Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
A+ a-
Chapitre 269 – Fin de l’ancien, arrivée du nouveau
Chapitre 268 – Des statistiques et des gens Menu Chapitre 01 – Nouvelle Identité

Au matin du 31 décembre, à l’Église de la Moisson au sud du pont.

Debout dans une cuisine, Emlyn White, vêtu de sa robe de prêtre, jetait de temps à autre différentes herbes dans une grande marmite en fer et les remuait légèrement.

Une fois tous les ingrédients préparés ajoutés, il attendit patiemment une dizaine de minutes. Puis, à l’aide d’une louche en métal, il recueillit le liquide noir d’encre et le versa dans un verre ainsi que dans des flacons de verre posés près de lui.

48, 49, 50… Emlyn jeta un coup d’œil au pot vide et compta les potions qu’il avait préparées.

Cela fait, il prit un grand plateau et emporta les flacons de liquide sombre dans la salle.

Plus de la moitié des bancs avaient été enlevés et le sol était recouvert de couvertures en lambeaux. Là étaient allongées des victimes de la peste, plongées dans un profond sommeil ou gémissant de douleur.

Emlyn et le Père Utravsky œuvraient ensemble, distribuant les remèdes chacun de leur côté.

La première personne de la file d’attente était un homme d’âge moyen au teint blafard. Il se redressa à moitié, prit avidement le remède et le but.

Il rendit ensuite le flacon et plein de gratitude, dit à Emlyn :

– « Merci beaucoup, Père White. Je me sens beaucoup mieux et j’ai retrouvé un peu de force !

Emlyn leva le menton et répondit avec dédain :

– « Ce n’est qu’une chose extrêmement banale, inutile de remercier. Vous êtes tous vraiment ignorants. »

Sur ce, il accéléra la distribution des potions.

Au bout d’une dizaine de minutes, il retourna à l’autel de la Terre Mère et se plaignit au Père Utravsky :

– « Vous devriez prendre deux volontaires de plus ! »

Le Père ne répondit pas. Il regarda les patients et eut un doux sourire :

– « Ils devraient être complètement guéris dans deux ou trois jours. »

Emlyn tourna la tête, surpris.

– « Comment le savez-vous ? »

Le Père Utravsky le regarda avec bienveillance et expliqua :

– « La phytothérapie est l’un des domaines de la Terre Mère. En tant que l’un de “Ses” fidèles, je connais certaines bases, même si je ne suis pas de la voie de la Terre. »

Emlyn fit la grimace.

– « La religion ne m’intéresse pas et je n’y connais pas grand-chose. »

Même si, ces derniers mois, j’ai copié la bible de la Terre Mère…  Ajouta-t-il intérieurement, légèrement rancunier avant de dire :

– « Père, je ne m’attendais pas à ce que vous acceptiez les non-croyants dans la foi. Parmi eux, seuls deux ou trois croient en la Terre Mère. »

Le Père Utravsky sourit sans vraiment relever ce qu’il disait.

– « Ce sont aussi des vies, des vies innocentes. »

Emlyn resta quelques secondes silencieux, puis soupira :

– « Père, j’ai trouvé un moyen de résoudre le problème psychologique. Peut-être vais-je bientôt quitter cet endroit. »

Un instant :  pourquoi ai-je dit cela ? Il m’a vraiment ému. Et s’il m’enfermait à nouveau dans la cave ? pensa le Vampire, soudain nerveux.

L’expression du Père Utravsky ne changea pas. Il baissa les yeux et répondit :

– « En fait, il était inutile de chercher des solutions. Dans peu de temps, l’indice psychologique sera automatiquement supprimé et vous serez libre de choisir de venir ou non à la cathédrale. »

– « Encore un peu et je serais devenu un fervent croyant de la Mère…de la Terre Mère ! » s’exclama Emlyn.

Le Père Utravsky haussa un sourcil :

– « Je ne vous ai pas obligé à changer de foi. L’indice psychologique que j’ai laissé en vous visait à vous faire revenir chaque jour à la cathédrale, en espérant que vous seriez en mesure d’apprécier pleinement la valeur de la vie et la joie d’une récolte. »

Durant un instant, Emlyn se figea :

– « Le seul effet de l’indice psychologique était de me faire retourner à la cathédrale ? »

– « Oui », répondit franchement le Père.

Bouche bée, le Vampire tourna lentement et mécaniquement la tête vers l’autel, et regarda l’Emblème Sacré de la Vie de la Terre Mère. On aurait dit qu’en cet instant, il était devenu une marionnette.

Dans la soirée du 31 décembre, au 2 rue des jonquilles à Tingen…

Rentré chez lui, Benson ôta son chapeau, son manteau et eut un petit rire :

– « J’ai réservé des billets de seconde classe dans le train pour Backlund le 3 janvier. »

Assise dans la salle à manger, quelques journaux devant elle, Melissa parut inquiète :

– « Benson, l’air à Backlund est terrible. Il y a quelques jours, des dizaines de milliers de personnes sont mortes empoisonnées par le smog et de maladies consécutives… »

– « C’est triste et regrettable », commenta Benson avec un soupir en se dirigeant vers la salle à manger.  « Cependant, les deux Chambres ont adopté le rapport soumis par le Conseil National de la Pollution Atmosphérique. Il y aura une législation pour réglementer les émissions de fumée et d’eaux usées et c’est un nouveau Backlund qui nous accueillera. Tu n’as pas à t’inquiéter outre mesure. »

Cela dit, il sourit d’un air moqueur.

« Quand je suis revenu de la rue de la Croix de Fer, j’ai vu de nombreux propriétaires d’usines ou d’employés de Backlund qui recrutaient des gens. Ils disaient qu’en raison du smog et de la peste, les usines là-bas souffraient d’une pénurie de main d’œuvre. Ils sont prêts à promettre des horaires de travail et un salaire minimal bien au-dessus des normes actuelles, héhé. »

– « Tu penses que c’est impossible ? »

– « Cela le deviendra à mesure que les gens afflueront à Backlund, à moins que les deux Chambres ne votent directement les lois correspondantes. » Puis, écartant les mains, Benson désigna la table. « Il est temps pour nous d’accueillir la nouvelle année. »

Il y avait, sur la table, trois jeux de fourchettes et de couteaux, trois assiettes en porcelaine vides et trois tasses : une pour la bière, deux pour la bière au gingembre.

Le soir du 31 décembre…

Parée de ses plus beaux atours, Audrey, dans un salon, attendait que commence la célébration du Nouvel An. Cependant, son visage ne reflétait ni l’excitation, ni l’exubérance, ni la joie en dépit du fait qu’elle était sur le point de devenir adulte.

Devant elle se trouvait un journal sur lequel il était écrit :

« … Selon les premières estimations, plus de 21 000 personnes sont mortes dans le brouillard, et la peste qui a suivi a coûté la vie à près de 40 000 personnes. Parmi les personnes décédées se trouvaient de jeunes enfants, des jeunes hommes et femmes en bonne santé… »

Ouf. Audrey ne peut s’empêcher de fermer les yeux.

C’est alors que le Comte Hall et Lady Caitlyn, ses parents, frappèrent à la porte :

– « Tu surpasses tout le monde en beauté, ce soir. C’est l’heure, chérie. La reine t’attend », dirent-ils à l’unisson.

Audrey expira lentement puis, affichant un élégant et éclatant sourire, elle suivit ses parents dans la salle des fêtes.

Elle s’avança jusqu’à l’estrade et sous le regard de tous, tendit sa main blanche gantée de mousseline à la reine.

Celle-ci la fit monter sur l’estrade et toutes deux firent face aux invités.

Après une courte pause, la reine sourit :

– « Bien que nous vivions une période sombre dans l’histoire de Backlund, nous avons un joyau capable d’illuminer toute la ville. Sa sagesse, sa beauté, sa personnalité, son étiquette, tout est irréprochable.

« Je tiens aujourd’hui à vous présenter officiellement Lady Audrey Hall. »

Au dehors, les feux d’artifice fusèrent et explosèrent en éclats de lumière oniriques.

En cette ultime nuit de 1349, Audrey, qui était enfin majeure, venait d’être officiellement présentée à la société.

Dans l’après-midi du 3 janvier 1350, à la périphérie du Quartier Est, dans un cimetière récemment ouvert…

Grâce à la divination, Klein était parvenu à localiser les tombes du vieux Kohler et de Liv.

Il ne s’agissait pas de tombes au sens propre du terme, mais plutôt de niches où était entreposée une urne. Les tombes se succédaient, rangées après rangées, empilées les unes sur les autres.

Le jeune homme constata que non seulement il n’y avait ni photo ni d’épitaphe sur la niche du vieux Kohler, mais que même son nom n’y figurait pas.

Le fait n’était pas rare. En effet, Il y avait beaucoup de cendres sans propriétaire dont on ne retrouvait jamais ni parents ni amis. On ne connaissait pas leur nom, ne savait pas à quoi ils ressemblaient, ni ce qu’ils avaient vécu et personne ne s’intéressait à eux. Ils ne se distinguaient que par les numéros inscrits sur les niches.

Klein ferma les yeux, prit une feuille de papier, la transforma en un morceau de métal et grava sur la porte de la niche :  Kohler 

Puis il ajouta une épitaphe : « C’était un bon travailleur. Il avait une femme, un fils et une fille. Il a travaillé dur pour vivre. »

Puis, d’une secousse du poignet, le jeune homme aux cheveux noirs, aux yeux bruns et au corps émacié laissa brûler le papier dans ses mains comme s’il s’agissait d’un service commémoratif pour toutes les âmes présentes en ce lieu.

Plutôt que de venir directement en aide à Daisy, qui avait perdu sa mère et sa sœur, il écrivit anonymement au reporter Mike Joseph et lui décrivit en détail la pénible situation que vivait la jeune fille afin de ne pas l’impliquer dans ses propres affaires.

Mike, qui avait déjà rencontré Daisy, la connaissait et avait encouragé avec enthousiasme la création d’un fonds de charité. Klein pensait donc qu’il pourrait l’aider à recevoir davantage d’aide pour terminer ses études de base et trouver un emploi stable qui lui permette de subvenir à ses besoins.

Le jeune homme recula de deux pas et regarda autour de lui, observant les noms, les photos et même les victimes pour lesquelles ceux-ci manquaient.

Puis, relevant la tête, il expira longuement, fit demi-tour et quitta le cimetière.

Dans le train qui les menait à Backlund, Melissa était plongée dans ses livres de classe. Benson, de son côté, ne tarda pas à discuter avec les passagers qui l’entouraient.

– « C’est trop cher, vraiment trop cher. Dix Soli, une demi-Livre ! » soupira du fond du cœur un homme robuste qui n’avait pas trente ans. « Si j’avais pu acheter une place en troisième classe ou un billet de bateau, jamais je n’aurais dépensé cet argent. Quatre jours de salaire ! »

– « En effet, bon nombre de gens se rendent à Backlund après le nouvel an », approuva Benson.

– « Ils m’ont promis 21 Soli par semaine et m’ont assuré que je n’aurais pas à travailler plus de 12 heures par jour, nous avons signé un contrat ! » s’exclama le jeune homme, plein d’attentes, oubliant sa détresse.

« Lorsque j’aurai perçu mon premier salaire et loué une maison, ma femme me rejoindra à Backlund où elle pourra, elle aussi, trouver un bon emploi, un emploi à 12 ou 13 Soli la semaine. On dit que Backlund a besoin de monde ! Le moment venu, ah, nous gagnerons au total plus d’une Livre et demie par semaine, et nous pourrons manger régulièrement de la viande ! »

– « Votre souhait se réalisera certainement. Le roi a déjà signé le projet de loi sur le salaire minimal et le nombre maximal d’heures de travail », répondit sincèrement Benson avant d’ajouter avec un sourire : « C’est le pays de l’espoir. »

Ce train à vapeur rempli d’innombrables personnes arriva enfin à Backlund. Le ciel était encore lumineux et le brouillard s’était largement dissipé. On n’allumait plus d’aussi bonne heure les réverbères à gaz sur le quai.

En homme expérimenté, Benson, protégeant sa sœur et son portefeuille, suivit la foule vers la sortie de la gare, valises à la main.

Soudain, tous deux sentirent un regard les balayer.

Tournant la tête dans cette direction, Benson et Melissa aperçurent un jeune homme aux cheveux noirs soignés et aux yeux marron foncé.

L’homme aux lunettes à monture dorée enfonça son chapeau et regarda au loin.

Benson et Melissa détournèrent le regard vers les colonnes enfumées du jardin au milieu de la rue, impatients de découvrir le système de transport souterrain de Backlund.

Sa valise à la main, Klein passa devant eux, bien droit, impassible et entra dans cette gare où une foule de gens affluaient vers le Pays de l’Espoir, des gens pleins de merveilleuses attentes.

C’était à la fois la meilleure et la pire des époques.  

NDT : Ainsi s’achève le volume 2 du Maître des Secrets. Personnellement, j’ai trouvé ce chapitre de clôture particulièrement émouvant.

Je saisis l’occasion pour m’excuser auprès de mes lecteurs et lectrices (j’étais souffrante la semaine passée et ai dû me faire remplacer au pied levé pour les traductions, plus ou moins automatiques). J’ai réécrit et remplacé les trois chapitres uploadés durant cette période et j’espère que vous aurez plaisir à les lire.

Ensuite, je tenais à vous souhaiter à toutes et tous une Bonne et Heureuse année 2024 !!! Curieusement, je clôture ce chapitre le 2 janvier, au lendemain du nouvel an alors que précisément, le volume 2 se termine au surlendemain du nouvel an…. Petit clin d’œil 😉

N’hésitez pas à me laisser vos commentaires car ils se font rares et j’ai toujours beaucoup de plaisir à vous répondre. Merci pour votre fidélité sur ce novel et … c’est parti pour le Volume 3 !!

🏆 Top tipeurs
  • 🥇1. Meifumado
  • 🥈2. matsu 1
🎗 Tipeurs récents
  • matsu 1
  • Meifumado


Rejoignez-nous et devenez correcteur de Chireads Discord []~( ̄▽ ̄)~*
Chapitre 268 – Des statistiques et des gens Menu Chapitre 01 – Nouvelle Identité