Song Shuhang portait le petit garçon sur son dos. Il guidait tout le monde à la ville ancienne aussi vite qu’il le pouvait.
Globalement, le mur d’enceinte avait un petit côté chinois. Cependant, la forme des hauts murs était plutôt étrange. Ils ressemblaient à une grande ziggourat écrasée.
Chaque étage faisait dix mètres de haut, et il y en avait quatre au total.
Même la porte de la ville était impressionnante : huit mètres de haut. Elle était assez large pour laisser passer quatre camions côte à côte. Faite de métal, elle scellait l’entrée de la ville.
Un mystérieux motif y était gravé. De loin, il semblait n’être qu’une simple décoration, mais un examen attentif permit à Song Shuhang de repérer un certain agencement. Il paraissait créer une énorme formation magique. Sauf que le Surhomme ne savait pas de quoi il s’agissait ni quels étaient ses effets.
C ette ville a bien été construite par des cultivateurs . Peut – être que la méthode pour quitter l’île s’y trouve ! Le jeune homme respira un bon coup.
A ce moment-là, tous derrière lui regardaient la grande muraille avec admiration. La lourde porte de métal les captivait. Comment quelque chose d’aussi massif pouvait-il être manipulé ?
– « Shuhang, comment allons-nous entrer ? » demanda Gao Moumou. Il n’y avait personne qui gardait la porte, qui ne semblait pas non plus du genre à être automatique. Alors qu’allaient-ils faire ?
– « Je ne sais pas non plus… Comme vous, c’est la première fois que je viens ici, » répondit-il. « Je vais d’abord jeter un coup d’œil pour voir si je peux trouver quelque chose. Vous autres, vous restez ici. »
Un avertissement inutile. Aucun d’entre eux n’avait envie de s’éloigner.
L’énorme lézard de plus de dix mètres de haut avait effrayé tout le petit groupe, sans oublier la perturbante rencontre avec tous ces gorilles.
De plus, ils avaient tous couru jusque-là. Ils étaient complètement vidés. Après être enfin arrivés au mur, ils s’assirent et décidèrent de se reposer. Ils n’avaient absolument plus la force de l’accompagner.
– « Je suis en forme, je peux venir avec toi. » Tubo se leva. Il s’exerçait fréquemment, il lui restait donc de l’énergie à revendre.
Gao Moumou se massa les jambes et sourit. « Moi aussi. La ville a l’air énorme, il faut s’y mettre à plusieurs si nous ne voulons pas passer des mois à chercher. »
– « Ne te force pas. Restez ici tous les deux, prenez soin de Yayi, de Lu Fei et des autres. » Song Shuhang sourit. Si ses colocataires venaient avec lui et laissaient les femmes derrière, il en concevrait une certaine inquiétude.
Gao Moumou regarda sa petite amie dans ses bras. Elle n’aurait pas pu être plus épuisée. Il soupira : « Ok. Sois prudent. Cette ville me donne une drôle de sensation. »
– « Ne t’inquiète pas, je cours vite. »
Puis le Surhomme les salua d’un geste de la main et suivit le mur en partant vers la gauche.
– « Maître, attendez-moi ! Je viens avec vous ! » Joseph se leva et se précipita vers lui. Sa forme physique était exceptionnelle. Il avait réussi à courir jusque-là et était toujours plein d’énergie alors que même quelqu’un comme Tubo n’en pouvait plus.
Song Shuhang lui jeta un coup d’œil et hocha la tête en forçant un sourire.
L’homme laissa sa joie s’exprimer et le suivit rapidement.
❄️❄️❄️
Après leur départ…
Tubo demanda : « Au fait, comment Joseph est-il devenu le disciple de Shuhang ? »
Il avait vu la vidéo que Zhuge Yue avait mise en ligne. En fait, la majorité des étudiants l’avait visionnée. Cependant, il était curieux au sujet de leur rencontre.
L’homme avait même appris L ’heure de l’appel ! grâce à Song Shuhang, et considérait cet exercice comme une technique mystique.
– « Eh bien ! Repense juste à sa nature bienveillante. Tu devrais être capable de deviner à peu près ce qu’il s’est passé. » Gao Moumou voulut rehausser ses lunettes, mais il les avait perdues. Il se gratta simplement le nez. « Je pense que c’est arrivé le jour de la compétition sportive. Il devait s’ennuyer et a fait quelques échauffements dans un coin. L ’heure de l’appel ! évoque un peu ce qu’on voit dans les films. Joseph doit être un fan d’art martial chinois. Ce jour-là, en se promenant dans la Cité Universitaire de Jiangnan, il a dû tomber sur notre ami. Il a sans doute cru qu’il était un grand maître, a probablement couru vers lui, et lui a demandé de lui enseigner les mouvements… Song Shuhang est trop gentil, il n’a pas su lui dire non. Et voilà. »
Il n’était pas mauvais. En laissant de côté la partie ayant trait à la cultivation, ses conjectures étaient précises à 80, voire 90%.
Lu Fei, qui écoutait non loin, hocha la tête. « Oui, j’ai entendu Shuangxue dire que son père a toujours aimé regarder des films de kungfu. Il est même obsédé par les arts martiaux. Il a même épousé une chinoise et a appris à parler notre langue tout seul juste parce qu’il aime ça. »
– « Logique. » Tubo y réfléchit un instant. « Je pense qu’il vaut mieux ne pas briser son rêve d’arts martiaux. »
Le petit couple ajouta simultanément : « C’est grâce à ça que les gorilles sont restés occupés si longtemps. »
Tous acquiescèrent… En pensant aux singes qui apprenaient L’heure de l’appel ! leurs sentiments étaient mitigés.
– « C’est une expérience inoubliable. C’est décidé. Quand je sortirai vivant d’ici, je ferai L’heure de l’appel ! au moins trois fois par jour ! » décréta l’hôtesse en serrant le poing.
– « Et moi dix fois par jour ! » rit l’homme à la peau noire. « Je vais l’adapter pour en faire du breakdance et le répandre dans le monde entier ! »
Une femme tirée à quatre épingles éclata de rire : « De mon côté, une fois par jour suffira. Mais pas seulement L’heure de l’appel ! Je ferai L e vol du faucon aussi ! »
– « Et aussi L e m onde est m erveilleux , et La vigueur de la jeunesse . Je les faisais quand j’étais à l’école, » ajouta un jeune homme en souriant.
– « Je me souviens d’avoir appris La d an s e vivifiante au lycée, » intervint Yayi.
Tous bavardaient chaleureusement. Ils se sentirent beaucoup mieux. Ainsi, les passagers survivants commencèrent à se présenter les uns aux autres.
L’espèce humaine était sociale, et ce besoin d’être lié était ancré en eux. L’instinct les poussait à s’unir, notamment en période difficile.
Mais alors, Tubo pointa un point noir dans le ciel. « Eh ! C’est quoi ça ? »
Très haut dans le ciel, une ombre descendait à toute vitesse vers la cité.
Un aigle !
L’animal était énorme. Quand il déployait ses ailes, il faisait plus de dix mètres d’envergure. Il s’agissait presque d’un petit avion !
Ce lézard, cet aigle… Les créatures de cette île étaient-elles toutes de très grande taille ?
Ou peut-être… avaient-ils rétréci ?
– « Il n’y en a pas qu’un, il y en a d’autres derrière ! » cria Gao Moumou. Deux autres ombres suivaient la première.
– « Vite, cachons-nous à la porte de la ville ! » cria la sœur aînée de Lu Fei.
Même si elle était fermée, elle était dans le mur. Par conséquent, il y avait un espace d’un demi-mètre de plafond au-dessus de leur tête, leur permettant de s’y dissimuler.
Cette cachette n’était pas idéale, mais ils n’avaient pas le choix. Si près de la ville, à part la muraille, il n’y avait que de la plaine et nulle endroit où se protéger.
Tous y accoururent et s’y plaquèrent de leur mieux. Ils regardaient l’énorme bête dans le ciel, effrayés.
– « Mon Dieu… S’il vous plaît, faites que nous ne soyons pas leur cible, » murmura le noir en tenant de toutes ses forces la croix qui pendait sur sa poitrine.
La sœur de Lu Fei ricana amèrement. La plaine était vaste, sans rien en vue. Hormis les murs, il n’y avait que les survivants.
Les aigles qui descendaient semblaient se diriger vers l’enceinte de la ville. S’il n’y avait rien de l’autre côté, alors ils les visaient, eux.
❄️❄️❄️
Plus loin.
Song Shuhang et Joseph suivaient le mur. Ils parcoururent une très, très longue distance, s’éloignant largement de leur point de départ. Mais la muraille semblait sans fin. Ils ne découvrirent absolument rien.
Et encore, d’après les souvenirs du jeune homme, ils étaient encore loin de la prochaine porte de la ville.
… Cela aurait été génial si le Vénérable ou Doudou avaient été là. Ils auraient simplement pu s’envoler et se rendre à la prochaine entrée en un clin d’œil. Ils auraient même pu endormir tous les survivants et leur faire passer la muraille.
Song Shuhang eut brutalement une mauvaise prémonition.
Il leva brusquement la tête vers le ciel et vit trois énormes aigles dans le ciel, un devant et deux derrière. Ils se dirigeaient vers le mur.
Les deux derniers, légèrement plus lents, se dirigeaient vers l’entrée de la ville.
Quant au plus rapide, il fonçait vers eux.
– « Maître ! Un énorme… énorme… Un énorme oiseau ! » Joseph le repéra également et se mit à crier.
– « Restez derrière moi et ne bougez pas, » répondit-il sourdement. Il tendit la main dans son dos et attrapa le sabre Brise-Tyran.
Aux yeux des simples mortels, l’arme était invisible.
Même si les aigles dans le ciel étaient énormes, ils n’étaient que des bêtes sauvages ordinaires, comme les gorilles. Pas des monstres-bêtes. Ils ne pouvaient donc pas non plus voir le sabre.
Très vite, l’animal tomba sur Song Shuhang et sur Joseph en émettant un appel aigu. Il jeta ses serres énormes vers l’avant dans le but de les attraper tous les deux d’un seul coup.
L’homme d’âge moyen se sentit vaciller.
La situation était différente de celle avec les gorilles. Même si ces derniers avaient été effrayants, ils n’avaient pas semblé différents physiquement de ceux qu’il avait vu à la télévision.
Mais cet aigle, là, juste devant leurs yeux… Il avait une envergure de près de dix mètres ! Quel genre de créature étrange était-ce ?
Song Shuhang le tapa légèrement en utilisant à peine la Technique basique du poing bouddhiste.
Joseph se sentit simplement flotter, juste assez pour éviter l’attaque de l’oiseau.
Mais même s’il avait été frappé à la poitrine, il ne ressentait aucune douleur. Les arts martiaux du Maître ont déjà atteint un niveau aussi incroyable ?
Après avoir eu cette pensée, sa peur se dissipa instantanément. Avec un Maître aussi formidable à ses côtés, peut-être que même cette énorme créature ne valait rien.
❄️❄️❄️
Song Shuhang exécuta la Marche des 10 000 km de l’Homme Vertueux et esquiva agilement l’attaque. Immédiatement après, il sauta. Il utilisa les serres comme support et bondit haut dans le ciel. Puis il se retourna en rassemblant ses forces. Il balança le sabre Brise-Tyran vers le cou de l’aigle, bien décidé à le décapiter.
Il devait s’occuper de lui aussi rapidement que possible. Deux autres animaux gigantesques se dirigeaient déjà vers la porte de la ville ! Il n’avait pas de temps à perdre.
L’aigle ne pouvait pas voir le sabre. Mais en se basant sur son sixième sens, il put sentir qu’il courrait un danger critique.
Il bougea dans un réflexe de survie la tête et utilisa son bec pointu pour cibler le bras de Song Shuhang.
Clang !
Le bec et l’arme se rencontrèrent.
Des étincelles volèrent… Et la lame rentra dans le nez tranchant de l’animal comme dans du beurre.
Après tout, il s’agissait du plus grand trésor de la Secte du Sabre Lunaire. Celui-ci pouvait percer les défenses d’un cultivateur de Quatrième Rang ! Comment aurait-il pu être incapable de découper un simple oiseau ?
Son bec entamé, l’aigle fut extrêmement choqué. Il n’avait jamais vécu pareille situation !
Sous le choc, il battit violemment des ailes, voulant voler plus haut pour préparer sa prochaine attaque.
Mais pourquoi Song Shuhang lui aurait-il donné une chance de s’échapper ?
– « Sabre de Feu ! » Il activa la technique renfermée dans l’anneau sans aucune hésitation, puis fit un mouvement du poignet. Des flammes firent rage sur la lame acérée.
Il frappa.
Bang ! Le brasier sur Brise-Tyran s’agita et se transforma en un sabre de Qi en forme de croissant qui décapita son adversaire.
Ce Qi était équivalent à une attaque de Deuxième Rang. Parmi toutes ses possessions, sa puissance ne pâlissait que devant les Talismans d’Épée.
Cette fois, l’aigle ne put sauver sa tête.
Son crâne vola. Ses blessures continuèrent de brûler. Pas une seule goutte de sang ne tomba à terre versée.
Dans les airs, Song Shuhang pivota, pour se rattraper. Il atterrit avec légèreté.
Joseph avait tout vu. Il se força à déglutir. « Ce sabre de Qi… C’était comme la capacité de libérer une puissance intérieure ! Comme dans les films ! Est-ce qu’un jour… je pourrais devenir comme vous, Maître ? »
Il était plein d’espoir quant à son avenir.
– « Joseph, soyez prudent. Je pars le premier rejoindre les autres. »
– « Oui, Maître ! Soyez prudent vous aussi ! »
Le jeune homme hocha la tête, puis poussa la Marche des 10 000 km de l’Homme Vertueux à sa vitesse maximale. Sa silhouette était comme la foudre : il se précipita aussi vite qu’il le pouvait vers la porte de la ville.
Le Sabre de Feu de son anneau pouvait encore être utilisé une fois, et il lui restait un dernier Talisman d’Épée.
Dans le ciel, les deux aigles restants descendaient de plus en plus.
Je dois absolument y arriver à temps !