Puisque Song Shuhang et l’élève au teint hâlé avaient tous les deux sprinté, ils menaient déjà la course avec beaucoup d’avance sur les autres!
– « Ce n’est pas réel, hein ? Depuis quand Song Shuhang court-il aussi vite et a-t-il autant d’endurance ? » Lin Tubo fut le premier à douter de ses propres yeux, et il se mit à crier exagérément.
– « C’est… le pouvoir de l’amour! » Gao Moumou rehaussa ses lunettes tandis que les verres reflétait la lumière du soleil.
Li Yangde jeta malgré lui un regard à Lu Fei, la nana qui l’encourageait non loin.
À côté de cette dernière, les yeux d’une fille à la coupe au carré se mirent à briller. « Dis, Feifei, ce Shuhang, c’est bien lui qui montrait ses pectoraux sur la piste de course, non ? »
– « Haha, C’est… sans doute lui. » Elle sentit venir une situation de crise. L’infernal été n’était pas prêt de se terminer. Si elle ne se dépêchait pas et que d’autres découvraient ses mérites, quelqu’un ne le lui arracherait-il pas ?
– « Si c’est bien lui, alors il n’est pas au maximum de sa vitesse, non ? » dit doucement sa copine.
Elle se souvenait qu’il avait couru un nombre incalculable de tours à plein régime!
Le coureur bronzé sentit sa vision du monde s’effondrer. Après s’être dépensé aussi longtemps, le joli minois n’était même pas rouge, et sa respiration restait tranquille. Tout cela ne semblait-il pas trop facile pour lui ?
Impossible, il doit forcément faire semblant.
Le sprint consommait beaucoup d’endurance. Il avait l’impression qu’il ne pouvait plus tenir, alors son adversaire devait s’effondrer sous peu.
Il serra les dents et ralentit légèrement. Même lui était incapable de courir à fond sur 5000 mètres.
– « Camarade, votre vitesse diminue légèrement. À ce rythme, vous n’aurez jamais deux tours d’avance, » fit calmement remarquer une voix derrière lui.
– « Huff huff… que veux-tu dire ? » L’étudiant en tête haletait comme un soufflet à la forge.
– « Si tu perds le rythme, je vais te dépasser, » lui rappela aimablement son poursuivant. Et effectivement, seul un demi-mètre les séparait.
– « Huff huff… Je ne faisais que reprendre mon souffle. Je vais tout donner maintenant, contente-toi de regarder. Ce ne sera pas juste deux tours, mais au moins deux de plus, » affirma-t-il rageusement en serrant les dents, avant de se remettre à courir de toutes ses forces.
Il pouvait le supporter. Se connaissant, il pouvait courir ainsi pendant trois tours, puis ralentir pour se reposer. Même s’il était rattrapé à ce moment-là, avec trois tours d’avance, il aurait le temps de récupérer suffisamment pour reprendre la première place.
Là, le plus important était de distancer complètement le beau gosse, en lui montrant la différence entre eux. La différence entre un grand sportif et un simple garçon manqué!
– « Hooooh. » Il bondit à nouveau en avant comme un dératé, de la salive volant en tous sens.
La distance entre lui et Shuhang repassa à un mètre.
Ce dernier était plutôt content. Suivant le rythme de l’étudiant à la peau sombre, il accéléra et maintint exactement un mètre de distance, ni plus ni moins.
Soupir . « Pourquoi ces deux-là ont-ils commencé par un sprint endiablé dès le début ? À ce rythme, ils ne tiendront pas les 5000 mètres, non ? » douta à voix haute un camarade de classe du jeune homme.
– « Le bronzé est plutôt dégoûtant. »
Celui-ci courait comme un cerf fou, et sa bave lui donnait l’air d’avoir de la mousse aux lèvres.
Rapidement, ils firent trois tours.
Le premier sentait son endurance arriver à un point critique, mais quand il se retourna, il vit l’étudiant persister à le coller de près, un mètre derrière lui, pas secoué le moins du monde.
– « Comment est-ce possible, huff huff… Pourquoi peux-tu toujours me suivre ? » Il perdit contenance. « Avec un aussi joli minois, huff huff… Pourquoi n’as-tu pas abandonné ? Dépêche et laisse tomber! »
Pourquoi ce type était-il si bon à la course ? Et pourquoi était-il si endurant?
– « Cher camarade, cela ne fait qu’un peu plus de trois tours, et il en reste encore beaucoup. Pourquoi tu ralentis ? » répondit-il.
– « Arrête de plaisanter, tu devrais être crevé, huff huff… Arrête de forcer, dépêche-toi et écroule-toi! » cria-t-il.
– « Je ne vais pas m’écrouler. Je sens que je peux encore courir pendant un long, long moment. » Song Shuhang lui sourit chaleureusement. « De plus, tu sembles avoir encore un peu d’énergie, tu as besoin d’aide ? »
– « Qu’est-ce que tu insinues ? Huff huff… Bâtard, » cracha-t-il, furieux. Il avait l’impression d’être ridiculisé.
Son rival prit une légère inspiration et concentra son énergie mentale, l’utilisant pour opprimer l’étudiant hâlé. Cette technique servait à intimider un adversaire. Toutefois, Song Shuhang contrôla sa puissance, contrairement à la fois où la belle enseignante avait été si effrayée qu’elle en avait été au bord de la dépression.
À ce moment-là, le jeune en tête eut la terrible impression qu’une bête sauvage féroce le poursuivait dans l’intention de le dévorer.
– « Ahhhh. » Il cria étrangement, et mit toute son énergie dans la fuite.
Si terrifiant, si terrifiant!
– « Comme je m’y attendais, tu peux encore courir. Et vite en plus. Les humains sont vraiment paresseux. Ce qui les retient, ce n’est pas la fatigue, mais leur cerveau qui bride leur corps. Ils pensent ne pouvoir courir que sur une certaine distance, ils ralentissent au bout d’un moment, alors qu’en réalité, il peuvent toujours largement continuer. » Song Shuhang le suivit en donnant une évaluation “professionnelle”. J’ai encore fait une bonne action . Quel plaisir!
– « Allez, fais de ton mieux! Tu es l’homme qui va me dépasser avec deux tours d’avance, » l’encouragea-t-il dans son dos.
– « Ahhhh! » criait l’étudiant. Les larmes, la sueur, la morve et la salive brouillèrent son visage, le rendant dramatiquement pitoyable.
Et Shuhang le suivait toujours un mètre en arrière.
Un tour après l’autre. Et encore un autre, et encore un!
La peur pouvait permettre de briser ses limites. Cet étudiant voyait son potentiel s’exprimer pleinement. Cinq mille mètres ne semblaient pas impossible.
Tous le regardaient galoper comme un lièvre enragé.
S’il continuait comme ça, battrait-il le record du monde ?
Ses jambes ne réclamèrent nul repos, bien trop engourdies pour cela. Dans son abdomen, une pression écrasante lui donnait envie de vomir.
Cette course était la plus intense de toute sa vie, mais aussi la plus éreintante, et la plus douloureuse.
Mais le travail acharné porte toujours ses fruits : il ne restait plus qu’un demi-tour.
Il était le gagnant. Il était plus rapide que la crevette! Même si ce n’était que d’un mètre!
L’étudiant à la peau sombre s’étouffait presque avec la mousse lui emplissant bouche.
Il ne restait plus que quelques pas avant la ligne d’arrivée. Il avait déjà dépassé le coureur à la troisième position à trois reprises; un tel record était stupéfiant.
– « Je suis le grand gagnant! » Il rassembla le peu de force lui restant, se jetant comme un loup affamé sur la ligne d’arrivée.
Il ne lui restait plus que quelques dizaines de mètres, une distance adaptée à un sprint!
La victoire était à sa portée.
Juste à ce moment-là, alors que la ligne d’arrivée approchait, une silhouette se précipita devant lui, dans un bruit rappelant un ouragan dévastateur.
Quelle vitesse!
Il était trop rapide. Même lui n’avait pu voir de qui il s’agissait.
Ce ne fut que lorsque cet inconnu franchit la ligne d’arrivée, les deux bras levés, qu’il comprit.
Son cœur palpita instantanément sous la douleur.
C’était le joli garçon!
La dernière ligne droite venue, son adversaire s’était élancé fermement et tranquillement, finissant la course avant lui.
– « Au départ, cela ne me dérangeait de te laisser la première place, mais j’ai promis à mes amis de gagner. Désolé. » Le beau jeune homme se tourna vers lui et rit sincèrement, lui adressant un pouce levé. « Mais tu t’es bien débrouillé. En avant, la deuxième place est pour toi! »
La deuxième place, la deuxième place… est pour toi. Pour toi!
À ce moment-là, cet étudiant se sentit perdre pied.
– « Ough! » Il ne parvint plus à supporter le terrible point de côté dans son ventre. En même temps, en perdant la possibilité de finir à la première place, ses jambes se relâchèrent. Alors qu’il courait encore assez vite, elles n’avancèrent plus, et il trébucha et tomba en avant! À cause de son élan, son corps glissa sur une certaine distance…
À ce moment-là, il n’était qu’à quelques pas de la ligne d’arrivée!
Mais cette distance, pour lui, était aussi insurmontable que le ciel domine la terre, un écart infranchissable.
Song Shuhang se gratta l’arrière de la tête et soupira : « Quel dommage. Tout comme un oiseau migrateur qui ne s’est pas effondré sur le chemin, mais qui s’écrase sur la plage de sa destination finale… Ce fut un grand adversaire. »
Les yeux de l’étudiant bronzé devinrent finalement ternes, et il s’évanouit.