Devant Song Shuhang, un homme qui semblait être un employé de banque était pressé, tenant une mallette dans sa main droite et cherchant dans ses poches de la gauche où diable était son téléphone.
Alors qu’il poursuivait sa quête désespérée, le jeune homme vit un rouleau de billets tomber sur le sol sans que l’inconnu ne le remarquât, celui-ci partant rapidement.
« Hey, monsieur ! » Il s’approcha rapidement de la liasse et la ramassa. Il y en avait pour environ cent cinquante…
Il aimait aider les autres. Dans ce monde ennuyeux et terne, porter secours à son prochain au mieux de ses capacités était l’une des joies de Song Shuhang.
Même s’il découvrait alors le monde excitant de la cultivation, il n’allait pas abandonner quelque chose d’aussi agréable que le sentiment d’accomplissement après avoir proposé son assistance.
L’homme tourna la tête et le regarda d’un air dubitatif.
« Monsieur, vous avez laissé tomber votre argent ! » lui dit-il en levant les billets pour les lui montrer.
L’homme porta alors sur lui un regard reconnaissant, impressionné.
Mais il pensa soudainement à quelque chose, et ses yeux brillants furent obscurcis par un nuage de terreur.
« Tu es un escroc, c’est ça ? » murmura-t-il. « J’ai vu ça sur Internet peu de temps après avoir appris à l’utiliser. “Quand quelqu’un laisse tomber de l’argent, ou bien affirme avoir ramassé le vôtre, c’est toujours une arnaque.” Laisse tomber, un truc aussi évident ne marchera pas avec moi. »
Une fois cela dit, il s’éloigna rapidement.
Après avoir consommé la potion de Trempe Corporelle, l’audition de Song Shuhang avait atteint un tout autre niveau. Il entendit chacun des mots ayant été marmonnés.
« Monsieur, je ne suis pas un escroc, c’est vraiment l’argent que vous avez fait tomber, vérifiez vos poches ! » cria-t-il.
Bizarrement, l’expression de l’homme s’aggrava. Il augmenta son rythme, passant de la marche rapide au pas de course, avant de disparaître rapidement et sans laisser de trace. Petit, tu es encore trop jeune pour m ’avoir !
En agitant les billets, Song Shuhang se figea au milieu de la route. Il savait avoir l’air stupide à ce moment-là.
Après quelques secondes, il rangea calmement la liasse.
Si personne ne la voulait, et qu’il la ramassait, pas de problème, non ?
Bon, ce n’était pas tout à fait correct… Si un jour, un homme jetait sa femme dehors dans une crise de rage, et qu’un homme célibataire la trouvait, elle ne lui appartenait pas, non ?
Sept heures et demie.
Le premier cours du matin commençait.
Song Shuhang ne parvenait pas à se concentrer sur le professeur.
Il se construisit une forteresse de ses épais manuels et s’y cacha. Puis, il se connecta au Groupe des Neuf Provinces #1, et trouva l’article “Recherches et discussions concernant les utilisations basiques du Rassemblement de l’Énergie Mentale, par l’Érudit Lune Grisée”.
À l’université, les professeurs se foutaient que les élèves fussent attentifs ou qu’ils jouassent avec leurs téléphones.
Cependant, il ne fallait pas aller aussi loin que Tubo qui non seulement jouait avec son téléphone en classe, mais en plus cliquait sur le bouton “J’aime” des posts des enseignants et de leurs photos sur l’application ShuoShuo. Ceux-ci écrivaient parfois des commentaires ou envoyaient des images pour soulager leur stress. Qu’est-ce sous-entendait ses “J’aime” sur leur messages ?
Que le professeur ne se concentrait pas sur l’enseignement, et qu’il envoyait des messages en plein cours ?
Avec de telles idioties, n’importe qui devenait hostile, même quelqu’un de facile à vivre.
« Comme le Maître Praticien le disait, ce sont des trucs faciles à comprendre. » Song Shuhang réfléchit après avoir lu le rapport de recherche de l’Érudit Lune Grisée.
Pourquoi ne pas en profiter pour faire des essais ?
Il était du genre à agir dans l’instant.
L’énergie mentale d’un pratiquant était utilisée pour contrôler et guider l’énergie spirituelle externe et l’énergie interne. Mais cet énorme trésor était gaspillé s’il n’était utilisé que dans cet objectif.
En ce qui concernait le développement et les applications de l’énergie mentale, chaque grande secte avait ses propres techniques secrètes. Certaines techniques mentales spéciales étaient étranges et imprévisibles, leur capacité à tuer pouvant être bien supérieure à celle de certains sorts et certaines compétences martiales. Lorsque l’énergie physique était épuisée mais qu’il restait de l’énergie mentale, les techniques associées pouvaient décider de l’issue d’une bataille.
Cet article de l’Érudit Lune Grisée sur son utilisation permettait principalement l’accent sur trois techniques de base.
Il y avait la répartition de l’énergie mentale autour de soi, ou son extension vers une zone cible pour établir un effet de détection.
Ensuite, une technique offrait la possibilité de garder l’énergie mentale partiellement activée, permettant de rester vigilant et de dissimuler sa présence.
Bien sûr, il n’était pas facile de la conserver dans cet état, surtout en dormant. Afin de maîtriser cette technique, il fallait beaucoup d’entraînement.
Enfin, un moyen de libérer d’un coup son énergie mentale pour faire pression sur un adversaire et l’opprimer était indiquée. Cette technique ne pouvait être utilisée que pour intimider les faibles. Lorsqu’on rencontrait quelqu’un avec une énergie mentale plus forte, cette tentative devenait ridicule. L’adversaire ne sentait alors qu’une légère brise sur son visage, et pas la moindre pression.
La détection, la vigilance et la pression étaient les petites astuces optimisées à un point tel par l’Érudit que même un pratiquant constituant ses fondations et venant juste de commencer à entraîner son énergie mentale pouvait les apprendre.
De plus, ils étaient faciles à maîtriser. Quand on apprenait à utiliser un ordinateur, on apprenait dans la foulée à jouer aux jeux vidéo.
« Je vais faire bon usage de mon temps et faire un test. » L’idée de passer à la pratique le démangeait après avoir terminé sa lecture.
Mis à part la pression mentale, la détection et la vigilance n’affectaient pas les autres. Même s’il les exécutait en classe, cela n’aurait aucune conséquence.
Vas-y . Song Shuhang activa secrètement les Écrits d’introspection méditative. Son Vrai Soi était assis en tailleur dans son océan de conscience, concentrant sa force mentale, la transformant en énergie.
Ensuite, il suivit les instructions de l’article, et répandit alentour son énergie mentale, petit à petit.
Puisqu’il utilisait la détection mentale pour la première fois, le jeune homme ne put se concentrer sur une zone en particulier, et la laissa se répandre aussi loin que possible dans toutes les directions.
À puissance maximale, il enveloppa une forme circulaire irrégulière d’un rayon d’environ cinq mètres.
Il ferma les yeux, et les objets à portée apparurent dans son esprit.
Il ne pouvait cependant détecter que des choses ayant au minimum la taille d’un livre. Il ne percevait pas encore les fourmis, les mouches ou d’autres petits organismes.
De plus, les visages qu’il ressentait étaient abstraits, comme s’ils sortaient d’une photo prise avec un appareil d’une résolution incroyable de trois cents par trois cents pixels. Ils étaient flous, difficiles à reconnaître.
Est – ce parce que mon énergie mentale est encore trop faible ? pensa-t-il. Lorsque son énergie mentale serait cent ou peut-être mille fois plus grande, il espérait être capable de les voir distinctement en utilisant cette méthode.
Et alors, peut-être pourrait-il même voir à travers certaines choses ?
Alors qu’il était perdu dans ses pensées, ses camarades de classe à proximité se mirent tous à trembler.
« Est-ce qu’il fait plus froid ? Pourquoi ai-je la chair de poule, et une sensation de malveillance ? »
« Est-ce que j’ai vraiment eu l’impression que quelqu’un me regardait avec de mauvaises intentions ? »
« J’ai moi-aussi eu l’impression d’être déshabillée. »
« Pareil, c’est dégueulasse » renchérit une étudiante en serrant ses bras devant elle, l’air profondément troublée.
Song Shuhang tressaillit, et il rétracta rapidement sa perception.
Il était facile d’apprendre à jouer à un jeu une fois qu’on maîtrisait l’ordinateur, mais pour devenir un pro, il fallait y consacrer du temps et de l’énergie. Il était dans la même situation à ce moment-là. Apprendre ces astuces n’était pas difficile, mais les maîtriser complètement l’était.
Après avoir cette expérience, il sentit que son énergie avait bien décru. L’ayant formée la veile, elle était encore faible, et il ne pouvait pas maintenir cette technique de détection mentale bien longtemps.
Après un court repos, sentant que son énergie mentale s’était quelque peu rétablie, il testa la vigilance.
Le truc était plus facile à comprendre. Après que l’énergie mentale fut stimulée et activée, Song Shuhang put sentir son corps entrer dans un état mystérieux.
Peu importait s’il s’agissait de la douce brise soufflant depuis l’extérieur de la fenêtre, ou l’énergie en approche libérée par les étudiants à côté de lui, ou les vibrations dans l’air quand quelqu’un parlait… Tout ce qui était en contact avec sa peau, peu importait quoi, il pouvait le ressentir.
Cependant, son l’état de vigilance ne se maintint que moins d’une dizaine de secondes. Il provoqua en effet un émoi dans ses pensées, et l’énergie mentale se dissipa.