Sally sentit qu’elle était entrée dans un océan de nourriture raffinée et fut submergée par un doux parfum et une sensation de chaleur.
Les œufs recouvrant le riz étaient si tendres. Le jambon savoureux, la pousse de bambou d’hiver croquante, le pois vert sucré… Le goût de chaque ingrédient était très distinct et pourtant ils étaient parfaitement combinés.
Elle goûta les crevettes. Son doux et délicieux parfum se répandit dans sa bouche. C’est comme si elle avait goûté à l’océan.
Même dans la Vallée du Vent, ce type de crevettes restait difficile à trouver. Quant aux crevettes maintenues en vie par la magie, elles n’étaient pas aussi bonnes. Elle n’avait même qu’une seule fois eu le privilège de manger des crevettes aussi fraîches quand elle était allée sur la rive au nord de la Forêt aux Vents avec son grand-père deux ans auparavant. Mais leur goût n’était quand même pas aussi frais et aussi tendre.
Où a-t-il pu obtenir ces crevettes fraîches? S’il les avait expédiées à la Ville du Chaos depuis le rivage, une crevette coûterait plus que cinq pièces d’or.
Il y avait plus d’une crevette dans une assiette de riz frit mais elle ne se vendait qu’à 600 pièces de cuivre! Le propriétaire d ’ ici… il doit être stupide. Une légère confusion traversa son esprit.
Quand elle mordit dans l’œuf tendre et qu’elle toucha le riz sucré avec sa langue, elle se figea soudainement, puis ouvrit les yeux.
Ce goût!
C’est le goût du Printemps de la Vie!
Elle n’était pas un membre de la famille royale, mais sa famille était également très noble parmi les elfes, elle avait donc été baptisée plusieurs fois au printemps de la vie. Elle avait même reçu un petit verre d’eau de la Source de la Vie lors de sa cérémonie de maturité. Elle était donc très familière et sensible au goût de leur source sacrée.
À sa grande surprise, dans cette ville du Chaos, elle avait goûté à la Source de la Vie dans un restaurant appartenant à un humain! Pendant un instant, elle ne su quoi en penser à cause de cette étrange tournure des événements. Elle commença même à se demander si son mal du pays l’avait empêchée de réfléchir sur le champs.
Tandis qu’elle mâchait le riz, le goût de celui-ci et des divers ingrédients ne cessait de lui chatouiller les papilles. Dans tout cela, le sentiment exclusif de la Source de Vie était très distinct, confirmant ses soupçons encore et encore.
Quand elle l’eut avalé, un courant chaud se répandit dans tout son corps à travers ses méridiens, faisant disparaître aussitôt sa fatigue et sa faim endurée pendant les quelques jours de voyage.
C’est définitivement la Source de la Vie!
Sally en était certaine. Son intuition lui disait qu’elle devait dessiner son arc, pointer la flèche sur cet homme et lui demander comment il avait mis les main sur l’eau de la Source de la Vie.
Cependant… ce riz frit Yangzhou était si bon qu’elle ne pu poser la cuillère et ramasser son arc!
Sa famille avait le meilleur cuisinier de toute sa tribue. Elle avait assisté à de nombreux dîners au palais et avait même goûté à la nourriture cuisinée par le chef royal lorsque le roi de l’Empire des Rats venait rendre une visite aux elfes accompagné de son chef.
Cependant, comparés à ce riz frit de Yangzhou, ces plats qui semblaient très exquis étaient très fades.
De plus, ce délicieux riz frit à la Yangz hou a été cuisiné par un humain . U n homme humain!
En p rendre une autre bouchée?
Sally sentit un démon dans son cœur la tenter, et elle ne voulut pas lui résister. Sa cuillère tappa de nouveau contre l’assiette et la deuxième cuillerée fut déjà dans sa bouche. Elle ferma de nouveau les yeux, prenant le temps d’apprécier la saveur de chaque ingrédient.
À cet instant, elle mit la source sacrée et la responsabilité des elfes de côté. Tout ce qu’elle avait à l’esprit était de manger, manger, manger!
Elle prit une bouchée après l’autre. Ses manières invétérées l’empêchaient de dévorer sa nourriture mais elle mangeait toujours vite, contrairement à son habitude, oubliant complètement la méfiance qu’elle avait pu avoir.
Mag l’observa manger son assiette de riz frit. Il sourit, fier et satisfait en regardant ses clients s’adonner à la nourriture qu’il préparait. Peut-être était-il bien de conquérir les papilles des autres, mieux encore que de conquérir les femmes.
Amy était très fière aussi. C’était ce que faisait son père. Il pouvait cuisiner le meilleur riz frit arc- en-ciel sous le soleil. Même la grande sœur elfe était tombée amoureuse de sa saveur à la suite d’une seule bouchée.
Sally termina son riz frit comme si elle était la seule dans le restaurant. Lorsqu’elle posa la cuillère sur l’assiette afin de prendre une autre bouchée, elle réalisa qu’il ne restait plus rien, pas même un grain de riz.
J’ai fini l’assiette? Sally se figea un instant, ayant le sentiment d’avoir à peine commencé. Elle regarda l’assiette qui reflétait presque son visage et se sentit un peu honteuse. Elle n’avait pas fait preuve de beaucoup de grâce en présence des autres mais le bon côté était qu’elle avait retenu son envie de lécher l’assiette.
Avec de la nourriture aussi bonne, une assiette ne lui suffisait pas. Sally leva les yeux vers Mag et dit avec des yeux remplis d’espoir, “Maître, donnez-m’en plus je vous prie.”
“D’accord. Veuillez patienter un instant, madame”, répondit Mag en souriant. Il se dirigea vers la cuisine, pensant que même les elfes gracieux ne pouvaient pas résister au doux parfum de ce riz frit Yangzhou.
Il avait ses inquiétudes, cependant. Le riz était irrigué avec l’eau de la Source de la Vie, et si elle pouvait le goûter, il pourrait y avoir des problèmes.
“C’est vraiment si bon”, s’exclama Mobai, satisfait. Depuis, il avait posé sa cuillère. Deux assiettes de riz frit étaient amplement suffisantes. L’on ne pouvait distinguer la fatigue sur tout son corps nulle part. Il ne s’était pas senti aussi à l’aise depuis très longtemps.
“Grand-père nain, souhaitez-vous deux autres assiettes?”, demanda Amy avec espoir.
Mobai vit le regard d’Amy rempli d’espoir et faillit hocher la tête. Il lui fit un signe des mains. “Non, deux assiettes suffisent pour mon dîner d’aujourd’hui et je pourrai boire un peu en rentrant. Quelle merveilleuse journée!”
“D’accord. Vous avez eu deux assiettes. Deux fois six, douze. Douze pièces, s’il vous plaît.” Amy était un peu déçue mais son sourire revint rapidement. Elle sauta de sa chaise, se dirigea vers Mobai et tendit ses deux mains. Je vous prie de payer votre note.”
“Tu es bien plus rapide ce soir”, s’exclama Mobai, un peu surpris. Il compta 12 pièces et les déposa sur les petites mains d’Amy.
Mobai se leva de la chaise et dit a Mag qui était en cuisine, “A bientôt Mag”. Puis il se tourna vers Amy, et dit: “Au revoir, petite fille.”
“À plus.” Mag sourit dans sa cuisine.
“Un, deux, trois… Au revoir, grand-père nain Mobai.” Amy comptait les pièces avec des yeux brillants. Elle ne leva même pas la tête en répondant.
“Cette adresse…” Mobai se mordit les lèvres. Cela semble un peu étrange . Il sourit et sortit du restaurant.
Qui est cet homme? Sally regarda Mag qui travaillait dans la cuisine. Bien qu’elle ne puisse voir que son visage à travers la vitre, elle fut attirée par sa focalisation et sa concentration.
C’est u n grand restaurant, du très bon riz frit, des crevettes fraîches, le Printemps de la Vie… Et il a une belle fille mi- e lfe. Il semb le normal, mais combien de secrets cache-t il ?
Ou, combien d’histoires?
Sally dévoila sa curiosité envers un homme pour la première fois.