[Leylin Faulen, Force : 0.2 ; Agilité : 0.1 ; Vitalité : 0.3 ; Force spirituelle : 0.7 ; Condition : En bonne santé]. L’I.A. projeta les données actuelles de Leylin dans une petite police bleue à côté de l’image dans la base de données. C’était un spectacle tragique.

« Très bien… Excepté la force spirituelle qui est plus proche de celle d’un adulte à cause des souvenirs que j’ai conservés, le reste sont des statistiques standards pour un enfant. » Leylin était plutôt embarrassé. Il était actuellement plus faible que lorsqu’il avait traversé le Monde des Mages pour la première fois.

« Cependant… les standards des adultes ici sont différents de ceux du Monde des Mages. On ne peut pas les comparer. »

Leylin comprit les nouveaux critères que l’I.A avait adopté. Les unités statistiques actuelles représentaient le standard des roturiers du Monde des Dieux. Comme les lois étaient plus rigides dans le Monde des Dieux, il y avait même des changements dans les constantes physiques du monde. Il était donc tout à fait normal que les statistiques moyennes soient plus élevées ici que dans le Monde des Mages.

À ce moment, la voix de l’I.A. retentit à nouveau. [Bip ! Une source d’énergie inconnue a été découverte. Les radiations ont un effet bénéfique sur le corps de l’hôte].

‘Hm?’ Leylin identifia l’emplacement du problème découvert par la puce. et vit une brillance blanche laiteuse dans son abdomen inférieur qui s’étendait continuellement vers l’extérieur.

« C’est… la force divine de l’évêque de tout à l’heure ! » Leylin en était très sûr.

« Quel est l’effet de cette radiation ? »

La puce d’intelligence artificielle donna rapidement une réponse, [Les radiations semblent être dans un état de faible désintégration radioactive. On estime qu’elle se dissipera complètement en 279 heures, tout en augmentant la force du corps de l’hôte de 0.1, l’agilité de 0.1 et la vitalité de 0.2].

« Est-ce la bénédiction d’un dieu ? » Leylin rit sarcastiquement, « Un privilège que seuls les forts obtiennent! »

Bien sûr, Leylin reconnaissait qu’il s’agissait bien d’un privilège. Avec ces bénédictions, sa croissance surpasserait définitivement celle de ses pairs. Il aurait également une plus grande force et un physique plus développé lorsqu’il serait plus âgé.

La disparité entre les classes est établie dès la naissance ! La différence entre les lignes de départ signifie que les enfants nés des roturiers sont destinés à ne pas être à la hauteur des enfants nés de la noblesse, favorisés par les dieux. Même s’ils mettent cent fois plus de sang, de sueur et de larmes, et qu’ils ont un peu de chance, peut-être ne verront-ils que le dos de ces enfants nobles.

Bien que Leylin soit confiant dans sa capacité à atteindre le sommet, même s’il avait commencé comme un simple roturier, il ne rejetterait évidemment pas une position sociale plus élevée.

« Où est le bébé ? Je veux voir mon cousin ! »

La porte de la chambre fut poussée alors qu’une voix tendre et charmante se faisait entendre. La personne qui parlait n’était manifestement pas très âgée et parlait d’une manière enfantine. Les autres servantes semblèrent reconnaître la source de la voix et la laissèrent s’appuyer contre le berceau de Leylin.

« Oh ! Il est réveillé ! » La petite fille cria de surprise.

Est-ce un parent ? Leylin ouvrit les yeux malencontreusement, et jaugea cette personne téméraire qui avait interrompu le fil de ses pensées.

La fille avait des pupilles azur comme lui. Des mèches de cheveux dorés et soyeux caressaient son front clair et délicat, lui conférant un charme délicat. Son beau petit nez était légèrement relevé, et sous celui-ci se trouvait une petite bouche qui révélait ses mignonnes canines lorsqu’elle souriait. Elle avait également deux petites fossettes, une de chaque côté de ses joues.

« Isabel, tu le déranges ! » Les voix des autres adultes se firent entendre à ce moment-là, accompagnées de bruits de pas. La petite fille fut tirée sur le côté, et une voix mécontente se fit entendre de temps en temps.

« Isabel, hein ? Quelle petite fille énergique! » Il sentit un grand trouble dans ses yeux inquisiteurs, elle s’intéressait manifestement beaucoup à lui. Il avait prédit que cette cousine aînée ne lui laisserait pas la paix.

Ce qui rendait Leylin un peu fou, c’est qu’il n’avait absolument aucun pouvoir pour lui résister en ce moment.

« Cher Dieu, s’il vous plaît, renvoyez cette Isabel chez elle immédiatement. Il vaut mieux que ce soit à l’autre bout du continent…»  commença-t-il à prier pieusement. Dommage, la Volonté du Monde ne semblait pas entendre ses prières.

Peu après, sa cousine aînée Isabel décida de séjourner dans le manoir familial. Apparemment, cette jeune femme allait rester chez les Faulen pendant une longue période.

Les jours suivants furent extrêmement difficiles pour Leylin. Il pouvait encore tolérer qu’elle lui écrase les joues ou lui étouffe le visage avec de la crème, mais le plus grave était que cette cousine essayait d’imiter les adultes en changeant ses couches !

« Oh là là ! Il était déjà assez honteux d’être tripoté comme un bébé après la réincarnation, et voilà que sa cousine aînée, qui n’était encore qu’une jeune fille, voulait changer ses couches ? »

Mon Dieu ! Leylin avait vraiment envie de se tuer sur le champ. Si seulement les dieux étaient au courant de leur situation dans le futur, ils montreraient certainement leur soutien et approuveraient cette décision. Malheureusement, il n’y avait pas de ‘si seulement’ dans ce monde…

Au vu du caractère et de l’expérience de Leylin, ce n’était que des questions insignifiantes. Après avoir rougi d’embarras plusieurs fois, il n’avait plus autant de sautes d’humeur. Il découvrit même rapidement l’astuce ultime pour faire face à Isabel. Il s’agissait de pleurer, de pleurer fort, de pleurer sans relâche !

De toute façon, il était un jeune bébé et il était tout à fait normal qu’il pleure lorsqu’il était victime de brimades. Dès qu’il le faisait, soit sa mère, soit un serviteur ou une servante venait à sa rescousse. Il leur arrivait même de réprimander fermement la fillette, ce qui lui donnait un sentiment inexplicable d’insouciance.

Après quelques incidents de ce genre, Isabel n’osait plus faire quoi que ce soit d’inhabituel qui aurait pu rendre Leylin malheureux. Elle semblait même avoir un peu peur de lui, ce qui le réjouissait grandement. Il fallait aussi dire que, sous certains aspects, le fort caractère de Leylin faisait dresser les cheveux sur la tête.

Ces incidents gênants de la vie n’étaient que des broutilles. Grâce à son identité de bébé, de nombreux adultes ne s’éloignaient pas intentionnellement de lui lorsqu’ils discutaient de sujets. Qui aurait pu imaginer qu’un enfant de quelques mois puisse avoir la capacité de se souvenir de quoi que ce soit ?

Leylin parvint ainsi à recueillir de nombreuses informations. Grâce à la capacité de la puce à rassembler des informations et aux choses que les subordonnés et les serviteurs révélaient involontairement en discutant, sa compréhension de la famille dépassa rapidement celle de la plupart des autres. Il a même appris de nombreux secrets.

Après tout, être capable de bavarder sur leurs maîtres sans s’inquiéter lorsqu’ils n’étaient pas là était pratiquement instinctif pour ces serviteurs. De plus, Leylin n’était encore qu’un enfant et ils ne pouvaient pas l’éviter. Cependant, ils n’auraient jamais imaginé que leur petit maître avait déjà une volonté, et qu’il se souvenait même de chaque chose qu’ils disaient clairement.

Bien que la majorité des choses dont ces subordonnés discutaient étaient très vulgaires et accompagnées d’une imagination exagérée, Leylin parvint rapidement à acquérir une compréhension profonde de sa propre famille, et utilisa même l’I.A pour produire un arbre généalogique.

Tout d’abord, son père, un baron du royaume. Le père de Jonas Faulen avait de grandes réalisations militaires. Grâce à son héritage, il avait obtenu quelques terres féodales, devenant ainsi un noble en vue dans le royaume. Il avait quelques frères et sœurs plus jeunes que lui et ils formaient la lignée actuelle de la famille Faulen. Sa mère, Sarah, était une femme de la haute société, douce et bienveillante.

En tant que famille noble au service de l’armée, ils avaient dû passer par un processus extrêmement misérable pour obtenir un fief. Il n’y avait rien à faire.

Le grand-père paternel respecté de Leylin semblait avoir été le chef des gardes du corps impériaux du royaume. Il était en bons termes avec le prince précédent, qui était aussi le roi actuel. Au cours des guerres qui suivirent, son grand-père faillit perdre la vie à plusieurs reprises, et il se retrouva avec un corps plein de blessures qui ne pouvaient pas être soignées, même par des sorts divins. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il a réussi à saisir l’opportunité de développer le territoire du royaume et à devenir un noble propriétaire terrien. Il reçut alors le titre de baron et rendit son dernier soupir peu de temps après.

Et c’est exactement là que se trouvait le manoir de Leylin.

En parlant de cela, son père Jonas était en fait un chef très accompli. En arrivant sur sa propriété féodale, il avait non seulement ouvert de nouvelles terres à l’agriculture, développé les processus de production et élevé de nombreuses sortes de cultures commerciales, mais il avait également établi un port décent sur une île éloignée. En fournissant de l’eau potable, de la nourriture et des services d’entretien aux bateaux qui passaient, il s’est lentement développé.

Ils ont réussi à résister à quelques attaques de pirates, ce qui les a obligés à battre en retraite.

Aujourd’hui, les dirigeants de Faulen avaient déjà subi des changements spectaculaires par rapport à la situation antérieure. Leurs terres étaient considérées comme le “joyau de la côte du royaume”, ce qui ne manquait pas de susciter la convoitise des nobles chevronnés.

Cependant, tout cela était encore à la portée des capacités de Jonas. Au moins, il n’y avait pas de conflits intenses pour le moment, ce qui fit pousser à Leylin un soupir de soulagement.

Isabel vivait également dans le manoir avec la famille de trois personnes. Ses parents semblaient l’avoir oubliée après l’avoir jetée ici, et elle-même semblait se livrer à trop de plaisirs pour se soucier de sa maison.

À part Isabel, tout le manoir était rempli de serviteurs de la famille Faulen. Le majordome aux cheveux gris Ryan avait le statut le plus élevé, et il y avait également un grand nombre de cuisinières, de servantes, de domestiques, d’apprentis chevaliers et autres.

Les terres féodales de la famille Faulen étaient vraiment immenses. Il y avait une ferme indépendante, un moulin, une écurie, un atelier, une usine d’extraction d’huile végétale et d’autres installations. Il y avait même des parcelles entières de terres agricoles fertiles qui employaient des fermiers, hommes et femmes.

L’ensemble du manoir était en mesure de fournir de la farine, du vinaigre, du vin et d’autres produits similaires en grandes quantités, ainsi que des outils agricoles en fer en plus petites quantités. Même s’ils fermaient leurs portes au monde extérieur, ils resteraient autosuffisants pendant une très longue période.

Leylin considérait cela comme la situation économique typique d’une villa féodale.

En raison de la courte histoire de la famille Faulen, ils n’avaient pas encore la capacité financière et les ressources physiques pour construire leur propre château. En réalité, la construction d’un château nécessitait la consommation de grandes quantités de pierre et de nourriture, et même l’assistance de prêtres et de nombreux êtres extraordinaires. Même les anciennes familles nobles n’avaient souvent pas les moyens de financer un château.

Bien entendu, une fois la construction achevée, le château devenait la fierté et le symbole de la famille.

Les capacités défensives des châteaux appartenant à des nobles dans le Monde des Dieux étaient excellentes. Les châteaux étaient protégés par des formations de sorts, et même des troupes militaires n’auraient pas été en mesure de les abattre en un court laps de temps.

Lorsqu’on interagit avec le cercle de la noblesse, on a souvent l’impression d’être plus petit que les autres d’une tête sans avoir son propre château.