« Tais-toi, Pois Vert ! Tu as encore ruiné ma réputation ! Je vais te donner une leçon cette fois-ci ! » cria le corbeau au perroquet, exaspéré.
« Arrête de m’appeler Pois Vert. » Elle était un peu mécontente. « Et tes vêtements sont en train de tomber » ajouta-t-elle en pointant la feuille désormais sous la cage.
L’oiseau noir baissa la tête. Une feuille tombait lentement.
« Oh ! » Ses yeux s’écarquillèrent immédiatement et il couvrit rapidement son corps de ses ailes sans plumes. « Excusez-moi, monsieur, pourriez-vous me prendre mes vêtements, s’il vous plaît ? » demanda-t-il d’une voix laissant transparaître son sentiment d’urgence.
Amy gloussa joyeusement. Elle s’approcha de la feuille et la ramassa. « Charbon Noir, tes vêtements sont dans ma main maintenant. Je te les rendrai si tu te comportes bien. Sinon, je les emmènerai avec moi » dit-elle en souriant.
« Je… je…» Charbon Noir la regarda sans savoir quoi faire. Juste à ce moment-là, une brise d’automne souffla et il frissonna malgré lui. Il hocha immédiatement la tête en regardant la feuille dans la main de la petite fille. « Je serai sage ! »
Amy hocha la tête, ravie. « D’accord. Souviens-toi de ce que tu as dit. » Elle se dressa alors sur le bout de ses orteils pour remettre la feuille au corbeau, mais la cage était trop éloignée et hors de sa portée. Elle commença à être un peu anxieuse.
Mag se baissa et la souleva. Elle était alors aussi haute que la cage. « Maintenant tu peux l’atteindre. »
« Tu es le meilleur, Père. » Amy l’embrassa sur la joue et donna la feuille à l’oiseau. « Tiens, stupide Charbon Noir. »
« Je vous remercie. » Celui-ci prit son bien de la main de l’enfant et s’en enveloppa à nouveau le corps.
Amy se libéra de l’étreinte de son père et fit signe aux deux oiseaux. « Au revoir, Charbon Noir et Pois Vert. » Puis elle partit avec Mag.
« Au revoir. Mais je t’en prie, appelle-moi Sol la prochaine fois » dit Pois Vert.
« Qu’elle est adorable ! Je vais tenir compte de sa demande pour le moment » marmonna Charbon Noir à contrecœur en la regardant partir.
Après avoir quitté le magasin de potions magiques, Mag et Amy se dirigèrent vers le centre de la place Aden. C’était une énorme zone circulaire. Au centre se trouvait un espace ouvert large et rond avec plusieurs parcelles de terrain l’entourant. Dans chaque partie se trouvaient des sculptures ou des jardins ayant des caractéristiques propres à chaque espèce.
On disait que la place Aden était comme une grande carte du Continent du Nord au milieu de laquelle se trouvait la ville du Chaos, elle qui faisait la jonction entre de nombreux peuples différents.
La place était plus animée alors qu’ils avançaient vers l’est. Un enfant “démon de lave” couvert de fissures flamboyantes passa devant eux. Avec ses cheveux faits de flammes, il ressemblait à une torche.
Il était pourchassé par un gamin troll de la forêt ayant un brin d’herbe sur la tête, suivi par deux garçons nains promenant leurs marteaux.
Dans la ville du Chaos, les parents ne pouvaient jamais deviner avec qui leurs enfants joueraient.
Lorsque des enfants passaient devant Mag et Amy, ils ralentissaient et dévisageaient la jeune fille pendant un long moment.
Alors, Mag leur lançait un regard d’avertissement, puis il se décalait pour la dérober à leur vue.
Elle était sa petite fille chérie. Il ne les laisserait jamais jouer avec elle.
Pendant ce temps, Amy était très heureuse. Pour la première fois, de nombreux enfants la regardaient avec envie.
Mag se reposa sur un banc en pierre avec Amy pendant un moment. Alors qu’ils se levaient pour se remettre à marcher, une fille humaine d’environ cinq ans qui avait ses cheveux noués d’un chignon raté s’arrêta à côté d’eux. « Père, je veux avoir mes cheveux comme elle. S’il te plaît ! » dit-elle en balançant le bras de l’adulte à ses côtés d’avant en arrière. Il avait environ 30 ans et était bien habillé.
L’homme jeta un coup d’œil aux magnifiques tresses d’Amy et se retrouva dans une position difficile. « Eh bien… Ya Ya est déjà très jolie maintenant. » Comment un guerrier comme lui pouvait-il imaginer réussir des tresses aussi belles ?! Il s’était déjà surpassé avec ce chignon !
Puis il jeta un regard jaloux à Mag. Il était trop habile. Ou bien, il avait une bonne épouse qui s’occupait des cheveux de leur petite fille, contrairement à lui. Lui devait accompagner leur enfant parce que sa femme jouait leur argent.
« Mais ce chignon est moche. Je veux des tresses moi aussi. » La petite fille caressa ses cheveux d’un air triste. « Je veux des tresses comme les siennes ! » dit-elle en désignant Amy avec envie. Puis elle se mit à pleurer.
L’homme essuya ses larmes. « Ne pleure pas mon bébé. Je t’achèterai beaucoup de bonnes choses. » Il lança un regard maussade à Mag.
Celui-ci le regarda avec compassion tandis qu’il faisait de son mieux pour réconforter sa fille. Quelle chance qu’Amy ne soit pas sortie avec son chignon hier. Le regard maussade de cet homme le rendait un peu fier, en passant. Je suis incroyable parce que je peux tresser les cheveux de ma fille ! Puis il prit la main d’Amy et dit : « Allons-y, Amy. »
« Père, donne-moi une minute. » Amy marcha jusqu’à la petite fille et essuya ses larmes avec sa petite main.
Elle est vraiment attentionnée. Mag était très heureux.
L’homme poussa un soupir de soulagement. J’espère qu’elle pourra réconforter ma fille.
« Ne pleure pas. Seul mon père peut faire ces tresses. Ton père ne pourrait pas les faire pour toi même si tu pleurais plus fort » dit-elle solennellement en retirant sa main.
La gamine était sur le point de cesser de pleurer avant ces mots. Puis elle fut surprise par les paroles d’Amy. Elle leva les yeux vers son père, puis vers Mag. Et soudain, elle se sentit si triste qu’elle éclata en sanglots.
Je… ne m’attendais pas à ça … Mag était confondu par la tournure des événements. Sa petite fille n’était en effet pas une fille normale. Il jeta un regard au père de la pauvre enfant, qui était aussi abasourdi que lui, et prit rapidement la main d’Amy. « Désolé pour ça. » Puis ils partirent immédiatement.
Sur le chemin du retour, il s’arrêta devant un stand de crêpes au bord de la route. Il appartenait à un vieil homme possédant un grand four cylindrique et une large bassine remplie de pâte jaune foncée à base de farine de maïs. L’homme en prit et en lança sur un côté du four. Après un petit moment, c’était prêt.
Ses affaires étaient vraiment bonnes. Beaucoup de gens faisaient la queue devant son étal, et la plupart étaient de petits enfants. Ils tenaient une ou deux pièces de cuivre dans leurs mains, regardant autour d’eux en attendant leur tour. D’autres enfants, qui n’avaient pas d’argent, étaient accroupis sur le sol, les regardant avec un regard envieux.
Il gagnait facilement sa vie. Il pouvait peut-être même vendre mille crêpes en une journée. Elles n’étaient pas cher, mais il n’était pas très difficile pour lui de se faire 30 000 pièces de cuivre en un mois.
Soudain, Mag se souvint que lorsque son prédécesseur était sorti chercher Amy, sa petite fille était accroupie au sol comme ces gamins maigres à la peau pâle, fixant les crêpes fraîchement cuites. Il resserra sa prise sur la main de son enfant. « Rentrons à la maison, Amy. Demain matin, je te ferai un roujiamo qui serait cent fois meilleur que les crêpes » affirma-t-il d’un sourire
Celle-ci hocha vigoureusement la tête. « Merci, Père. La nourriture que tu prépares est la meilleure. » Elle partit docilement avec lui.