« Quelle mission ? » demanda le système comme s’il était étonné.
« Je vais entrer dans le champ de test maintenant. N’es-tu pas censé me donner une mission pour, par exemple, maîtriser le La Zhi Roujiamo* en une nuit et ensuite me donner une récompense ? » l’interrogea Mag, curieux.
« Le système n’a pas de mission pour vous pour le moment. Vous pouvez faire ce que vous voulez » expliqua-t-il.
« Je ne veux rien apprendre s’il n’y a pas de récompense » déclara l’homme d’un air indifférent.
« Le champ de test disparaîtra dans les 24 heures après l’ouverture du sac d’entraînement. Faites ce que vous voulez » répondit le système sur le même ton.
Mag haussa un sourcil. Whoa, est – ce le même système que je connais ? Il m’a répondu. Il nous fait sa petite crise ?
Il ne voulait pas gaspiller son énergie à parler à la voix. Il jeta un coup d’œil à la minuterie de 24 heures sur la porte du champ de test et ouvrit la porte d’une pensée. Son esprit entier fut aspiré dans un petit corps, comme la fois précédente. Quand il rouvrit les yeux, il se retrouva dans la même cuisine fermée.
Il regarda autour de lui. Dans le coin du plan de travail se trouvait un four rond, son enveloppe extérieure faite d’acier argenté : un four électrique. C’était un peu comme un four à bois traditionnel, mais en plus pratique.
Mag se dirigea vers l’appareil, souleva le couvercle et regarda à l’intérieur. Puis il hocha la tête, satisfait. « Ce four pourrait me permettre de faire au moins 15 pains bai ji en une seule fois. Je peux en effet en faire cuire beaucoup plus que le riz frit Yangzhou. »
À côté du four se trouvait une boîte à épices. À l’intérieur de la boîte, il trouva des feuilles de laurier, de la cannelle chinoise, de l’anis étoilé… toutes les épices nécessaires à la préparation de la viande.
Quelques sacs de farine gisaient dans le placard de la cuisine, et un demi-tiroir était rempli de lard de porc marbré avec un petit tas de côtes de porc dans le frigo.
« Eh bien, il est maintenant temps de montrer mes véritables talents de cuisinier. » Mag se lava les mains et sortit un gros morceau de porc du réfrigérateur. Après l’avoir nettoyé, il le coupa en morceaux de 15 centimètres de long et 10 centimètres de large. Puis il mit ceux-ci dans un grand pot et y ajouta différentes épices.
Normalement, la viande devait être stockée pendant au moins une journée, mais elle fut prête après seulement cinq minutes dans ce champ de test. Il posa la viande dans la marmite et y ajouta des épices et l’assaisonnement. Il porta en vitesse l’eau à ébullition à feu vif et enleva l’écume du ragoût. Ensuite, il régla le brûleur à feu doux pour le faire cuire. Après deux heures, c’était prêt.
Alors que le ragoût mijotait, Mag commença son aventure avec de la farine pour la première fois.
Après avoir cuisiné des milliers de fois le riz frit Yangzhou lors de son apprentissage, ses compétences de coupe le rendaient capable de faire presque n’importe quoi en cuisine. Cependant, pétrir la pâte était tout autre chose. Cette activité demandait de la force, ainsi que du savoir-faire.
Bien que le système pût l’aider à récupérer son énergie toutes les heures, pétrir la pâte lui demandait beaucoup d’efforts. Il devait se reposer un moment toutes les quinze minutes environ. Son corps faible était vraiment un handicap à ce moment-là ; il lui fallut plus d’une heure pour bien pétrir la pâte.
Lorsqu’elle fut prête, il la laissa reposer une demi-heure. Puis il la déchira en petites boules. Il prit une boule de pâte, l’étira longuement et finement, frotta de l’huile de sésame sur sa partie supérieure et y versa du sel et du poivre. Puis il la roula, l’aplatit avec sa main et en fit un cercle à l’aide d’un rouleau à pâtisserie. À ce moment-là, le pain était prêt à être cuit.
Mag alluma le four, le préchauffa et posa le pain sur la surface de cuisson chaude pour le faire durcir. Puis il le mit sur le côté du four et le laissa à la verticale jusqu’à ce qu’il fût prêt. Il fit 16 pains bai ji lors de son premier essai.
Lorsqu’ils furent terminés, il en prit un du four. Comme c’était sa première fois, le pain n’était pas très bien formé, et il était quelque peu fissuré. Ce n’était pas vraiment une réussite.
La viande était presque prête elle aussi. Quand il ouvrit le couvercle, l’arôme agréable chatouilla son nez. La viande brun clair avait l’air bonne, mais certains morceaux s’émiettèrent. Il avait encore de quoi s’améliorer.
Il se souvint de l’époque où il en avait mangé à Xi’an, une ville du nord-ouest de la Chine, dans sa vie précédente. Il avait alors écrit quelques commentaires mentionnant ses exigences minimales dans son microblog. Et maintenant, il devait agir selon ses propres critères. Son visage devint un peu aigre.
On récolte ce que l’on sème.
Il ne savait pas combien de temps il lui faudrait pour faire un La Zhi Roujiamo aussi bon.
Puis Mag commença la fastidieuse mission de faire le La Zhi Roujiamo encore et encore. Il resta pourtant très calme, puisque ce n’était pas la première fois qu’il traversait cette épreuve. Il ne se sentait pas mal à l’aise de rester longtemps cloîtré dans cette cuisine fermée.
Il ne savait pas combien de lots il avait fait. Le 30ème jour, il sortit du four un pain bai ji et l’ouvrit doucement avec un couteau. Puis, il prit un morceau de viande du pot, le coupa finement sur la planche à découper et le fourra dans le pain. Finalement, il y ajouta de la sauce. Un “kebab chinois” fumant était maintenant prêt.
« Système, qu’en est-il de celui-ci ? » demanda Mag avec anticipation.
« Selon vos commentaires et vos exigences :
1. La viande doit être de bon goût. La partie maigre doit être douce et moelleuse, tandis que la graisse ne doit pas être trop grasse. Validé.
2. Le pain doit être blanc. L’extérieur doit être croustillant, tandis que l’intérieur doux et spongieux. Près du bord, en haut et en bas, il doit y avoir une bande ronde dorée, tandis que la partie médiane doit elle aussi être dorée mais avoir la forme d’un chrysanthème. Validé.
3. La viande doit être délicieuse, et le pain croustillant et moelleux. Le jus doit être libéré au fur et à mesure que l’on mâche. Validé.
Félicitations ! Vous avez rempli les trois conditions et maîtrisé les techniques de préparation du La Zhi Roujiamo. Vous avez maintenant le droit d’acheter les ingrédients nécessaires pour ce plat et d’utiliser les ustensiles de cuisine appropriés. »
« Parfait ! » Le cuisinier prit un morceau de son oeuvre dans sa main. Le pain bai ji croustillant était devenu un peu plus tendre après que la sauce s’y fût infiltrée. Tandis qu’il mordait la viande agréablement grasse, un délicieux jus en sortit. C’était si bon qu’il ferma instinctivement les yeux. C’était très satisfaisant.
A peine avait-il avalé qu’il ouvrit les yeux et se retrouva sur son lit. Il bougea la bouche et ne sentit rien.
Il ne pouvait plus dormir en pensant à la délicieuse viande juteuse qui lui chatouillait les papilles. Doucement, il alluma sa lampe de chevet et regarda l’heure. Il était minuit.
Il n’avait passé que 30 jours sur le champ de test, et la plupart du temps, il était occupé à faire du pain bai ji. Deux heures seulement avaient passé dans la vraie vie.
Mag sortit de son lit, se revêtit de son costume de chef et mit ses chaussures. Puis il éteignit la lumière et se dirigea vers la cuisine en bas. Comme il s’y attendait, il y avait un four dans l’angle du plan de travail. À côté se trouvaient différentes épices et assaisonnements. Le frigo, qui avait été rempli avec les ingrédients pour le riz frit Yangzhou, avait maintenant une section séparée pour stocker le porc marbré, comme dans le champ de test.
Il enfila son tablier, sortit deux morceaux de porc du frigo et les coupa en morceaux après les avoir rincés. Puis il les mit dans un grand pot et y ajouta diverses épices et assaisonnements.
Il avait dû laisser mariner sa viande pendant un long moment car il était de retour dans le monde réel. Une nuit n’était peut-être pas assez, mais elle serait quand même savoureuse le matin venu. Il pourrait faire à Amy un authentique La Zhi Roujiamo pour le petit déjeuner.
Le visage de Mag s’illumina alors qu’il imaginait sa fille en train d’en manger joyeusement avec les doigts.
*