– « Je sais deux ou trois choses, mais mes informations datent d’il y a une quarantaine d’année, » expliqua posément le Maître du Palais au Talisman des Sept Vies. « Il y a quarante-trois ans, alors que je parcourais le monde, je suis passé par un village de la région de l’Est de la Chine. Tous les habitants avaient été tués avec cruauté pour réaliser un sacrifice de sang, et il n’y avait aucun survivant. Le but était de donner naissance à de la haine, et donc à des fantômes vengeurs. Ce genre de méthode est souvent utilisée par des cultivateurs dépravés. »
Il poursuivit : « À l’époque, j’étais extrêmement en colère et j’ai juré d’exterminer complètement ces derniers, sans même en laisser un seul s’échapper. Par la suite, je les ai traqués pendant longtemps, mais malheureusement, je n’ai réussi qu’à mettre la main sur quelques subordonnés insignifiants. Toutefois, j’ai trouvé ce médaillon sur leur corps. »
Quand le Maître du Palais au Talisman des Sept Vies était jeune, il était un homme avec un fort idéal de justice, du genre à courir dans tous les sens.
De plus, à cette époque, il était particulièrement zélé, toujours prêt à s’engager face à l’injustice.
Par exemple, lors de ce fameux incident il avait juré, prenant les cieux et la terre pour témoins, qu’il éliminerait complètement ce groupe de maléfique ayant tenté de concevoir des fantômes rancuniers.
Il avait fait des milliers de serments dans sa jeunesse, tous du même style.
Et à ce moment-là, il emportait partout avec lui un petit cahier, dans le seul but de ne pas oublier toutes les promesses qu’il devait encore tenir.
Un serment d’un cultivateur devant les cieux et la terre ne pouvait pas être pris à la légère. Une fois engagé, il ne devait pas ménager ses efforts pour tenir parole, sans quoi son esprit serait divisé, donnant naissance à des démons intérieurs lors de sa progression.
Ainsi, le Maître du Palais au Talisman des Sept Vies faisait de son mieux pour s’acquitter de toutes sortes de promesses passées, ses joues ruisselantes de larmes. Bien qu’il eût affirmé avoir fait tout son possible à l’époque, pourquoi y en restait-il autant dans ce petit carnet ?
Pendant longtemps, il avait vraiment souhaité avoir le pouvoir de remonter dans le temps. Il voulait retourner dans le passé, et donner à sa version juvénile bien trop preste à donner sa parole une gifle digne de l’envoyer voler sur 300 mètres pour lui mettre du plomb dans la tête et l’empêcher de se créer autant de problèmes!
Bref. « J’ai entendu dire que vous avez une piste sur les cultivateurs associés à ce médaillon ? » demanda pour confirmation le Maître du Palais.
– « J’ai quelques indices, tout cela grâce à l’Aîné Maître Praticien. Si tout se passe bien, je pourrais trouver l’emplacement approximatif du Maître d’Autel de cette organisation dans les prochains jours, » répondit Song Shuhang. Il avait obtenu quelques informations sur le Maître d’Autel de sa conversation nocturne avec l’homme aux longs bras.
– « Excellent. Tous ces pratiquants démoniaques devraient être mis à mort. C’est dommage que je sois actuellement dans la région de l’Ouest de la Chine. J’ai à faire, et je suis incapable de venir vous aider. » Morose, il ajouta : « Alors, Jeune Ami, donne-moi ton adresse. Je t’enverrai quelques talismans demain, j’espère qu’ils te seront utiles. »
Des t alismans ? Song Shuhang se rappela immédiatement les éblouissants papiers dorés dont Douce Plume avait usé alors qu’elle luttait contre les esprits fantôme!
– « Enfin, cher Daoïste Stressé par une Montagne de Livres, le nom de Dao est au pratiquant ce que la vitrine est à la boutique, et le tien semble quelque peu maladroit, et gênant à prononcer. Il serait mieux d’en changer! N’oublie pas de m’envoyer une adresse à laquelle je pourrai t’envoyer un colis, et je le ferai rapidement. » Cela dit, il raccrocha rapidement, craignant que l’étudiant ne refusât son geste bien intentionné.
– « … »
Stressé par une Montagne de Livres est seulement mon nom sur l e chat, pas mon nom de Dao!
Peut-être devait-il en changer ?
Si t ou s les autres pensent que c’est mon nom de Dao, ils m’appelleront “Cher Daoïste Stressé par une Montagne de Livres ” , “Aîné Stressé par une Montagne de Livres ” , et ainsi de suite. Mon égo en prend un coup rien qu’à cette idée .
Peu de temps après, il écrivit son adresse dans un message qu’il envoya au Maître du Palais au Talisman des Sept Vies.
Au fond, ce dernier n’avait pas à raccrocher aussi rapidement.
Song Shuhang n’était pas du genre à prétendre être plus fort qu’il ne l’était réellement. Il savait être bien inférieur à son adversaire, le “Maître d’Autel”. Ainsi, que ce fût sous la forme de talismans ou d’un soutien direct, il n’aurait certainement pas rejeté toute l’aide qu’un membre du Salon lui aurait proposé.
À quoi bon l’honneur, quand la vie est en jeu ?
– « Je me demande quel genre de talismans il va m’envoyer. »
Des talismans!!!
Un seul des talismans dorés de Douce Plume pouvait complètement maîtriser deux fantômes. Son pouvoir était formidable.
Pour Song Shuhang, il s’agissait du soutien dont il avait absolument besoin.
❄️❄️❄️
7 juin. Le soleil brûlait.
Chaque année, ce jour était le plus amer et le plus intense pour les lycéens, puisque les examens d’entrée à l’université commençaient tous ce jour-là.
Evidemment, la Cité Universitaire de Jiangnan se réjouissait du malheur des autres et organisait sa compétition sportive. Ainsi était apparente la profonde méchanceté des grosses pointures envers ces pauvres lycéens suppliciés.
La course du 5000 mètres homme était l’une des épreuves du premier jour de la compétition.
En tant que participant, Song Shuhang avait décidé de se lever tôt dans le but d’étirer tranquillement ses muscles afin d’obtenir la première place. Il pouvait bien faire un peu le malin, non ?
À son réveil, il avait touché la poignée de l’épée volante à côté de son lit.
Ce genre de trésors ne pouvait en aucun cas être abîmé par du sang, mais le jeune homme avait l’impression de pouvoir en sentir une trace.
– « C’est vrai. Ce n’était pas un rêve, » réfléchit-il à voix haute.
La veille… il avait tué quelqu’un pour la première fois, et ce par décapitation. La scène de la tête volant du corps de cet homme était encore gravée dans son esprit. Puisqu’il s’agissait de sa toute première fois, il se souviendrait longtemps du dernier regard de son adversaire.
– « Au final, ce Maître d’Autel court toujours. » Il saisit fermement l’épée volante dans ses mains.
Puisque cet homme supposait, à tort, qu’il était un expert, il en était effrayé à un point tel qu’il avait fui du district de Jiangnan. Cependant, Song Shuhang ne pouvait pas risquer sa propre vie et la sécurité de sa famille en espérant que ce malentendu durerait éternellement.
S’il ne résolvait pas cet énorme problème, il serait incapable de se reposer ou de manger en paix. Heureusement, il aurait quelques pistes cet après-midi là.
❄️❄️❄️
Après s’être lavé le visage et s’être rincé la bouche, Song Shuhang ouvrit la porte du dortoir pour sortir s’exercer.
Lorsqu’il en passa l’encadrement, il aperçut un homme immense vêtu d’un costume, un sourire rayonnant d’une oreille à l’autre.
Il me sembl e familier, c ’est qui déjà ?
– « Étudiant Shuhang, nous nous retrouvons. Je suis “Petit Jiang” de Fengshou Livraisons Exprès. Vous avez une nouvelle livraison prioritaire aujourd’hui, » lui expliqua-t-il, semblant fatigué, mais continuant aimablement.
Oh, je me souviens, c’est Monsieur Sima Jiang de Fengshou.
Précédemment, quand il était venu lui apporter ses colis, le jeune lui faisant face n’avait pas connaissance de son statut. Il avait pensé avoir affaire à un simple livreur. Par conséquent, il l’avait appelé Petit Jiang. A ce moment-là, le coin de ses lèvres tremblaient incontrôlablement. Il avait tout de même un certain pouvoir, et ce surnom était particulièrement perturbant.
Mais là, il s’était personnellement désigné comme étant le “Petit Jiang”. En fait, en l’espace de trois jours, il avait effectué deux livraisons de différents expéditeurs, ceux-ci étant terriblement influants.
“Petit Jiang” était normal dans de telles circonstances! Même “Petit Petit Jiang”, ou encore “Petit Petit Petit Jiang” convenaient également!
Après avoir vu l’homme, Song Shuhang pensa immédiatement au Maître du Palais au Talisman des Sept Vies, ce dernier ayant affirmé lui adresser une livraison exprès.
Le colis envoyé à minuit a atteint sa destination le matin suivant à 6 heures ? Quelle vitesse !
– « Bonjour, Petit Jiang. Un colis pour moi ? » demanda-t-il.
– « Oui, il s’agit d’une livraison urgente par avion depuis l’ouest de la Chine. J’ai personnellement piloté un avion pour la prendre en charge, et j’ai fait au plus vite pour vous l’apporter, étudiant Shuhang. J’espère ne pas arriver au mauvais moment. » Sima Jing sortit de sa poche de poitrine un paquet de la taille d’un téléphone portable.
Celui-ci était enveloppé de plusieurs couches protectrices et bien scellé.
– « C’est bon, vous êtes là juste au bon moment. Merci pour le déplacement. Où dois-je signer ? » Song Shuhang lui faisait vraiment confiance. La précédente livraison avait été toute aussi intacte.
– « Ici s’il vous plaît. » Sima Jiang lui tendit un stylo.
Pendant qu’il s’acquittait de cette obligation, il se souvint soudainement de l’épée volante noire du Grand Maître Profond Principe et déclara : « Au fait, Petit Jiang, je pourrais avoir un paquet à livrer dans quelques jours. Je vous contacterai à ce moment-là. »
Après avoir réglé son compte au Maître d’Autel, quelques temps plus tard, il allait devoir rendre l’arme à son propriétaire. Comme Fengshou Livraisons Exprès semblait proposer d’excellents services, il se tourna naturellement vers lui en premier.
– « Où sera-t-il envoyé ? Avez-vous besoin d’une livraison urgente ? » Soudain, les yeux de Sima Jiang s’illuminèrent, et il lui répondit joyeusement.
– « Non, inutile. Le destinataire n’en a pas un besoin urgent, alors un simple livraison standard suffira. Lorsque je voudrai l’envoyer dans quelques jours, je vous contacterai, » lui expliqua-t-il en souriant.
– « Pas de problème! Vous pouvez m’appeler 24/7! » affirma-t-il avec amabilité. Il méritait bien une note de 5 étoiles, et tout un tas de pouces bleus.
Song Shuhang regarda le paquet dans sa main en se demandant à quoi ressemblaient les talismans du Maître du Palais au Talisman des Sept Vies.