Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
A+ a-
Chapitre 30 – Est-ce terminé ?
Chapitre 29 Halo de la Balance Menu Chapitre 31 – Intimidation

Chapitre 30 – Est-ce terminé ?

Le temps que Klein récupère son chapeau, la caractéristique Transcendante de l’évêque Millet s’était intégralement condensée. Pas plus grande que le pouce, elle était translucide et de couleur bleu clair. Cependant apparaissaient de temps à autre des traînées vertes et une sorte de raz-de-marée proche de la teinte noire.

Klein ouvrit le barillet du revolver, le secoua et les douilles vides de couleur or, argent ou laiton tombèrent sur le sol avec un cliquetis.

Puis il sortit calmement un speedloader qu’il avait préparé plus tôt et rechargea son arme de nouvelles balles Transcendantes.

Cela fait, il rangea le revolver, se pencha pour ramasser la caractéristique de l’Évêque Millet et la fourra dans sa poche sans trop y prêter attention.

Ramassant ensuite sa canne, le jeune homme fit quelques pas vers le groupe. Il prit alors une figurine de papier qu’il agita comme s’il s’agissait d’un fouet.

Celle-ci s’enflamma aussitôt, s’échappa de sa main et se transforma en taches de lumière écarlates qui retombèrent au sol et s’éteignirent. Il n’en restait plus que poussière.

– « Comme c’est génial… » dit Denton qui, oubliant la douleur causée par sa chute, observait attentivement.

C’est comme si Oncle Sparrow lançait un feu d’artifice… pensa Donna en écho aux paroles de son frère.

Après avoir utilisé des substituts de figurines de papier pour interférer avec les informations et les traces résiduelles dans la zone, Klein regarda en direction du chemin du retour et calmement, leur dit :

– « Quittez cet endroit. »

Sur ce, il s’éloigna d’un pas tranquille après avoir repris respectivement à Elland et Danitz la Broche du Soleil et le sifflet de cuivre.

Urdi et les autres s’abstinrent de commentaires inutiles ou de cris de douleur, et lui emboîtèrent le pas, silencieux.

Lors de la bataille qui venait d’avoir lieu, ils avaient pu constater la singularité des Transcendants, en particulier les pouvoirs de feu de Danitz, particulièrement frappants et évidents. Cela leur avait laissé une profonde impression et permis de comprendre que les gens ordinaires ne pouvaient intervenir dans ce genre de choses. Tout ce qu’ils pouvaient faire, c’était respecter les instructions et suivre de près.

C’était le seul moyen de garantir leur survie !

Comparé à Danitz, le combat entre Klein et Millet impliquait principalement des lames de vent invisibles et le domaine vraiment insaisissable de la psyché. Hormis la lumière sacrée qui semblait descendre des dieux et le spectacle effrayant de la perte de contrôle de l’évêque, le combat, qui semblait se dérouler dans le calme, n’avait pas choqué les spectateurs.

En passant à proximité de l’endroit où ils se trouvaient précédemment, Cleves, Cécile et les autres s’arrêtent brusquement : le sol était couvert d’importantes fissures.

Ils comprirent aussitôt que le combat qu’avait mené Gehrman Sparrow contre l’évêque déchu était bien plus éprouvant que ce qu’avait vécu le pirate.

Un sentiment d’horreur et de sécurité les envahit simultanément et tous accélérèrent le pas.

Vingt ou trente secondes plus tard, Klein s’arrêta devant le bureau du télégraphe.

– « Voulez-vous envoyer un télégramme ? » demanda-t-il, impassible, au Capitaine Elland avant de l’avertir : « Ne forcez pas l’entrée. »

– « D’accord », répondit le marin qui, en cette nuit étrange, était tout aussi prudent.

Il fit quelques pas rapides jusqu’à la porte du bureau et frappa trois fois.

Il y eut un bruit légèrement étouffé et quelqu’un, de l’intérieur, demanda :

– « Qui est là ? »

Klein, qui était déjà sur ses gardes, fronça soudain les sourcils : c’était une voix d’homme !

– « Je voudrais envoyer un télégramme. Mais qui êtes-vous ? Je crois me souvenir que la personne de service tout à l’heure était une dame. »

– « Je suis… Paavo Court, le collègue de Mélanie », répondit calmement l’homme de l’autre côté de la porte. « Elle est… à côté de moi. Elle va bien. »

Au moment même où il finissait de parler, la voix féminine qu’ils avaient entendue plus tôt enchaîna :

– « Oui… Je vais très bien. Vous n’avez plus besoin de surveiller, car Paavo Court… est de retour. »

Mon amie, votre folklore ne vous recommande-t-il pas de ne pas répondre ni ouvrir la porte ? Comment Paavo Court est-il entré ? pensa Klein, résistant à l’envie de l’interroger.

Elland recula d’un pas et s’éclaircit la voix :

– « J’aimerais envoyer un télégramme au siège de l’Église des Tempêtes ».

– « Je suis désolé mais… nous ne pouvons pas vous ouvrir », répondit Court sans la moindre émotion.

Elland, qui ressentait également l’étrangeté de l’affaire, préféra ne pas forcer les choses. Il proposa plutôt un plan alternatif.

– « Pourriez-vous l’envoyer pour moi et me passer le brouillon par la fente de la porte ?

« Le contenu concerne les changements anormaux survenus au Port de Bansy , ainsi que la mort de l’Évêque Millet et du prêtre Jayce. Il doit être signé Elland. »

– « Très bien. »

La voix de Mélanie s’estompa, comme si elle retournait à son télégraphe.

Après un moment d’attente, il entendit des bruits de tapotement et peu de temps après, une copie du brouillon sortit par l’interstice sous la porte.

Elland se pencha pour le ramasser, résistant à l’envie de jeter un coup d’œil à travers les fissures.

Alors qu’il examinait le brouillon, son nez tressaillit soudain. Le papier avait une légère odeur de sang !

Il pencha la tête, se tourna vers Gehrman Sparrow et d’un regard, lui fit comprendre qu’il y avait un problème au bureau du télégraphe.

Mais il se heurta à un regard profond et imperturbable.

– « Retournez au navire », lui dit ce dernier d’un ton calme et indifférent.

Sur ces paroles et sans plus attendre, Klein se détourna et se dirigea vers le bout de la rue, sa silhouette se fondant peu à peu dans le léger brouillard.

Danitz, qui tenait à la main une lanterne cassée, lui emboîta le pas, aussitôt suivi de Donna et du groupe.

Après avoir réfléchi deux secondes, Elland se mit à courir derrière eux, le brouillon du télégramme à la main.

On n’entendait plus aucun bruit provenant du bureau télégraphique. Le silence était inhabituel.

Peut-être était-ce dû à l’extermination de l’Évêque Millet, mais le groupe ne rencontra plus aucune personne sans tête en manteau noir sur le chemin du retour. Ils ne virent que deux têtes moisies dont ils eurent tôt fait de se débarrasser.

Après avoir marché un certain temps, ils aperçurent enfin le quai et l’Agate Blanche d’où filtrait la lumière des bougies.

Cette vue permit à Urdi et aux autres de reprendre des forces. Ils se mirent à trotter jusqu’à la passerelle.

Klein attendit en bas que tous soient montés à bord, montant la garde avec sa canne tachée de sang, puis bondit et rejoignit le pont en quelques enjambées.

Elland avait déjà réuni son premier lieutenant, son second lieutenant, son maître d’équipage, son commandant d’artillerie et d’autres subordonnés. Il leur demanda de rassembler les marins, d’ajuster les canons et de se préparer à partir à tout moment. Même si quitter le port de nuit présentait des risques de sécurité non négligeables, c’était le meilleur moyen d’éviter le danger si la situation s’aggravait !

Donna prit son frère par la main et trottina jusqu’à Klein avec une foule de questions.

– « Oncle Sparrow… »

Klein hocha la tête, désigna la cabine :

– « Retournez dans votre chambre. Nous en reparlerons demain. »

Le danger n’est pas écarté !

Donna acquiesça docilement. Elle et Denton portèrent leur index à leurs lèvres.

– « Chut ! »

Une fois la famille Branch et le couple Timothy entrées dans la cabine, Klein se dirigea vers Elland, sortit la caractéristique Transcendante de l’Évêque Millet et la lui lança.

– « S’il y a encore des Punisseurs Mandatés en vie, rendez-leur ceci. »

La caractéristique laissée par un évêque qui était peut-être de Séquence 6 serait certainement recherchée par l’Église des Tempêtes et tout le monde sur l’Agate Blanche ferait l’objet de soupçons. Klein ne tenait pas être inquiété par la première puissance maritime sitôt qu’ils auraient pris la mer.

Si aucun des Punisseurs Mandaté du Port de Bansy Harbor n’avait survécu et si les renforts du quartier général mettaient du temps à arriver, laissant à Klein tout le loisir de régler l’affaire et de partir, il serait certainement réticent à rendre l’objet et trouverait une raison de le récupérer.

Elland attrapa l’objet qui était de la taille d’un pouce et le regarda d’un air dubitatif.

Sans demander à quoi il pouvait bien servir, il eut un petit rire.

– « Ne vous inquiétez pas au sujet de l’enquête de l’Église des Tempêtes. Je leur ferai comprendre que vous êtes avec moi. »

Je serai donc considéré comme un membre du MI9 par l’Église des Tempêtes ?

Klein acquiesça sans un mot.

Le capitaine regarda Danitz et demanda, l’air scrutateur :

– « Le Flamboyant ? »

Danitz eut un petit rire sec et répondit en imitant quelqu’un :

– « Devinez »

– « Dans ce cas, je ne pense pas », répondit Elland qui avait implicitement compris.

Les choses simples étant réglées, Klein retourna vers le bastingage et observa le Port de Bansy enveloppé de brouillard, prêt à affronter d’éventuels dangers cachés.

Le temps passant, les lueurs d’un orage illuminèrent à nouveau le sommet de la montagne qui jouxtait le rivage.

Des traînées d’argent et de violents éclairs déferlèrent sur l’endroit avant de se calmer peu à peu.

Le brouillard qui enveloppait le Port de Bansy se dissipa progressivement et le rayon de lune cramoisi devint plus clair.

C’est fini ? se demanda Klein qui, témoin de tout ceci, ne pouvait cependant se détendre totalement.

Une demi-heure plus tard, trois hommes prétendant être des Punisseurs Mandatés arrivèrent sur le quai avec l’intention de voir le Capitaine Elland.

Après que Gehrman Sparrow ait procédé à une divination et posé une série de questions, Elland autorisa les marins à descendre la passerelle.

Les trois Punisseurs Mandatés firent signe à l’équipage de s’éloigner puis, baissant la voix, ils informèrent le capitaine de la situation.

Klein resta à l’écart et attendit patiemment.

Quelques minutes plus tard, Elland rendit aux hommes la caractéristique de l’Évêque Millet et les regarda quitter l’Agate Blanche pour aller s’occuper du reste.

Ouf… soupira le capitaine en rejoignant Klein et Danitz. Il dit d’un ton décontracté, avec une pointe de peur persistante :

– « L’affaire est réglée. Il n’y a plus de problème’, annonça-t-il d’un ton décontracté malgré une légère crainte persistante.

Est-ce vraiment résolu… ? se demanda Klein en repensant brusquement à Paavo Court et à Melanie derrière la porte du bureau télégraphique, ainsi qu’à Fox, le propriétaire du Citron Vert et à tous ses hôtes qui les observaient en silence.

– « Concrètement, Jayce a découvert accidentellement que d’anciennes coutumes comme le cannibalisme et les sacrifices vivants étaient en train de renaître, confirmant ainsi qu’un petit nombre de gens au Port de Bansy étaient devenus des hérétiques.

« Il s’est empressé de retourner à l’église et d’en faire part à l’Évêque Millet, mais ce qu’il ignorait, c’était que l’homme qui lui faisait face était le chef des hérétiques, un véritable déchu. Il eut le cou tranché par la lame de Millet et mourut dans l’église même du Seigneur.

« Millet s’apprêtait à se débarrasser du corps lorsqu’il a été découvert par le personnel. La situation est alors devenue incontrôlable.

« Certains serviteurs furent transformés en monstres tandis que les prêtres en cachaient d’autres dans les soubassements.

« Millet, qui n’avait aucun moyen de se dérober, quitta aussitôt l’église Il réunit les hérétiques et se dirigea vers l’autel situé au sommet de la montagne. C’est ce qui fit que le temps changea. Après avoir récupéré trois Artefacts Scellés, les Punisseurs Mandatés se lancèrent à leur poursuite et une intense bataille s’engagea.

« Blessé, Millet prit la fuite tandis que les autres hérétiques restaient pour défendre l’autel qui, en fin de compte, fut assiégé.

« Le quartier général de l’Église a répondu et va envoyer des gens enquêter sur la cause de la chute de l’Évêque Millet. Je leur ai fait savoir que ce n’était que parce que Millet était grièvement blessé qu’en unissant nos forces, nous avions pu le tuer. Les Punisseurs Mandatés, du reste, m’ont demandé de faire signer un accord de confidentialité aux familles Branch et Timothy. »

Après lui avoir fait un compte-rendu global de la situation, Elland poussa un long soupir de soulagement et s’occupa des affaires restantes.

Klein, qui ne parvenait pas à se détendre complètement, resta sur le pont jusqu’à ce que les nuages semblent s’enflammer et que le soleil se lève lentement, illuminant tout le port.

Il vit les habitants sortir de chez eux les uns après les autres, se prélasser dans la lumière dorée du soleil, bavarder et rire tandis qu’ils se rendaient à leur travail.

Le Port de Bansy retrouvait enfin un souffle de vie humaine.

C’est vraiment terminé… Klein se détourna, un peu perplexe. Il avait prévu de rattraper son sommeil, mais avant le départ du navire. Quant à Danitz, qui baillait depuis un bon moment, il n’avait pas osé bouger tant que Gehrman Sparrow restait là, immobile.

En entrant dans la cabine, Klein rencontra Elland qui lui non plus, n’avait pas dormi de la nuit.

– « Bonjour. Nous sommes sur le point de quitter le port. Il n’y a pas de quoi s’inquiéter », dit celui-ci en souriant.

Alors qu’il parlait, le sifflet de l’Agate Blanche retentit.

Klein poussa un discret soupir et décida de mettre de côté tous ses doutes. Ne voulant plus penser au Port de Bansy, il acquiesça d’un signe de tête. 

Elland s’étira le cou et soupira : « Hier soir, j’ai eu l’impression surnaturelle que l’ancien Binsy et le Port de Bansy se chevauchaient. »

Klein allait poursuivre son chemin lorsqu’un mot l’ayant interpellé, il demanda d’un air grave :

– « Binsy ? »

– « C’est l’ancien nom du Port de Bansy. Il y a trois ou quatre cents ans, on l’appelait Binsy. Par la suite, en raison de divers facteurs dont la prononciation, il s’est peu à peu transformé en Bansy », expliqua au passage le capitaine.

Les pupilles de Klein se contractèrent.

Il se souvenait parfaitement de ce que lui avait dit l’esprit maléfique des ruines souterraines à Backlund. Pour retrouver l’un des fondateurs de Rose Rédemption, à savoir Medici, l’antique Roi des et ses descendants, on pouvait tenter sa chance dans la ville de Binsy !

Binsy ! Le cœur de Klein parut peu à peu se figer. Un frisson venu du plus profond de sa moelle osseuse le traversa.

Il reporta son regard sur le port, revit le bureau télégraphique aux portes hermétiquement closes et les hôtes du Citron Vert qui l’observaient en silence.

🏆 Top tipeurs
  • 🥇1. Meifumado
  • 🥈2. matsu 1
🎗 Tipeurs récents
  • matsu 1
  • Meifumado


Rejoignez-nous et devenez correcteur de Chireads Discord []~( ̄▽ ̄)~*
Chapitre 29 Halo de la Balance Menu Chapitre 31 – Intimidation