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Le Monde des Arts Martiaux | Martial World | 武极天下
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Chapitre 274 — Inspiration
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« Les Huit Mélodies du Vent ! »

Les doigts fins et délicats de Qin Wuxin pincèrent énergiquement les cordes et une complainte au son strident s’échappa de la cithare. On aurait dit le bruit que fait un habit de soie en se déchirant.

Huit mélodies uniques résonnèrent à travers l’arène au même moment. Ces mélodies ne constituaient pas des attaques distinctes, mais plutôt un mélange harmonieux où tous les sons s’amplifiaient les uns les autres tout en s’équilibrant, donnant ainsi naissance à un hymne grandiose. Les mélodies complexes ne cessaient de se transformer, changeant constamment et emplissant l’air d’une violente intention meurtrière, invisible et intangible.

Qin Wuxin ne s’était encore jamais autant déchaînée depuis le début du tournoi. C’était la première fois qu’elle allait aussi loin. L’ensemble des adversaires qu’elle avait rencontrés jusqu’à maintenant étaient tombés à la première note de sa cithare.

Les Huit Mélodies du Vent !

Un élan d’euphorie et d’admiration gagna les jeunes disciples de la Faction de la Cithare en voyant Qin Wuxin déployer cette technique. C’était l’une des techniques ultimes de leur faction, et sans doute l’une des plus essentielles.

Évidemment, la plupart d’entre elles n’auraient jamais la chance de poser les yeux sur les pages d’un manuel de ce niveau. En fait, avec leur aptitude, c’eût même été une perte de temps puisqu’elles n’avaient aucune chance d’arriver à la maîtriser.

Le fondateur de leur faction avait mis la main dessus au cœur d’une ruine antique. C’était une technique offensive capable de déployer une formidable puissance d’attaque. Et maintenant qu’il leur était donné l’occasion de voir Qin Wuxin l’utiliser, les jeunes filles de la Faction de la Cithare regardaient avec des yeux et des oreilles grands ouverts, par crainte qu’un détail ne leur échappe.

Qin Wuxin incarnait leur idéal de réussite et de talent. Maîtriser les Huit Mélodies du Vent était incomparablement difficile. Si votre adversaire parvenait jusqu’à vous en un éclair, vous n’aviez aucune chance de l’utiliser à temps, en revanche, une fois utilisée, cette technique écrasait toute opposition !

« Wuxin a vraiment rencontré un adversaire formidable pour aller jusqu’à utiliser les Huit Mélodies du Vent. » La vieille femme de la Faction de la Cithare arborait une mine bien sombre. Ce petit voyou nommé Lin Ming était vraiment une plaie. Il semblait parfaitement capable de lire les trajectoires des ondes sonores. Cependant, les Huit Mélodies du Vent changeaient sans cesse et contenaient des principes abstraits. Dans sa jeunesse, elle avait elle-même vaincu un grand nombre de maîtres grâce à cette technique.

Wuxin maîtrise déjà les Huit Mélodies du Vent à soixante-dix pour cent. Voyons voir comment ce sale petit voyou va bloquer ça ! Cette idée à l’esprit, la vieille femme révéla un sourire froid et malicieux.

Pendant ce temps-là, dans l’arène, le cœur de Lin Ming était calme et tranquille. Il était parvenu à déceler les huit intentions meurtrières qui se cachaient dans l’air en utilisant le concept de vent.

Les Huit Mélodies du Vent pouvaient bien être énigmatiques et imperceptibles, il n’y en avait pas moins le mot « vent » dans le nom de la technique. À partir du moment où les notes se répandaient à travers l’air, Lin Ming était capable de ressentir la plus infime des variations.

Il ferma alors les yeux, la vision n’ayant plus aucune utilité face à cette attaque sonore. L’ouïe non plus ne lui servirait à rien, puisque l’attaque serait déjà à sa hauteur une fois que le son parviendrait à ses oreilles.

Avec l’aide d’Éther, il entra instantanément dans un état de concentration intense, et une puissante force d’âme se répandit dans huit directions telle une pieuvre géante.

Ses cinq sens endormis, il ne pouvait plus ni voir ni entendre. En contrepartie, la perception de sa force d’âme atteignit des sommets. Chaque petite fluctuation qui survenait dans l’atmosphère autour de lui était entièrement sous son contrôle.

Les huit mélodies furent ainsi méticuleusement saisies par Lin Ming.

Première mélodie !

Une fréquence de vibration lente, pareille aux vagues gigantesques et tranquilles du grand océan.

Deuxième mélodie !

Celle-ci était un peu plus rapide, comme le chant claironnant des oiseaux.

Troisième mélodie !

Une vibration toute légère et quasiment imperceptible, pareille aux sons des insectes à la tombée de la nuit.

Quatrième mélodie !

Une vibration intense, semblable au grondement terrifiant que fait la terre en tremblant.

Huitième mélodie !

La fréquence était rapide, et la vibration puissante. On aurait dit un vase d’argent qu’on brisait d’un coup sec, comme le crissement de l’acier tranchant la glace vive.

Ces huit mélodies étaient toutes différentes. Elles s’entrechoquaient, résonnaient, se réfléchissaient, s’amplifiaient, se contenaient dans une infinité de variations.

Si la fréquence était différente, tel était le cas de la vibration correspondante…

Lin Ming prit soudainement conscience de cette réalité. Le pouvoir des vibrations était lui aussi régi par une loi.

Sa lance fendit alors huit fois l’air !

Chaque coup contenait une fréquence spécifique et une intensité de vibration de véritable énergie qui lui était propre. Chaque coup correspondait à une mélodie différente.

Les huit sons apparurent au même moment dans les airs, correspondant chacun à un trait lumineux. On aurait dit un feu d’artifice illuminant le ciel.

Cela n’avait rien à voir avec le son strident du premier impact.

Quoi !?

Les artistes martiaux alentour furent complètement abasourdis, les bouches béantes laissant apparaître toute la stupéfaction qui les affligeait. C’était encore plus vrai chez les jeunes filles de la Faction de la Cithare, qui ne connaissaient que trop bien le pouvoir réel des Huit Mélodies du Vent. Elles affichaient des expressions parfaitement incrédules. Il leur était tout bonnement impossible d’accepter ce que Lin Ming venait de réaliser. Elles n’auraient pas été si étonnées qu’il parvienne à détruire purement et simplement les huit mélodies ; il avait vaincu Jiang Lanjian après tout. Mais il venait de contrer parfaitement chacune d’entre elles en frappant huit fois avec sa lance, ce qui dépassait l’entendement.

Les huit mélodies comportaient une infinité de variations. Comment avait-il pu aussi facilement les déchiffrer ?

La souveraine de la Faction de la Cithare eut une réaction plus violente encore que tous les autres. Le visage marqué par deux longs siècles d’existence de cette femme changea du tout au tout et elle se leva brusquement.

« C’est impossible ! » s’écria-t-elle.

Sa vue et son discernement étaient connus pour leur justesse et leur finesse. Si l’ensemble des spectateurs avaient vu Lin Ming disperser les Huit Mélodies du Vent, la vaste majorité d’entre eux ignoraient par quel moyen il s’y était pris. La souveraine de la Faction de la Cithare au contraire savait, elle, exactement ce qui venait de se passer pour l’avoir vu dans le détail.

Lin Ming avait frappé huit fois avec sa lance, chacun de ses coups contenant une quantité propre et unique de véritable énergie et correspondant parfaitement aux huit différentes mélodies. 

Si elle l’avait vu, la souveraine de la Faction de la Cithare ne savait pas pour autant comment il était parvenu à faire en sorte que sa véritable énergie contrebalance parfaitement chaque mélodie sans produire la moindre discordance. Il y avait simplement eu un léger grincement, et la musique de Qin Wuxin s’était éteinte dans le vent.

« Le petit voyou ! Il a réussi à déceler les principes abstraits de cette mélodie en un quart de seconde. De toute évidence, c’est la première fois qu’il est confronté aux Huit Mélodies du Vent, alors comment peut-il être conscient de ces choses-là !? Comment a-t-il pu briser la méthode de cultivation principale de ma faction !? » La vieille femme était tout bonnement incapable d’accepter cette réalité. Les Huit Mélodies du Vent étaient sans doute la méthode de cultivation la plus élevée de la Faction de la Cithare, et pourtant, un gamin d’à peine seize ans venait d’en venir à bout avec une insolente facilité. Un monde s’effondrait devant elle, sa propre foi ayant été balayée d’un revers de la main.

Plusieurs Aînés qui se trouvaient à ses côtés virent sa réaction sans trop comprendre ce qui lui arrivait. Ils ne comprenaient tout simplement pas les subtilités des ondes sonores, pas plus que les mystères relatifs aux vibrations.

« Que vous arrive-t-il donc, souveraine Qin ? » interrogea calmement Shi Zongtian.

Le visage de la vieille femme s’était assombri comme une pierre s’enfonçant dans les profondeurs des eaux. Serrant les dents, elle se rassit sans rien répondre. Elle ne souhaitait pas saluer ou féliciter la perception extraordinaire de Lin Ming. Sa faction venait de subir un camouflet sans précédent, elle n’allait certainement pas insister.

Shi Zongtian esquissa un sourire. Il ne comprenait pas entièrement les mystères cachés derrière les techniques de la Faction de la Cithare, en revanche, il savait que la réaction inattendue de la souveraine des saronides avait été, d’une manière ou d’une autre, causée par Lin Ming. Et Dieu sait qu’il n’était pas facile de la faire ainsi sortir de ses gonds.

Les choses devenaient de plus en plus intéressantes.

Dans l’arène, Qin Wuxin n’affichait plus cette attitude détachée et tranquille qui lui donnait habituellement l’impression de tout aborder avec une légèreté déroutante. Elle avait placé sa véritable énergie dans cette musique, personne ne savait ce qui venait de se passer mieux qu’elle.

Lin Ming avait relâché sa véritable énergie vibrante à travers huit coups de lance contenant chacun une fréquence de vibration différente. À la rencontre des Huit Mélodies du Vent, les vibrations s’entrechoquèrent et disparurent dans le vent.

Comment avait-il pu réussir une chose pareille ?

Qin Wuxin sentit ces cils tressaillir nerveusement. Elle voulut tendre le bras et frapper les cordes de son instrument, mais elle s’arrêta brusquement dans son élan. Lin Ming ne bougeait plus, il était là, immobile et insensible au monde qui l’entourait, comme paralysé ou plongé dans un curieux sommeil.

Éveil spirituel ?

Lorsqu’un artiste martial comprenait soudainement les principes d’une loi, il pouvait se retrouver plongé dans un état d’éveil spirituel. Semblable à une forme de transe, cet état pouvait durer plusieurs dizaines de respirations, au cours desquelles la cultivation, la force d’âme et la compréhension des concepts pouvaient faire des progrès considérables.

Cet état fabuleux de pleine conscience était plus que rare ; il se produisait de lui-même sans qu’il soit possible de le rechercher. Seul un moment de chance inouïe pouvait vous y conduire. Combien de grands maîtres arrivaient au Xiantian ou au Xuandan sans jamais avoir vécu d’éveil spirituel ?

Qin Wuxin connaissait cet état pour l’avoir elle-même expérimenté par le passé. Elle avait eu cette chance immense d’accéder à un éveil spirituel alors qu’elle voyageait à travers les vallées pour renforcer son cœur de la cithare. Après trois jours et trois nuits de méditation, elle était spontanément entrée en éveil spirituel. À son réveil, son cœur de la cithare avait progressé jusqu’au stade du large succès.

De toute l’histoire de la Faction de la Cithare, seule une poignée d’individus étaient parvenus à atteindre le large succès du cœur de la cithare à seulement dix-huit ans. Sans cela, elle n’aurait d’ailleurs jamais pu maîtriser les Huit Mélodies du Vent.

Les artistes martiaux convoitaient tous cet état d’éveil spirituel. Celui-ci pouvait se produire n’importe où et n’importe quand, mais une fois interrompu, il était perdu à jamais.

D’abord hésitante, Qin Wuxin retint finalement sa main pour laisser son adversaire compléter son éveil spirituel.

Le cœur serré, elle laissa échapper un long soupir. La chance et le talent de ce jeune homme avaient vraiment de quoi rendre n’importe qui fou de jalousie. Il était fort à un tel degré, en plus de posséder un flair redoutable pour le combat. Finalement, peut-être que Jiang Baoyun et Mugu Buyu ne réussiraient pas non plus à le contenir…

L’éveil spirituel que vivait Lin Ming provenait de sa compréhension soudaine de la loi des vibrations. Le son n’était qu’une forme de vibration, mais les vibrations étaient la source de tous les sons.

Non seulement les disciples de la Faction de la Cithare en connaissaient un rayon dans le domaine des ondes sonores, mais ils étaient également adroits dans leur maniement. Leurs connaissances se limitaient toutefois aux sons. En matière de compréhension des vibrations au sens large, Lin Ming leur était largement supérieur.

À force de méditer sur Fluidité de la Soie et de l’utiliser, il commençait à remonter doucement à la source de toutes les vibrations. Autrement dit, il s’approchait du concept de vibration. Et c’était précisément de ça qu’il s’était rendu compte à l’instant en perçant le mystère des Huit Mélodies du Vent.

Cette nouvelle conception des choses lui avait conféré un contrôle quasi parfait sur les vibrations de sa véritable énergie et sur l’intensité des fréquences auxquelles elles vibraient, lui permettant de disperser les Huit Mélodies du Vent sans effort. Les notes de musique s’étaient évanouies dans le vent, ne laissant derrière elle qu’un léger grincement étouffé. Cela n’avait rien à voir avec le son strident qui s’était produit la première fois à la rencontre de sa lance et de la note, où l’énergie contenue dans l’onde sonore avait été relâchée violemment.

Alors c’est donc ça. Lorsque deux vibrations partagent exactement la même fréquence mais viennent de directions opposées, leur rencontre entraîne une réaction de neutralisation mutuelle et elles disparaissent sans laisser de trace…

D’un autre côté, si la fréquence est identique et que les deux vibrations se propagent dans le même sens, la réaction sera inverse, et au lieu de s’annuler, les deux vibrations n’en deviendront que plus puissantes…

Le cœur de Lin Ming se parlait à lui-même. La véritable énergie vibrante se mit à trembler à l’intérieur de son corps en se scindant en deux. À ce moment précis, chacun des cinq mille filaments de véritable énergie se divisa en deux ; les cinq mille devenant ainsi dix mille !

Puis, Lin Ming ouvrit brusquement les yeux, comme arraché à sa torpeur. La foudre semblait se refléter dans ses yeux.

Le temps de ces dix respirations, sa force d’âme s’était élevée à un tout autre niveau et sa véritable énergie avait fait un bond en avant. Sa cultivation au sommet du Façonnage Osseux se mit à déborder sans retenue, s’écoulant naturellement à travers ses méridiens. 

Lin Ming avait eu de la chance en absorbant Tonnerre Divin du Dragon des Flots, ses méridiens s’étant reliés les uns aux autres sous l’effet de l’énergie sauvage de la foudre. Mais à cette époque, Mu Qianyu lui avait conseillé d’attendre, puisque ses méridiens ne s’étaient pas reliés de manière naturelle, mais par l’accumulation de sa propre véritable énergie. C’eût été une erreur de forcer le passage à la Condensation de l’Impulsion à ce moment-là. Ses fondations s’en seraient trouvées affaiblies.

Suivant les recommandations de la Sainte de l’Île du Phénix Divin, Lin Ming avait pris la décision d’attendre que sa véritable énergie ne déborde naturellement. À partir de là, elle s’écoulerait d’elle-même à travers ses méridiens, établissant ainsi les fondations les plus solides possible pour la suite.

Et puisqu’il passait son temps à retenir sa véritable énergie pour qu’elle ne circule pas à travers ses méridiens, personne, Qin Ziya compris, n’avait remarqué qu’ils étaient déjà reliés.

Maintenant que sa véritable énergie débordait à travers son corps, il ne lui restait plus qu’à méditer toute une nuit pour achever cette avancée. Alors, seulement, il accéderait à l’ouverture de la Condensation de l’Impulsion.

« Ce garçon… on dirait qu’il vient de franchir une étape !? Shi Zongtian fut stupéfait. Cela n’avait rien de banal. Un jeune de seize ans à la Condensation de l’Impulsion ce n’était pas courant, même au sein de l’Île du Phénix !

     — Une avancée ? Humph ! C’est simplement sa véritable énergie qui commence à déborder. La frontière entre le Façonnage Osseux et la Condensation de l’Impulsion n’a rien d’exceptionnel, mais il n’en faut pas moins prendre le temps d’ouvrir les méridiens et de les relier entre eux, cela ne se fait pas d’un claquement de doigts ! » La vieille femme de la Faction de la Cithare prit un air dédaigneux. Ce Lin Ming ne cessait pas d’impressionner son monde, ce qui l’agaçait au plus haut point.



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