Song Shuhang hocha la tête avec sérieux et ouvrit à nouveau la deuxième image de Technique basique du poing bouddhiste, bien décidé à en mémoriser le contenu.
Puis il plongea de lui-même avec aisance dans le monde de la technique.
La même prairie vert foncé, le même homme fort, les mêmes gestes répétés en boucle… la seule différence étant que l’exécution avait changé de forme.
Le sang de Song Shuhang bouillait tandis qu’il regardait. Il ne pouvait s’empêcher d’étirer ses membres et d’imiter les mouvements des mains et des jambes qu’il voyait !
Dans l’espace spécial créé par l’hypnose, le temps semblait s’allonger, alors qu’en réalité il ne s’écoulait qu’une ou deux minutes.
Le Maître Praticien lui avait donné deux heures. Mais l’étudiant n’eut seulement besoin que d’un peu plus de soixante minutes pour expérimenter et retenir parfaitement les dix-sept autres formes de la Technique basique du poing bouddhiste ainsi que les Écrits d’introspection méditative.
Il s’appuya contre sa chaise et se massa les tempes. Cette seule heure l’avait davantage fatigué que les quatre consacrées au raffinage de la potion de Trempe Corporelle. Sa tête était sur le point d’exploser.
Le Maître Praticien lui demanda : « C’est bon ? »
« J’ai terminé, pouvons-nous trouver un endroit pour faire un essai ? » dit-il en ouvrant les yeux, excité. Bien que son esprit soit un peu fatigué, le simple fait de se souvenir de la Technique basique du poing bouddhiste lui donnait envie de s’y mettre dès que possible.
« Allons dans l’herbe là-bas, la zone est assez spacieuse pour que vous bougiez sans problème » proposa l’Aîné en pointant un carré de verdure non loin du dortoir des garçons.
« Pratiquer une technique de poing dans un lieu public ? Ne prenons-nous par le risque que quelqu’un l’apprenne discrètement ? » s’étonna Song Shuhang. Le Maître Praticien avait déjà averti : pas d’arrangements sous le manteau avec les techniques. N’aurait-il pas été tragique si un inconnu en bénéficiait ainsi et que lui en prît le blâme ?
Plus important encore, pratiquer ces mouvements dans un lieu où les gens allaient et venaient était vraiment embarrassant.
Même s’il exécutait une authentique technique de Constitution des Fondations pour cultivateur, le problème était que les étudiants de la Cité Universitaire de Jiangnan n’y connaissaient rien.
De leur point de vue, Song Shuhang aurait définitivement regardé trop de films d’arts martiaux, devenant si obsédé qu’il pratiquait les arts martiaux dans l’herbe.
« Haha ! Si la technique de poing utilisée pour établir des fondations pouvait être apprise juste en regardant ses formes, à quoi servirait la formule ? Pensez-vous vraiment que la chaîne de mots sur le côté sert juste à hypnotiser ? C’est cela le vrai secret qui ne doit pas être transmis » rit Maître Praticien.
« Je maintiens que nous devrions aller dans un endroit plus tranquille. Sur le toit du dortoir, il y a un grand espace où personne ne va habituellement. » Song Shuhang sentit qu’il ne devait pas reculer.
« Petit, vous êtes quelqu’un d’exigeant. » Le pratiquant n’en fut pas pour autant dérangé. « Très bien, allons sur le toit. »
Le jeune homme soupira de soulagement.
Il avait eu chaud. Il n’avait nullement envie de se taper la honte devant d’autres personnes.
Le toit était un bon endroit pour traîner, s’amuser, regarder les étoiles filantes… À cet endroit s’étaient formés de nombreux couples de l’université.
Malheureusement, à un certain moment trop de gens avaient aimé s’y rendre, et beaucoup d’entre eux appréciaient imiter le protagoniste du Titanic en allant au delà des barrières de sécurité, s’y tenant les bras grands ouverts, goûtant le vent qui frappait leur visage.
Pour des raisons de sécurité, une grosse serrure avait donc été placée sur la porte menant au toit.
Bien sûr, celle-ci ne posait pas de problème à Song Shuhang.
Il sortit rapidement une clé de sa poche et la déverrouilla. Au début de l’année, le concierge du dortoir avait fait acheter le verrou à Tubo, son colocataire. Connaissant sa personnalité, y avait-il une raison pour ne pas faire de doubles des clés ? Tous ceux qui partageaient sa chambre avaient eu la leur.
L’escalier séparait le toit en deux parties égales. Ils choisirent le côté gauche au hasard.
Le Maître Praticien commença alors à lui expliquer : « La Technique basique du poing bouddhiste a un total de dix-huit mouvements. Normalement, vous n’avez qu’à pratiquer l’ensemble du début à la fin, et votre corps sera rempli jusqu’à déborder de Qi Sanguin. »
Shuhang hocha la tête et ferma les yeux, méditant profondément sur la Technique basique du poing bouddhiste.
Ensuite, il commença la gestuelle associée au Poing basique numéro un.
Il devait avouer que ce type d’enseignement par la répétition dans un espace illusoire était efficace. Au moment où il se mit dans la position de départ de la technique, un sentiment de familiarité surgit en lui. C’était comme s’il l’avait pratiquée de nombreuses fois. Son corps se déplaçait tout seul, exécutant les trois formes du premier mouvement naturellement et sans accroc.
Il était détendu, ne rencontrant que peu de difficultés. Après le raffinement de la potion de Trempe Corporelle, la souplesse de Song Shuhang était comme celle d’un maître du yoga. Il n’aurait pas eu de soucis à courber la tête jusqu’à l’aine, alors les mouvements de la Technique basique du poing bouddhiste n’étaient pas du tout un problème pour lui.
Exécuter les Poings basiques du premier au dix-huitième sans faire de pause était un jeu d’enfant, comme un simple exercice de radio-gymnastique.
Ce qui était étrange, c’était qu’après avoir effectué l’ensemble des techniques de poing, il ne perçut pas du tout le Qi Sanguin qui aurait dû “déborder”.
Qu’est – ce qui ne va pas ? Song Shuhang, confus, fixait le Maître Praticien.
Celui-ci vit le regard de Song Shuhang et demanda : « Quel est le problème ? »
« Aîné Maître Praticien, j’ai terminé la série de poings, mais je n’ai pas ressenti le Qi Sanguin ! » dit-il d’un air défait.
« Vous avez terminé une série de techniques de poing ? Quand ? Comment n’ai-je pu m’en apercevoir ? » l’interrogea le pratiquant, les yeux écarquillés.
« Aîné, aviez-vous la tête ailleurs ? » Song Shuhang poursuivit : « Est-ce que je ne viens pas de faire une séquence complète des Poings basiques, du numéro un au dix-huit ? »
« … » Le Maître Praticien était sans voix. « Ne vous êtes-vous pas contenté de vous familiariser avec la posture de la technique avant de commencer pour de vrai ? »
« Non, je pratiquais sérieusement du début à la fin. »
Le Maître Praticien ne pouvait pas être une de ces personnes gentilles en apparence, mais secrètement maléfiques en eux, non ?
Son visage se convulsa, puis il éclata de rire : « Oh ! Jeune ami Shuhang, une technique de Constitution des Fondations n’est pas aussi simple que de bouger, je vous l’ai déjà dit, n’est-ce pas ? Même si quelqu’un apprend la gestuelle, il n’y aurait aucun effet. Le plus important, c’est la formule ! »
Après s’être calmé, il déclara : « Allez, faites-le une fois de plus, mais ne vous contentez pas de suivre la séquence, récitez doucement la formule et respirez en conséquence. Lorsque vous frappez, mettez-y toute votre force ! Ne vous comportez pas comme une faible femme, recommencez depuis le début ! »
Il s’était donc avéré qu’il avait mal compris ? Pas étonnant qu’il eût considéré la Technique basique du poing bouddhiste comme étant aussi banale qu’un simple exercice de gymnastique.
Et puis, est-ce que le Maître Praticien était un type maléfique ? Il avait continué à le regarder s’agiter comme un singe dans un cirque, sans prendre la peine de le lui rappeler ?
Secouant la tête, Song Shuhang se concentra à nouveau sur la technique de poing.
Immédiatement après, il commença à réciter silencieusement la formule obscure en chinois classique. Quand il lança son poing, il fit non seulement attention à la position, mais aussi à la force que l’homme au visage flou avait mis dans ses coups.
Dans le monde de l’illusion, lorsque la silhouette avait exécuté les trois formes du Poing basique numéro un, il était parfois inégalé en férocité et avancer sans peur, ou parfois associer douceur et force, exerçant soixante-dix pour cent de sa puissance tout en en réservant trente pour cent. Ses poings traçaient des courbes, mais paraissaient aller tout droit.
Le jeune homme avait besoin de se calmer. Naturellement, pour chaque coup de poing et chaque geste, il devait tout donner pour faire ressortir son potentiel. C’était à cette seule condition qu’il allait pouvoir ressentir les effets de la trempe de son corps.
Il fit à nouveau les trois formes du Poing basique numéro un.
« Les yeux comme des filets, les mouvements entièrement avec la taille… le corps comme un arc, les jambes déploient leur puissance… les mouvements des poings comme une avalanche. »
Son poing était comme un boulet de canon, d’une grande force et contenant beaucoup d’énergie.
Il frappa !
*Clang ~* Song Shuhang entendit le bruit imposant d’une cloche retentir dans son oreille.
Alors qu’il récitait la formule, il semblait qu’une énergie invisible et intangible convergeait vers lui. Cette énergie pressa lourdement son corps et enveloppa ses poings.
Lorsqu’il frappa, il eut l’impression que l’air devant lui explosait.
En même temps, son corps se réchauffa. Les muscles de ses épaules, de sa taille et de ses pieds commencèrent à se fatiguer. Il ne se sentait pas comme s’il n’avait lancé qu’un simple coup de poing, mais comme s’il l’avait fait des centaines ou des milliers de fois !