Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 5 : Le Rituel
Chapitre 4 : Divination Menu Chapitre 6 : Les Transcendants

« Gratuit ? Ce qui est gratuit est généralement ce qui coûte le plus cher! » Grommela intérieurement Zhou Mingrui, bien décidé à refuser fermement tout service complémentaire, quel qu’il soit. « Si vous êtes si douée, essayez donc de deviner que j’ai transmigré! » 

Cette pensée en tête, Il suivit la femme au visage peint et se baissa pour entrer dans la tente. 

L’intérieur, éclairé seulement par quelques faisceaux lumineux qui avaient réussi à s’y infiltrer, était extrêmement sombre. On pouvait y deviner une table recouverte de cartes en papier.  

La femme au chapeau pointu n’en semblait pas affectée. Elle se dirigea vers la table, sa longue robe semblant glisser comme si elle marchait sur l’eau. Puis elle s’assit face à lui et alluma une bougie dont la flamme vacillante, soulignant les zones d’ombre et de lumière, donna aussitôt à la tente une atmosphère plus mystérieuse encore. 

Zhou s’assit tranquillement, balaya du regard le tarot étalé sur la table et y reconnut des cartes familières comme “Le Magicien”, “L’Empereur”, “Le Pendu” et “La Tempérance”, etc.

« Roselle devait-être une personne âgée. Je me demande s’il était aussi l’un de mes compatriotes … » se demanda-t-il machinalement. 

Il n’avait pas fini de regarder les cartes étalées sur la table que déjà, la femme qui prétendait avoir des révélations précises avait tendu la main pour les rassembler. Elle les empila et les poussa devant lui. 

– « Mélangez les et coupez-les », dit la diseuse de bonne aventure d’une voix sourde.  

– « Moi ? Les mélanger ? » Demanda Zhou par réflexe.

La voyante eut un léger sourire :  

– « Bien sûr! Le destin de chacun ne peut être dévoilé que par la personne elle-même.  Je ne fais qu’interpréter. » 

« Cette lecture ne nécessite pas de frais supplémentaires ? » Demanda Zhou, prudent, en pensant : « J’en ai vu, de ces astuces sur internet, lorsque je faisais des recherches sur le folklore! » 

Prise au dépourvu, la cartomancienne répondit doucement : 

– « C’est gratuit ». 

Soulagé, le jeune homme enfonça le revolver dans sa poche et, de ses deux mains, mélangea et coupa habilement les cartes. 

– « Voilà », dit-il en déposant le paquet au centre de la table. 

La cartomancienne serra les cartes entre ses mains, les regarda un moment et soudain, lui dit : 

– « Excusez-moi, j’ai oublié de vous demander quel était le sujet qui vous intéresse. »   

À l’époque où il courtisait son premier amour, Zhou avait déjà interrogé le tarot aussi répondit-il sans hésiter : 

– « Le passé, le présent et le futur. »

Dans l’interprétation du tarot, ce procédé consistait à retourner trois cartes qui symbolisaient successivement le passé, le présent et le futur.

La diseuse de bonne aventure acquiesça, esquissa un sourire et dit : 

– « Il va vous falloir battre à nouveau le paquet », dit-elle, « Vous n’obtiendrez les cartes que vous souhaitez que si vous savez ce que vous voulez demander. »  

« Est-ce que vous n’essayeriez pas de me rouler ? Je vous ai demandé plusieurs fois si le service était gratuit! » Pensa Zhou. Puis, le visage crispé, il reprit le jeu de tarot et, à nouveau, le battit et le coupa.  

– « C’est bon cette fois ? » Demanda-t-il en posant le paquet coupé sur la table. 

– « Oui », répondit la voyante en tirant du paquet une carte qu’elle plaça à gauche du jeune homme.  « Cette carte symbolise votre passé », dit-elle d’une voix encore plus basse, « et celle-ci votre présent » ajouta-t-elle en déposant une seconde carte en face de Zhou. 

Puis, tirant une troisième carte, elle la déposa à sa droite : 

– « Celle-ci représente votre avenir. Bon, laquelle voulez-vous voir en premier ? » Demanda-t-elle en le fixant de ses yeux bleus grisâtres.  

– « Le présent », répondit Zhou après un petit moment de réflexion. 

La cartomancienne hocha lentement la tête et retourna la carte qui se trouvait devant lui. 

Celle-ci représentait un personnage vêtu de couleurs vives avec une coiffe étrange et sur ses épaules un bâton au bout duquel pendait un baluchon. Un petit chien le suivait. La carte portait le numéro zéro.  

– « Le fou », dit doucement la cartomancienne sans cesser de fixer Zhou.  

« Le Fou ? Première carte du tarot ? Serait-ce un nouveau départ offrant toutes sortes de possibilités ? » Le jeune homme n’étant pas même un véritable amateur de tarot, il ne pouvait donner qu’une interprétation approximative. 

La diseuse de bonne aventure était sur le point de lui dire quelque chose lorsque les rideaux de toile de la tente s’ouvrirent brusquement, laissant entrer un rayon de soleil si aveuglant que Zhou, bien qu’il fût de dos, plissa instinctivement les yeux.  

– « Pourquoi vous faites-vous encore passer pour moi ? » Gronda une voix de femme. « La divination est mon travail! Retournez immédiatement à votre poste et gardez en tête que vous n’êtes qu’une dresseuse d’animaux! » 

« Une dresseuse d’animaux ? » Les yeux de Zhou s’étant adaptés à la lumière, il put apercevoir une autre femme à la robe noire, au chapeau pointu et au visage peint en rouge et jaune, mais elle était plus grande et plus mince que la première. 

La femme qui était assise devant lui se leva d’un bond et fâchée, répondit : 

– « N’y prêtez pas attention! J’aime faire cela et de plus je suis sérieuse. Ma divination et mon interprétation sont parfois très précises. »  

Sur ce, elle souleva les pans de sa robe, contourna la table et sortit rapidement. 

– « Voulez-vous que je vous tire les cartes, monsieur ? » Demanda la voyante à Zhou avec un sourire.  

– « Est-ce gratuit ? » Demanda de but en blanc le jeune homme en pinçant les lèvres. 

– « … Non », répondit la vraie diseuse de bonne aventure.

– « Dans ce cas, laissez tomber ». Il remit les mains dans ses poches, serra son revolver et son argent et se baissa pour sortir de la tente. 

« Bon sang », pensa-t-il. « Une dresseuse d’animaux qui se dit cartomancienne ? N’aurait-elle pas fait un bon clown ? »  

Oubliant cette histoire, Zhou Mingrui s’empressa d’aller dépenser sept pence sur le marché « Salade et Viande » pour une livre de mouton pas terrible, après quoi il acheta des fèves, du chou, des oignons et des pommes de terre entre autres produits. En comptant le pain, il avait dépensé un total de 25 penny de cuivre, soit deux sols et un penny.

« Il faut toujours dépenser. Pauvre Benson… »

Non seulement Zhou avait dépensé les deux billets, mais il avait dû mettre au bout avec la monnaie qu’il avait dans la poche de son pantalon. 

Le jeune homme soupira et s’empressa de rentrer chez lui.

Il avait maintenant les aliments de base qui allaient lui permettre de procéder au rituel! 

Les locataires de l’étage partis, Zhou ne se pressa pas. Il traduisit d’abord les phrases d’incantation dans la langue ancienne de Feysac et dans celle de Loen avec l’intention de recommencer le lendemain dans ces langues locales si jamais le rituel ne fonctionnait pas. 

Après tout, il devait prendre en compte les différences existant entre les deux mondes. Comme dit le proverbe : À Rome, fais comme les Romains!

Par contre, il eut bien du mal à traduire cette ancienne prière rituelle en langue d’Hermès en raison de son manque de vocabulaire. 

Lorsque tout fut prêt, il prit quatre pains de seigle, en plaça un dans le coin où se trouvait le poêle à charbon, un autre par terre derrière le miroir, un troisième dans le coin au-dessus de l’armoire et un dernier à droite du bureau parmi divers objets.  

Puis il prit une profonde inspiration, alla se placer au centre de la pièce et prit quelques minutes pour se calmer. Puis, l’air solennel, il fit un pas en avant en murmurant sincèrement : 

– « Les bénédictions proviennent du Seigneur Immortel du Ciel et de la Terre ».

Puis un second pas : « Les bénédictions proviennent du Seigneur Céleste du Ciel et de la Terre ».

Un troisième : « Les bénédictions proviennent de la Quête Exaltée du Ciel et de la Terre. »

Au quatrième, il expira une haleine fétide et, toujours concentré et méditant, prononça : « Les bénédictions proviennent de la Dignité Céleste du Ciel et de la Terre. » 

Revenu à son point de départ après avoir tracé un carré dans le sens contraire des aiguilles d’une montre, Zhou ferma les yeux et attendit avec un espoir mêlé de crainte.  

Cela allait-il fonctionner ? Allait-il pouvoir repartir ? Et si quelque chose d’inattendu se produisait ? 

L’inconnu devant lui était teinté de la lueur cramoisie de l’espoir. Les pensées tourbillonnaient dans sa tête et il avait beaucoup de mal à les réprimer. 

Soudain, il eut l’impression que l’air environnant stagnait, devenait épais et mystérieux.

Immédiatement après, il entendit près de ses oreilles un murmure qui semblait tantôt réel, tantôt aigu, tantôt imaginaire, tantôt séduisant, et tantôt hystérique, complètement fou.   

Même s’il ne comprenait rien, Zhou ne pouvait s’empêcher de l’écouter et de chercher à savoir ce que cette voix disait. 

Sa tête était à nouveau douloureuse, comme si on y avait inséré un foret en acier. On aurait dit qu’elle allait exploser tandis que ses pensées étaient auréolées d’un délire de couleurs psychédélique. 

Comprenant que quelque chose n’allait pas, il tenta d’ouvrir les yeux mais n’y parvint pas. 

Son corps était de plus en plus tendu, comme s’il allait exploser à tout moment. Soudain, une pensée ironique lui traversa l’esprit :  

« Si vous n’alliez pas au-devant de la mort, vous ne mourriez pas … »

C’en était trop. Au moment où son esprit allait exploser, les murmures s’estompèrent et le silence tomba. L’atmosphère était erratique et Zhou éprouvait la même sensation dans son corps.

Il tenta une nouvelle fois d’ouvrir les yeux et cette fois, y parvint sans peine. 

Un brouillard gris, trouble et vague lui apparut.

« Que se passe-t-il ? » Se demanda le jeune homme. 

Il regarda autour de lui, baissa les yeux et s’aperçut qu’il flottait au bord d’une mer de brouillard parsemée d’une multitude d’étoiles cramoisies, certaines énormes et d’autres minuscules. Quelques-unes semblaient cachées dans les profondeurs tandis que d’autres flottaient à la surface.  

Devant ce spectacle, visiblement holographique, Zhou, mi confus, mi intrigué, tendit la main droite pour tenter de toucher l’une des étoiles. Il devait trouver un moyen de quitter cet endroit.  

Au moment même où sa main touchait l’étoile, une onde jaillit de son corps. Il y eut une explosion et les étoiles fusèrent en une gerbe de flammes rouges, tel un magnifique feu d’artifice.  

Effrayé, Zhou retira sa main mais, dans sa panique, toucha accidentellement une autre étoile qui explosa en une splendide lumière. 

Le jeune homme sentit alors sa tête se vider et son esprit se dissiper.

Dans une luxueuse villa du quartier royal de Blacklund, capitale du Royaume de Loden, Audrey Hall était assise devant une coiffeuse aux motifs anciens et au miroir de bronze fissuré.

– « Miroir, miroir, réveille-toi… Au nom de la famille Hall, je t’ordonne de te réveiller! »

Elle eut beau tenter plusieurs approches, rien ne se produisit. 

Après plus de 10 minutes, elle décida finalement d’abandonner et, mécontente, fit la moue : 

– « Mon père m’a menti. Il m’a toujours dit que ce miroir était un trésor de l’Empereur Noir de l’Empire Roman et qu’il s’agissait d’un objet extraordinaire… » Murmura-t-elle.

Soudain, sa voix s’estompa. Une lumière rouge auréolait le miroir de bronze. 

Un trois-mâts d’allure désuète affrontait une tempête sur la Mer Sonia.  Debout sur le pont, 

Alger Wilson suivait le mouvement de la houle, maintenant ainsi facilement son équilibre. 

Il portait une robe brodée de motifs en forme d’éclairs et tenait à la main un flacon de verre de forme étrange. De temps à autres, des bulles se formaient à l’intérieur de la bouteille, le givre se changeait en neige et à d’autres moments, on pouvait apercevoir des rafales de vent. 

– « Nous manquons de sang de Requin Fantôme… » murmura Alger.

C’est alors qu’un éclat rouge sombre apparut entre la bouteille de verre et la surface de sa paume et, en un instant, s’enveloppa tout autour de lui.  

Lorsqu’Audrey Hall recouvra la vue, elle se trouvait dans un brouillard gris. Horrifiée et confuse, elle regarda autour d’elle et aperçut soudain de l’autre côté la silhouette floue d’un homme qui faisait de même.

Immédiatement après, tous d’eux virent une troisième silhouette non loin d’eux, enveloppée de brume grise.

Ce mystérieux personnage n’était autre que Zhou Mingrui, abasourdi lui-aussi.

– « Où sommes –nous, Monsieur ? »

D’abord surpris, Audrey et Alger demeurèrent silencieux puis parlèrent en même temps :

– « Que comptez-vous faire ? »

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