Mag était un peu désolé pour l’œuf mais il ne pouvait rien faire contre l’obsession d’Amy pour l’oie rôtie. Il semblait qu’il devait travailler dur et accomplir ses missions pour en obtenir la recette dès que possible.
Bien sûr, celle du canard laqué serait bien aussi.
Ils ouvrirent la porte et entrèrent. Amy mit le petit panier dans un compartiment sous le comptoir. Elle s’accroupit et murmura quelques mots à l’œuf, puis ferma la porte précautionneusement, comme si elle avait peur de réveiller la petite créature qui se trouvait à l’intérieur.
“Père, quand éclora-t-il ?”, demanda Amy en regardant Mag, impatiente.
Il secoua la tête. “Je ne suis pas sûr. Peut-être au printemps prochain.” Il ne connaissait pas grand-chose au cycle de vie des oiseaux.
“C’est trop long.” Amy était un peu déprimée.
“Peut-être qu’il naîtra plus rapidement s’il se trouve dans environnement plus chaud, comme quand une mère canard couve ses œufs”, réfléchit-il.
Les yeux d’Amy s’illuminèrent aussitôt. “Et si Amy s’assoit dessus ?”
Mag rit et secoua la tête. “Non, ça ne marchera pas. Amy, prends cette petite couverture en bas et utilise-la pour couvrir l’œuf. Cela devrait suffire.”
“D’accord”, répondit-elle joyeusement. Elle monta rapidement les escaliers.
“J’espère que c’est un œuf de cygne. Mais c’est peu probable”, murmura Mag. Il alla à la cuisine et remplit deux verres d’eau.
Mag aida Amy à envelopper l’œuf dans la couverture. Il était déjà 11h25, il était presque l’heure d’ouvrir son restaurant. Il regarda Amy qui était accroupie sur le sol, murmurant “vilain petit canard, grandis vite…” et il envisagea de lui acheter une oie rôtie plus tard dans la journée.
Quelques minutes plus tard, à 11h30 exactement, Mag se dirigea vers la porte, retourna l’enseigne et ouvrit officiellement son restaurant.
Bien que peu de gens soient venus ici, le style grandiose et différent du restaurant a vraiment fasciné certaines personnes. Deux nains vinrent puis un orque, mais quand ils virent le menu, ils secouèrent tous la tête et partirent.
Mag s’y était habitué. C’était tout à fait normal, cependant. Tous les clients n’aimaient pas le riz frit Yangzhou. De plus, ils ne savaient même pas ce qu’était ce plat. Ils préféraient dépenser six pièces d’or sur une grande assiette de viande rôtie et un verre de vin plutôt que pour quelque chose qu’ils ne connaissaient pas.
Peut-être que seuls Mobai et ses amis viendront déjeuner, pensa-t-il, impuissant. C’était son deuxième jour et il n’avait vendu que huit assiettes au total. S’il voulait accomplir sa mission, il devait en vendre 500 dans les neuf jours suivants. Ce n’était pas très encourageant.
À ce moment-là, Mag entendit le bruit de sabots. Il regarda vers l’extérieur et se mit presque à rire. Ce n’était pas un cheval mais un âne noir. Un chevalier humain vêtu de cuir bouilli gris argenté se trouvait sur son dos. Il était si grand que, assis sur le dos de cet animal, ses pieds pouvaient presque toucher le sol.
Le chevalier avait l’air d’être un homme d’une trentaine d’années, le visage carré, les cheveux bruns attachés négligemment avec un morceau de tissu gris. Il s’arrêta devant le restaurant, tenant les rênes dans une main et appuyant l’autre sur une longue épée attachée à sa taille. Il leva les yeux vers l’enseigne en souriant.
“Le Manny ? Ça a l’air bien. Je vais prendre mon déjeuner ici”, se dit Conti. Il conduisit sa monture jusqu’à un arbre et l’y attacha. Puis, il se dirigea vers le restaurant et entra.
Mag se tenait près du comptoir. Il jeta un coup d’œil à l’épée du chevalier incrustée d’une émeraude et sourit. “Bienvenue !”
“Bonjour, que servez-vous ici ?”, demanda Conti à Mag en souriant. Il ne regardait pas le restaurant comme les autres l’avaient fait.
“Il y a un menu sur la table. Vous pouvez y jeter un œil, monsieur”, répondit-il en le désignant de la main. Il trouvait ce chevalier très enthousiaste, comme s’il ne voyait rien d’inhabituel.
“Merci.” Conti s’assit et ouvrit le menu avec un sourire. Il resta figé un instant lorsqu’il ne vit qu’un seul plat dans la liste, mais air jovial revint rapidement. Il leva les yeux vers Mag et déclara : “Propriétaire, servez-moi une assiette de ce riz frit Yangzhou.”
“Très bien, veuillez patienter une minute.” Mag était un peu surpris en regardant ce drôle de Conti conservant toujours la même expression. Après tout, c’était la première fois qu’un client commandait directement après avoir lu le menu. Il semblait qu’il n’avait même pas besoin d’y réfléchir.
Cependant, Mag maintint une apparence très calme. Evidemment, il aimait ce genre de clients. Il ne s’inquiétait pas à l’idée qu’il n’aimerait pas la nourriture. Il hocha la tête, sourit et entra dans la cuisine.
Conti posa son épée sur la table et regarda autour de lui. “C’est pas mal.” Il semblait de bonne humeur.
Et puis une petite tête apparut derrière le comptoir. “Bonjour, nouveau client”, dit Amy à Conti.
Conti sursauta sur sa chaise, alarmé, et tira à demi son épée. Sur son visage, on pouvait lire le sérieux et la nervosité.
Amy fut également surprise par cette réaction, mais la brillance de son armure et de son épée avaient vraiment éveillé sa curiosité, elle se révéla donc et demanda : “Êtes-vous un chevalier ?”
Lorsque Conti vit une adorable petite fille qui n’avait que trois ou quatre ans, il glissa rapidement son épée dans son fourreau, embarrassé. Puis il reprit son expression habituelle. “Non, je suis un tueur de dragons. Je n’ai pas encore tué de dragon mais un jour, je ferai goûter à ces sacripants maléfiques le fil de mon épée !”, dit-il avec fierté, la tête haute.
Mag lui jeta un coup d’oeil quand il l’entendit et se mit à glousser. Dans la mémoire de son prédécesseur, il y avait beaucoup de chevaliers qui voulaient tuer des dragons et il avait été l’un d’entre eux. Cependant, contrairement à eux, il avait vraiment tué un dragon auparavant. Plus d’un, en fait.
“Whoa, incroyable.” Amy frappa dans ses petites mains et regarda Conti avec admiration. Puis elle pointa l’épée qu’il tenait dans sa main. “Vous avez donc dû vaincre de nombreux adversaires.”
“Je n’aime pas combattre les gens. Mais j’aime vraiment les gens comme Mag Alex. Il a tué quatre méchants dragons et il est l’un des chevaliers les plus braves et les plus forts du continent”, déclara Conti en souriant, les yeux pleins d’excitation et d’adoration. Puis il regarda à nouveau Amy. “Si vous aimez les chevaliers, petite fille, vous devriez aimer ceux qui ressemblent à Mag Alex.”
“Mag ? Mon père ?” Amy regarda Conti, un peu perdue.