L’idée initiale du maître forgeron avait été de fabriquer une paire de chaussures dotée d’une fonction spéciale les rendant similaires à des Savates volantes. Cependant, il avait échoué. La technique y étant gravée ne fonctionnant qu’à peine, elles avaient ensuite été transformées en Tongs à Claques.
En fait, de nombreux cultivateurs avaient mené des expériences similaires. Beaucoup rêvaient de voler avant d’atteindre le Quatrième Rang. Par exemple, le Grand Maître Profond Principe avait créé un Art de Contrôle d’Épée à moitié réussi, et le Maître Praticien un insecte artificiel permettant de se transformer en montgolfière.
Après avoir entendu l’explication de la commerçante, Song Shuhang trouva la tong assez intéressante. « Combien ça coûte ? »
– « Estimé Daoïste, si vous aimez cet article, je peux vous le vendre au prix du marché : cinq pierres spirituelles de Troisième Rang, » déclara-t-elle avec un sourire éclatant.
C’était plus cher que la paire de chaussures avec la capacité de flotter, que Seize avait achetée plus tôt !
Cependant, c’était toujours dans la fourchette de ce qu’il pouvait accepter. « Je la prends ! »
La femme emballa rapidement la tong, avec une seconde. Cependant, celle de gauche était normale, outre une durabilité plus élevée qu’une chaussure ordinaire. La vraie Tong à Claques était la droite.
Song Shuhang et Seize quittèrent la boutique, très satisfaits de leurs achats.
Une fois dehors, l’étudiant regarda tout autour de lui.
Seize du Clan Su lui demanda : « Qu’est-ce que tu cherches ? »
– « Le Daoïste Su Wenqu, qui nous a jetés à terre plus tôt. » Il sourit. Le changement d’attitude de cette commerçante avait été trop surprenant. Étant donné que le Vénérable Blanc n’avait pas été présent, il était évident que quelqu’un avait soufflé quelque chose à la vendeuse via une transmission sonore secrète.
Cet homme étant le fils du Véritable Monarque Feu Éternel, c’était très probablement lui qui était intervenu.
Le comprenant également, elle lui rendit son sourire et hocha la tête.
Mais, même après avoir cherché pendant un moment, Song Shuhang ne trouva pas l’Érudit Grand Sabre.
– « Bah ! Tant pis. Continuons à flâner, » finit-il par proposer.
❄️❄️❄️
Environ une heure plus tard.
Song Shuhang et Seize avaient fait le tour de tous les magasins qu’ils voulaient visiter. Ils étaient pleinement satisfaits.
A ce moment-là, le duo était assis sur un banc, sur la place publique principale. Ils faisaient une pause. Au centre, les treize statues des Transcendants se tenaient bien droites. Dès qu’il les regardait, le Roi Guerrier sentait son dernier traumatisme revenir à la charge.
La pratiquante s’étira. « C’est bientôt l’heure, non ? Devrions-nous nous rendre sur le lieu du tournage ? »
– « Oui, je pense. Je vais contacter la Fée Litchi et l’Aîné Blanc pour leur demander s’ils veulent nous retrouver là-bas. »
Il prit son téléphone portable et se prépara à appeler le Vénérable. Il espérait que le cultivateur avait cessé de jouer au taxi.
Il glissa son doigt sur l’écran pour le déverrouiller. Mais, pile à ce moment-là, il vit du coin de l’œil un léger rayonnement écarlate monter des treize statues.
Son sourire se crispa. Il monta en lui un mauvais pressentiment.
Tous ceux qui avaient lu le roman Terror Infinity le savaient, le personnage principal retrouvait une vie normale après une mission. Lorsque la suivante commençait, il était à nouveau entraîné dans une dimension infinie.
Je ne vais pas devoir passer un autre test, n’est-ce pas ?
S’il était vraiment traîné dans un nouvel espace mental de repêchage, il deviendrait fou ! Après tout, une heure seulement s’était écoulée depuis la torture de la Poésie en Prose !
Cela ne pouvait pas se reproduire si vite !
Juste au moment où cette pensée lui traversa l’esprit, tout devant ses yeux devint noir.
Merde, ça recommence !
Le corps de Song Shuhang tomba sur le côté, sur Seize du Clan Su. Quant à sa conscience, elle fut tirée sur une immense place publique sombre. Là, la statue de Daozi, le plus grand disciple du Sage, émettait une faible lumière.
De quel genre de test s’agirait-il cette fois-ci ?
❄️❄️❄️
Song Shuhang tourna la tête et regarda tout autour de lui. L’instant d’après, il sentit ses tripes se tordre douloureusement. Cette fois, il était seul.
Su Wenqu et les sept autres Érudits n’étaient pas là !
S’il devait passer un test du même genre que la fois précédente, il était foutu.
– « Oh ! Jeune ami Shuhang, quel plaisir de déjà vous revoir, » dit une voix familière au-dessus de lui.
Il tourna la tête et découvrit que l’Aîné Blanc II planait là en bâillant. À ce moment-là, son pyjama s’était transformé en un sac de couchage ; il s’y était réfugié et seuls ses yeux et son nez étaient visibles.
L’étudiant eut l’air heureux. « Aîné Blanc, vous êtes là ! » Il trouvait tout simplement cela génial. Si un être aussi puissant était présent, aucune épreuve ne pouvait lui faire peur.
– « Ouais, je n’ai pas bougé. À un moment donné, je me suis endormi profondément, puis je me suis réveillé. Comme je m’ennuyais, j’ai décidé d’utiliser le lien entre vous et les statues pour vous amener ici. Vous allez pouvoir me tenir compagnie. »
– « … » Ce bonheur qu’il ressentait se changea immédiatement en désespoir… Il s’avérait que s’il était là, c’était à cause de l’Aîné Blanc II ! Il se força à sourire. « Aîné Blanc, est-ce que vous avez besoin de quelque chose ? »
– « Hmm, je me souviens que je voulais vous dire quelque chose. Quelque chose de très important. Mais comme je me suis endormi, je ne m’en souviens plus. »
– « … »
– « Ne me regardez pas comme ça. Sachez-le, je suis très vieux et j’ai vécu longtemps… C’est normal que les personnes âgées oublient certaines choses. »
– « Dans ce cas, comment puis-je vous aider à vous en rappeler, Aîné Blanc ? » La meilleure chose à faire était de le satisfaire avant de quitter cet endroit le plus tôt possible. Il décida de se plier aux exigences de l’Aîné Blanc II.
Celui-ci se prit le menton et dit : « Je suis vraiment incapable de m’en souvenir… Racontez-moi une blague. Peut-être que je pourrai m’en rappeler si je suis de bonne humeur ! »
– « … »
– « Quoi, vous n’en connaissez pas ? »
– « Si, si… Laissez-moi juste réfléchir un peu ! »
– « Bien. J’attends. » Il ajusta sa position à l’intérieur du sac de couchage pour en trouver une plus confortable.
Song Shuhang se plongea un moment dans ses pensées. Ses yeux s’illuminèrent finalement. « Je me rappelle d’un mème rigolo ! C’est Jamy qui dit à Harry Potter [Tu vois, Harry, ceci est un balai et ça sert à faire le ménage, pas à voler. C’est pas sorcier, Harry !] Eheh… »
L’Aîné Blanc II ouvrit grand les yeux.
– « Alors ? C’était drôle, non ? »
Il hocha la tête d’un air sérieux. « Ouais, pas mal. Quel incroyable sens de l’humour. Il faut juste les bonnes références et accepter ensuite d’avoir la musique dans la tête… Ce que je voulais vous dire est directement lié à votre sécurité et même à votre survie, mais comme j’ai été profondément choqué par cette fantastique blague à l’instant, je suis incapable de m’en rappeler correctement. Tant pis. Avez-vous rédigé votre testament, jeune ami Song Shuhang ? »
– « Quoi ? Directement lié à ma sécurité ? »
– « Oui. Et pas seulement la vôtre, mais celle de vos proches. »
– « Aîné Blanc, j’ai commis une erreur ! Je n’aurais pas dû vous raconter une blague de merde ! Et si je vous en racontais une autre ? »
– « Trop tard. »
– « Aîné Blanc, jamais deux sans trois ! Autrement dit, laissez-moi encore deux autres chances ! » Il sentait que son avertissement n’était pas une plaisanterie.
– « Jamais deux sans trois ? C’est logique. » Il tendit la main hors de son sac de couchage et vint lui attraper le menton. « Bien, deuxième chance. Vous n’aimez pas sourire ? Allez, souriez-moi. Tant que je trouve votre visage suffisamment distrayant, je pourrais me souvenir de ce que je voulais vous dire. »
– « … »
– « Quoi, c’est un non ? »
Song Shuhang esquissa un sourire.
– « Quel moche. Votre visage est trop raide. Faites un sourire diabolique. »
Après un bref rictus crispé, il esquissa l’expression demandée.
– « Tout aussi moche. Maintenant éclatez de rire. »
Song Shuhang prit une profonde inspiration. « Ahahaha ! »
– « Affreux. Un sourire sinistre ? »
Il serra les dents et fit de son mieux.
L’Aîné Blanc II lui tapota la poitrine et dit : « Ben voilà, c’était effrayant. Vraiment. Maintenant, un sourire réconfortant. »
Le jeune homme se frotta le visage avant d’obtempérer.
– « Hmm, c’est pas mal. Mais c’est plutôt ennuyeux. Et ce n’est pas aussi charmeur que mon propre sourire, » déclara le puissant pratiquant avec dédain.
Song Shuhang était sans voix. Il se faisait juste intimider ! Combien de personnes dans le monde pouvaient rivaliser avec un Aîné Blanc sur le terrain de la beauté ?!
– « Maintenant, riez comme une gamine, avec beaucoup de i. »
L’étudiant refusa immédiatement. « Aîné Blanc, je suis un homme ! »
– « Dans ce cas, comme une gamine virile ? »
– « Quelle différence ? »
– « Bon sang, quel rabat-joie… Très bien, en dernier, montrez-moi un sourire diabolique ! »
Ce n’était pas un problème, car Song Shuhang venait d’imaginer le pire. Ce ne serait donc pas un jeu d’acteur, mais la manifestation de ses vrais sentiments.
– « Bon sang, ce sourire diabolique était super effrayant. Il m’a tellement effrayé que je ne pourrai pas dormir pendant trois jours d’affilée, » affirma l’Aîné Blanc II avec une expression exagérément troublée.
Sa voix s’était à peine estompée que le visage de l’étudiant devint encore plus hideux.
– « Arrêtez, c’est bon. Je suis pleinement satisfait ! » L’Aîné agita la main et dit : « Puisque vous n’avez épargné aucun effort avec ces sourires, je vais tout vous dire. Vous êtes actuellement assez proche de la Montagne de Myriades de Livres, n’est-ce pas ? D’après les informations dont je dispose, la grande cérémonie que les Érudits organisent une fois tous les trois ans devrait être sur le point de commencer, non ? »
Song Shuhang hocha la tête.
– « Dans ce cas, vous feriez mieux de vous préparer à faire face à une attaque à grande échelle venant du Royaume des Enfers. »