Effectivement, il ne leur fallut pas longtemps pour acheter une bouteille de lait de brebis en bambou. Mag n’avait dépensé que 20 pièces de cuivre et en avait obtenu un deuxième gratuitement. Il se demanda alors s’il n’en avait pas trop. En passant devant le magasin de potions magiques sur le chemin du retour, ils taquinèrent à nouveau Charbon Noir et Pois Vert.

Quand ils revinrent et ouvrirent la porte, ils entendirent le cri du chaton qui leur sembla un peu inquiet.

« N’aie pas peur, Vilain Petit Canard. Tu es tellement moche, alors tu seras en sécurité même si tu es tout seul » affirma Amy en glissant sous le bras de son père et en courant vers l’animal.

Sa façon de le réconforter était vraiment… particulière. Souriant, Mag entra et posa le lait sur le comptoir. La petite serviette était froissée et poussée sur le côté. Le chaton fixait sa maîtresse, ses deux pattes agrippées au bord du panier comme un enfant abandonné, les yeux larmoyants. Une vue touchante.

« Ok, ok. On t’emmènera avec nous la prochaine fois. Espèce de petit fauteur de troubles. » Amy laissa échapper un soupir. Elle tendit la main et lui caressa la tête. Il s’arrêta immédiatement de pleurer et plissa les yeux, appréciant ses câlins.

Mag s’en amusa. Elle parle toujours de le manger, mais comme ils vivent ensemble, elle va sûrement s’y attacher.

Il ne voulait pas lui dire ce qu’elle devait faire. Il valait mieux qu’elle comprît par elle-même que les proches et les camarades de jeu étaient importants. Elle avait déjà commencé à voir Charbon Noir comme un ami.

Elle avait dit vouloir le manger simplement parce qu’elle était un peu obsédée par l’oie rôtie, rien de plus.

L’homme prit le biberon sur le comptoir et alla dans la cuisine. Il mit la tétine et le récipient dans de l’eau bouillante pour tuer les bactéries, puis il versa du lait dans la bouteille propre et le réchauffa avec de l’eau chaude. Il en laissa tomber sur le dos de sa main pour en tester la température, referma le bambou avant de le mettre au frigo et sortit avec le biberon.

Mag s’accroupit à côté de la petite fille. « Qu’est-ce que c’est, Père ? » demanda-t-elle, curieuse, en regardant la bouteille dans sa main. Le lait est dans une bouteille transparente avec une chose douce au dessus. Mais p our quoi faire ? pensa-t-elle.

« Miaou. » Le Vilain Petit Canard vit la bouteille lui-aussi. Il devait sentir le lait. Ses yeux brillaient, et il se lécha les babines. Apparemment, il était affamé.

« C’est un biberon. C’est pour nourrir les bébés et les bébés animaux. Regarde. » Mag sourit et dirigea le mamelon vers la gueule du chat. L’odeur agréable du lait et son propre instinct le guidèrent jusqu’à la tétine, et il téta joyeusement. Le lait de brebis blanc coula du coin de sa bouche et tomba sur le pelage blanc sur la poitrine. Il aimait vraiment ça.

La teneur en sucre est relativement faible dans le lait de brebis, et V ilain P etit C anard est similaire à un chaton d’une ou deux semaines . Comme il a l’air en forme , il devrait pouvoir le digérer , pensa-t-il. Si ça ne va pas, j’achèterai les produits du système. Ce ne sera sans doute pas très bon marché.

Les yeux d’Amy s’illuminèrent. « C’est tellement chouette. Père, je peux le nourrir ? » demanda-t-elle avec impatience.

« Bien sûr. Mais ne le salis pas, il est encore trop petit pour être lavé. Nous devons donc lui mettre un bavoir autour du cou. » Mag lui tendit la bouteille et sortit un bavoir à fleurs du comptoir. Il avait tout d’abord voulu récupérer la bouteille et attacher le bavoir, mais la petite chose semblait avoir lu dans son esprit et s’accrochait à la tétine. Il n’eut d’autre choix que de demander à l’enfant de soulever le biberon pendant qu’il nouait les lanières.

« Eh bien, je te laisse faire. Cette bouteille devrait suffire. Je vais aller préparer les ingrédients pour le déjeuner » déclara-t-il en regardant Amy qui nourrissait soigneusement le chaton avec la bouteille entre ses deux mains.

Elle hocha la tête. « D’accord. Ne t’inquiète pas, Père. » Puis elle regarda Vilain Petit Canard en train de boire goulument. «Est-ce que c’est vraiment si bon ? » murmura-t-elle pour elle-même.

Il semblait que Vilain Petit Canard avait compris ces quelques mots. Il hocha la tête tout en continuant.

Mag entra dans la cuisine et se lava les mains. Ensuite il sortit plusieurs morceaux de viande du frigo, les coupa en gros morceaux et les mit dans un grand pot pour les faire mariner.

La viande était la partie la plus importante. La nuit dernière, il avait préparé suffisamment de viande pour ce jour-ci et pour le lendemain ; elle serait parfaite le matin suivant. À ce moment-là, il devait mettre en pot la viande pour l’après-demain afin de s’assurer qu’elle aurait la meilleure texture, et que le goût de ses roujiamo était au sommet du délice.

Lorsqu’il eut terminé, il alla vérifier le travail d’alimentation d’Amy, et la trouva assise sur le sol, tenant la bouteille dans ses mains et buvant énergiquement. Penché sur le rebord du panier, Vilain Petit Canard regarda Mag, puis la fille lui dérobant son lait. Des larmes coulaient de ses yeux.

Ne jamais laisser le travail de nourrir quelqu’un à un petit goinfre. Et m aintenant, elle lui vol e son lait… Mag eut un sourire amer. « Amy, pourquoi bois-tu le lait de Vilain Petit Canard ? Il n’a plus rien à boire maintenant. »

« Parce que j’avais peur qu’il en ait trop, alors je l’ai aidé. » Elle prit une autre gorgée et se tourna vers le chaton. « C’est vrai, hein ? »

« Miaou… » s’écria-t-il à contrecoeur. Il jeta à Mag un regard triste et remua sa petite queue.

Ce chat n ’a pas son mot à dire, pensa Mag en le voyant ainsi. A l’inverse, le gros matou qu’il avait élevé dans sa vie précédente ne mangeait guère de viande, même s’il la mettait à sa portée.

« Tu aimes le lait de brebis ? » demanda-t-il en la regardant boire.

Amy hocha vigoureusement la tête. « Oui, j’adore ! » Elle ne laissait jamais le biberon quitter ses lèvres même quand elle parlait.

Il hocha la tête en souriant. « La prochaine fois, nous en achèterons pour toi aussi. Le calcium qu’il contient t’aidera à grandir. » Amy avait rarement eu du lait de brebis jusque-là. Mag avait été trop préoccupé par le restaurant ces derniers jours pour le remarquer.

Il acheta un deuxième biberon au système. Il n’eut pas le choix. Après tout, Amy et Vilain Petit Canard ne pouvaient pas s’en partager un seul. Il réchauffa une demi-bouteille de lait pour le chaton et réserva le reste pour sa fille. En regardant les deux petits êtres téter joyeusement, son cœur se réchauffa. Ils avaient un nouveau membre dans leur famille.

Soudain, la voix du système résonna dans son esprit. « Nouvelle mission : vendre 1 000 roujiamo en 10 jours. Une fois la mission terminée, vous pourrez débloquer une nouvelle recette : le pudding au tofu. Jusqu’à présent, vous en avez vendu 48. »

« 1 000, encore ! Comme c’est original ! Système, tu peux faire mieux que ça ! » Mag plissa les lèvres. En fait, il avait vu la différence. Il devait cette fois-ci vendre 1 000 produits finis. Le système avait appris de ses erreurs après la stratégie de financement participatif.

« La raison pour laquelle je vous ai donné ce nombre est de vous permettre de populariser le restaurant le plus vite possible. Ne jouez pas au plus malin avec moi. Vous devez travailler dur, gérer le restaurant avec soin, et prendre le bon chemin pour devenir le Dieu de la Cuisine » déclara solennellement le système.

« Très bien. La mission n’est pas très difficile. Mais je suis curieux. Ce pudding au tofu est-il sucré ou salé ? » demanda-t-il, soucieux.