Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 47 – Une étrange statue
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Vol 2 : L’Homme Sans Visage / Chapitre 47 – Une étrange statue

Les historiens des pays du Continent Nord étaient tous d’accord pour reconnaître qu’un épais mystère enveloppait la Quatrième Époque. Il était impossible de dire ce qu’elle était vraiment.

Les archives relatives à cette période de l’histoire présentaient trop d’éléments manquants et d’ambiguïtés. Les tombes exhumées, les villes antiques et les documents n’étaient pas suffisamment nombreux pour constituer des preuves effectives.

Cela ne signifiait pas que personne n’avait fait de recherches, mais plutôt que bon nombre de reliques et d’informations restaient à découvrir.

Le Klein dont il habitait le corps, passionné par l’histoire de la Quatrième Époque, lisait tant d’articles de journaux et de livres sur le sujet que notre détective se rappelait encore beaucoup de choses.

L’Empire Salomon, l’Empire Tudor et l’Empire Trunsoest offraient des styles architecturaux similaires, des styles architecturaux qui allaient à l’encontre du bon sens. Désordonnés, asymétriques, ils se distinguaient par la fréquente présence du noir.

Les plus représentatifs étaient sans aucun doute les chandeliers pendus au plafond et les motifs floraux découpés sur les murs noirs.

C’est précisément pour cette raison que la première pensée de Klein en levant sa lanterne avait été que cette construction souterraine datait de la Quatrième Époque. Ces poteaux métalliques circulaires et ces chandeliers encastrés qui descendaient du dôme lui rappelaient cette période auréolée de mystère concernant laquelle de nombreux historiens et archéologues regrettaient le manque d’information.

Plusieurs articles de journaux mentionnent que le nombre de chandeliers varie selon les bâtiments. Même si les trois empires voyaient une esthétique dans l’asymétrie, il semblerait qu’ils aient eu des règles strictes et méticuleuses sous tous les aspects… Si j’en crois la structure des bâtiments et maisons qui subsistent, trois à gauche et deux à droite représentaient le plus haut standard dont bénéficiaient les citoyens ordinaires.

Tenant bien haut sa lanterne, notre détective avança lentement tout en comptant les chandeliers.

La salle était encore plus large qu’il ne l’aurait pensé. Après avoir parcouru une centaine de mètres, il aperçut une plateforme élevée de cinquante centimètres au-dessus du sol, puis plus loin l’épaisse muraille qui délimitait la pièce.

41 chandeliers inversés sur la gauche, 40 sur la droite. C’est un peu exagéré. À quelle classe aristocratique avons-nous affaire ? Une puissante noblesse ? (Il soupira) Les Antigonus et Zaratul, puissants clans de Transcendants, sont tous deux des familles aristocratiques ayant vécu à la Quatrième Époque… Il a dû exister d’autres nobles du même acabit…

Sa lanterne à la main, Klein poursuivit son chemin et aperçut, sur le côté de la plateforme, des escaliers et sur les dalles de pierre noire, des éraflures.

Une pensée lui traversa l’esprit :

Est-ce vraiment une relique de la Quatrième Époque ?

À la lumière de la lanterne et grâce à sa vue perçante, il put distinguer, au sommet de la plateforme, deux immenses sièges antiques en fer noir qui surplombaient d’autres sièges placés au bas de l’estrade.

Deux sièges !

Deux ? Pourquoi deux ? Selon la disposition, celui-ci est supposé représenter la personne ayant le plus de pouvoir et d’autorité, mais deux… Un autre noble de puissance égale ? Un second Comte, Duc, ou Prince ? En cet instant, Klein prit nettement conscience de ses lacunes en histoire.

Il se rappelait clairement de nombreux articles de journaux selon lesquels la hiérarchie au sein des trois empires était stricte. D’après cette théorie, il ne pouvait pas exister deux leaders de même rang au sein d’une faction.

– « Étrange… » Murmura-t-il à l’adresse de son garde du corps.

– « Qu’est-ce qui est étrange ? » Dit soudain une voix éthérée derrière lui, particulièrement effrayante dans cette vaste salle antique, sombre, déserte et silencieuse.

Les lèvres de Klein frémirent. Il lui fit part des caractéristiques, données historiques et détails intrigants qu’il avait observés puis ajouta :

– « L’air circule très bien ici. Je me demande s’il y a d’autres entrées. »

Presque fondue dans l’obscurité, Miss Garde du Corps, qui écoutait en silence, lui jeta un regard pénétrant.

– « Comment se fait-il que vous en sachiez autant ? »

J’étais étudiant à l’université, au département histoire… Pensa Klein qui répondit avec un sourire :

– « Si je n’avais pas choisi d’être un détective, peut-être serais-je devenu un jeune historien consciencieux. »

La jeune femme ne répondit rien mais au lieu de disparaître, elle flotta jusqu’à la plateforme.

Sa lanterne à la main, Klein la suivit. Particulièrement spacieuse, cette estrade mesurait environ 40 mètres de long sur 10 de large.

– « Le style architectural est immense et grandiose. C’est aussi l’une des caractéristiques de la Quatrième Époque », dit-il nonchalamment en s’approchant prudemment des deux énormes chaises noires.

Levant sa lanterne, il les inspecta soigneusement.

– « On dirait qu’elle a été conçue pour un géant de trois mètres de haut… Il y a un emblème au dos de la chaise. Ici, c’est une couronne noire… Et de l’autre côté, une main tenant un sceptre… Je me demande ce qu’ils symbolisent… », commenta Klein qui n’attendait pas de réponse.

Mais la dame qui flottait non loin de lui dit brusquement :

– « C’est l’emblème de la famille Tudor. »

– « Hein ? »

Surpris, Klein la regarda et réalisa qu’elle faisait référence à la main tenant le sceptre.

La famille Tudor ? Serait-ce une relique de la Dynastie Tudor de la Quatrième Époque ? Quel membre de la famille royale pouvait bien posséder ce palais ?

Klein fronça les sourcils :

– « Reconnaissez-vous l’autre emblème ? »

Rien qu’à penser qu’il était de même rang qu’un membre de la famille Tudor !

Pour toute réponse, Miss Garde du Corps secoua la tête.

Contraint d’abandonner temporairement l’idée de faire des recherches à ce sujet, Klein expliqua :

– « Lorsque les familles Tudor et Trunsoest fondèrent leurs empires respectifs, toutes deux conservèrent le style original issu de l’Empire Salomon, entre autres les chandeliers inversés et les éraflures. Cela se heurte au bon sens car si j’étais Empereur, même si je bénéficiais d’un vaste héritage, j’apporterais tout de même certaines modifications de manière à souligner ma personnalité propre.

« Dois-je comprendre que les trois empires avaient des liens secrets et immuables ? »

Il avait deviné que les familles Salomon, Tudor et Trunsoest maîtrisaient toutes trois l’Empereur Noir, de la voie de l’Avocat. S’ils voulaient agir, il leur fallait garder un style similaire !

– « Seul un Empereur peut porter le titre d’Empereur », répondit Miss Garde du Corps après un bref silence.

Confirmerait-elle ma pensée ? Sans rien ajouter, Klein fit le tour des immenses chaises mais ne découvrit rien d’autres.

– « Allons voir plus loin », suggéra-t-il.

Il n’avait pas terminé sa phrase que la femme était déjà au bout de la plateforme. L’endroit était toujours aussi sombre et froid.

À quelques mètres devant lui, au fond de la salle, Klein aperçut sept grandes et lourdes portes de pierre noire : deux à gauche, une au milieu, quatre à droite. Leur disposition concordait en tous points avec la recherche de symétrie propre à la Quatrième Époque.

Klein attrapa sa canne de la main qui tenait la lanterne, lança une pièce au hasard et murmura :

« Je devrais commencer par la gauche. »

Le penny dégringola et retomba dans sa paume, face vers le haut.

– « Prenons à gauche », dit-il en précédant la femme.

Sans un mot, celle-ci le suivit jusqu’à la porte située à l’extrême gauche :

– « C’est la même chose à droite », fit-elle remarquer.

Si je comprends bien, c’était inutile que je recoure à la divination… Se dit Klein en esquissant un sourire.

Levant sa lanterne, il examina les symboles et motifs qui ornaient la porte.

Sur un fond noir profond se détachait une demi-lune cramoisie entourée de points lumineux.

Les pupilles de Klein se contractèrent.

C’est l’Emblème Noir Sacré ! Le symbole de la Déesse de la Nuit Éternelle ! Son Église aurait-elle soutenu la dynastie Tudor à la Quatrième Époque ?

Pensif, il posa la main sur la porte de pierre.

Celle-ci s’ouvrit lentement avec de lourds grincements.

À la lumière de la lanterne, Klein, progressivement, put distinguer l’intérieur.

L’entrée ouvrait sur un espace de quelques mètres, lui aussi pavé de dalles noires et une plateforme de près d’un mètre de haut.

Klein avança prudemment, sa lanterne à la main, cherchant à distinguer l’objet qui trônait sur la plateforme.

Quelques secondes plus tard, un rayonnement couleur de feu prit la forme d’une immense statue représentant une femme magnifique au visage flou, allongée sur l’estrade, la main droite soutenant sa tête. Elle mesurait environ quatre à cinq mètres de long et remplissait presque toute la pièce.

Elle portait une robe noire classique à plusieurs jupons, pas trop complexe et une couronne de rayons au niveau du cou.

Sur sa robe brillaient de resplendissantes pierres précieuses.

Au premier regard, Klein eut l’impression de voir une nuit étoilée que soulignait, telle une pleine lune, la forme circulaire sous la tête de la dame.

Alors que les pensées de Klein semblaient se figer, une hypothèse jaillit aussitôt.

– « La Déesse de la Nuit Éternelle ? » La voix de son garde du corps était empreinte de perplexité, ce qui était rare chez elle.

Que ce soit au niveau du symbolisme ou la forme, il semblait s’agir d’une sculpture représentant la déesse ! L’hypothèse de Klein, qui venait de prendre forme, résonnait fortement dans son esprit.

Il se souvint avoir un jour interrogé le Capitaine Dunn Smith sur l’un des points permettant de différencier un dieu maléfique d’un vrai dieu. Le premier était supposé ressembler à une forme de vie intelligente et le second ne posséder que des Emblèmes sacrés formés de symboles !

Mais en cet instant, dans cette ancienne et étrange construction souterraine, il se trouvait face à une statue qui ressemblait à la Déesse de la Nuit Éternelle.

Qu’est-ce que cela signifie ? Rien que d’y penser, Klein en frémissait. Se pourrait-il que la déesse ait été un jour un dieu maléfique ?

Non… Peut-être s’agit-il d’un autre dieu maléfique tombé dans le domaine de la nuit… Cependant, l’Emblème Noir Sacré près de la porte n’est pas différent de l’actuel…

À moins que la ressemblance avec un être intelligent ne soit pas une méthode standard permettant de distinguer les vrais dieux des dieux maléfiques ? Après tout, le Capitaine n’était pas d’un niveau très élevé et de ce fait, n’avait peut-être pas suffisamment de données précises sur ce sujet.

Il est également possible que les Tudors aient délibérément blasphémé contre la déesse ! Cela pourrait aussi être un moyen d’instaurer un étrange rituel !

Perplexe, nerveux et tendu, le jeune homme éprouvait en même temps un étrange et indescriptible sentiment.

Ne voyant rien d’autre dans les environs, il prit une profonde inspiration :

– « Allons voir les autres portes. »

Je me demande à quoi correspondent les six autres portes. Sont-elles aussi étranges et maléfiques ? Se demandait-il.

Son garde du corps hocha lentement la tête.

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