Le Maître du Palais au Talisman des Sept Vies posa son téléphone portable. Dire qu’il avait pensé appeler ses gens pour leur demander d’envoyer deux cuistots pour permettre aux indigènes de déguster de délicieux plats, ainsi que pour les aider à augmenter un peu leur espérance de vie.
Là… il était déterminé à leur faire goûter à autre chose !
Vous allez connaître la Peur !
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Dans la soirée.
Les indigènes s’étaient tous rassemblés.
L’un d’eux, qui avait une grande carrure, se leva. Il était le chef de la rébellion qui était sur le point d’avoir lieu. Il leva le bras et cria : « Ce soir, nous devons tout donner et nous libérer de ce démon ! »
Les yeux des autres s’illuminèrent immédiatement. « Oui, y en a marre ! Ensuite, nous devons le forcer à réduire le nombre de devoirs de moitié… Non, attendez ! Il doit les réduire de deux tiers minimum ! »
– « Et puis, nous ne le laisserons plus nous faire sauter deux repas d’affilée ! Ce sera maximum une fois. Sinon, je ne pourrai plus tenir ! »
– « Il reste encore une dernière chose. Les coups sur nos doigts. Il ne pourra frapper qu’une seule main. S’il les frappe toutes les deux, nous ne pouvons plus faire nos devoirs. »
Les indigènes exprimèrent leurs opinions. Ils étaient si honnêtes, si simples ! Ils ne voulaient pas sauter plus d’un repas, ne prendre qu’un coup sur une seule main, et une réduction sur la quantité de devoirs !
Mais le grand gaillard dit gravement : « Vous n’êtes qu’une bande de bons à rien ! Vous êtes tout simplement trop bêtes ! Ce que nous allons faire ce soir, c’est nous rebeller contre ce démon, le renverser ! Réduire les devoirs à un tiers ? Vous rigolez !? Nous ne voulons pas du tout faire nos devoirs ! »
Ses auditeurs étaient abasourdis. Il avait raison. Pourquoi voudraient-ils faire leurs devoirs ?
– « Mort aux devoirs ! Mort aux devoirs ! » scandèrent-ils à l’unisson.
Le meneur continua son discours. « De même, nous ne voulons pas être affamés, nous ne voulons pas que nos paumes soient frappées, et nous ne voulons pas être pendus à un arbre et battus ! »
– « Exactement ! Y en a marre ! » S’il existait un monde où ils n’auraient pas à faire leurs devoirs, à subir des coups, à être accrochés aux arbres, ou à mourir de faim… Ce serait tout simplement le paradis !
– « Dans ce cas, nous devons nous rebeller et le chasser d’ici ! » poursuivit-il. « Renversons le cruel maître de l’île ! Dehors le cruel maître de l’île ! »
Tous les indigènes bouillonnaient d’excitation en hurlant comme lui : « Dehors le cruel maître de l’île ! Dehors le cruel maître de l’île ! »
Le meneur serra les poings et prit une pose d’un des exercices de L’heure de l’appel . « Échauffons-nous un peu avant de nous rebeller contre le cruel maître de l’île ! Il faut être en pleine forme ! »
Il disait vrai… Le maître de l’île leur faisait très peur. Par conséquent, ils décidèrent de pratiquer un peu la technique martiale sans égale avant de passer à l’action pour se donner courage.
Tous les joyeux gymnastes se mirent en ligne, leur visage révélant leur espoir d’une vie meilleure.
– « Un deux trois quatre, cinq six sept huit. Un deux trois quatre, cinq six sept huit… » Des centaines d’hommes et de femmes avec un os dans le nez s’exercèrent sauvagement, avec un enthousiasme effréné.
Cela revenait-il à remonter le moral des soldats avant la bataille ? Oui, certainement.
Le grand indigène était extrêmement fier des siens en voyant cette scène. Cependant, il était un petit peu triste… Malheureusement, nous n’avons pas pu pratiquer bien longtemps, nous n’en sommes toujours pas au niveau mentionné par Maître Joseph, celui où l’on peut créer des bruits d’explosions dans l’air avec ses poings. Sinon, nous aurions pu mettre KO le maître de l’île en un instant !
C’était dommage, mais ils ne pouvaient plus attendre. La cruauté de ce monstre était insupportable et ils n’en pouvaient plus. Ils devaient se rebeller à ce moment-là. Il leur serait difficile de retrouver ce même élan plus tard. Même s’ils échouaient, ils montreraient au moins à cet odieux individu qu’ils avaient une fierté et le désir de vivre libres.
Il ne voulait absolument pas faire ses devoirs !
Dieu seul savait à quel point il était difficile pour un puissant guerrier comme lui, qui avait eu l’habitude d’attraper des requins à mains nues, de prendre un stylo et de commencer à griffonner avec ses doigts bardés de callosités. Quand d’autres écrivaient trois mots, lui n’était capable d’en tracer qu’un seul !
Et ce n’était qu’avec un stylo normal. Chaque fois qu’il devait apprendre à écrire avec un pinceau, son bras musclé tremblait et toutes ses lignes étaient courbes.
Il détestait faire ses devoirs !
En se rappelant ces atrocités, sa volonté de se battre s’affermit.
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Comment auraient réagi ces indigènes s’ils avaient découvert que le Maître du Palais avait prévu de quitter l’île le soir même après leur avoir commandé un banquet ?
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Après avoir terminé une série de L’heure de l’appel , les autochtones se sentirent déborder d’énergie.
On peut le faire ! Nous ne sommes plus comme avant ! Nous maîtrisons désormais une incroyable technique martiale. Nous pouvons sûrement renverser le cruel maître de l’île !
– « Direction la maison du maître de l’île ! » cria le grand homme.
Sur ce, sa troupe le suivit et encercla le lieu où vivait le Maître du Palais au Talisman des Sept Vies.
Cependant, ce dernier les ayant écrasés par le passé, ils n’osèrent pas faire irruption dans la maison.
– « Que faisons-nous maintenant ? Est-ce qu’on entre ? »
– « Non, nous ne pouvons pas faire ça. Et s’il y a des pièges à l’intérieur ? »
– « Si nous entrons et qu’il y a un couloir étroit, nous ne pourrons pas profiter pleinement de notre supériorité numérique. »
A ce moment, le meneur réfléchissait calmement. Il finit par suggérer : « Dans ce cas, nous pouvons simplement le forcer à sortir ! Maintenons l’encerclement et commençons nos exercices. Ceux qui ne savent pas comment exécuter la technique, contentez-vous de crier fort. Je veux voir combien de temps il restera caché dans son trou ! »
Tous estimèrent que c’était une bonne idée.
Ceux qui maîtrisaient L’heure de l’appel formèrent quatre carrés autour de la maison.
– « Un deux trois quatre, cinq six sept huit. Un deux trois quatre, cinq six sept huit… »
Suivant ce qu’on leur avait enseigné, ils se tenaient bien droits et levaient le bras gauche, la main levée.
Ensuite, ils avançaient la jambe droite, poussant leur main gauche vers la main droite, paume contre paume !
Puis ils reculaient leur jambe droite à sa position initiale et levaient en même temps les deux bras, les paumes toujours jointes, relevant légèrement le menton.
Ils inspiraient et expiraient avec fougue.
En retrait, les indigènes qui n’avaient pas étudié L’heure de l’appel criaient de toutes leurs forces, augmentant l’ardeur des troupes.
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Très vite, ils arrivèrent à la moitié de l’exercice. Cependant, la maison restait parfaitement silencieuse.
Les indigènes commençaient à s’inquiéter.
Mais alors, le meneur qui réfléchissait comprit soudain. « Le cruel maître de l’île doit avoir peur de nous ! Continuez avec la technique martiale sans égale et criez encore plus fort ! Il a la trouille et refuse de sortir de sa chambre ! Nous devons continuer à lui mettre la pression jusqu’à ce qu’il soit obligé de sortir ! »
Alors que le moral leur revenait grâce à ces encouragements, un sourire joyeux apparut sur leurs visages. La vitesse à laquelle ils effectuaient l’exercice augmenta.
Leurs mouvements étaient fluides et souples.
Même le cruel maître de l’île devait les craindre !
Ainsi, comme ce démon lui-même était inquiété par la technique martiale sans égale qu’ils avaient rigoureusement perfectionnée par leur entraînement, ils enchaînèrent avec enthousiasme le deuxième round dès qu’ils achevèrent le premier.
Tous les indigènes sombrèrent lentement dans leur monde onirique… Un monde sans devoirs ni punitions, un monde parfait.
Quel bel avenir les attendait !
– « Allez les gars, on recommence ! Cette fois, il faut aller plus loin. Il faut avancer en utilisant la technique sans égale ! Entrons dans la maison du maître de l’île ! » beugla le chef.
Même s’il n’avait accompli que trois fois L’heure de l’appel , son visage dégoulinait de sueur à cause de l’excitation.
Les indigènes commencèrent pour la quatrième fois L’heure de l’appel et avancèrent au fur et à mesure qu’ils exécutaient les mouvements de l’exercice.
Très vite, la première rangée fut sur le point de faire irruption dans la maison.
Mais alors… Une explosion déchirante se fit entendre au loin.
Boum, boum, boum !
On aurait dit le tonnerre, les éclairs s’abattant continuellement.
Peu de temps après leur vint le bruit d’énormes vagues et de la mer enfiévrée.
Les indigènes qui appliquaient la technique martiale sans égale s’arrêtèrent immédiatement. Ceux qui criaient également.
– « Que se passe-t-il ? » demanda le grand homme d’un ton grave. Était-ce le bruit du tonnerre ? Impossible ! La lune brille bien haut dans le ciel et on commence même à apercevoir quelques étoiles. Il n’y a aucun nuage et absolument aucun signe de pluie !
– « La plage ! Une colonne d’eau de plus de dix mètres de haut s’y est soudainement élevée ! » dit l’un d’eux, les yeux perçants.
– « Qui veut aller voir ce qui s’est passé ? » demanda leur meneur.
Au moment où il posait cette question, un jeune indigène accourut depuis cette direction. « Alerte ! Nous avons trouvé le maître de l’île ! Il est actuellement au bord de la mer ! »
Il était là-bas et pas dans la maison ?
Tous ceux qui avaient gesticulé en ayant pensé lui avoir fait peur se sentaient plutôt gênés.
Puisque le maître de l’île était là-bas, y avait-il un lien entre lui et le bruit du tonnerre ?
Leur dirigeant serra les dents. « Dans ce cas, allons voir ! N’oubliez pas de conserver votre rage, nous pouvons le faire ! Pensez aux devoirs difficiles, aux repas sautés et aux coups… Que toutes ces pensées renforcent notre détermination ! »
– « Oui, en avant ! » dirent-ils, résolus. Sur ce, ils foncèrent vers la plage avec leur rage sous le bras. Ils voulaient renverser le maître de l’île !
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Très vite, ils arrivèrent en bord de mer, enragés.
Mais dès leur arrivée, ils se raidirent.
Ils virent que le maître de l’île se tenait droit sur la plage. Dans le passé, il avait toujours porté son coupe-vent noir en arborant un air glacial. Là, il portait des vêtements blancs dignes d’un grand gymnaste, et une paire de chaussures en tissu.
À première vue, il faisait des exercices.
L’instant d’après, il sauta très haut, à quinze mètres du sol ! Un humain pouvait-il accomplir cet exploit ?
Non, c’est impossible !
Puis, alors qu’il était dans les airs, il leva sa jambe droite et donna plusieurs coups de pied.
Il enchaîne les coups de pied en plein vol ?!
L’instant d’après, quelque chose de terrifiant se produisit.
L’énergie pure et blanche visible à l’œil nu qui était libérée du bout de ses orteils après chaque coup, après avoir volé pendant un moment, prit l’apparence de dragons et de tigres qui s’enfoncèrent dans la mer.
La scène était tout simplement surréaliste. Ce n’était normalement pas accessible aux humains ordinaires.
Peut-être que seul un dieu le pouvait !
Boum, boum, boum !
Boum, boum, boum !
Une série d’explosions s’ensuivit. Les dragons créèrent un tourbillon à la surface de l’eau. Celui-ci tint cinq ou six secondes avant de disparaître, l’océan ne parvenant pas à retrouver son calme pendant un long moment. Quant aux tigres, ils générèrent des colonnes d’eau de plus de vingt mètres de haut qui durèrent dans le temps.
C’était aussi choquant que des rugissements, mais aussi incroyablement cool.
La grande troupe d’indigènes venus là était effrayée.
Si le maître de l’île les frappaient eux, et non la mer, ne se transformeraient-ils pas en steak haché ?
Lorsque cet homme était arrivé pour la première fois sur leur petite île pour les soumettre, il n’avait pas été armé. Il avait privé les guerriers les plus forts des leurs et les avaient mis KO par la seule force de ses poings.
Cependant, ils n’auraient jamais imaginé qu’il était aussi effrayant !
Maman, j’ai peur !