Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 68 – Un indice
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Vol 2 : L’Homme Sans Visage / Chapitre 68 – Un indice

Banlieue ouest du Quartier Nord, dans un immeuble de deux étages sur le point d’être abandonné…

A l’origine, l’endroit appartenait à l’École de Médecine de Backlund mais l’essentiel du campus ayant déménagé, seul restaient là pour « garder » les locaux quelques enseignants et une poignée d’étudiants qui n’avaient pas obtenu leur diplôme.

Vêtue d’une blouse blanche, un masque blanc sur le visage, ses cheveux blonds et lisses enroulés et dissimulés sous un bonnet chirurgical de couleur froide, Audrey jeta un coup d’œil à Fors Wall, persuadée que le tempérament spécifique de celle-ci la rendait plus apte à porter ce type de tenue.

Eh… C’est ce genre de tempérament qui lui permet à tout moment de prendre un scalpel et d’ouvrir l’estomac d’un patient… Se dit la jeune femme qui, sans un mot, lui emboîta le pas et entra dans la salle de classe juste devant elles.

Le Fou lui ayant dit qu’il s’agissait d’une mission simple, elle était surprise des informations que lui avait transmises Fors.

Considérant que la simplicité en question n’était peut-être que le point de vue du Fou, elle avait profité d’un moment où elle était seule pour se déguiser, prononcer son honorable nom et lui rapporter avec exactitude tout ce qui s’était passé.

Cependant, elle n’avait pas encore reçu de réponse.

La porte franchie, Audrey regarda instinctivement autour d’elle et constata qu’il ne s’agissait pas d’une salle de classe ordinaire. En effet, il y avait là quatre spécimens de squelettes et quatre cercueils de verre contenant des cadavres nus plongés dans des agents de conservation.

Tout au bout de la salle se dressait un pilier de verre transparent lui-aussi rempli de liquide et dans lequel flottait le corps d’un homme vêtu d’une robe noire de savant.

Celle-ci collait étroitement à son corps, lui conférant une impression de lourdeur extrême. Il flottait simplement au centre du tube.

On dirait qu’il s’est noyé et non qu’il a été placé là après sa mort … Se dit Audrey de prime abord, alors qu’elle observait en tant que Spectatrice.

Elle vit aussi un certain nombre d’hommes en blouses blanches, masques blancs et bonnets chirurgicaux assis autour de longues tables, tous aussi muets que les cadavres et les ossements autour d’eux.

La jeune femme regarda la lune cramoisie qui avait fini par percer l’obscurité et tourna la tête vers la salle de classe. Durant un instant, elle ne put s’empêcher de frissonner. Cet endroit lui inspirait une peur instinctive mais en même temps, elle se sentait excitée et troublée.

Voilà ce que devrait être la vie d’un Transcendant… murmura Audrey en suivant Fors jusqu’à un coin de la salle où elles s’assirent.

Au bout d’un moment, le cadavre de l’homme qui flottait à l’intérieur du pilier de verre ouvrit brusquement les yeux et sa voix traversa les obstacles :

– « Commençons. »

Quartier Est, rue Dharavi.

Vêtu de son uniforme d’ouvrier d’un gris-bleu poussiéreux, sa casquette sur la tête, Klein marchait dans les rues sombres où seuls quelques réverbères fonctionnaient encore.

La lueur des bougies provenant des différents appartements, mêlée au clair de lune cramoisi qui filtrait difficilement à travers les nuages permettait à peine de distinguer les silhouettes des piétons.

Le jeune homme croisa des passants vêtus de lambeaux, le visage engourdi par le désespoir. Il s’agissait de sans-abri qui avaient été chassés par la police.

Comme ils n’avaient nulle part où dormir, ils erraient sans but dans les rues. De temps à autres, ils trouvaient un coin discret ou un banc pour se reposer un moment, mais très vite, on les en délogeait.

Dans la nuit froide et sombre, ils avaient l’air plus zombies que ceux que Klein avait vus dernièrement et le quartier tout entier évoquait un abîme plus impressionnant encore que les gouffres dont parlent les légendes.

Notre détective prit une brusque inspiration qui lui fit mal à la gorge et toussa. Puis, reprenant ses esprits, il regarda du coin de l’œil l’immeuble à l’angle de la rue. Celui-ci avait manifestement subi une explosion et aucune rénovation n’avait encore été entreprise.

Le meilleur endroit pour surveiller la scène du crime est l’immeuble d’en face. Les second, troisième étage et le toit seront parfaits pour cela… Se dit Klein au vu de ce qu’il avait appris en qualité de Faucon de Nuit.

Arrivé au bout de la rue – il n’avait pas ralenti le pas pour ne pas éveiller les soupçons – il passa tranquillement devant l’immeuble N°1 et entra dans celui qui faisait face au lieu du crime.

Cet immeuble ressemblait fort à celui dans lequel il avait loué un studio et dans ses souvenirs – ainsi que dans ceux du Klein dont il occupait le corps – il avait vécu un bon moment dans un endroit similaire, peut-être d’un standing légèrement supérieur, avec son frère Benson et sa sœur Melissa.

Ses pensées s’emballant, Klein abaissa la visière de sa casquette et, les yeux baissés et sans se presser, monta les escaliers grinçants jusqu’au second étage.

Comme il n’avait plus de revolver suite à sa malencontreuse rencontre avec la police, il mit une main dans sa poche pour saisir ses cartes de tarot.

Dans le couloir éclairé par le seul clair de lune, le jeune homme prit le temps d’observer les lieux.

Pour être juste en face de la scène du crime, il faut aller sur la gauche. L’appartement supposé permettre la meilleure surveillance doit être le troisième à partir d’ici…

Lentement et prudemment, Klein passa devant les deux premières portes puis, mettant la main dans sa poche, ouvrit délicatement l’étui à cigarettes.

Une fraction de seconde après que ses doigts eurent effleuré l’Œil Noir, des chuchotements à lui faire exploser la tête retentirent à ses oreilles tandis que l’objet corrompu lui faisait voir une multitude d’étranges lignes noires.

Celles-ci flottaient dans l’air et bien qu’elles fussent un peu enchevêtrées, il pouvait remonter à la source et savoir à qui elles appartenaient.

Le cerveau en ébullition, Klein aperçut des silhouettes : des hommes, des femmes et des enfants qui dormaient dans les lits superposés ainsi que des locataires couchés à même le sol.

Il n’y avait là ni là ni endroit secret, ni personnes cachées.

Klein retira promptement sa main de l’œil et peu à peu, les illusions et les hallucinations auditives s’atténuèrent.

Surmontant la douleur, il continua à marcher et sitôt qu’il fut un peu soulagé, se mit à observer le logement suivant.

Malheureusement, ses efforts pour “fouiller” tout l’appartement afin de voir s’il y avait des endroits permettant l’observation de l’immeuble d’en face furent vains.

Notre détective se réfugia alors dans un coin du balcon, les mains sur les genoux et le souffle court.

Des larmes coulaient aux coins de ses yeux et de temps en temps, son nez coulait comme s’il était brusquement tombé malade.

C’étaient les conséquences de son contact répété avec l’Œil Noir en un court laps de temps. Même résistant à cet égard, Klein n’était pas totalement immunisé.

Seule chose dont il pouvait s’estimer satisfait : cela ne faisait que le perturber mais ne le corrompait pas. Dans le cas contraire, il aurait renoncé depuis longtemps à retenter, sous peine de sombrer droit dans la folie.

Après s’être reposé un moment et avoir retrouvé son calme, le jeune homme réitéra l’expérience sur un appartement où la vue n’était pas la même, mais en vain.

Me serais-je trompé dans mon interprétation ? Les indices sont sur la scène du crime ?

De retour dans la rue, il jeta un coup d’œil méfiant à l’appartement qui présentait des traces d’explosion.

Avec l’intention de faire un simple essai, il plongea une nouvelle fois la main dans sa poche, ouvrit l’étui à cigarettes et y introduisit ses doigts.

Il voulait savoir si quelqu’un se cachait dans l’immeuble où avait eu lieu le crime.

Il y eut un bourdonnement et il vacilla légèrement avec l’impression qu’on lui fracassait la tête.

Tel un ivrogne, il s’avança en titubant et regarda en direction de l’appartement concerné.

Trop loin pour ” voir clairement” les lignes noires et en retracer la source, il pouvait à peine distinguer les endroits où elles se rassemblaient et qui indiquaient une présence.

Non, non, non…

Balayant rapidement la zone, Klein portait un jugement approximatif lorsqu’il remarqua, au second étage, une ligne noire qui partait de la scène du crime pour se fondre dans l’air !

Les pupilles contractées, il s’assura qu’il avait bien vu et retira aussitôt ses doigts de l’Œil Noir.

Il y a quelqu’un dans l’appartement détruit !

Ce meurtrier est donc assez fou pour avoir attendu que quelqu’un vienne enquêter ?

Ne craint-il pas que des Transcendants officiels prennent l’affaire en main ?

Si j’ai fait une erreur de jugement et n’ai pas réussi à le localiser, c’est uniquement parce que mon sens de la logique n’est pas celui d’un fou…

Alors que les pensées se bousculaient dans son esprit, Klein expira lentement et comme si de rien n’était, fit un détour jusqu’à l’entrée de l’immeuble.

Arrivé là, tous les effets négatifs provenant de l’Œil Noir se dissipèrent.

Maîtrisant son expression faciale et son langage corporel, Klein fit comme s’il rentrait chez lui et monta au second étage à pas rapides et lourds de fatigue.

Dans l’obscurité du couloir, il aperçut l’appartement sans porte et aux murs à demi effondrés. D’un pas « nonchalant », il se dirigea vers les toilettes communes.

En approchant de l’appartement, la main, toujours dans sa poche, il toucha l’Œil Noir.

A nouveau, il fut assailli par des murmures angoissants et des hallucinations floues.

Du coin de l’œil, il vit un fil noir illusoire s’étendre depuis le lieu du crime.

En remontant à la source, il aperçut un homme totalement fondu dans l’ombre jusqu’à son aura.

Extrêmement grand, celui-ci mesurait près de deux mètres. Les coins de sa bouche, légèrement tombants, lui donnaient un air assez excentrique.

Ses yeux froids, semblables à ceux d’une bête sauvage, reflétait une férocité non dissimulée.

Ce n’est pas Lanevus… Pensa Klein en éloignant ses doigts et en se relaxant pour éviter d’être repéré.

Sans alerter l’homme, il marcha droit jusqu’au bout du couloir et entra dans les toilettes communes qui ne se trouvait pas du même côté que la scène de crime.

Il épongea ses sueurs froides et lorsque les effets négatifs se furent atténués, enjamba la fenêtre, descendit habilement et sans attendre, s’éloigna à pas rapides.

Dans quelques minutes en effet, l’homme s’apercevrait qu’une personne partie aux toilettes n’était pas revenue.

Il aurait très bien pu revenir par le même chemin mais comme il ne savait pas dans quel appartement se réfugier, Klein risquait des ennuis.

Le Clown fit en courant un large détour jusqu’au studio qu’il avait loué dans le Quartier Est, puis se rendit au-dessus du brouillard pour s’assurer qu’il ne courait pas le danger d’être pris.

Ce type devait avoir une sorte de lien profond avec Lanevus…

Après un moment de réflexion, le jeune homme fit apparaître un portrait de l’homme qu’il venait d’apercevoir et l’envoya par la pensée à l’étoile cramoisie qui représentait Miss Justice.

– « Voici un indice », annonça-t-il d’un ton grave et ferme.

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