Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 35 – La Cité de la Générosité
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Chapitre 35 – La Cité de la Générosité

Backlund, Quartier de Cherwood.

La lueur cramoisie disparut de ses yeux et Fors retrouva le bureau familier ainsi que le carnet ouvert dans lequel elle notait ses inspirations.

Pour elle, cette expérience n’avait plus rien de nouveau, cependant, elle lui inspirait une profonde révérence.

C’était un pouvoir qui n’appartenait pas aux humains, quelque chose dont même les demi-dieux étaient incapables !

Dans deux jours, je recevrai ma poche stomacale de Mangeur d’Esprits. Ma potion d’Apprentie est digérée… Je vais enfin devenir Maître des Tours. Je me demande quels pouvoirs Transcendants cela me confèrera… Si je progresse par mes propres capacités, le Professeur m’accordera certainement plus d’importance. En plus des formules de potion, on me fournira peut-être des ingrédients… J’ai hâte d’y être. Je ne connais même pas les noms des Séquences 6 et 5. Je sais seulement que la 7 est l’Astrologue. Une fois devenue Maître des tours, j’écrirai immédiatement au Professeur…

Fors avait l’impression d’être à deux doigts de se débarrasser de la malédiction de la pleine lune.

C’est alors qu’elle entendit des pas pressés qui approchaient, puis le claquement de la porte.

Xio est encore sortie. Elle est très occupée, soupira intérieurement la romancière. Sans sa dette de 400 Livres envers le Vicomte Glaint, nous serions probablement en train de passer des vacances dans la Baie de Desi.

Après une longue période de travail acharné et grâce à l’amélioration de sa force, certaines tâches qui lui étaient auparavant impossibles à accomplir sont devenues simples. De plus, de temps à autre, elle se voit confier par l’homme au masque d’or de petites missions bien rémunérées. Ses économies sont passées de 110 à 320 Livres et il ne lui manque plus que 80 pour rembourser sa dette.

En fait, je pourrais lui trouver cette somme, mais bien qu’elle ne soit pas grande, elle n’en est pas moins fière…

Fors chassa ces pensées et réfléchit à l’affaire que Le Monde lui avait confiée.

En tant que médecin et écrivain, elle ne connaissait pas grand-chose aux radios ni au secteur des machines. Elle ne prêtait généralement pas attention à ce genre d’informations lorsqu’elle lisait les journaux, aussi n’avait-elle aucune idée de l’endroit où elle pourrait se procurer le type d’émetteur-récepteur que souhaitait cet homme.

Un grand magasin ? Il n’en vend probablement pas… Ah oui ! Aville est auteur de science-fiction, il doit s’y connaître en la matière.

Elle n’avait pas plutôt trouvé qui consulter à ce sujet qu’un nouveau problème se posa : Devait-elle aller le voir ou lui écrire ?

Elle jeta un coup au fauteuil recouvert d’une épaisse et moelleuse couverture, respira l’odeur de café et de tabac qui émanait de la pièce et sentit une chaleur s’insinuer lentement dans son corps. Peu à peu, toute motivation de sortir la quitta.

Je ne le connais pas, mieux vaut ne pas lui rendre visite sans réfléchir, marmonna la jeune femme en posant devant elle une feuille de papier.

Dans la maison des Berg, Cité d’Argent…

Derrick, qui feignait de dormir, ouvrit les yeux et se leva.

Si cela ne tenait qu’à lui, il aurait aussitôt organisé un rituel sacrificiel pour envoyer la poche stomacale du Mangeur d’Esprits. Cependant, il gardait à l’esprit les paroles du Pendu lui conseillant de se montrer plus prudent et de mieux observer.

Euh… Je vais d’abord réunir les ingrédients dont a besoin M. Le Pendu, ainsi je n’aurai qu’un seul rituel sacrificiel à faire…

Derrick resta silencieux quelques secondes, puis attachant sur lui sa Hache de l’Ouragan, il se dirigea vers la flèche.

L’adolescent jeta un coup d’œil aux objets susceptibles d’être échangés grâce aux points de mérite, mais il n’était pas pressé d’effectuer la transaction. Il avait l’intention de se rendre au marché clandestin sitôt que les éclairs qui zébraient le ciel se seraient calmés.

Avide de précieuses informations, Derrick monta au troisième étage et se rendit directement à la section de la bibliothèque consacrée à la mythologie et aux classiques anciens.

Soudain, il aperçut un livre rigide, jauni, dont la couverture portait : “Cour du Roi des Géants, Livre du Rocher Noir, édition copiée à la main”.

Un document transmis par la Cour du Roi Géant ? Je me demande s’il est en lien avec les Rois des Anges…

Il attrapa le livre et vit que sa reliure était en peau de monstre brune.

Au même moment, au niveau supérieur, Colin Iliad, vêtu d’une chemise en lin et d’un manteau marron, l’observait, silencieux.

Ses cheveux crépus et mal coiffés flottaient sous la brise provenant de la fenêtre, et il avait le regard profond, réservé…

Mercredi 12 janvier. 17 h 40

Le ciel était sombre et nuageux, les vagues d’un bleu profond ondulaient sur la mer.

L’Agate Blanche se balançait sous la tempête tel un jouet dans la main d’un géant.

– « Ainsi est la mer. Quelque puissant que soit un être, il paraîtra insignifiant devant elle », dit Danitz qui, debout près de la fenêtre, appréciait le paysage. « Heureusement, nous sommes presque arrivés à la Cité de la Générosité. »

Depuis qu’il avait quitté le Port de Bansy, le bateau naviguait sans encombre. Avec l’aide du vent, il atteignait une vitesse stable de 15 nœuds, de sorte que même s’ils étaient arrivés au Port de Tiana un peu plus tard que prévu, ils gagnaient une demi-journée.

En d’autres termes, l’Agate Blanche, qui devait arriver à la Cité de la Générosité le 13 au matin, y parvint le 12 au soir.

En entendant les réflexions de Danitz, Klein se contenta de lui jeter un coup d’œil, puis détourna le regard et poursuivit sa contemplation.

Plus il jouait le rôle de Gehrman Sparrow et plus il devait se forcer à se comporter conformément à son personnage, plus il se rendait compte du genre de personne qu’il était. Face à différentes situations, les choix qu’il aurait faits n’étaient pas ceux de Gehrman Sparrow.

Pour exemple, il aurait répondu à Danitz, bavardé avec lui du temps qu’il faisait en mer et des désastres causés par ces terribles tempêtes, ce que Gehrman Sparrow ne ferait pas. Il devait se montrer froid et réservé.

Plus il y a de différences, plus je me reconnais , soupira Klein intérieurement.

C’était quelque chose qu’il n’avait pas expérimenté lorsqu’il se déplaçait sous l’identité du détective privé Sherlock Moriarty. À l’époque, n’ayant pas à cacher sa personnalité, il était resté lui-même.

J’ai l’impression d’avoir quelque peu assimilé ma potion… Cela dit, Gehrman Sparrow et moi avons des traits de caractère similaires. Au moins, lorsque j’ai décidé de débarquer dans le Port de Bansy pour sauver les autres, je me suis superposé à cette identité et il n’y avait pas de différence… On pourrait aussi dire que j’ajoutais un certain type de personnage. Sous la douceur et la folie de Gehrman Sparrow, il y avait un cœur bon, courageux et compatissant qui accordait de l’importance aux relations. Je ne peux pas me vanter. Si j’avais su plus tôt que Bansy était Binsy, j’aurais probablement été terrifié… Pas nécessairement. Tout au moins le danger décelé se situait-il dans une fourchette acceptable… analysa Klein.

Cela lui fit prendre conscience d’un problème : si jouer le rôle d’un personnage purement fictif pouvait l’aider à assimiler la potion, il lui fallait prendre la place de quelqu’un d’existant pour accélérer et améliorer sa progression. Il devait gagner l’approbation des gens avec qui l’autre était en relation, ressentir les émotions correspondantes de joie, de colère, de tristesse et s’en imprégner sans pour autant en être obsédé.

Devenir n’importe qui pour finalement devenir soi-même ? Et obtenir un retour d’information de la part des personnes concernées ? Klein regarda la moquette jaune pâle, l’esprit en ébullition.

Voyant que Gehrman Sparrow ne réagissait pas, Danitz, démuni, écarta les mains. Il s’ennuyait à mourir.

Ce dingue est bon à tout point de vue, sauf lorsqu’il me fait faire ce que font les domestiques. Une seule chose : il n’aime pas parler. Il y a une barrière de communication avec lui. Si ça continue, je vais devenir fou…. Heureusement, je suis enfin à Bayam. Je vais pouvoir être libre ! se dit le pirate avec le sentiment que tôt ou tard, il prendrait l’habitude de se parler à lui-même lorsqu’il serait confronté à un silence similaire.

Au bout d’un moment, Gehrman Sparrow leva les yeux et eut un sourire :

– « Vous pouvez me parler du point de contact des pirates à Bayam. »

… Merde ! Il vaut mieux ne rien dire ! grimaça Danitz.

À 18 h 15, juste avant l’arrivée de la tempête, l’Agate Blanche accosta sans encombre à Bayam, la Cité de la Générosité, capitale de l’Archipel de Rorsted.

Connu également sous le nom d’Archipel des Épices, celui-ci abritait une grande variété d’épices exotiques dont les plantations constituaient le pilier économique.

L’île de la Montagne Bleue, où était située Bayam, occupait plus de la moitié de l’archipel qui était en grande partie couvert de forêts. On y trouvait de l’or, de l’argent, du cuivre, du charbon, du fer et d’autres minerais, ainsi qu’une grande variété de fruits qu’offrait une terre particulièrement fertile. Pour toutes ces raisons, les premiers colons baptisèrent la ville côtière qu’ils avaient construite “Cité de la générosité”, persuadés qu’il s’agissait d’une terre de trésors promise par les dieux, une terre où coulaient le lait et le miel.

Klein récupéra sa valise que Danitz avait préparé, quitta la chambre 312 et emprunta le couloir qui menait au pont.

Sans surprise, il rencontra quelques personnes dont la famille de Donna et Cleves.

Le frère et la sœur avaient encore un peu peur de Klein après la frayeur qu’il leur avait faite. Ils se cachèrent derrière leurs parents et leurs gardes du corps sans oser dire un mot. On aurait dit des ballons dégonflés.

Klein hocha légèrement la tête en guise de salut.

Urdi Branch hésita une seconde, puis fit un léger pas en avant.

– « Comptez-vous rester à Bayam, M. Sparrow ? Si je souhaite vous engager…je veux dire solliciter votre aide, comment puis-je vous contacter ? »

Voilà un homme d’affaires qui a l’esprit d’aventure. Même s’il a peur, il souhaite se lier d’amitié avec quelqu’un qui possède des pouvoirs Transcendants…

Klein réfléchit un instant.

– « Quels sont les journaux en circulation ici ? »

– « Le Sonia Morning Post et le News Report sont populaires dans l’archipel », répondit Urdi sans réfléchir.

– « Mettez une annonce dans le Sonia Morning Post trois jours d’affilée au sujet de la salaison spéciale de Damir et laissez une adresse. Je saurai vous trouver et si je ne manifeste pas au bout de trois jours, c’est que j’ai repris la mer. »

Klein avait pris soin de lui donner un moyen de contact à sens unique.

– « Entendu », répondit en souriant Urdi.

Cleves et les autres exprimèrent une nouvelle fois leur gratitude et quittèrent la cabine en bon ordre.

La passerelle étant en vue, Donna ralentit soudain le pas, rejoignit Klein, leva le visage et se mordit la lèvre.

– « Oncle Sparrow, puisque ce genre de pouvoir est porteur de menaces et de folie, pourquoi avoir voulu le posséder ? »

Elle avait longuement réfléchi à la question avant de trouver le courage de la poser.

Surpris, le jeune homme esquissa instinctivement un sourire.

– « Pour mon rêve. » Puis, baissant la voix, il ajouta : « Et… ma protection. »

Protection… répéta Donna d’une voix un peu perdue, après quoi elle accéléra le pas et rattrapa ses parents.

Klein regarda la famille Branch quitter l’Agate Blanche, puis détourna le regard.

– « Vous êtes libre », dit-il à Danitz.

Ah ? Durant un instant, le pirate eut quelque peine à s’y faire.

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