« Intéressant ! Son changement de statut a entraîné un changement de mentalité aussi rapide ? » Leylin trouva significatif que les sœurs aient commencé à changer si rapidement, alors qu’elles avaient le même statut qu’eux il y a peu. Le simple changement de leur statut avait poussé ces deux sœurs à agir d’une façon si inhabituelle.

Alors qu’elles avaient besoin de la protection de Leylin pendant leur voyage, elles avaient discuté avec lui de façon amicale. Mais maintenant qu’elles avaient atteint la capitale impériale et qu’elles avaient quelqu’un sur qui compter, elles tracèrent la ligne, divisant leur position et leur classe sociale en un clin d’œil.

Leylin utilisa les souvenirs de Belzébuth pour analyser la plupart de ses pensées en un clin d’œil.

« Excellent.Une âme aussi intéressante sera le meilleur candidat pour la corrompre et la dégrader en démon…Un cœur vain…» Alors que Leylin se demandait s’il devait la corrompre, le maître légitime, le Vicomte Daniel, prit enfin la parole.« Hmm, si c’est le cas, alors oubliez ça. Donnez-leur une somme d’argent et faites-les partir rapidement. Que penseront les autres s’ils les voient ? »

« Oui, jeune maître ! » Le majordome qui se tenait derrière le vicomte Daniel lança un petit sac de pièces. « Prenez l’argent et foutez le camp, vautours avides ! »

« Vous… » Rafiniya eut instantanément l’impression de ne plus reconnaître son amie proche, et devint soudain découragée.

« Allons-y… » Alors qu’elle tapotait la tête de sa monture, Nick poussa immédiatement un hennissement, tandis que Leylin se gratta le nez et suivit Pam, qui avait ramassé le sac d’argent.

La voix du Vicomte Daniel se fit entendre faiblement alors qu’ils partaient. « Pourquoi vous embêter avec ces paysans ? Hera, Yalani, laissez-moi vous emmener à…»

……

« Répugnant !Abominable ! Pourquoi Hera et Yalani sont-elles devenues comme ça ? Sont-elles tombées sous le charme d’un démon qui a pris le contrôle de leurs cœurs ? » La jeune femme chevalier finit par crier après avoir parcouru une certaine distance.

« D’accord.Ces nobles sont tous révoltants. Le vieux Pam a tout vu. Seul l’or ne ment jamais !» Rafiniya resta totalement sans voix face à son avidité pour l’argent, et ne put que rouler des yeux après avoir entendu ce qu’il disait. Leylin, quant à lui, demanda avec intérêt : « Pourquoi n’as-tu pas juré de devenir son disciple tout de suite ? C’est un noble après tout ! »

« Si je faisais ça, les anciens me tueraient !De plus, penses-tu qu’un nain se verra conférer un titre dans un pays humain ? » le vieux Pam fit un clin d’œil, dévoilant sa ruse innée, « vieux Pam préfèrerait se noyer dans le rhum plutôt que de se démener pour un noble et de finir sans rien… »

« Haha…Tu es vraiment un nain intelligent…» Rafiniya était encore une jeune femme après tout, et fut immédiatement amusée par son ton humoristique…

Leylin fut le premier à suggérer de se disperser lorsqu’ils arrivèrent à un croisement.« S’il n’y a rien d’autre, devrions-nous nous séparer ici ? »

« Se séparer ? Nous n’allons pas être payés pour la mission à l’association de mercenaires ?» Rafiniya était surprise, et aussi un peu réticente pour une raison ou une autre.

« J’ai d’autres choses à faire. » Leylin refusa avec tact, mais même Rafiniya pouvait lire entre les lignes : il voulait être seul. Lorsqu’elle comprit cela, elle eut même envie de pleurer.

« Alors… où vas-tu ? » La jeune femme chevalier demanda encore avec obstination.

« J’ai l’intention de rester dans la capitale pendant un certain temps, puis de reprendre mon voyage. Mon objectif n’est pas encore clair, peut-être que je me rendrai à la cité de la lune d’argent, au nord. Au revoir…» Leylin sembla saluer élégamment en partant.

Mais Rafiniya et vieux Pam ne réalisèrent pas qu’un fil de lumière lugubre s’était déjà enroulé autour du corps de Rafiniya comme une mèche de cheveux, et qu’il disparut presque instantanément.

La marque d’un démon.« J’attends avec impatience le moment où ton âme tombera en disgrâce… » Le murmure bas d’un démon résonna dans le cœur de Leylin.

Il y avait quelques raisons pour lesquelles il faisait parfois du bien à Rafiniya et aux autres. D’une part, ils étaient son groupe et les sauver était une évidence, mais une autre raison était d’observer les âmes des gens et de tenter de les corrompre.

Leylin n’était pas masochiste. Pourquoi aurait-il insisté pour attendre devant le manoir du vicomte autrement ? Manquait-il cette petite somme d’argent ? Ce n’était que sur place qu’il pouvait saisir les ondulations les plus subtiles de l’âme et la guider !

D’après ce que l’on voyait, Héra et sa sœur sont dévorées par la vanité. Il suffirait d’un petit coup de pouce pour qu’elles soient attirées par le diable. Rafiniya, en revanche, à l’âme la plus pure. Une fois corrompue, elle aura une force qui fera saliver tous les autres démons…

Une fois qu’une âme comme celle de Rafiniya tomberait en disgrâce, elle serait extrêmement attirante pour n’importe quel démon redoutable. Cependant, Leylin était déjà un quasi Archidémon, et il n’avait naturellement pas besoin d’avoir recours à un comportement aussi peu élégant. C’est par prudence qu’il décida de se rendre personnellement sur place pour expérimenter sur des âmes humaines moyennes.

Puisque son corps principal avait déjà dépouillé Belzébuth de tout ce qu’il possédait, il était inévitable d’avoir affaire au monde souterrain et à d’autres démons. Leylin lui-même avait quelques caractéristiques diaboliques.

Les âmes du Monde des Dieux étaient différentes de celles du Monde des Mages après tout, et Leylin devait personnellement vérifier ce point. Lorsqu’il était dans les mers extérieures, les membres de sa famille ne convenaient pas à l’expérimentation. Quant à ces pirates, leurs âmes étaient même similaires à celles de démons ravageurs !

Seuls Rafiniya et les autres faisaient briller les yeux de Leylin. C’était précisément la raison pour laquelle il avait laissé la marque d’un démon sur elle, ce qui lui permettait de la suivre et de la surveiller à tout moment.

……

Toutes ces autres questions peuvent être mises de côté. Il y a des choses encore plus importantes à faire lors de ce voyage vers la capitale impériale !’

Le premier problème que Leylin devait résoudre était de se laver de tout soupçon de piraterie. Sinon, les prêtres et paladins du Dieu de la Justice le suivraient toujours comme des mouches domestiques, ce contre quoi il était impossible de se défendre. Même s’il détruisait un groupe, d’autres émergeraient pour le poursuivre.

Cependant, Leylin et les nobles étaient très habiles lorsqu’il s’agissait de déformer la vérité et de couvrir les mauvaises actions.

« C’est simple en théorie. Tant que Sa Majesté fait une déclaration pour conclure l’affaire, c’est suffisant ! Après avoir confirmé le meurtrier, même l’église du Dieu de la Justice serait incapable de poursuivre l’enquête…»

Leylin était très clair sur le fait qu’il n’était actuellement pas considéré comme un suspect.Même les prêtres et les paladins du Dieu de la Justice ne pouvaient que ‘demander son aide dans leur enquête’, tout au plus.

Cependant, s’ils le faisaient vraiment, tout serait fini pour lui ! Quel noble n’avait pas été condamné pour un crime, ou n’était pas impliqué dans une zone d’ombre ? Dès qu’un événement était découvert, il était lié à d’autres. Il ne pourrait même pas envisager de sortir vivant de l’église à la fin de tout cela.

Sa seule solution était d’étouffer l’affaire dans l’œuf ; la main de l’église allait trop loin.

« Une fois que le roi aura pris sa décision finale, il sera difficile pour l’église de la renverser. Après tout, ils doivent respecter la royauté dans cette région. Le réseau de connexions de la Famille Faulen est insuffisant pour cela…»

Leylin était plongé dans ses pensées. « Le mieux serait qu’un membre du cercle ministériel intérieur de Sa Majesté parle en mon nom, et il faudrait qu’il s’agisse d’une personne très importante. Le réseau que Belzébuth a laissé derrière lui serait probablement utile à cet égard..»

Plus le statut d’un noble est élevé, plus il est facile de se laisser corrompre et de collaborer avec le diable.Il en allait de même pour le roi de Dambrath, et même pour le responsable que Belzébuth avait personnellement nommé avant d’entrer en dormance. C’était indéniablement une forme de moquerie à l’égard des dieux.

« Voyons voir… Dans la liste des noms des chefs en charge de la région de Dambrath, celui situé dans la capitale du Royaume de Dambrath est..» Leylin parcourut les informations que la puce avait enregistrées. Un sourire étrange se dessina peu à peu sur son visage. « Intéressant…Un démon ? »

Dans la mémoire de Belzébuth, la capitale impériale du Dambrath était manifestement la principale zone sinistrée où les démons faisaient des ravages.Il avait même spécialement envoyé un démon pour faciliter le contrôle.

Bien qu’elle ait été supprimée par le premier plan matériel, elle devait encore avoir la force d’un Professionnel de haut rang. Elle avait même maîtrisé quelques techniques de dissimulation spéciales pour aider les croyants de Belzébuth à éviter les innombrables recherches des églises.

« Un type intelligent », évalua Leylin avec indifférence.Si Leylin avait utilisé sa vraie force pour la soumettre, l’issue du combat n’aurait même pas eu besoin d’être prise en compte. Malheureusement, l’équité n’existait pas dans ce genre d’affaire depuis le début.

Avec les souvenirs de Belzébuth, Leylin avait le contrôle d’une carte maîtresse qui pouvait instantanément faire de lui un ennemi juré !

« Mais avant de la soumettre, je vais aller rencontrer un vieil ami ! » Un sourire étrange apparut sur le visage de Leylin.

……

« Bon sang ! Bon sang ! Ces nobles détestables ont tous les yeux rivés sur mon territoire, et ont complètement oublié leur amitié avec les Fleurs d’Épines Dorées…» Une vieille connaissance de Leylin se trouvait également dans la capitale royale. Le Vicomte Tim était revenu du palais royal, dépité.

En tant qu’espion, il avait heureusement échappé à l’événement imprévu de la Marée des Pirates, et avait même ramené une partie de la richesse de la famille sur le continent. Peu après, il avait commencé à agir dans la capitale dans l’espoir d’obtenir le titre de marquis de la famille des Fleurs d’Épines Dorées, ainsi que les territoires de l’archipel de la Baltique.

Mais la réalité l’a frappé de plein fouet. Une fois le vieux marquis décédé, toutes ses relations d’origine étaient devenues caduques.Les nobles de la capitale, à l’appétit insatiable, avaient commencé à planifier le partage de l’archipel de la Baltique ; les bénéfices du commerce océanique avaient de quoi faire pâlir d’envie ces nobles.

Après de multiples voyages au palais pour rencontrer le roi, il se rend compte que Sa Majesté ne semble pas non plus enthousiaste à l’égard de ses demandes.

« Bien que nous soyons parents de sang, les avantages sont irrésistibles pour les autres. À moins que quelqu’un ayant une réelle autorité ne soit prêt à me soutenir…Je n’ai pas apporté beaucoup de pièces d’or, qui devrais-je choisir ? » Alors que le vicomte Tim réfléchissait à cette question, un serviteur entra pour demander des instructions. « Monsieur, un autre noble demande à vous voir. Il porte l’insigne de la famille Faulen… »

La tasse de porcelaine exquise que tenait le vicomte Tim tomba immédiatement sur le sol.

« Les Fau… Faulen ! » Tim se couvrit le front. « Est-ce qu’il ne va toujours pas me laisser partir ? »

Dans son cœur, il n’y avait aucune différence entre Leylin et les autres démons et diables. Ironiquement, c’était bien la vérité.