Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 72 – Dans le personnage d’un Dieu
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Chapitre 72 – Dans le personnage d’un Dieu

Au-dessus du brouillard gris, au sein du palais évoquant la résidence d’un géant…

Assis sur le siège du Fou, Klein leva la main droite et le Sceptre du Dieu de la Mer s’envola du tas de bric-à-brac pour venir se glisser dans sa paume.

À l’origine, il envisageait de placer cet Artefact Scellé équivalent à un Grade 1 près de son siège, de façon à témoigner son respect envers cet objet de niveau demi-dieu, mais après mûre réflexion, il se dit que le Sceptre n’était pas encore en mesure de rivaliser avec le mystérieux et puissant Fou, capable de se battre contre le Vrai Créateur et la Démone Primordiale. Seule une Carte du Blasphème aurait pu, à la limite, convenir à son statut. Il jeta donc le Sceptre du Dieu de la Mer dans le tas de bric-à brac.

En regardant les points bleus autour du bâton d’os blanc, Klein souhaita mentalement qu’ils se divisent en catégories préliminaires.

Comme il s’y attendait, les points de lumière obtempérèrent automatiquement, conformément à sa volonté. Ceux qui se contentaient de louer le Dieu de la Mer et qui représentaient des prières sans raison précise descendirent tout au fond et disparurent rapidement. Ceux qui concernaient des confessions et des supplications remontèrent en flottant et s’approchèrent de la main du jeune homme.

Suivant son intuition spirituelle, il “tapota” l’une de ces dernières.

Soudain, il aperçut de hautes vagues déferlantes et entendit le violent sifflement d’une rafale de vent.

Un bateau de pêche se balançait de haut en bas sur la mer ondulante. On aurait dit qu’il pouvait à tout moment chavirer.

Sur l’embarcation, des indigènes s’agrippaient au mât ou tiraient sur des cordes dans un dernier effort pour survivre. Beaucoup paniquaient et psalmodiaient le titre honorifique du Dieu de la Mer.

Constatant qu’il s’agit d’une prière en cours, Klein leva le sceptre blanc.

À la pointe de celui-ci sceptre, les “gemmes” bleues émirent l’une après l’autre un halo de lumière avant de se réunir en une seule et d’illuminer la scène.

Les pêcheurs perdaient peu à peu tout espoir lorsque tout à coup, ils sentirent que le bateau, qui venait d’être projeté dans les airs, se stabilisait.

Stupéfaits, ils regardèrent autour d’eux. Les vagues semblables à des montagnes s’étaient calmées et les vents déchaînés s’apaisaient lentement, devenant aussi doux que la bière de Zarhar.

Les nuages sombres qui envahissaient le ciel se dissipèrent et une tempête fut repoussée par une force mystérieuse avant qu’elle n’ait pu prendre toute son ampleur.

Les pêcheurs se remirent rapidement de leur hébétude et comprirent ce qui s’était passé.

Le Dieu de la Mer nous a protégés ! Le dieu de la Mer avait montré sa majesté !

Tous se prosternèrent sur le pont, étendirent les mains et les portèrent à leur bouche en scandant, dans un brouhaha, le titre honorifique de leur dieu.

« Grâces et louanges à vous, grand Kalvetua, adorateur de la mer et du monde des esprits, gardien de l’Archipel de Rorsted, souverain des créatures sous-marines, maître des tsunamis et des tempêtes ! »

Au-dessus du brouillard gris, Klein était quelque peu déprimé.

C’est moi qui vous ai sauvés. Pourquoi remerciez-vous Kalvetua ?

Ce serpent de mer ne sait que créer des ouragans, déclencher des vagues et vous intimider pour que soyez plus pieux envers lui…

Le jeune homme demeura un instant silencieux, puis éclata de rire.

Kalvetua est mort et à présent, c’est moi Kalvetua.

Pourquoi serais-je de mauvaise humeur alors que ces gens me remercient sous une autre identité ?

Serait-ce une chose dont un Sans-Visage doit tenir compte lorsqu’il joue pour de vrai ? S’immerger totalement dans le rôle, traiter toutes les émotions qu’il reçoit comme les siennes, sans toutefois oublier qui il est vraiment… C’est difficile à faire. Ne pas y prêter attention pourrait entraîner un état d’esprit anormal et si cela se produit chez un Transcendant, il n’est pas loin de perdre le contrôle…

Après avoir réfléchi un moment, Klein poussa un soupir et s’esclaffa intérieurement.

Jouer le rôle du Dieu de la Mer a été très gratifiant après tout.

Même si ce type de jeu de rôle ne me permet pas d’obtenir un retour d’information en raison de l’écran et de l’isolement que crée le brouillard gris, même s’il ne facilite pas l’assimilation de ma potion de Sans-Visage, il me permet d’acquérir de l’expérience et de tirer des leçons, ce qui m’aidera à trouver une façon plus sûre et plus efficace de jouer la comédie.

Sur ces réflexions, Klein étendit son énergie spirituelle vers un autre point lumineux.

L’appel, cette fois, venait de sous un pont. Une femme aux vêtements en lambeaux et au corps plein d’ulcères, appuyée contre un coin, marmonnait le titre honorifique du Dieu de la Mer tout en faisant une ultime confession.

En écoutant son récit, Klein eut le sentiment d’avoir été témoin de sa courte vie.

C’était une autochtone dont les parents croyaient au Dieu de la Mer, aussi avait-elle hérité de cette foi. Lors de ses dix premières années, son père travaillait comme mineur, réparait les routes et posait des rails tandis que sa mère occupait des emplois temporaires : couture, blanchisserie, aide sur les quais et, à l’occasion, fille des rues. C’est ainsi que la famille avait, tant bien que mal, survécu.

Un changement brutal s’était produit deux ans auparavant. Son père était mort lors d’un accident survenu alors qu’il réparait une route et la Compagnie Ferroviaire de Rorsted ne leur avait offert qu’une indemnité dérisoire. Le foyer avait progressivement sombré dans une voie sans issue.

Par la suite, la jeune fille fut vendue par sa mère au Théâtre Rouge et devint une prostituée légale.

Bien que l’empereur Roselle eût, depuis longtemps, inventé le préservatif, de nombreux pirates et aventuriers refusaient de l’utiliser dans leur avidité de plaisir momentané. Et comme le Théâtre Rouge n’imposait pas les préservatifs, toute résistance de la part de la jeune fille était vaine. Elle n’avait d’autre choix que de se soumettre, au risque d’être infectée et de contracter une maladie.

La direction du Théâtre Rouge avait bien tenté de lui fournir un traitement simple, mais voyant qu’elle n’allait pas mieux, on l’avait mise à la porte dans la mesure où manifestement, le coût du traitement était beaucoup plus élevé que ce qu’ils auraient payé pour l’achat d’une autre fille.

Non seulement la jeune malade n’avait pu retrouver un emploi, mais elle n’avait même pas de quoi louer un logement. Sa mère et ses jeunes frères et sœurs avaient disparu depuis longtemps. Soit ils étayent morts, soit ils avaient été enlevés pour devenir des esclaves.

La jeune fille, désormais sans abris, vivait sous un pont. Si elle avait pu survivre un certain temps, c’était grâce à la nourriture et aux médicaments gracieusement fournis par des organisations caritatives.

Mais ce fut de courte durée. Sa maladie s’aggravait chaque jour et son corps s’affaiblissait. Très vite, elle arriva au terme de sa vie.

Elle se souvint alors des jours où elle était bien nourrie et décemment vêtue. Elle se remémora les paroles que prononçaient parfois les pirates et les aventuriers, et murmura à l’adresse du Dieu de la Mer : « Je veux vivre comme un être humain… »

Klein, une nouvelle fois, leva son bâton, mais s’aperçut que cet Artefact Scellé n’avait pas le pouvoir de guérir les maladies.

Il pensait acheter des remèdes à Emlyn White via Le Monde lorsqu’il réalisa que cette prière remontait à midi. Entre temps, la jeune fille était décédée sous le pont, dans la boue et la saleté, en proie à l’agonie et à l’inanition.

Le jeune homme demeura un moment silencieux, puis il releva l’angle d’où provenait la prière pour connaître l’emplacement du pont.

Après avoir mémorisé les caractéristiques des rues voisines et des environs, il s’adossa à sa chaise, soupira et se dit avec un sourire forcé :

Quel humble souhait ! Je n’ai guère le pouvoir de jouer un rôle… Je ferai tout ce qui est possible pour vous enterrer comme un être humain…

Il reporta son attention sur les autres points lumineux, à la recherche de quelqu’un qu’il pourrait incarner, mais ne trouva rien.

Ce faisant, Klein nota au passage que Kalat, Edmonton et les autres membres de la Résistance procédaient à un rituel. Ils avaient placé divers objets sur l’autel et priaient le Dieu de la Mer de leur conférer du pouvoir.

C’est ainsi qu’ils obtiennent les objets Transcendants dont ils font commerce… Être de niveau demi-dieu, c’est vraiment différent… De plus, ils ont l’habitude ne pas recevoir de réponses immédiates. On dirait qu’ils ont l’intention de laisser toute la nuit ces objets sur l’autel… Apparemment, ce serpent de mer ne leur répondait pas immédiatement. Cela dépendait de son humeur, du fait qu’il soit endormi ou non. Dans le cas contraire, il ne pouvait que réagir instinctivement et n’était pas en mesure de produire par lots des objets Transcendants…

Klein prit le Sceptre du Dieu de la Mer et aussitôt, les ” gemmes ” bleues se remirent à briller.

Comme par magie, une énergie spirituelle sans limite se répandit à l’endroit d’où montait la prière et, accompagnée de vibrations transcendantes, fusionna de manière aléatoire avec divers objets.

Certains sont des charmes de Choc Électrique, d’autres permettent aux gens de nager dans la mer tels des poissons, d’autres encore à un vent de souffler… En trois mois, l’énergie spirituelle s’affaiblira progressivement jusqu’à disparaître… pensa Klein qui, les yeux à demi fermés, évaluait les changements subis par ces divers objets.

Bien qu’il n’eût répondu qu’à deux prières, il était épuisé, quand bien même il s’appuyait essentiellement sur le pouvoir du Sceptre du Dieu de la Mer. Cependant, il avait dissipé une tempête, calmé des vagues et enchanté simultanément une dizaine d’objets. Toutes ces interventions, de niveau demi-dieu, avaient épuisé son énergie spirituelle.

Si j’utilise fréquemment le Sceptre, je ne tiendrai pas très longtemps… D’un autre côté, les effets secondaires négatifs ne sont pas un fardeau pour moi. Je pourrais tenter de l’utiliser de temps en temps…

Ce que je viens de voir au sujet de la Résistance me fait penser que je peux aussi me prier et me fabriquer un tas de charmes, notamment pour me permettre de faire des choses sous l’eau. De cette façon, si je me retrouve au cœur d’une bataille navale, je ne serai pas aussi limité. Au fait, je ne sais toujours pas comment fabriquer des charmes de foudre. Je vais devoir trouver les informations occultes correspondantes, ce qui me permettra d’affronter des ennemis supérieurs sur la plan aérien…

Après avoir marmonné quelques phrases en son for intérieur, Klein lança le Sceptre du Dieu de la Mer dans le tas de bric-à-brac et retourna aussitôt dans le monde réel.

Dans la vaste et belle campagne du Comté de Chester Est, près de la porte latérale d’un immense manoir…

Vêtue d’une tenue d’équitation noire ajustée à la taille et d’un simple chemisier, Audrey Hall prit habilement et fermement place sur le dos d’une jument brun-rouge.

Elle glissa ses bottes de cuir noir dans les étriers, son pantalon blanc légèrement rentré dedans, et sourit à Susie qui portait sur son dos un sac de cuir.

– « Je t’attends à l’orée du bois ! »

Sur ce, elle se pencha, fouet à la main, et poussa la jument au galop à travers champs.

La jeune femme préférait de loin ce beau manoir et le paysage campagnard au château familial, certes magnifique mais lugubre.

L’un après l’autre, de beaux chevaux la rejoignirent, montés par des domestiques hommes et femmes dont la seule mission était de protéger la jeune femme.

Susie aussi courait joyeusement, un sentiment qu’elle n’éprouvait pas à Backlund.

De plus, toutes deux s’apprêtaient à vivre une petite aventure, à savoir l’exploration d’une ancienne tour effondrée dans la forêt. Les objets de valeur avaient depuis longtemps été emportés, mais aucun accident ne s’y était jamais produit. C’était l’endroit idéal pour qu’une personne inexpérimentée puisse exercer ses diverses capacités.

Le seul problème était qu’il ferait nuit dans deux heures. Le temps allait peut-être leur manquer.

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