’attiser sa curiosité. Quelle sorte de trésor pouvait bien être ce Cristal Pourpre, capable d’absorber toutes sortes d’énergie, y compris les énergies nocives comme celle-ci ou comme le Qi Originel que Lian Chengyu avait utilisé contre lui, les réduisant à la forme d’énergie la plus pure et nourrissant son corps ?
Yi Yun ne savait pas que dans les vaste plaines, bon nombre d’os de Créatures Fabuleuses contenaient des énergies toxiques. Celle du Boa Glacial était l’une des moindres, qu’un Maître Céleste pourrait facilement dissoudre. Ce n’était donc rien pour le Cristal Pourpre.
Yi Yun se rendit compte que son effet n’était pas significatif.
Le cristal était bien en mesure d’absorber les points lumineux bleus, mais très lentement et beaucoup plus difficilement que les points rouges violacés.
Le jeune garçon était en train d’étudier attentivement les différences entre les deux types d’énergie lorsqu’il entendit quelqu’un crier après lui.
– « Hey gamin! Qu’est-ce que tu fais ?! »
Cet homme, qui se voulait “contremaître” du groupe, ne pouvait pas supporter de le voir paresser.
– « Euh… Désolé, monsieur, cette hache est trop lourde… », répondit Yi Yun avec un sourire.
Avec un regard qui signifiait clairement « Je savais bien que vous ne valiez pas grand-chose », l’homme répondit :
– « Je ne sais vraiment pas ce que les hautes autorités avaient en tête! Envoyer un gamin raffiner l’os et me faire perdre mon temps! Ce bon à rien de Da Tou a à peu près le même âge que toi, pourtant, il est deux fois plus fort! »
Il est vrai que parmi les enfants de son âge, le Yi Yun du passé était extrêmement maigre et manquait de force. Or ce qui faisait la fierté de ces peuples du désert, c’était les hommes grands et forts à la peau sombre et rugueuse.
À leurs yeux, les gens plaisants à la peau lisse comme Yi Yun, considérés comme “gravement malades”, n’étaient guère populaires.
– « Je suis vraiment désolé, monsieur. Non seulement je suis pour vous un boulet, mais je sens bien que je vous les brise… ! Je travaillerai plus durement désormais », répondit-il, toujours souriant.
Cet homme était peut-être capable de rudes travaux, mais il était lent à réagir. Ne comprenant pas ce que Yi Yun venait de dire, il se contenta de grogner et retourna travailler en proférant des jurons.
Yi Yun reprit son travail, cette fois à un rythme correct et pour s’éviter des ennuis, accéléra même un peu. Il lui fallut cinq minutes et une dizaine de coups pour fendre le morceau de bois.
Il lui fallait rester conforme à ce qu’il était supposé être.
Ceci dit, personne ne remarqua que l’énergie rouge violacée qui bouillonnait dans le chaudron volait vers Yi Yun.
Sur le côté, il absorbait autant d’énergie bleue qu’il le pouvait, convaincu qu’ainsi, il empêcherait son entourage de mourir.
Malheureusement, le Cristal Pourpre n’était guère efficace quant à cette énergie toxique dont de petites quantités continuaient à pénétrer le corps des hommes.
Yi Yun était en proie à des sentiments mitigés : Bien que ces hommes ne fussent guère aimables, ils ne méritaient pas de mourir. Malheureusement, il était incapable de les sauver.
S’il révélait la vérité, non seulement ces hommes ne le croiraient pas, mais ils seraient bien capables de le dénoncer à Lian Chengyu comme un colporteur de ragots rien que pour obtenir davantage de bacon. Si cela se produisait, il serait dans une terrible situation.
Dans ces vastes plaines, les faibles n’avaient pas d’autre choix que d’accepter leurs souffrances. Ils étaient semblables aux porcs, bovins ou moutons qui, même s’ils n’avaient rien fait de mal, étaient maintenus en captivité et abattus.
Tout cela en raison de leur faiblesse, considérée comme une tare! Un faible n’avait pas le loisir de décider de son destin, il avait simplement le droit d’être piétiné.