La vieille femme rougit.

Ils échangèrent des regards embarrassés et se turent.

«Je vais aller voir ce qui se passe là-bas», dit la femme en dénouant son tablier fleuri et en se dirigeant vers le restaurant de Mag.

«Nous devrions tous aller essayer leur nourriture. Peut-être que nous pourrions découvrir leur secret », dit l’homme chauve avec un sourire alors qu’il regardait ses deux homologues partir.

En souriant, les autres donnèrent leur accord en écho et se dirigèrent ensemble vers le restaurant Manny.

…

Plus de nouveaux clients. Mag sourit, essayant de cacher sa fierté. Il ouvrit la porte.

Ils regardèrent vers la porte en entendant le magnifique son de l’ouverture de la porte. Nombreux étaient ceux qui attendaient depuis longtemps, mais ils connaissaient les règles de Mag, et personne n’avait frappé à sa porte.

«J’ai attendu toute la matinée, Mag. Mes jambes sont endormies», dit Vicennio d’un air maussade en s’appuyant sur le cadre de la porte, la voix faible. Il était en tête de file.

«Je suis désolé, mais les règles sont les règles.» C’était tout ce que Mag pouvait faire pour ne pas rire en regardant Vicennio, qui avait l’air beaucoup mieux maintenant.

Les femmes ont un fort désir sexuel.

«Grâce à vos règles, je ne peux pas bouger les jambes», dit Vicennio en essayant de lever le pied. Il tenait toujours le cadre de la porte; il ne voulait pas tomber à genoux. «Allez, donnez-moi un coup de main.»

Les clients derrière lui rirent.

Mag l’aida à entrer et l’assit à la table près de la porte.

«Je voudrais trois assiettes de riz frit Yangzhou. Deux pour ici et une à emporter», dit Vicennio. Puis, il attrapa la main de Mag comme s’il se souvenait de quelque chose. Il baissa la voix. «Êtes-vous sûr que ce plat est beaucoup plus doux que le roujiamo? Ma vie est en jeu là.»

«Oui, j’en suis sûr», répondit Mag en retirant sa main, tapotant l’épaule de Vicennio.

Vicennio hocha la tête. «Je vous fait confiance pour ça»

«Entrez, tout le monde», dit Mag aux clients à l’extérieur en souriant.

«Bienvenue au Restaurant Mamy !», dit Yabemiya en se dirigeant vers les clients avec un sourire, et commença à prendre des commandes.

«Nous, les vieillards, ne sommes pas aussi résistants que les jeunes, Mag», dit Kassu. «Nous souffrons beaucoup d’être restés debout ici depuis un long moment. Peux-tu faire quelque chose à ce sujet ?»

Leur conversation attira l’attention d’Urien. Il avait fait surveiller son magasin par le Charbon Noir et le Pois Vert et y avait attendu près d’une demi-heure.

Les autres clients tendaient leur cou pour regarder Mag, attendant sa réponse.

Mag secoua la tête en souriant. «Désolé. Il n’y a rien que je puisse faire. Vous pouvez manger autant qu’un jeune homme. Vous êtes fort, même si vous n’en avez pas l’air.»

Krassu jeta un regard à Mag. “Je suis le maître d’Amy. Comment peut-il être aussi ingrat ?”

Les tables furent rapidement remplies. Les clients restants devaient former une nouvelle file, qui allait du comptoir à l’extérieur du restaurant.

Mag fut un peu surpris en voyant la fin de la ligne. Les sept dernières personnes semblaient familières.

Alors qu’il se retournait pour marcher vers la cuisine, il se souvint soudainement. “Ce gros gars est le propriétaire de ce restaurant de steak de porc. Je l’ai déjà vu tuer des porcs. Et les six autres sont des restaurateurs, je pense.”

“Que font-ils ici ? Ont-ils l’intention de causer du grabuge dans mon restaurant ?” Mag haussa un sourcil. Le restaurant Mamy était déjà très populaire sur la place Aden; elle attirait de plus en plus de clients malgré son mauvais emplacement.

C’était d’excellentes nouvelles pour Mag, mais la même chose ne pouvait pas être dite pour les autres restaurateurs de la place Aden. Mag avait réussi à gagner le cœur de leurs clients, et la plupart d’entre eux étaient riches.

En fait, Mag l’avait vu venir. Après tout, il venait d’une famille d’hommes d’affaires. Il n’avait peut-être jamais été un homme d’affaires auparavant, mais il en avait trop vu dans le monde des affaires pour s’inquiéter.

Il avait confiance dans le fait qu’il y aurait des imitateurs. Ses plats n’avaient rien à voir avec la nourriture de ce monde; ils étaient voués à défier leur conception de la cuisine.

Mag ne trouvait pas les imitateurs agaçants, au contraire; ils étaient le signe qu’il affectait les habitudes alimentaires et culinaires de ce monde. Il trouvait cela amusant.

Il ne s’inquiétait pas que ses imitateurs puissent cuisiner à moitié aussi bien que lui.

Il serait heureux de devenir un pionnier, mais ce n’était pas au point de leur apprendre les techniques. Il n’aimait pas l’idée de partager son marché.

“Ils peuvent essayer de comprendre comment cuisiner ces plats. Il n’y a rien que je puisse faire pour les arrêter”, pensa Mag.

Mais il leur faudra des années pour trouver la bonne voie. Les ingrédients que j’utilise sont extraordinaires, et nous avons toujours de nouveaux plats. Il n’y a pas d’endroit comme le Restaurant Mamy. Un sourire toucha les lèvres de Mag.

Un orage arrive? Mag secoua la tête. Non. Une bruine au mieux.

(NdT: Je ne comprends pas bien pourquoi ce serait “au mieux”, à mon avis ce devrait être “au pire”, mais bon qu’est ce que j’en sais moi…)