À l’extérieur du restaurant, un vieil homme aux cheveux blancs qui se reposait sous un grand arbre dans sa robe de magicien dépourvue de couleur leva soudainement la tête et regarda en direction du restaurant. « Qu’est-ce que c’est que ça ? » se demanda-t-il. Ses yeux enfoncés dans ses orbites se plissèrent légèrement. « Cette vague de magie… Un elfe ? Non, un humain. Non plus. Mais qu’est-ce donc ? C’est tellement différent. »
Krassu Aiou hésita un moment, ramassa son bâton magique, aussi grand que lui, et marcha lentement vers le bâtiment. Il avait erré dans la Cité du Chaos pendant plusieurs jours et n’avait rien trouvé d’intéressant. Ce jour-là était sans doute son jour de chance.
…
À l’intérieur du restaurant, Sargeras jeta un coup d’œil au menu sur la table, puis à Amy avec son exhortation, et enfin à Mag qui ne montrait aucun signe de vouloir abandonner. L’argent était effectivement très important dans ce monde.
De prime abord, il avait trouvé l’homme assez déraisonnable, mais en repensant au délicieux et puissant roujiamo de sa conception, il considéra qu’il était tout à fait compréhensible qu’il eût son tempérament et qu’il imposât quelques règles.
Même cette petite fille est capable de lancer une boule de feu aussi terrifiante, il est donc très probablement un puissant lanceur de sorts. Il est vraiment discret, si jeune, et rien sur lui ne laisse entrevoir ses capacités , pensa le démon de lave.
Une fois, il avait vu un vieux magicien aux cheveux blancs dans la capitale de l’Empire. Il possédait une puissance telle qu’il avait vaincu un dragon géant avec une simple boule de feu. Il avait appris plus tard que ce vieil homme était l’un des mages royaux et l’un des meilleurs de l’Empire. Il ne se souvenait cependant plus de son nom.
« Eh bien, je ne vais pas enfreindre vos règles. Je suis Sargeras, au fait. Je reviendrai » dit-il en tendant la main.
« Sar… Sargeras ? » Mag fut pris par surprise. Il n’avait peut-être pas été un drogué de jeux vidéo, mais il avait quand même joué à World of Warcraft. Il resta interdit un instant avant de tenter : « Où est la Légion ardente ? »
« La quoi ? » demanda-t-il d’un air confus.
On dirait qu’ils ont juste le même nom. Mag poussa un soupir de soulagement. Il jeta un coup d’œil à la main tendue vers lui, dans laquelle il pouvait voir la lave circuler, et secoua la tête, mal à l’aise. « Peu importe. Mon nom est Mag. S’il vous plaît, n’hésitez pas à revenir dans notre établissement. Mais pour ce qui est de serrer nos mains… Je dois encore travailler aujourd’hui, j’aimerais éviter d’avoir à me bander la main. »
Sargeras se figea un instant. Il baissa les yeux vers la sienne, toujours tendue, et se rappela que même les mages humains étaient… des humains. Il retira sa main. « Bien, je vais prendre congé, alors. » Il fit attention à sa température corporelle et se retourna. De cette façon, il ne fit pas fondre la poignée en ouvrant la porte.
En sortant, il hocha la tête pensivement. « La Légion ardente ? Ce n’est pas un mauvais nom… » Puis il se dirigea rapidement vers la sortie de la place Aden.
« Père, Amy est incroyable, n’est-ce pas ? » Celle-ci leva les yeux, attendant des éloges.
Mag lui caressa la tête avec un sourire. « Oui. Amy était vraiment incroyable. Tu as été d’une grande aide. » Avec elle, il avait l’impression de leur construire une aura terrifiante. N’ayant pas de soutien caché ou la force de les protéger, ce n’était pas une mauvaise idée de s’appuyer temporairement sur cette façade. Il était néanmoins urgent qu’il devint plus fort.
Amy sourit joyeusement, la joie s’inscrivant sur son petit visage.
« Je voudrais deux assiettes du nouveau plat, s’il vous plaît » demanda poliment un client en levant la main.
« Moi aussi. Mais je ne suis pas pressé, prenez votre temps » dit un autre client d’un air débonnaire.
Mag hocha la tête avec amabilité. « Bien sûr. S’il vous plaît attendez un instant. » Il laissa sa fille et Vilain Petit Canard s’occuper par eux-mêmes, et marcha rapidement vers la cuisine.
Krassu s’arrêta devant la fenêtre et fut un peu surpris en voyant une gamine tenant une petite créature blanche et orange dans ses bras. « On dirait que la vague magique vient de cette petite fille. » Puis il secoua la tête avec déception. « Quel dommage. Elle aurait pu être un vrai génie, mais malheureusement, elle est bridée par la collision de deux lignées. Sinon, j’aurais eu ce pour quoi je suis venu. Son talent est gâché. Quelques conseils est tout ce qu’elle a besoin. »
De colère, il frappa le sol du pied. Il pensait partir, mais il ne put s’y résoudre en regardant Amy. Il se tenait devant la fenêtre, immobile.
Celle-ci le remarqua. Elle s’approcha un peu plus. « Vilain Petit Canard, pourquoi ce grand-père à la barbe blanche se tient-il là comme une statue ? Peut-être qu’il n’a pas d’argent, et du coup il n’ose pas entrer ? Comme la petite fille aux allumettes ? S’il en vend lui-aussi, est-ce que nous devons lui en acheter ? » demanda-t-elle doucement en ouvrant tout grand ses yeux pour voir s’il n’avait pas un panier rempli d’allumettes caché sous sa robe.
« Miaou… » répondit l’animal. Il commença lui-aussi à chercher les allumettes, bien qu’il ne sut pas de quoi il s’agissait.
Elle a l’air très intelligente. Elle n’est qu ’ une demi – elfe, mais peut – être p eut-elle être entraîn ée si elle a du potentiel. Peut – être devrais-je l e vérifier , pensa-t-il en regardant les jolies tresses d’Amy le regardant de ses grands yeux bleus. Puis il jeta un coup d’œil au restaurant animé et aux heures d’ouverture sur la porte. Il n’était pas pressé. Il les regarda, elle et le chat, à travers le verre de cristal pendant une demi-heure.
Mag avait également vu Krassu en servant les clients. À la différence de leur sombre voisin Urien la robe noire, ce lanceur de sorts aux cheveux, à la barbe, et à la robe blanche et tenant un bâton gris clair ressemblait davantage à un magicien.
Amy resta là un moment, puis s’assit à un siège devant la fenêtre avec son chaton. Elle continua à le fixer. Aucun des deux ne cligna des yeux. Elle ne se leva pas, sauf quand elle dut collecter l’argent ; à part ça, elle ne bougèrent pas d’un cil.
Vers 9 heures, le matin, les clients se firent plus rares. Mag avait déjà vendu les 64 roujiamo à huit heures et demie, et ceux qui n’en eurent pas le pressèrent d’en faire davantage la prochaine fois.
Lui-même eut un léger sentiment d’échec. Il voulait lui aussi en faire plus pour gagner plus. Il lui sembla nécessaire d’être plus efficace à partir du lendemain.
Lorsqu’il ne resta plus que trois clients, Krassu détourna son attention d’Amy et entra.
« Bienvenue ! » dit Mag en souriant. Cet homme était le premier lanceur de sorts à manger dans son établissement.
Amy jeta un regard à ce nouveau client. « Père, voici Papy aux allumettes » dit-elle solennellement en se tournant vers lui.