Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 31 – Intimidation
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Chapitre 31 – Intimidation

Si j’avais creusé plus profondément, il y avait de grands risques que j’attire la Rose Rédemption, voire un Ange Rouge caché… À plusieurs reprises, j’ai dansé au bord d’une falaise… Heureusement que j’ai pu contenir mon impulsion et ma curiosité à propos des choses étranges au Citron Vert et au bureau télégraphique…

Klein détourna le regard avec le sentiment que la Broche du Soleil elle-même ne pouvait empêcher la sueur froide de couler dans son dos.

Cette situation inconnue, dormante, était bien plus terrifiante encore que la manifestation du Vrai Créateur. Klein ne pouvait s’empêcher d’imaginer ce qui se serait passé s’il avait ouvert la porte du bureau télégraphique à coups de pied, ou s’il était passé par l’arrière et était entré par la fenêtre.

Il ne cessait d’imaginer toutes sortes de scènes étranges et terrifiantes, ce qui l’effrayait beaucoup.

Cela étant, il décida de produire de l’Eau Sacrée du Soleil à l’attention des passagers qui, la veille au soir, avaient dîné au Port de Bansy, afin de prévenir tout danger latent.

– « Qu’est-ce qui ne va pas ? » demanda Elland, qui sentait très bien que Gehrman Sparrow n’était pas dans son état normal.

– « Je repensais à quelque chose. »

Klein avait recours à ses pouvoirs de Clown pour garder une expression normale, mais au fond, il était heureux de ne pas avoir pris de risque la nuit précédente et d’avoir réussi à quitter le Port de Bansy.

Quant aux secrets concernant la Rose Rédemption et le Roi des Anges, il n’avait qu’une idée en tête : le signaler au plus vite !

S’il ne le faisait pas, pourraient-ils inaugurer la nouvelle année 1351 ?

S’il décidait de cacher la vérité, d’attendre d’être d’une Séquence suffisamment élevée ou d’avoir assez de force pour explorer et en tirer les bénéfices, Klein se sentirait particulièrement coupable et porterait un lourd fardeau si quelque chose venait à se produire dans l’intervalle et provoque le déclenchement prématuré du danger, ou si les hérétiques restants tuaient un à un les passagers innocents. Il serait alors très près de perdre le contrôle.

Cela dit, le signalement devait être fait de manière judicieuse et astucieuse. Le jeune homme n’était pas assez fou pour en parler directement à Elland ou pour écrire une lettre anonyme à l’Église des Tempêtes, ce qui lui vaudrait beaucoup d’ennuis. Tout d’abord, les autorités enquêteraient certainement sur le passé de Gehrman Sparrow et pour peu qu’ils mènent des recherches approfondies, beaucoup de choses pourraient être dévoilées. Ensuite, si son nom venait à être connue de la Rose Rédemption, le Roi des Anges pourrait se lancer sur ses traces.

Ce que Klein avait l’intention de faire, c’était d’utiliser Le Monde pour relater ce les évènements anormaux du Port de Bansy lors de la prochaine réunion du Club du Tarot qui devait avoir lieu le surlendemain. Le Fou ferait ensuite une légère allusion à la Rose Rédemption et à un certain Roi des Anges. En tant que membre de l’Église des Tempêtes, le Pendu saurait naturellement quoi faire.

Ce serait l’occasion pour lui d’accomplir un acte méritoire !

Quant au sang des descendants directs de la famille Médicis, Klein ne l’envisageait même pas dans la mesure où ni lui ni Mlle Sharron n’avaient l’intention de sauver l’esprit maléfique prisonnier des ruines souterraines.

Constatant que, manifestement, Gehrman Sparrow n’avait aucune envie d’évoquer son passé, Elland eut un petit rire, sortit de sa poche une petite boîte en bois noire et la lui lança.

Klein s’en empara et lui lança un regard perplexe.

– « La vessie du murloc. Elle peut servir à fabriquer des objets. C’est très utile en mer. »

L’ingrédient Transcendant d’un murloc… Cela vaut plus de 150 Livres… Le capitaine est vraiment généreux… se dit le jeune homme qui en avait presque oublié comment Gehrman Sparrow était censé réagir.

Heureusement, il avait beaucoup d’expérience dans le jeu d’acteur, aussi baissa-t-il aussitôt les yeux :

– « Je ne vous ai pas sauvé pour obtenir une récompense. »

Elland se mit à rire :

– « Ce n’est pas parce que vous m’avez sauvé que je vous le donne. Ne sommes-nous pas amis à présent ? Si l’on voit qu’un ami ne possède pas ce genre de chose, n’est-il pas normal de vouloir combler cette carence ? »

C’est parfaitement logique et totalement irréfutable… Klein agrippa la petite boîte noire et resta silencieux quelques secondes. Finalement, il acquiesça.

Elland, qui baillait, porta la main à sa bouche et ôta son couvre-chef en forme de bateau.

– « Il faut que je retourne dans mes quartiers rattraper un peu de sommeil. Rendez-vous à midi. »

Klein le salua poliment de la main et précéda Danitz vers la chambre 312.

Donna et Denton, qui étaient levés tôt, attendaient devant la porte.

– « Oncle Sparrow, qu’avez-vous dans la main ? » demanda Donna, curieuse.

Pour toute réponse, le jeune homme ouvrit la petite boîte.

L’intérieur était tapissé d’une couche de velours noir et au centre se trouvait un objet rond, transparent, qui ressemblait à une pierre précieuse. L’objet brillait d’un éclat bleu aqueux qui tourbillonnait vers l’extérieur.

– « Ce fameux jour… le murloc… » Denton réfléchit un instant. « La vessie ! »

Sur un signe de Klein, Danitz ouvrit la porte.

Donna entra d’un pas vif en tendit la main qu’elle cachait dans son dos.

Elle tenait une grosse liasse de billets de dix et de cinq Livres.

– « Mon père, ma mère, l’oncle Cleves et l’oncle Timothy m’ont demandé de vous remettre ceci. Un total de 150 Livres ! » La jeune fille sourit gentiment et ajouta : « Ils disent que ce n’est pas assez pour exprimer leur gratitude. C’est simplement pour vous dédommager du matériel que vous avez utilisé, euh… Ces choses sont chères, n’est-ce pas ? »

– « Ça va. »

Klein réfléchit un instant, puis accepta la gratification de 150 Livres afin qu’Urdi et les autres personnes ordinaires ne se sentent pas mal à l’aise.

En voyant l’oncle Gehrman Sparrow ranger l’argent et la petite boîte de bois noire dans sa poche, Donna se sentit soulagée d’avoir accompli la mission confiée par ses parents.

Elle se mit rapidement dans la peau de son personnage et découvrit la véritable intention de sa visite.

– « Oncle Sparrow, quels étaient ces monstres la nuit dernière ? Les histoires de fantômes sont-elles vraies ? Votre capacité à sauter hors des flammes et à faire descendre la lumière est-elle innée ? Est-ce de la magie ou de la sorcellerie ? »

Stop, stop, stop, c’est trop de questions…

Klein, qui ne supportait plus la chaleur, retira la Broche du Soleil, la jeta sur le bureau du salon et répondit sur un ton désinvolte :

– « C’est ce qu’on appelle des pouvoirs Transcendants. On les obtient grâce à des rituels et à des potions. 

« De nombreuses histoires de fantômes reposent sur des archétypes. Quant aux monstres d’hier soir, ils sont le fruit d’un rituel maléfique.

« Pour ce qui est du reste, adressez-vous à lui », conclut Klein en jetant un coup d’œil en coin à Danitz.

Klein jette un coup d’œil latéral à Danitz.

– « C’est magique… » soupirèrent Denton et Donna.

– « Oncle Sparrow, vous êtes exactement comme le ‘Superman’ dont parlait l’Empereur Roselle ! » ajouta la jeune fille, les yeux brillants. « Pourrions-nous nous aussi devenir comme vous avec des rituels et des potions ? »

Denton hocha gravement la tête en écho aux paroles de sa sœur. Tous deux sentaient l’espoir les gagner.

C’est alors que Donna vit de la mélancolie passer dans le regard de Gehrman Sparrow, puis l’oncle magique esquissa un sourire un peu étrange.

– « Ce n’est pas quelque chose qu’il faut souhaiter ou espérer. Si vous choisissez cette voie, vous serez constamment confrontés à des menaces et à la folie.

« Vous pouvez triompher cent fois, mille fois, mais il suffit d’une défaite pour que vous finissiez comme cet évêque déchu. »

Tout en parlant, il prit appui sur sa canne, ôta sa veste et retroussa les manches de sa chemise.

L’un de ses bras était aussi ratatiné et ridé que s’il avait cent ans. L’autre était translucide et incolore, avec une vue directe sur les vaisseaux sanguins, les muscles et les aponévroses sous la peau.

En même temps, son visage se couvrit de granules de chair pâle et dense, si bien que Donna et Denton, terrifiés, tombèrent à la renverse et heurtèrent la porte.

Malgré tout cela, Klein gardait le sourire.

– « Vous voyez ça ? C’est de la folie. »

Non… Donna et Denton faillirent en perdre la tête. Ils passèrent la porte en trébuchant et sortirent en courant.

Au bout de quelques pas, ils s’écroulèrent, incapables de garder l’équilibre.

– « C’est terrifiant… » murmura Denton tout en pleurant.

C’est alors qu’ils entendirent la porte de la salle 312 se refermer avec fracas.

Donna se calma peu à peu. Elle n’osait plus se remémorer l’apparence de Gehrman Sparrow. L’oncle Sparrow, avec ses pustules de chair sur tout le visage et ses bras ratatinés et translucide, ne présentait guère mieux que les monstres qu’ils avaient vus la nuit précédente.

Pour une raison quelconque, elle se rappela ses yeux et ses paroles : ” c’est de la folie “.

Sa vue se brouilla soudain et elle ne put empêcher les larmes de rouler sur ses joues.

– « Donna, Donna, qu’est-ce qui t’arrive ? »

Denton est si effrayé par sa réaction qu’il en oublia sa peur.

– « Je ne sais pas… » répondit sa sœur en sanglotant. « C’est juste que je me sens très…très triste tout à coup. »

Dans chambre 312…

Voyant que Klein était redevenu normal, Danitz ne put s’empêcher de claquer la langue.

– « Vraiment, vous n’aviez pas besoin d’effrayer ainsi les enfants. Ils vont faire des cauchemars. Dites-leur simplement qu’il est dangereux de prendre des potions. »

Au moment où il terminait sa phrase, il vit voler la canne de bois couverte de sang et de terre, et entendit ces mots dénués d’émotion :

– « Lavez-la. »

Danitz tendit la main pour attraper la canne tandis que son sourire se figeait.

Backlund, Quartier de l’Impératrice, dans le luxueux manoir de la famille Hall…

Debout derrière la balustrade blanche et or à l’étage, Audrey observait les allées et venues des domestiques qui s’activaient au rez-de-chaussée.

Il était de coutume à Loen que les nobles possédant des fiefs quittent Backlund une semaine après le bal du Nouvel An pour leurs propriétés où ils menaient une vie agréable à la campagne ou dans un château. Le mois de juin arrivé, ils revenaient dans la capitale où ils se retrouvaient. Cela dit, un banquier aussi puissant et riche que le Comte Hall était tenu de faire des allers-retours entre les deux localités pour gérer ses affaires.

Cependant, le “déménagement” n’était pas chose facile. Il fallait d’abord ranger de nombreuses choses que des domestiques emportaient au manoir ou au château. Lorsque tout était prêt, seulement alors leurs maîtres suivaient.

Cette réunion du Club du Tarot terminé, je devrais être assis dans un train en partance pour le Comté d’East Chester. J’espère vraiment que ce gentleman vampire pourra me procurer le fruit de l’Arbre des Anciens et le sang de Dragon Miroir afin que je puisse passer Psychiatre avant de quitter Backlund… se dit la jeune femme dont les pensées vagabondaient.

C’est alors que la Comtesse Caitlyn s’approcha et demanda en souriant :

– « À quoi penses-tu ? Voyons… Tu es une adulte à présent. En juin, lorsque tu seras de retour à Backlund, tu pourras trouver quelque chose à faire. As-tu des projets ? »

– « J’aimerais rejoindre les organisations caritatives de l’Église, mère », répondit Audrey sans même réfléchir.

Je veux apprendre à connaître ce monde… ajouta-t-elle en son for intérieur.

– « Bonne idée », approuva la Comtesse.

Après lui avoir donné quelques conseils, elle descendit inspecter les affaires de la famille.

Laissant de côté ses émotions, Audrey tourna la tête vers le grand golden retriever assis à ses côtés et eut un léger sourire :

– « Tu as hâte d’y être, n’est-ce pas Susie ? Tu pourras courir autant que tu veux dans les verts pâturages et dans les bois luxuriants. »

Elle taquinait la chienne dans la mesure où celle-ci n’était pas un chien de chasse qualifié.

Instinctivement, Susie faillit lui tirer la langue, mais telle une dame de bonne éducation, elle s’en abstint.

– « Bien sûr, j’aime courir, mais je déteste ces barbares », répondit-elle sans dissimuler ses émotions.

Tu veux parler des foxhounds qu’élèvent Père et d’autres ?

Audrey se pinça les lèvres pour ne pas sourire.

Elle leva les yeux vers l’horloge murale : il était presque l’heure de la réunion du Club du Tarot.

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