Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 47 – Le manque d’argent du vieux Neil
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Chapitre 47 : Le manque d’argent du vieux Neil

Le vieux Neil se frotta les tempes.

– « Je crois que nous savons pourquoi vous vous êtes tous trois engagés dans un suicide collectif. Ce carnet est censé être désormais entre les mains de Ray Bieber. De plus, l’affaire a déjà été exposée. Que vous soyez vivant ou mort, cela n’influencera guère ce qui se passera ensuite. Je pense… je suis persuadé que l’entité furtive ou la puissance mystérieuse qui a causé tout cela ne vous prêtera pas plus d’attention que vous n’en accordez à une fourmi… Tant que vous ne ferez rien pour qu’ « Elle » se souvienne de vous.

– « Notre mandat d’arrêt concernant Ray Bieber sera très vite connu de l’Ordre Secret, qui ne tardera pas à deviner qu’il est lié au carnet de la famille Antigonus. Croyez-moi, cette organisation secrète, qui existe depuis plus de mille ans, dispose de nombreux canaux d’informations. Leur attention sera donc focalisée sur les allées et venues de Ray Bieber dans le but de retrouver le carnet. Ils ne vous harcèleront pas, ne vous traqueront pas, ni ne s’occuperont de vous. »

– « Mon garçon, félicitations pour être sorti des ombres du passé. Un tout nouveau voyage ensoleillé vous attend ! »

Klein fit un signe de tête.

– « Je l’espère ».

L’incertitude dans laquelle il était plongé depuis sa transmigration semblait se dissiper…

Cependant, il avait toujours des doutes concernant le carnet auquel il semblait lié.  Pourquoi était-il tombé sur des indices en accomplissant une mission normale consistant à sauver un otage ? Il craignait qu’un jour un livreur lui envoie un colis contenant ce fameux carnet !

Espérons que tout se passera comme l’a prédit le vieux Neil… Pria-t-il en silence.

– « Vous ne semblez pas être un fervent adorateur de la Déesse. N’auriez-vous pas dû, en cet instant, faire le signe de la lune cramoisie sur votre poitrine et dire : « Que la Déesse nous bénisse » ? » Demanda Neil.

– « Vous non plus, M. Neil. Un vrai dévot ne dirait pas un voyage ensoleillé vous attend . »

Pour avoir étudié le mysticisme sous la direction du vieux Neil, Klein s’était lié d’amitié avec lui et ne se gênait pas à lui faire des remarques quelque peu croustillantes.

Les deux hommes se regardèrent avec un sourire de connivence, après quoi il se frappèrent quatre fois la poitrine.

– « Louée soit la Dame ! »

Ils entendirent alors les sons grinçants d’un mécanisme et la porte principale de la Compagnie de Sécurité de l’Épine Noire s’ouvrit.

L’élégante Mme Oriana, vêtue d’une robe vert pâle et coiffée d’un chignon à la mode, fit irruption à la réception.

– « Bonjour, M. Neil. Bonjour, Klein », salua-t-elle en souriant, un petit sac de cuir à la main. « Quelle magnifique journée ! »

– « Bonjour, Oriana. Vous êtes aussi belle qu’il y a dix ans », répondit le vieux Neil.

– « Et vos compliments sont toujours aussi exaspérants qu’il y a dix ans, M. Neil », répondit la comptable en relevant la tête et en insistant sur les mots « dix ans ».

– « Ah oui ? » Confus, Neil regarda Klein.

Il ne faut jamais rappeler son âge à une dame… Pensa ce dernier en riant intérieurement.

– « Bonjour, Mme Oriana. Vous êtes ravissante, comme toujours », dit-il.

– « Merci à notre exceptionnel diplômé de l’université de Khoy. Le vieux majordome a déjà payé la commission de la mission. Selon les règles du Capitaine, la moitié sera utilisée comme fonds supplémentaires et l’autre est à partager entre vous et Léonard. Mais comme vous n’êtes pas membre officiel, vous ne pouvez prétendre qu’à dix pour cent de la moitié. Venez me voir plus tard pour signer, dit-elle avec un sourire.

– « Combien a-t-il payé ? » Demanda Klein.

– « 200 livres, comme il l’avait dit ». Elle imita ensuite l’accent du sud du vieux majordome : « Par le Seigneur de la Tempête ! Je n’aurais jamais pensé que cela se réglerait ainsi, comme dans un rêve. Pourquoi votre société de sécurité est-elle si peu connue ? C’est une insulte à tout le corps de métier ! »

Klein fit mine de réfléchir quelques secondes et dit avec humour :

– « C’est trop injuste pour ces kidnappeurs ! »

Deux Transcendants qui résolvaient le problème en utilisant des méthodes que l’on pourrait qualifier de faciles et agréables… C’était comme intimider de jeunes enfants en tenue de combat…

– « Ils ont simplement joué de malchance et ont dû perdre la protection divine », déclara Oriana. « J’ai dit au majordome que nous avions eu la chance qu’un de nos informateurs ait vu, par hasard, les ravisseurs amener l’enfant dans la cachette. Par conséquent, n’ayez pas trop d’espoir. Nous ne sommes qu’une société de sécurité très ordinaire. »

En général, plus on dit que quelque chose est ordinaire, plus c’est extraordinaire… Se dit Klein en regardant Oriana partir pour la salle de comptabilité.

– « Vous êtes vraiment un garçon chanceux. Vous êtes avec nous depuis peu et voilà que vous tombez sur un travail rapportant 200 livres », dit Neil, un peu envieux.

– « C’est donc rare à ce point ? » Demanda Klein, perplexe.

Avant cela, soit il étudiait l’histoire ou le mysticisme, soit il errait sans but, espérant trouver des indices grâce à sa perception spirituelle.

– « Comme l’a dit d’Oriana, nous pouvons rester sans travail pendant toute une semaine et lorsque nous en avons, la plupart des missions nous rapportent moins de vingt livres », répondit Neil en frotta la pierre de lune avec son poignet. « Si vous tombez sur des emplois similaires, n’oubliez pas de m’en informer. »

– « Vous semblez à court d’argent, M. Neil. Sans vouloir me montrer indiscret, combien touchez-vous par semaine ? »

Neil s’adossa au canapé :

– « Ce n’est pas un secret. Je suis ici depuis de nombreuses années. Je perçois chaque semaine des salaires de l’Église et de la police, soit un total de douze livres. »

– « Douze livres ?! » S’exclama Klein, époustouflé.

Cela représentait plus de 600 livres par an !

Il avait lu dans l’Édition du Matin et le Journal Intègre de Tigen que les avocats de renom ne gagnaient pas plus de 800 à 1000 livres par an. Et il s’agissait là des meilleurs !

Les directeurs de la société commerciale où travaillait Benson, quant à eux, ne gagnaient que six livres par semaine, ce qui était considéré comme un salaire assez décent.

– « Je reconnais que c’est plutôt généreux comme salaire, par ailleurs, nous ne payons pas d’impôts », dit le vieux Neil avec un sourire.

Klein avait appris par Benson qu’il fallait payer des impôts de type E lorsque le salaire hebdomadaire dépassait une livre. En d’autres termes, les employés du gouvernement et des entreprises devaient payer 3 % d’impôts s’ils gagnaient une à deux livres, 5 % pour deux à cinq livres, 10 % pour cinq à dix livres et 15 % pour dix à vingt livres, avec un plafond de 20 % pour ceux qui gagnaient plus de vingt livres.

Il avait également appris dans les journaux qu’il existait quatre autres types d’impôts. Le type A, lié au terrain, au logement et à d’autres revenus issus de biens matériels, comprenant la propriété et le loyer. Le type B pour les agriculteurs. Le type C, un impôt sur les bénéfices provenant d’obligations, de fonds et d’actions et le type D, lié aux revenus commerciaux, financiers ou professionnels.

– « C’est admirable. » Dit Klein.

– « Toutefois, un tel salaire est insuffisant pour des Transcendants comme nous qui devons fréquemment étudier les mystères cachés, pratiquer et tenter des rituels. »

– « Les matériaux ne peuvent-ils pas être obtenus sur simple demande ? »

– « Il y a une limite. Parfois, il faut avoir une bonne raison. Si vous voulez en savoir plus et faire des expériences dans le domaine du mysticisme, vous êtes contraint d’acheter vous-même le matériel, ici même ou sur des marchés clandestins », répondit Neil.

– « Parce qu’il existe des marchés clandestins qui vendent des matériaux pour les Transcendants ? Je pensais que les Églises ne toléraient pas leur existence ? »

– « Il n’y a aucun moyen de contrôler ces questions. Oui, du point de vue du mysticisme, tous les êtres proviennent de la même source et ont un esprit conscient. Les matériaux que nous utilisons ne sont pas limités à ces créatures extraordinaires. Ils proviennent également d’animaux, de plantes et de minéraux ordinaires. Par exemple, la ciguë empoisonnée, les feuilles de menthe dorées et la vanille de nuit présents dans la potion des voyants sont des ingrédients courants de notre vie quotidienne. Ils n’ont peut-être pas de caractéristiques extraordinaires, mais ils ont des particularités. En les mélangeant et en les concoctant, ils produisent certains effets, c’est pourquoi l’Eglise ne saurait en interdire le commerce », expliqua Neil.

« En outre, ce n’est pas seulement le noyau d’êtres extraordinaires qui est utile. Prenez par exemple le Calmar Lavos. Hormis son sang, ses globes oculaires, sa peau et ses tentacules sont d’assez bons matériaux. À moins que l’Église ne se contente de son propre personnel pour le capturer, cela leur couterait terriblement cher. Ils n’ont donc pas d’autre choix que de faire de leur mieux pour empêcher les matériaux les plus spéciaux d’être écoulés.

« Il y a une autre raison importante. Il vaut mieux connaître un marché clandestin. En partant du principe que les organisations secrètes n’ont pas été totalement éliminées, c’est une assez bonne stratégie qui, de plus, peut nous permettre d’obtenir les matériaux qui nous manquent. Bien entendu, tant que ces marchés existeront, il y aura forcément de la contrebande mais nous fermons les yeux tant qu’il ne s’agit pas de quelque chose de ridicule ou de trop dangereux. Tout au plus, nous les utilisons pour enrichir nos coffres-forts. »

– « Est-ce parce que les quelques grandes églises se mettent en place les unes les autres que personne ne peut prendre de mesures excessives ? » Demanda Klein. « Je suis un Voyant et en tant que tel, j’aurai certainement besoin de pratiquer et de me procurer du matériel. M. Neil, pourriez-vous m’emmener dans un marché clandestin pour y jeter un œil ? »

– « En fait, la plupart des gars qui sont actifs dans ces endroits ne sont pas des Transcendants. Certains d’entre eux sont des aristocrates férus de mystère ou des gens riches qui ont des penchants pour l’occultisme… Euh, voyons, j’ai une facture de trente livres à payer d’ici peu. Ce n’est pas trop le moment pour moi de m’y rendre. »

– « Je vois… M. Neil, avez-vous besoin que je vous prête de l’argent ? Je viens de gagner une commission de dix livres. »

– « Non merci, je serai en mesure de la régler. » Le vieux Neil tapota le canapé et se leva lentement. « L’âge est vraiment un ennemi que les créatures biologiques ne peuvent pas combattre. La garde d’hier soir m’a épuisé. Bien, révisez ce que je vous ai appris en fin de matinée. Lisez d’autres documents. Demain, je vous enseignerai les bases de la magie rituelle. »

– « Entendu », répondit Klein en ôtant son chapeau pour le saluer.

Comme le Capitaine Dunn n’était toujours pas revenu à midi, Klein prétendit qu’il était toujours à la recherche du carnet et sortit dans la rue. Ayant gagné dix livres, il n’avait plus besoin d’attendre le prochain versement de fonds. Il pouvait se rendre directement au Club de Divination !

La Méditation et la Vision Spirituelle produisant parfois des murmures et des illusions, il était impatient de commencer à « jouer son rôle ».

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