Un navire pirate dérivait tranquillement dans la nuit noire. Un drapeau squelettique cramoisi flottait au vent, dégageant une aura de mort.
Dans la chambre du capitaine, le balancement de la coque n’affecta pas Leylin le moins du monde. Il se trouvait à présent aux niveaux supérieurs avec Isabel, Robin des Bois et quelques autres, discutant de leur cible actuelle.
« Nous avons plus de cinquante marins, mais leur qualité est… » Robin des Bois secoua la tête, ne pensant manifestement pas du bien des marins qui avaient récemment prêté allégeance.
C’était pourtant la vérité. Sans la menace de mort, ils ne se seraient pas soumis si rapidement. Cependant, les obliger à montrer leur loyauté était pratiquement une plaisanterie. S’il y avait une chance, ils trahiraient définitivement Leylin et s’échapperaient sans hésitation, plongeant même un couteau dans son cœur et celui des autres.
« Je le sais très bien, mais la loyauté ne peut pas être développée en un jour ou deux. Le temps nous aidera également à éliminer progressivement les personnes qui ont l’intention de désobéir…» La voix de Leylin était très calme mais contenait une insensibilité exceptionnelle. Isabel et Robin des Bois avaient l’impression de voir le futur proche des nombreux pirates, et leurs exécutions par Leylin pour toutes sortes de raisons.
« Je prévois de développer une base pour produire de la soie de poisson sur l’île de Faulen. Nous aurons besoin de beaucoup d’argent et d’esclaves pour cela, et c’est trop difficile à gérer si nous dépendons uniquement de notre territoire. Nous devons y parvenir, par tous les moyens. » Leylin planta une dague sur un point de la carte.
La méthode primitive d’accumulation des richesses était un processus long. Si l’on voulait l’accélérer, il y aurait certainement du sang et du péché impliqués. Leylin n’avait pas les compétences nécessaires pour guider lentement une industrie. Il se contentait d’effectuer raid sur raid pour construire rapidement une chaîne de production. Le Marquis Louis ne lui avait pas laissé beaucoup de temps, et il commençait à en manquer.
Leylin n’avait jamais cru en une protection extérieure aléatoire, pensant que confier sa vie à quelqu’un d’autre n’apporterait que des tragédies. Il préférait donc prendre des risques pour augmenter sa force, et augmenter ses profits commerciaux n’en était qu’une partie. Après cela, il lancerait une série d’attaques pour faire reculer ses adversaires dans la région.
Isabel et Robin des Bois ignoraient les pensées de Leylin, mais l’aura meurtrière qu’il dégageait les fit involontairement frissonner.
« C’est… l’Île des Demi-Nomades ! » Robin des Bois fut le premier à reconnaître le nom de l’île sur laquelle Leylin avait les yeux, et il sursauta, « Il y a un groupe célèbre appelé les Pirates Merfolk qui occupe l’endroit ! »
« Un groupe que le Marquis Louis contrôle », ajouta Leylin froidement. Comment aurait-il pu ne pas ouvrir les lèvres de Steve pour obtenir une telle information ? L’homme avait été le capitaine des Tigres Noirs, après tout.
Il était indéniable qu’un combattant de rang 10 avait une volonté plus forte, mais il n’avait pu tenir qu’une demi-heure de plus que l’assassin.
« Hehe… Il n’est plus qu’un infirme de corps et d’esprit. Même si le Marquis Louis le guérit, il aura un mal de tête à cause de ça ! » Leylin ricana intérieurement. S’il y avait des notes pour la torture et les interrogatoires, il serait certainement un grand maître.
Après avoir subi ses mains, Steve s’était complètement effondré. Même si le prêtre le plus haut placé lui lançait Régénération et d’autres sorts, il lui serait difficile de revenir à son état précédent.
Leylin se doutait que le camp de Louis tuerait Steve sur-le-champ, cela ne valait pas la peine d’inviter un prêtre de haut rang à lancer des sorts divins. Même si de nombreux prêtres lançaient des sorts divins pour soigner les autres contre rémunération, il était très coûteux d’inviter un prêtre de haut rang. Même la vente d’un combattant de rang 10 ne pouvait couvrir un tel coût.
« Les mers extérieures sont en train d’être découvertes et développées. Il n’y a pas d’ordre ici, seulement du chaos…» La paume de Leylin caressa la carte sur la table, couvrant une large zone « De nombreux aventuriers, nobles et pirates se précipitent ici, mais ils ne parviennent même pas à développer 10% des îles. Or, ces 10 % représentent à eux seuls une quantité impressionnante de profits et de richesses ! »
« Notre objectif final est de soumettre ou d’éliminer tous les pirates de cette région, afin de devenir les rois incontestés de ce monde obscur. Laissons tous ceux des autres drapeaux finir par être coulés au fond de la mer ! » La voix de Leylin était basse, mais ces mots calmes semblaient être remplis d’un attrait qui fit que la respiration de Robin des Bois devint difficile.
Dans certains domaines, Leylin était même meilleur qu’un diable en matière de persuasion et de négociation. La promesse d’un bel avenir semblait avoir ému le second.
« Nous avons un énorme avantage ici, comparé à ces régions où la lutte pour le pouvoir est compliquée. Il n’y a pas d’organisations extrêmement puissantes pour nous entraver, seulement notre plus grand ennemi, le Marquis Louis. » Leylin sourit.
Le Marquis Louis contrôlait l’archipel de la Baltique et pratiquement plus de 60% du nouveau commerce dans cette région. Il était donc devenu l’autorité en la matière, et ses profits étaient inimaginables pour la plupart des gens.
Le but de Leylin était de l’éliminer et de devenir le patron ! Les intelligents suivaient les règles, tandis que les sages les créaient eux-mêmes. Leylin allait complètement détruire Louis, et créer ses propres lois.
Pour attaquer Louis, il fallait d’abord éliminer ses subordonnés et les pirates qu’il commandait.
« Avez-vous encore quelque chose contre ma décision ?» Leylin jeta un coup d’œil à Robin. Quant à sa cousine ? Tant que cela avait quelque chose à voir avec la famille de Louis, elle était probablement désireuse de s’y joindre.
« Non, Capitaine ! J’obéis à tous vos ordres ! » Robin des Bois s’inclina immédiatement, s’engageant avec une expression sérieuse.
« C’est bien ! Il n’y a que trois grandes organisations de pirates dans cette région, les Squelettes Noirs, les requins Tigres et les Barbares. Une fois que nous aurons annexé les Pirates de Merfolk, nous serons quelque peu comparables à eux. » Ce que Leylin n’avait pas précisé, c’était que deux de ces trois organisations pirates étaient liées de multiples façons au Marquis Louis, et que le Marquis pouvait même être celui qui contrôlait la situation dans l’ombre.
Si l’un d’entre eux avait été envoyé pour attaquer la famille de Leylin, son seul choix aurait été de s’échapper avec Maîtresse Sarah. Cependant, Louis avait manifestement sous-estimé l’équipe de Leylin. C’est pourquoi Leylin avait réussi à saisir une telle opportunité. Les choses ne seraient pas aussi faciles la prochaine fois.
« Tigres Noirs, Merfolk, Squelettes Noirs et Requins-Tigres. On dirait que tous les pirates sont controlés par la famille de Louis… » Les yeux de Leylin brillèrent, « Si on s’occupe de deux d’entre eux d’un coup, je suis sûr qu’il aura une expression spectaculaire sur son visage! »
Robin des Bois était un très bon navigateur, et après que Leylin ait envoyé l’ordre, il utilisa immédiatement les étoiles pour déterminer la position du navire. Il modifia la route de navigation pour qu’ils se dirigent vers l’île des Demi-Nomades.
Le Tigre Noir quitta progressivement les eaux peu profondes de la nuit tranquille pour se diriger vers les eaux profondes, plus mystérieuses et plus dangereuses.
Il faudra un jour ou deux de voyage pour atteindre l’île des Demi-Nomades… Les yeux de Leylin scintillèrent. Avec l’aide de la puce d’I.A., ses capacités de calcul surpassaient de loin celles de son second et de son navigateur, même sans outil.
Alors que Leylin s’apprêtait à éteindre les lumières, un vacarme se fit entendre. Il y avait même des bruits d’armes qui s’entrechoquaient, ce qui fit froncer les sourcils à Leylin.
« Que se passe t-il ? » Leylin fronça les sourcils, enfila un manteau et sortit. Isabel sortit de la chambre voisine de la sienne.
Lorsqu’ils sortirent, les cris et les jurons devinrent encore plus clairs.
« Les marins se rebellent ? » Leylin marcha indifféremment avec Isabel jusqu’au pont.
De nombreux prisonniers se tenaient ensemble sur le pont, tenant des machettes et toutes sortes d’armes. Ils avaient acculé Robin des Bois et quelques soldats dans un coin.
Comparés aux trente à quarante personnes présentes, les quelques subordonnés de Robin des Bois semblaient seuls et faibles.
« C’est insensé ! » Leylin fit un geste du doigt, et quelques pirates qui se trouvaient sur le chemin se transformèrent en statues de glace. Le reste des pirates s’éloignèrent avec crainte, permettant à Isabel et lui de marcher jusqu’au pont.
« Mes excuses, jeune maître ! Après avoir entendu que nous allions vers les mers extérieures ce soir, les marins ont tous commencé à se rebeller ! » Le front de Robin des Bois était perlé de sueur tandis qu’il expliquait à Leylin.
De nombreux monstres marins dangereux aimaient se nourrir la nuit, et à moins d’être des flottes exceptionnellement puissantes, personne n’osait se diriger vers les mers profondes maintenant.
De plus, ces captifs pirates n’étaient pas très obéissants dès le départ, et étaient pleins d’un esprit rebelle. Ils étaient également majoritaires, ce qui signifiait qu’il n’était pas inattendu qu’ils se révoltent, d’autant plus que des gens attisaient délibérément la situation.
« Il semble qu’Isabel et Robin des Bois ne suffisent pas à les contrôler…» Leylin soupira du fond du cœur, puis avança, « Posez vos armes, ou vous le regretterez. Quand il s’agit des mers extérieures, je peux assurer que votre sécurité est garantie. »
« Ne le croyez pas ! Ce fils de pute et la femme de tout à l’heure veulent juste que nous mourrions ! » Alors que les pirates hésitaient, une voix se fit entendre dans la foule.
« Viens ici ! » Les yeux de Leylin se rétrécirent, et les cordes d’amarrage placées sur la rambarde du navire semblèrent prendre vie d’elles-mêmes. Elles commencèrent à s’agiter, fonçant sur les pirates comme un python et s’enroulant autour de l’un d’entre eux avec des yeux triangulaires, le tirant vers l’extérieur.
« Vulgaire larve, pensais-tu que je ne pouvais rien faire contre toi si tu te cachais dans les ombres ? »
D’un coup de doigt de Leylin, une boule de feu bouillante sortit ! Elle gronda en frappant le pirate ligoté, l’illuminant comme une torche avec des étincelles partout. Des cris misérables retentirent, faisant reculer de nombreux pirates, la peur au visage.
« Un sorcier ! C’est un sorcier ! » s’exclamèrent les pirates. La plupart des pirates avaient des professions de mêlée. Les vrais sorciers, grands, riches et cool, étaient rares, même parmi les grands groupes de pirates.