L’Esprit Fantôme de Song Shuhang observait tranquillement le moine occidental d’en haut.
Il semblait qu’utiliser les Soutra du Voeu du Bodhisattva Kishitigarbha pour guider sur le bon chemin les âmes des morts n’était pas la seule méthode pour accumuler de la lumière vertueuse. À première vue, utiliser des méthodes étranges pour renvoyer le karma était efficace…
Il semble que ma compréhension de la lumière vertueuse soit encore trop faible…
De plus, le moine était entouré d’une couche si épaisse de lumière ! Il semblait avoir beaucoup d’expérience dans ce domaine.
Plus tôt, alors que l’Esprit Fantôme s’était préparé à monter dans le train pour la région de Jiangnan, il avait vu le bouddhiste sortir du wagon. Une heureuse coïncidence. Lui qui avait voulu partir à sa recherche, voilà que son objectif était apparu de lui-même devant lui ! Sur ce, il avait commencé à le suivre.
– « Dans ce cas, j’attendrai qu’il sorte du commissariat pour le saluer, » marmonna l’Esprit Fantôme pour lui-même. Après tout, le corps principal voulait apprendre le Soutra du Voeu du Bodhisattva Kishitigarbha, et obtenir des conseils sur la façon de recueillir la lumière vertueuse.
Toutefois, en le voyant mettre pleinement en évidence sa stupidité, le spectre était perturbé. Il se sentait mal à l’aise. S’il devait apparaître soudainement devant lui, le moine ne le prendrait-il pas pour un fantôme rancunier ? N’essaierait-il pas de le purifier de toutes ses forces ?
Après ce dernier accident avec le voleur de moto, il estima que cette réaction était certaine à 90 %, minimum. Il en avait mal à la tête… et les blessures dans son dos se remettaient à le faire souffrir.
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Mais il y avait quelqu’un d’autre qui avait un mal de tête encore plus aigu… Les policiers du commissariat. Lorsqu’ils virent un moine avec une tête d’européen et un physique d’armoire à glace arriver au poste en portant sur ses épaules un voleur en larmes, leur cœur n’avait fait qu’un bond.
– « Camarades ! Je suis venu ici pour me rendre. Cet homme est un voleur qui essayait de dérober une moto électrique et je l’ai pris en flagrant délit. Je l’ai même filmé. Voici la preuve. » Après quoi, il sortit son téléphone portable, l’air suffisant. « Selon la loi, vous pouvez l’arrêter. »
– « Merci… camarade. Mais pourquoi dites-vous que vous venez vous rendre ? » demanda l’un des agents. Il ressentait une certaine pression devant cette carrure d’ours.
– « Je me rends parce que j’ai perdu toute maîtrise de soi. À cause de ma colère, je n’ai pu contrôler ma force… Non, attendez ! Je me rends parce que j’ai – intentionnellement ! – infligé au voleur une blessure d’une gravité moyenne. C’est terrible ! Par conséquent, selon la loi, je dois être condamné à trois ans de prison. Voilà pourquoi je suis venu ici pour me rendre. » Il balança sa victime sur le côté et joignit ses paumes, son visage brillant d’un sens de la justice impressionnant.
Le voleur tremblait et gémissait de douleur. « Hôpital… Amène-moi à l’hôpital… Aaaah… »
Les policiers étaient sans voix.
Que dois-je faire maintenant ? Quel genre de tête dois-je faire en répondant à cet étranger ? Dois-je vraiment l’arrêter et le mettre en prison pendant trois ans ? Mais pourquoi ai-je l’impression qu’il y a quelque chose qui ne va pas ?
Au bout d’un moment, l’un d’eux prit une profonde inspiration et demanda au brigand : « Pouvez-vous confirmer que c’est ce Grand Maître qui vous a grièvement blessé ? »
Il décréta qu’il suivrait la procédure normale et qu’il écouterait ce que les deux parties avaient à dire. Si le voleur confirmait que le Grand Maître l’avait frappé… Il l’enverrait dans un hôpital psychiatrique !
– « Non. Ce n’était pas lui. Je ne regardais pas où j’allais, j’ai trébuché et je suis tombé. Snif, snif, snif… Vous pouvez faire ce que vous voulez, et vous pouvez même m’enfermer pendant dix jours, snif, snif, snif, mais amenez-moi d’abord à l’hôpital ! Snif, snif ! Snif ! »
Il ne voulait plus rien avoir à faire avec ce fou et il nia tout en bloc. Le plus important à ce moment-là était de ne pas donner la parole au moine idiot ! Il ne voulait pas entendre reparler de ces absurdités de trois ans et de dix jours… Il voulait juste aller à l’hôpital le plus tôt possible !
Je veux seulement aller à l’hôpital ! Mon Dieu, s’il te plaît, éloigne de moi ce foutu moine !
Si possible, ne me laisse plus jamais le rencontrer dans cette vie !
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La suite fut confuse à l’intérieur du commissariat.
Le moine fut finalement mis dehors pour une raison absurde… et le voleur fut enfin transféré à l’hôpital.
L’occidental n’était toujours pas disposé à accepter son sort. « Camarades ! Vous ne pouvez pas prendre ses propos pour argent comptant. Je ne mens pas, c’est moi qui lui ai infligé une blessure relativement importante ! Vous devez me croire ! Les moines bouddhistes ne mentent jamais ! »
Les policiers se frottaient les tempes. Ils avaient vraiment mal à la tête à ce moment-là.
– « Camarades, dois-je frapper à nouveau ce voleur et lui infliger une blessure encore plus grave ? Même si je dois rester en prison quelques années de plus, ça me va ! »
Le voleur dans l’ambulance était pâle. Les fous étaient vraiment effrayants !
– « S’il vous plaît, calmez-vous ! » criaient les policiers.
Finalement, le moine fut définitivement chassé du commissariat, couvé par le regard empreint de sympathie des policiers. Ils étaient inquiets pour ce religieux mentalement instable.
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Le moine soupira légèrement. « C’est vrai, les moines bouddhistes ne mentent pas ! »
Il savait aussi que passer trois ans en prison n’était pas quelque chose dont il fallait être fier. Cependant, il n’en avait pas peur. Au contraire, il en aurait été plutôt content. De plus, il pouvait sortir quand il le voulait. Ce qui le contrariait, c’était qu’il n’avait pas menti. Il attachait beaucoup d’importance au karma. Puisqu’il avait frappé quelqu’un, il était normal de l’envoyer en prison. Les lois de la plupart des pays prévoyaient une peine similaire pour ce genre de comportement.
Malheureusement, les policiers avaient complètement ruiné son plan.
– « Visiblement, je vais devoir me retenir et chercher un endroit calme où m’enfermer pendant les trois prochaines années. Cela me semble être le seul moyen de régler cette histoire correctement. »
Dans ce cas, je devrais commencer tout de suite mes recherches !
Ensuite, je resterai enfermé là-bas pendant trois ans.
Juste au moment où cette pensée lui traversa l’esprit, il se dirigea vers la rue Baijing de la ville de Wenzhou, en direction de la montagne Niuding. Il voulait d’abord rendre visite au célèbre réalisateur qu’il admirait. Après quoi, il irait s’installer sur un des flancs rocheux et resterait silencieux, aussi cool qu’un moine se devait de l’être !
Et s’il était possible d’obtenir un petit rôle dans le prochain film du célèbre réalisateur, c’était encore mieux !
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Le moine marchait. Il aller à destination à pied. Après tout, marcher était un autre type d’entraînement.
L’Esprit Fantôme dans le ciel était sans voix.
Peu importe. Le moine occidental semble être sorti du commissariat. Dans ces conditions, dois-je descendre à sa rencontre ?
Sur ce, il décida de perdre de l’altitude et de se présenter devant lui.
Mais juste à ce moment-là, plusieurs inconnus firent leur apparition et décidèrent de barrer la route du bouddhiste, sans laisser au spectre le temps d’agir. Quatre hommes portant des costumes noirs et des lunettes de soleil. N’avaient-ils pas peur d’avoir un coup de chaud, en portant ces vêtements par de telles températures ?
– « Vous avez finalement décidé de sortir de prison, hein ? Espèce de foutu moine. »
L’occidental regarda, abasourdi, ces hommes l’encercler. « Est-ce que nous nous connaissons ? »
Ils ricanèrent et ne perdirent pas de temps à lui répondre. L’instant suivant, une brume noire apparut derrière leur dos. Des griffes acérées s’y manifestèrent. Les cris déchirants de fantômes en retentirent.
– « Des cultivateurs de fantômes ? » souffla l’Esprit Fantôme. Il devinait la raison pour laquelle ils en voulaient au moine… Ce devait être parce qu’il avait purifié un groupe d’ectoplasmes leur appartenant.