Ce monde favorisait la magie et les lignées génétiques, et les armes à feu n’avaient pas encore été inventées. De ce dont Mag se souvenait, même les feux d’artifice n’étaient visibles que depuis le palais royal de la capitale pendant les fêtes pour souhaiter les meilleurs vœux au peuple.
Les alchimistes chérissaient tellement leurs techniques et leurs recettes que ces dernières étaient inconnues des gens ordinaires, il n’avait donc aucune idée de ce à quoi se référait Mobai. « Quel genre d’énergie ? » demanda-t-il, curieux.
Il le regarda en hésitant un moment. Il finit par poser sa cuillère et appuya sa description par des gestes. « Comme une boule de feu qui explose après avoir été contractée fortement. »
L’homme haussa un sourcil. Il pensait désormais à un explosif.
Il ne savait pas exactement ce qu’était cette énergie, mais d’après la description du nain, une arme à feu étaient certainement la meilleure option pour transformer cette énergie en une arme à longue portée. Le canon pouvait propulser la balle à grande vitesse aussi longtemps qu’il était capable de confiner cette soudaine explosion.
Mag eut alors une idée générale de ce que le forgeron cherchait. Après tout, il avait vécu de nombreuses années dans un monde beaucoup plus avancé technologiquement. De plus, il avait beaucoup pratiqué sur les champs de tir en Amérique, il connaissait donc très bien les armes à feu. Il était si rapide à les démonter qu’il égalait même les gardes du corps de son père.
Cependant, il s’inquiétait. Si ces armes venaient à l’existence, leur pouvoir horrible changerait définitivement ce continent, qui jouissait de la paix depuis plus de cent ans après une guerre d’un millénaire, passant d’un monde de magie et d’acier froid à un monde d’armes à feu et d’explosifs.
Les humains étaient les plus nombreux. S’ils acquéraient les compétences nécessaires pour les fabriquer, leur force atteindrait son apogée, alors qu’ils avaient déjà réussi à se faire une place grâce aux lanceurs de sorts et aux chevaliers. L’équilibre sur le continent nord pourrait être brisé à nouveau, et une nouvelle guerre entre les espèces balayerait les terres.
Maintenant qu’il avait Amy, Mag ne désirait plus que la paix dans le monde.
Les flingues étaient comme la boîte de Pandore. Une fois ouverte, il n’y avait aucun moyen d’en contenir les maux. Il ne voulait pas voir ces armes dans ce monde.
Bien qu’il n’eût pas l’intention de l’aider, il demanda tout de même par curiosité : « Que voulez-vous en faire ? »
« Tuer des dragons » répondit sérieusement Mobai en le regardant dans les yeux.
« Que vous ont fait les dragons ? Pourquoi les tuer ? Les bébés dragons ne sont-ils pas mignons ? » demanda Amy, perplexe. « Le jeune homme qui aime sourire veut tuer des dragons, grand-père nain veut tuer des dragons, mais c’est quoi les dragons de toute façon ? Pourquoi tout le monde veut les tuer ? »
Mag était un peu surpris lui-aussi. Conti avait tout ce qu’il fallait pour tuer un dragon : son épée, son armure, sa monture… Non, pas son âne noir. Mais cela avait du sens, il était équipé pour. Cependant, il était étrange que les mêmes mots sortissent de la bouche du forgeron. Il aurait ri s’il n’y avait pas eu l’air aussi sérieux.
« Vous devez penser que je plaisante. Peu importe, je suis d’accord avec vous, en fait. » Il se mit à rire. Lorsque le maître des lieux crut vraiment que ce n’était qu’une blague, Mobai serra lentement sa main en un poing. « Mais c’est peut-être la seule raison pour laquelle je suis encore en vie et j’agite ce marteau. »
« Quand j’avais 30 ans, un dragon rouge a mangé mon père, et il erre encore sur le continent, tuant des gens. Je pense que je ne mourrai pas en paix jusqu’à ce que je le tue de mes propres mains. Mais je ne suis pas comme Mag Alex, je dois donc trouver ma propre voie. Maintenant, je dois résoudre ce problème majeur, ou tout ce que j’ai fait jusqu’à présent sera vain. »
Mag fut tiraillé alors qu’il regardait le poing serré et la veine battante sur le front de Mobai.
Conti Nicolas voulait tuer des dragons pour faire ses preuves et gagner le titre de tueur de dragons.
Mobai voulait venger son père. Ils voulaient tous les deux la même chose, mais leur motivation était complètement différente.
« Je suis désolé pour votre père » dit-il après un instant en guise d’excuse. Il ne souhait pas voir ce continent à feu et à sang après avoir aidé son client.
Cependant, cette tragédie était un avertissement pour lui. Ce monde n’était pas aussi sûr et paisible qu’il n’y paraissait. Les gens de la ville étaient sous la juridiction du Temple Gris, mais comment Amy et lui se protégeraient-ils si des dragons faisaient leur apparition ?
« Système, vends-tu des missiles de défense anti-aériens ? De préférence avec le système de guidage automatique » demanda-t-il intérieurement.
« Soyons clairs : je ne vends rien qui puisse affecter l’ordre du monde, y compris des missiles sol-air ! » C’était la première fois que le système utilisait un ton aussi solennel.
« Rassure-toi. Je suis moi aussi pour la paix dans le monde. Je veux juste une certaine protection, je ne les utiliserai qu’en cas d’absolue nécessité » affirma-t-il calmement. « Et si un dragon maléfique devenait fou et attaquait ce restaurant ? Je serais tué comme le père de Mobai. Mort, je suis inutile pour toi. »
Le système était silencieux, apparemment en pleine délibération. « Vous ne pouvez pas vous le permettre » dit-il finalement avec mépris.
Mag leva un sourcil. Quelle répartie . Je suis méprisé par le système !
Pourtant, cela signifiait qu’ils se vendaient chers.
J ’ installerai plusieurs missiles sur le toit quand j’a urai beaucoup d’argent. Si un dragon veut faire quelque chose de stupide, j’utiliserai un Patriot pour lui donner une leçon.
Si ce dragon rouge que Mobai veut tuer arrive à la Cité du Chaos, peut – être que je lui en vendrai un. On dirait qu’il a énormément travaillé ces dernières années. Il a dû économiser beaucoup d’argent. Après tout, une arme peut lui rapporter 1000 pièces d’or. C’est l’un des moyens les plus rapides de gagner de l’argent.
« Tout va bien. Cela fait bien longtemps que je n’en avais parlé à personne » dit-il en secouant la tête. « Je voulais juste que ça me sorte de la poitrine. Je me sens si bien ici. » Puis son sourire revint. Il ramassa sa cuillère et retourna à son riz.
Mag lui jeta un dernier regard et retourna vers la cuisine. Il ne changerait pas d’avis pour le moment.
Dans ce monde, les armes à feu n’étaient pas nécessaires pour tuer des dragons. Mag Alex en avait tué plusieurs avec son griffon et son épée large.
« Mag, le nouveau plat est-il prêt aujourd’hui ? » déclara Habeng alors que l’homme arrivait juste à la porte de la cuisine. Il avait essayé de parler à voix basse, mais il était toujours très bruyant.
« Grosse Voix, sois sage et ne parle pas si fort » dit solennellement Amy en le regardant.
Il hocha immédiatement la tête. « Oui, désolé… » Il était si excité qu’il en avait presque oublié les règles. Il regarda la petite fille, un peu effrayé.
Mag lui fit un signe de la tête en souriant. « Oui. Puisque vous avez acheté les reçus, vous pouvez essayer tout de suite. Ça s’appelle La Zhi Roujiamo » expliqua-t-il en regardant Haga et Habeng.