Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 36 – Au seuil de la mort
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Chapitre 36 – Au seuil de la mort

Sans ajouter un mot ni se soucier davantage de Danitz, Klein enfonça son chapeau et passa la passerelle, sa valise à la main.

Comptez-vous vraiment me laisser partir ? se demandait le pirate, debout sur le pont, le visage empreint de suspicion.

Même s’il s’attendait à une telle issue depuis que Gehrman Sparrow l’avait laissé partir alors qu’ils se trouvaient au port de Damir, il ne pouvait pas y croire. Il avait l’impression que tout ce qui lui arrivait était trop simple, trop facile.

Quoi qu’il en soit, je vaux 3 000 Livres. Ou plutôt, c’est la prime offerte par Loen ! Ce fou, de Gehrman Sparrow n’est-il pas un aventurier ? Comment peut-il laisser filer une telle somme ? C’est incompréhensible… Il est vrai que les gens normaux ne peuvent pas comprendre l’état d’esprit des fous…

Danitz reprit peu à peu ses esprits. Ses bagages à la main, il descendit prudemment la passerelle et posa le pied sur le sol bétonné du quai.

Il se redressa, releva la tête et jetant un coup d’œil à Sparrow qui lui tournait le dos, s’aperçut que loin de faire demi-tour, l’homme se dirigeait droit vers la Rue du Littoral.

Le pirate ne perdit pas une seconde. Il prit un autre chemin, changeant de temps en temps de direction et utilisant les obstacles pour regarder en arrière afin de s’assurer qu’il n’était pas suivi.

Il arriva bientôt devant une rangée de maisons située non loin de l’entrepôt du quai.

Gehrman Sparrow ne m’a pas utilisé comme appât… Après avoir vérifié par trois fois, Danitz, enfin, se détendit totalement.

En cet instant, il se sentait enfin libéré. Le digne maître d’équipage d’un Amiral Pirate qu’il était n’aurait plus à être malmené ni à recevoir des ordres tel un serviteur !

Je sens que la journée de demain sera incomparable. Tout un groupe de personnes rivaliseront de flatterie pour devenir mes domestiques ! se dit Danitz, tout joyeux, en frappant à la porte : trois coups longs et trois brefs.

Héhé, Gehrman Sparrow m’a demandé de lui communiquer les coordonnées des pirates de Bayam. Bien évidemment, Je ne lui ai donné que ceux qui n’étaient pas en bons termes avec nous. Impossible qu’il devine que le point de contact du Rêve d’Or se trouve sur le quai…

L’homme se cura le nez et respira la brise fraîche venue de la mer avant la pluie qui menaçait.

Bayam était un point névralgique des colonies du Royaume de Loen sur la Mer de Sonia. C’était l’une des plus grandes villes de la région et qui comptait beaucoup de puissants Transcendants officiels. Même si les pirates étaient très présents, ils n’osaient pas se montrer ouvertement. La plupart du temps, ils devaient s’en remettre aux gangs locaux ou aux personnes ayant des antécédents pour s’occuper du butin et se procurer les produits de première nécessité.

Cela, bien sûr, ne signifiait pas qu’ils ne se rendaient pas à Bayam. Le Théâtre Rouge était la plus célèbre maison close des mers environnantes et bon nombre d’entre eux le fréquentaient. Même si un ou deux se faisaient prendre de temps à autre, cela ne les empêchait pas de s’y ruer.

Avec le commerce des épices, l’industrie du sexe était un important pilier de l’Archipel de Rorsted. Outre le Théâtre Rouge, on y trouvait un peu partout, cachées ou non, de nombreuses maisons closes de toutes tailles prêtes à satisfaire pleinement les désirs des marins qui avaient de l’énergie à revendre. Quant aux femmes pirates, elles n’avaient pas à se soucier de ce problème. Il leur suffisait de le vouloir pour être comblées, la demande en ce domaine étant supérieure à l’offre. En mer, où la foi dans le Seigneur des Tempêtes était très répandue, il n’y avait toujours eu que peu de femmes.

Le commerce clandestin d’ingrédients Transcendants et de l’occulte étant très courant en cet endroit, il existait de nombreux cercles.

Ces petits ports sont encore préférables. N’ayant pas à craindre d’être découverts, nous pouvons nous asseoir dans un bar, discuter avec des aventuriers et même nous battre avec eux. Tant que nous ne causons pas d’ennuis ni de morts, les Transcendants officiels locaux ferment les yeux. Et vu leur force, s’ils veulent intervenir, ils prennent généralement d’énormes risques… pensa Danitz, l’air moqueur.

C’est alors qu’il entendit des pas et la porte s’ouvrit en grinçant. Un visage familier entra dans son champ de vision.

– « Mon vieux, vous n’avez pas bu aujourd’hui ? » lança le pirate en souriant.

C’était le vieux Rinn, l’un des contacts du Rêve d’Or dans l’Archipel de Rorsted.

L’homme toussa deux fois et s’écarta pour le laisser passer.

Danitz entra dans la pièce sombre et brusquement, son nez tressaillit.

Il venait de percevoir une odeur de Lanti Proof. Une pensée lui traversa l’esprit qui le terrifia :

Non, le vieux Rinn boit du Bayam Black Rand produit localement !

Aussitôt, il vit se lever un homme qui lui tournait le dos. Il était grand, brun, musclé et avait des cheveux bouclés comme des billes.

Steel Maveti ! Les pupilles de Danitz se contractèrent.

C’était le second de l’Amiral de Sang, un grand pirate primé à 6.000 Livres !

Des vagues de brise marine faisaient osciller les feuilles fines et pointues des arbres de manière précaire.

Alors que Klein arpentait la rue à une vitesse convenable, les gens autour de lui se pressaient.

Son intuition spirituelle lui soufflait que la tempête n’arriverait pas avant un certain temps : il avait largement le temps de trouver un hôtel.

Le vent se faisait de plus en plus fort. Des branches tombaient et il ne restait plus grand monde dans la rue.

Klein s’apprêtait à tourner dans une autre ruelle lorsqu’il entendit le bruit d’une course précipitée mais anarchique.

Danitz courait de toutes ses forces et le paysage devant lui commençait à vaciller.

Sa blessure lui causait une douleur singulière et sa vitalité s’épuisait rapidement. Son corps spirituel avait partiellement quitté son corps physique et il se rapprochait du légendaire Monde Souterrain. Quant aux sons environnants, il ne les percevait plus que vaguement et tout ce qui se trouvait dans son champ de vision semblait irréel.

Sans la Cape d’Ombre, l’embuscade l’aurait tué. Mais malgré cela, grièvement blessé, il risquait à tout moment de mourir dans la rue.

Sa volonté de prévenir son capitaine que leur point de contact avait été compromis par l’Amiral de Sang et la lueur d’espoir que lui laissait ce fou mais puissant personnage l’avait poussé à fuir vers la Rue du Littoral.

Lui aurait certainement pu échapper aux mains des sbires de Maveti… pensa-t-il en titubant tandis que son corps, progressivement, se refroidissait.

Il était sur le point de s’effondrer lorsqu’il entrevit, au coin d’une rue, Gehrman Sparrow. Son fin visage derrière lequel se cachait la folie lui semblait particulièrement génial en cet instant.

Danitz tomba sur le dos. Ses mains pendaient mollement sur sa poitrine, révélant une hideuse et profonde blessure.

– « Faites savoir à notre Capitaine que le vieux Rinn a été découvert. C’est Stell Maveti… il a fait ça pour le trésor », dit-il précipitamment en voyant Sparrow s’agenouiller à ses côtés.

Klein se souvint de la prime offerte pour Maveti :

– « L’Amiral de Sang ? »

– « Oui, dites-le à mon Capitaine ! Dites-le à mon Capitaine ! » haleta Danitz, après quoi il eut un triste sourire : « Ne vous inquiétez pas pour moi. Je vais bientôt mourir.

« Faites savoir au Capitaine que j’ai reconverti toutes mes économies en biens immobiliers. Les numéros 12 à 16 de l’avenue Amyris de Bayam. Les titres de propriété sont cachés dans le mur du sous-sol du numéro 13. Ven…vendez-les pour moi. Ren…rendez-vous à Elema, dans le sud de d’Intis et re…remettez l’argent à mes parents. Di…dites leur que j’ai vraiment fait fortune… »

Danitz marqua une pause, puis reprit avec difficulté : « D…dites que je suis devenu un aventurier hors pair. Et…et aussi…que je suis désolé… »

Ses yeux devinrent soudain humides, comme s’il se remémorait sa jeunesse rebelle d’antan.

Je suis désolé, mon vieux, mère. Je ne peux pas rentrer chez nous…

La vision de Danitz s’assombrit et il sentit que sa vie touchait à sa fin.

C’est alors qu’il vit Gehrman Sparrow tendre la main, la presser contre sa blessure, puis la balayer d’un geste.

Le chagrin de Danitz retomba brusquement alors que dans sa poitrine et son abdomen, la douleur déjà engourdie disparaissait d’un coup. Il avait l’impression d’avoir une fracture à la main gauche.

Il regarda Klein d’un air absent et ce dernier lui rendit son regard silencieux. Durant quelques secondes, aucun des deux ne parla.

Enfin, il baissa les yeux et stupéfait, vit que sa blessure mortelle, chose étrange, était guérie. Son bras gauche était sérieusement mutilé et même ses os saillaient.

Je vais bien à présent ? Danitz cligna des yeux, encore plongé dans la tristesse et la frustration d’avoir frôlé la mort.

– « Pourquoi ne m’avez-vous pas soigné d’abord ? » demanda-t-il d’un air absent.

Klein regarda la zone déserte de l’autre côté de la Rue du Littoral et répondit calmement :

– « J’attendais que vous ayez fini. C’est la moindre des politesses. »

Des politesses ? Espèce de sal*ud ! Moi qui étais littéralement en train de prononcer mes dernières paroles !

D’un coup de reins, le pirate se remit sur ses pieds.

Il regarda prudemment vers le quai d’où s’élevait un épais nuage de fumée. Ce n’est autre que la conséquence du combat qu’il venait de livrer.

La maison ayant été incendiée par mes soins, Maveti craignait que cela n’attire l’attention des Transcendants officiels. Perturbé par cette ombre, il ne m’a pas poursuivi… pensa l’homme, comprenant aussitôt ce qui s’était passé.

Klein étendit la main et recueillit une goutte de pluie.

– « Trouvons d’abord un endroit où loger. »

Ne sachant pas si le danger était totalement écarté, Danitz acquiesça aussitôt.

– « D’accord. »

Je constate que ce fou de Gehrman Sparrow ne craint absolument pas Steel Maveti. Pas même l’Amiral de Sang… Dans ces moments-là, j’admire particulièrement sa folie… soupira-t-il. Soudain, il se figea : Put*in, je lui ai révélé ma richesse !

Klein marchait en silence, sa valise et sa canne à la main. Une seule pensée résonnait dans sa tête.

Bon sang, un pirate plus riche que moi…

Quartier de l’Impératrice…

Audrey, qui s’apprêtait à quitter Backlund, se réfugia dans son laboratoire de chimie et concocta la potion du Psychiatre avec les ingrédients qu’elle avait reçus du Vampire – à savoir le fruit de l’Arbre des Anciens, le sang de Dragon Miroir – et d’autres qu’elle s’était procurés plus tôt.

Cette fois, elle ne demanda pas à Susie de garder la porte. La chienne était tenue de s’asseoir dans la pièce et d’observer l’ensemble du processus depuis les coulisses. Si le Comte Hall avait demandé à tous de ne pas s’approcher de la jeune femme durant ses expériences, elles devaient cependant rester attentives à tout évènement inhabituel.

Audrey poussa un petit soupir de soulagement et versa la potion terminée dans un flacon de verre préparé à cet effet.

Le liquide légèrement doré ondulait comme une gigantesque pupille déformée qui semblait pouvoir atteindre les yeux du cœur de n’importe qui.

– « As-tu mémorisé la procédure, Susie ? Tu es adulte…je veux dire une Transcendante adulte. À l’avenir, tu devras apprendre à concocter ta propre potion. Non pas que je ne veuille pas t’aider, je ne fais que souligner une possibilité. Il pourrait arriver que je ne sois pas à tes côtés et que tu aies besoin d’un flacon de potion », dit joyeusement la jeune femme à l’énorme golden retriever.

Susie était tellement troublée par ce qu’on lui enseignait qu’elle ne put que répondre :

– « Woof ! »

Rassemblant ses émotions, Audrey leva la tête et avala la potion du Psychiatre.

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