Leylin se trouvait dans ses chambres secrètes dans la tour du sorcier, utilisant une partie de ses pouvoirs de Physique Absorbant les Cauchemars. De nombreuses runes de force onirique étaient apparues avec son œil vertical.

Cet état lui permettait de ressentir les prières de ses fidèles de manière extrêmement claire, et d’extraire d’énormes quantités d’énergie de leurs émotions. Il lui permettait ensuite de les absorber, ce qui le renforçait.

Il était extrêmement difficile de progresser une fois que l’on entrait dans le royaume légendaire. Cependant, pour Leylin, c’était comme marcher sur une route plate. Il appréciait la sensation de gagner constamment en force et continua à faire des plans pour accéder à la divinité.

« Il faudrait trop de temps pour aller ailleurs, et répandre la foi est également un problème… Bien que la qualité des adorateurs soit élevée, ils seront trop peu nombreux… Il vaut mieux convertir les adorateurs du diable et faire en sorte que les indigènes des mers extérieures m’adorent également… »

Les yeux de Leylin se fermèrent, et l’œil rouge sang entre ses sourcils s’ouvrit. Il continua à réfléchir alors que des motifs rouge foncé recouvraient son corps.

Les adorateurs étaient une ressource très importante pour un dieu. Ils lui apportaient une foi sans fin de leur vivant et devenaient des suppliants après leur mort, continuant ainsi à soutenir leur dieu. Ils pouvaient même se transformer en âmes vaillantes ou en esprits saints, comparables aux mages de rang 5 et 6 !

C’est pourquoi tous les dieux prenaient bien soin de leurs adorateurs. La foi des dieux maléfiques ne devait pas se répandre.

Il y avait même un Dieu de la Protection spécialisé connu sous le nom de Helm, et il s’occupait spécifiquement de ces questions. Vérifier les qualifications d’un vrai dieu et s’occuper de la croyance en de faux dieux relevaient tous de ses pouvoirs divins.

Comme le continent était si vaste, les adorateurs de démons et de diables pouvaient se développer en secret. Un nouveau légendaire comme Leylin ne ferait pas l’objet de beaucoup d’attention.

Au sein même du plan matériel principal, Leylin avait désormais suffisamment de statut et de force pour se protéger. Malgré tout, quelques églises pouvaient s’unir et envoyer des professionnels légendaires de haut rang accompagnés d’un avatar pour le tuer en quelques minutes.

« Je devrais travailler dans l’ombre et être plus prudent. Je ne peux pas éveiller les soupçons… Il vaut mieux que j’accumule des forces tranquillement et que je devienne un vrai dieu. Je n’aurais alors plus à m’inquiéter… » Tout en réfléchissant profondément, Leylin termina sa méditation et son absorption du pouvoir des émotions pour la journée. Il se transforma à nouveau en jeune homme.

« Maître ! Le croisé de la lance Jeffries est venu vous rendre visite. Il attend déjà dehors depuis une demi-heure… » Le génie de la tour apparut et rapporta : « De plus, le royaume de Dambrath et l’église de la justice vous ont envoyé des émissaires spéciaux, demandant des réunions privées. »

« Dieu de la Justice ? » Leylin fronça les sourcils. Personne n’ayant de penchant pour le mal n’avait une bonne opinion de cette personne. « Je n’ai pas assez souvent eu affaire à eux… Se pourrait-il qu’ils aient découvert que j’ai déjà tué un paladin ? Non, c’est trop trivial… Quoi qu’il en soit, tout sera clair une fois que je les aurai rencontrés… »

Avec suffisamment de pouvoir pour se protéger, Leylin n’était plus aussi prudent qu’avant. Après tout, tant qu’il ne s’alliait pas avec des démons et des diables, ne complotait pas pour semer le chaos sur le continent, ou ne propageait pas sa propre foi et n’essayait pas de devenir un dieu, aucune grande organisation ne l’offenserait volontairement.

Cependant, par politesse et en raison de son statut, Leylin rencontra quand même Jeffries.

« Mes plus sincères excuses ! J’étais plongé dans la méditation… » Leylin avait l’air de s’excuser.

« Hé hé… Ce n’est rien du tout. Seul un sorcier aussi méticuleux que vous peut obtenir de tels résultats, Seigneur Leylin… » Jeffries révéla un sourire sincère. À vrai dire, il admirait le travail acharné de Leylin. Il avait vu beaucoup de génies talentueux, mais jamais un aussi discipliné que ce sorcier.

Les marionnettes servirent un thé parfumé accompagné de collations. Après quelques bavardages, Leylin demanda d’un air perplexe : « Je me demande pourquoi mon seigneur est ici… »

« Oh ! En fait… » Jeffries se frappa le front, l’air agité comme s’il venait juste de s’en souvenir.

« Les légendaires sont déjà au sommet du monde des mortels. C’est pourquoi il y a quelques règles établies que nous devons suivre. Puisque je suis celui qui a été le premier témoin de ton avancement, il est de mon devoir de les expliquer.

« Ah, oui. » Leylin acquiesça. Tout monde doté de pouvoirs extrêmes avait un concept similaire à celui de non-premier usage. Sans cela, des guerres constantes détruiraient le monde, quelle que soit sa taille. « Je ne refuserai évidemment pas. Dois-je signer une sorte de contrat ? »

« Non, pas du tout ! Ce sont juste des conventions auxquelles vous devez obéir… »

Jeffries agita les mains en souriant plus chaleureusement. Il commença à passer en revue les règles une par une, et Leylin écouta attentivement.

« Nous n’avons pas vraiment beaucoup de restrictions. Nous ne devons pas engager de batailles dans des zones densément peuplées, nous ne devons pas nous associer avec des démons, nous ne devons pas répandre notre foi en privé, et des choses comme ça… De plus, puisque vous êtes un sorcier légendaire, vous ne pouvez pas lancer de sorts légendaires ou mener des expériences qui pourraient polluer une grande zone. »

En général, les restrictions n’étaient pas trop strictes, mais ce qui le surprit le plus, c’est qu’il n’avait pas à signer de contrat magique.

« Mais bon… Ce sont toutes des restrictions en soi. Aucun légendaire ne serait prêt à s’attribuer un tel acte à moins d’être masochiste. De plus… le fait que les sorciers légendaires étudient des documents sur les sorts arcaniques est un secret de polichinelle… » Leylin comprit soudain.

« Tousse tousse… » Le visage souriant de Jeffries semblait dire « tant mieux que tu sois au courant ». Il poursuivit sérieusement : « Très bien alors. Seigneur Leylin, je vous souhaite la bienvenue dans l’alliance continentale des légendaires. Nous tenons des réunions chaque année, et tous les nouveaux membres sont les bienvenus. Elle aura lieu à… »

« J’y assisterai, si le temps le permet. » Leylin avait toujours l’intention d’obtenir la cité flottante, mais il ne rejeta pas Jeffries d’emblée. Ayant obtenu ce qu’il voulait, le Croisé de la Lance partit ravi. L’église de Waukeen lui avait également fait un précieux cadeau.

Après son départ, Leylin rencontra l’envoyé spécial du royaume de Dambrath. Cette personne était censée être le sorcier en chef de la cour. Le rang de cet envoyé ne signifiait rien pour Leylin, cependant, et heureusement, l’autre partie le comprit. Il était plutôt courtois et ne se donnait pas de grands airs.

Au moins, Leylin savait pourquoi ce sorcier de la cour était venu ici.

Il y avait d’abord le titre. Son père Jonas avait été fait marquis, et un mot du roi avait fait des îles stériles autour de l’île de Faulen une partie de son fief. En réalité, ces îles étaient déjà sous l’influence de Faulen, et étaient de toute façon leur terre. Le roi ne faisait que formaliser cela, mais cela rendait tout de même Leylin euphorique.

Même si ces îles ne constituaient qu’une petite zone, la région maritime qu’il contrôlait dépassait de loin les terres de n’importe quel marquis, soit la taille d’un demi-royaume. En réalité, le roi leur avait essentiellement donné la moitié des mers extérieures.

Bien sûr, c’était son droit en tant que sorcier légendaire. Le titre de Leylin avait également été rehaussé. Il était désormais duc honoraire, un statut similaire à celui du sorcier en chef qui se trouvait devant lui. Bien qu’elles fussent indirectes, Leylin comprenait ces bonnes intentions.

Leylin bavarda un moment avec le sorcier après qu’il eut accepté tout cela avec joie. C’était plutôt comme s’il donnait quelques conseils au sorcier de la cour, et le moment venu, le sorcier partit à contrecœur mais satisfait. Les leçons d’un sorcier légendaire n’étaient pas faciles à obtenir.

« Génie de la tour… Envoie l’envoyé de l’église de la justice. » Leylin avait passé la majeure partie de son temps à s’entraîner et à se renforcer. Il avait également rencontré des envoyés de diverses organisations, et bien que cela fût quelque peu ennuyeux, il devait le faire de toute façon pour son expansion.

Voyant la projection du génie de la tour disparaître, Leylin se caressa le menton : « Hum… Je devrais mettre la modernisation de la tour des sorciers à mon programme. Il y a tant à faire… »

……

Leylin n’avait jamais eu une bonne impression de l’église du Dieu de la Justice. Cela se voyait à l’ordre des personnes qu’il rencontrait. Cependant, l’envoyée laissa Leylin légèrement surpris.

« Ça fait longtemps, sorcier Leylin ! » Une chevalière s’inclina poliment : « Au nom de l’église du Dieu de la Justice, je félicite sincèrement Lord Leylin pour votre avancement dans le royaume légendaire. Nous espérons pouvoir travailler ensemble pour sauvegarder la justice sur le continent. »

« J’accepte donc vos bénédictions ! » Leylin regarda la chevalière aux longues jambes devant lui en se remémorant le passé : « Cela fait vraiment longtemps, Rafiniya… »

« À bien y penser, je ne t’ai pas demandé ce qui s’est passé après ton départ. Quand es-tu entrée dans l’église du Dieu de la Justice ? » Leylin fit d’abord asseoir Rafiniya avec un sourire enthousiaste de bon hôte, puis ordonna à une marionnette d’envoyer une assiette de fruits tropicaux.

« Viens ! Goûte à des produits spéciaux du sud. On en voit rarement dans le nord… »

« Merci… » Rafiniya eut une expression complexe sur son visage alors qu’elle prenait un fruit violet semblable à un longane. Bien qu’elle ait fantasmé sur une rencontre avec Leylin, elle n’avait jamais pensé que ce serait dans cette situation. Pour une raison quelconque, l’expression nonchalante de Leylin fit éclater la fureur dans son cœur.