Mais, quand il releva la tête, Song Shuhang découvrit que l’Aîné Blanc II tenait son menton et regardait avec curiosité les mots qu’il avait écrits. « C’est quoi ? Est-ce la nouvelle écriture des humains ? »
– « … » Quel ennui. Le pratiquant ne savait pas lire le chinois simplifié…
Le Roi Guerrier reposa son pinceau, l’air triste. Si le cultivateur ne pouvait pas comprendre ce qu’il écrivait, à quoi bon rédiger cette phrase dangereuse !
Même la Transmission Vocale Secrète était inutile dans cet espace spécial. Elle avait sans doute été désactivée afin d’empêcher les candidats de tricher pendant leur épreuve.
– « Hehe, vous abandonnez déjà ? » L’être puissant, qui flottait dans les airs, rit pour se moquer de lui.
Song Shuhang roula des yeux.
Parfois, il valait mieux se débrouiller tout seul plutôt que de chercher de l’aide auprès d’un autre. Il se frotta donc les yeux et se prépara. Les cinq minutes allaient bientôt prendre fin et les murs qui l’entouraient s’abaisser.
Enfin, la voix digne résonna à nouveau en répétant son texte.
L’étudiant tourna rapidement la tête et regarda avec une attention soutenue la copie de Su Wenqu, comparant ce qu’il voyait avec ce qu’il avait mémorisé.
Dix secondes plus tard…
Bon sang !
Il saisit à nouveau la table et essaya de la retourner… Toujours en vain. Elle ne bougea pas d’un pouce.
Il n’avait commis aucune erreur ! Ses incroyables capacités de mémorisation lui avaient permis de transcrire la Poésie en Prose sans omettre un seul trait ou caractère ! Même les lignes qui ressemblaient à des tildes ; il avait tout copié, jusqu’à la dernière patte de mouche.
En d’autres termes, il n’y avait absolument aucune différence entre sa copie et celle de Su Wenqu. Dans ce cas… Pourquoi n’avait-il pas pu passer ? Devait-il vraiment chanter mentalement le texte en l’écrivant ? Mais s’il ne connaissait pas les mots, comment les lire ?
Vingt secondes passèrent encore.
Un grondement. Les murs montèrent à nouveau, l’isolant impitoyablement du reste de ce monde.
Il regarda l’Aîné Blanc II, qui flottait dans les airs. À ce moment-là, il était “allongé” sur le côté, apparemment endormi.
Song Shuhang tendit son pinceau et le poussa.
Le mystérieux pratiquant ouvrit les yeux et le regarda avec perplexité.
Pointant sa bouche, l’étudiant demanda à ne plus être muet.
Après un bâillement, l’autre répondit paresseusement : « Hehe, si vous promettez de ne plus dire cette horrible phrase, c’est d’accord. »
Le jeune homme hocha la tête à plusieurs reprises.
L’Aîné Blanc II tendit son doigt et le pointa vers lui, lui redonnant sa voix.
Il dit immédiatement : « Aîné Blanc II, passons un marché ! »
– « Hehe. » Il réfléchit et demanda : « Mais… Aîné Blanc de quoi ? »
– « … Ma langue a fourché, mes excuses. »
L’Aîné Blanc II sourit simplement avant d’acquiescer.
– « Je peux vous donner quelques informations sur le monde actuel si vous le souhaitez. Je répondrai à deux de vos questions si vous m’aidez à passer ce test ! » Puisqu’il ne pouvait réussir seul, il devait se rabattre sur lui.
– « Deux questions ? Ok. » Il s’étira et s’assit. « Dans ce cas, voici la première… La Cité Céleste a-t-elle déjà été détruite ? »
Song Shuhang s’était attendu à une question sur le Vénérable Blanc, pas à cela. Heureusement, il connaissait la réponse. Il hocha la tête. « Oui, la Cité Céleste a déjà été détruite. »
– « Je m’en doutais… Ah… Elle a été détruite très rapidement. » Après un court instant, il continua. « Voici ma deuxième question… Hmm, vous êtes plutôt faible, je ne suis pas sûr que vous soyez au courant. Est-ce que le Porteur… de la Volonté a eu des problèmes ? »
S’il s’était arrêté un instant en mentionnant le Porteur de la Volonté, c’était pour éviter d’attirer son attention. On pouvait pour cela rester un court silence, ou ajouter n’importe quels mots sans intérêt.
– « Je ne sais rien à ce sujet. » Song Shuhang secoua la tête. Il n’était qu’un petit cultivateur de Troisième Rang. Que pouvait-il bien savoir sur quelque chose d’aussi abscons que la Volonté des Cieux !
– « Laissez tomber, gardons cette question pour la prochaine transaction. Je vous la poserai à ce moment-là. Bien, je voudrais savoir… Vous avez déjà surmonté la Tribulation pour le Deuxième Rang, n’est-ce pas ? Combien de vagues de foudre avez-vous vu apparaître ? »
L’étudiant n’arrivait pas à saisir son schéma de pensée. Il se renseignait sur lui ?
– « Onze, » révéla-t-il honnêtement. Après tout, ce n’était pas vraiment un secret.
L’Aîné Blanc II, qui se tenait le menton, hocha la tête avec un air pensif. Ensuite, il déclara : « Très bien, je vais remplir ma part du marché. Commencez à écrire la Poésie en Prose d’Auto-Cultivation du Sage. Je vais y jeter un œil. »
– « Il ne reste plus beaucoup de temps avant la fin de ce test. Ne devrais-je pas attendre le prochain tour ? »
– « Pas besoin. Commencez maintenant, je vous dirai s’il y a un problème dans votre manière de faire. »
– « Ok. » Song Shuhang acquiesça et se mit au travail. Il retranscrit ce qu’il avait mémorisé de la copie de Su Wenqu, sans oublier le moindre trait.
Alors, l’Aîné Blanc II pointa soudainement du doigt le trait en forme de tilde du caractère qu’il venait de tracer. « Faux. Ce trait devrait être horizontal (—). Pourquoi dessinez-vous des lignes ondulées (~) à la place ? »
– « Hein ? » Il cligna des yeux. Ce trait doit être droit ? Comment ça ?!
Il se souvenait parfaitement que Su Wenqu avait dessiné une vague !
Comme il avait eu peur de faire une erreur, il avait joué à la photocopieuse. Mais il ne s’était pas attendu à ce que ce fût la raison de ses échecs !
Il comprenait enfin la souffrance morale des illettrés. Parfois, il était vraiment douloureux de ne pas pouvoir reconnaître les mots.
– « Ce doit être à cause d’une habitude de votre voisin. Peut-être qu’il pratique la calligraphie et qu’il a inconsciemment utilisé ce style d’écriture. Dans son cas, ce n’est pas un problème, mais dans le vôtre oui. Vous avez trop insisté sur l’angle de vos vagues alors qu’elles auraient dû être plates. Le tracé a donc été jugé erroné. »
Song Shuhang fit une tête ressemblant à un 😫.
L’Aîné enchaîna : « Outre ces traits horizontaux qui sont devenus ondulés, il y a plusieurs autres erreurs similaires. »
A ce moment-là, le jeune homme avait envie de se pendre.
Frère Su, pourquoi me faire subir ça !
– « Bah ! Donnez-moi juste le pinceau. Il se trouve que je connais aussi cette Poésie en Prose d’Auto-Cultivation du Sage, je peux vous l’écrire. Mémorisez-la. » L’Aîné Blanc II tendit la main. Ensuite, tenant le pinceau entre ses doigts longs et fins, il se concentra, extrêmement élégant. Il commença à écrire très rapidement. En une dizaine de secondes, le texte complet était couché sur le papier. « Bien. Maintenant, c’est à vous. »
Song Shuhang ne perdit pas son temps à bailler aux corneilles. Il fit de son mieux, corrigeant mentalement les caractères incriminés.
Au fait, l’Aîné Blanc II a déjà écrit la version complète sur mon papier. Est-ce que je réussirai automatiquement le test une fois les cinq minutes écoulées ?
Et une fois les cinq minutes écoulées…
Les murs s’abaissèrent et disparurent dans le sol.
La voix pleine de noblesse résonna à nouveau, déclarant que ceux qui avaient réussi pouvaient partir, tandis que ceux qui avaient échoué devraient recommencer dans vingt secondes.
Song Shuhang tenta sa chance : « S’il vous plaît, laissez-moi partir d’ici ! »
… Mais rien ne se produisit.
Cet espace n’avait pas validé cette tricherie évidente, la copie de l’Aîné Blanc II n’étant donc pas acceptée.
– « Ce truc est vraiment attaché aux règles. » Le Roi Guerrier serra les dents.
Puis les vingt secondes prirent fin.
❄️❄️❄️
Les murs se dressèrent à nouveau.
L’Aîné Blanc II s’était déjà retiré dans son pyjama. Il dormait profondément.
Quant à Song Shuhang, le pinceau en main, il recommença.
Trois minutes plus tard…
Il poussa un soupir de soulagement et posa son instrument.
Cette fois, tout devrait bien se passer, n’est-ce pas ? Il n’avait commis aucune erreur !
Alors, il l’eut l’impression d’avoir été “éclairé”.
La Poésie en Prose d’Auto-Cultivation du Sage écrite sur la feuille se mêla à son esprit, se transformant en caractères chinois simplifiés qu’il pouvait comprendre.
Est-ce qu’il fallait l’écrire correctement pour lui donner la fonction de traduction automatique ?
Alors qu’il était en pleine réflexion, il sentit son énergie mentale se condenser. L’énorme quantité qu’il en possédait était devenue un peu plus facile à contrôler.
Était-ce la Poésie en Prose qui influençait son corps ? Elle était similaire dans ses effets à une technique de méditation. Non, elle était même plus merveilleuse encore.
Après cela, l’espace spécial leva les restrictions appliquées sur lui. Il sentait être capable de partir d’une simple pensée.
Voilà comment cela fonctionnait. Après avoir transformé son énergie mentale grâce à la Poésie en Prose d’Auto-Cultivation du Sage, un pratiquant remplissait enfin les conditions requises.
Il dit joyeusement : « Aîné Blanc, ça a marché ! »
– « Hmm… »
– « Aîné Blanc, je pars le premier. L’autre Aîné Blanc attend toujours mon retour. »
– « Hmm, au revoir. » Il agita la main.
Song Shuhang rit et demanda silencieusement à partir. L’instant d’après, il quittait enfin ce maudit espace de repêchage infini.
Après sa disparition, l’Aîné Blanc II se tourna silencieusement en direction de la statue de Daozi.
– « Les treize disciples Transcendants du Sage… Estimé Daozi. »
La statue lointaine brillait doucement, comme si elle lui répondait.
– « Quoi qu’il en soit, il semble que l’autre Blanc que Song Shuhang a mentionné soit maintenant sur le territoire des Érudits… » conclut-il.
❄️❄️❄️
La conscience de Song Shuhang revint enfin au monde réel.
L’instant d’après, il découvrit être allongé dans son lit. Un pinceau était apparu dans sa main.
À son chevet, Seize du Clan Su portait des lunettes à monture noire. Elle lisait.