Chapitre 23 – Un serviteur valant 3 000 livres
“Capitaine, les pirates du Crâne Rouge se sont enfuis !
Un marin se précipita dans les quartiers du capitaine.
“Ils se sont enfuis ?” Elland leva son télescope et regarda la mer calme, juste à temps pour voir le Crâne Rouge disparaître à l’horizon.
Il fronça les sourcils, incapable de comprendre comment une telle évolution avait pu se produire.
De son point de vue, l’armement de l’Agate Blanche n’était absolument pas capable d’effrayer les pirates du Crâne Rouge. Il était certain que les deux parties devraient se tourner autour des dizaines de fois pendant l’escarmouche et tirer plusieurs fois afin de s’assurer que l’autre partie les trouve difficiles à battre. Sans oser s’engager dans un combat prolongé, ils choisiraient alors rationnellement de battre en retraite.
Se pourrait-il que le Crâne rouge ne fasse que passer et qu’il n’ait pas l’intention de nous piller ? Cependant, s’ils n’étaient pas là pour piller, pourquoi auraient-ils emprunté cette route maritime ? C’est l’endroit le plus facile pour se faire arrêter par la flotte et les navires de l’Église. Même les Quatre Rois et les Sept Amiraux s’efforcent de rester discrets lorsqu’ils passent par les mers environnantes… Elland était rempli de doutes, et il sentait que les choses n’étaient pas si simples.
Être prudent permet d’éviter les catastrophes, je ne dois pas être négligent… Elland rangea son télescope brun-jaune et fit les cent pas.
Il leva à demi la main et dit au navigateur : ” Nous accosterons au port de Bansy ce soir.
“Rapportez notre rencontre avec les pirates à la Marine et à l’Église.”
Selon leur plan habituel, la prochaine escale du White Agate serait le port de Tiana, et il lui faudrait probablement trois jours à 13 nœuds pour l’atteindre. Depuis le port de Tiana, il atteindrait enfin la capitale de l’archipel de Rorsted, la cité de la générosité, Bayam.
Et il y avait un moyen plus rapide de naviguer de Pritz Harbor à Bayam, qui consistait à ne s’arrêter qu’une seule fois au milieu du voyage, à Bansy Harbor, à environ 120 milles nautiques de Damir Harbor.
…
“Le Crâne Rouge est vraiment parti ? Le père de Donna, Urdi Branch, se dirige vers la fenêtre et regarde au loin.
Cleves acquiesce calmement et dit : “Oui”.
Au moment où il termine sa phrase, un cri de marin retentit à l’extérieur.
“Le danger est écarté ! Le danger est écarté !”
Après avoir reçu la confirmation officielle, Donna et Denton se détendirent enfin et eurent le courage de s’approcher de la fenêtre et de regarder à l’extérieur.
“Les pirates du Crâne Rouge sont-ils si puissants ? Les yeux de Donna s’écarquillèrent tandis qu’elle cherchait un navire déjà parti au loin.
“Très puissants. Cleves donna sa réponse.
“Quelle est leur puissance ?” Denton insista immédiatement.
De l’autre côté, le garde du corps, Teague, se lissa les cheveux et gloussa.
” Même si on ne compte pas les canons et les centaines de pirates sur le navire, le capitaine Johnson et le second Anderson sont extrêmement puissants à eux seuls.
“Le surnom d’Anderson est le borgne. La prime pour lui dans le royaume est de 500 livres. Tous ceux qui se trouvent dans cette pièce réunis, avec l’aide de quelques marins, pourraient être capables de le vaincre au combat. Quant à Johnson, surnommé Loup de mer, il peut facilement venir à bout d’un tel adversaire. S’il montait à bord du navire, personne ne pourrait l’arrêter. Sa prime s’élève à 900 livres, soit près de 1 000 livres !”
“C’est beaucoup ?” Donna fut surprise par la puissance du Loup de Mer et du Borgne, ainsi que par leur prime.
De mémoire, son père gagnait un total de 1.500 livres par an !
“Beaucoup, c’est une récompense contre laquelle ils ou leurs têtes peuvent être directement échangés. Les objets qu’ils ont sur eux et les choses qu’ils ont pillées vous appartiendront également. Le royaume les achètera au prix du marché, et vous aurez encore la possibilité d’obtenir les primes des autres pays”, explique Cécile. “En mer, les pirates qui ont une prime de plus de 300 livres sont assez puissants. Pour ceux qui avoisinent ou dépassent les 1 000 livres, ils seront plutôt célèbres dans la mer qu’ils sillonnent. Et je parle de vastes étendues maritimes comme la mer de Sonia ou la mer de brouillard.”
“Par conséquent, les Quatre Rois et les Sept Amiraux sont considérés comme célèbres à travers les Cinq Mers ?” demanda Donna innocemment.
Cleves répondit sérieusement : ” Oui. ”
” Dans ce cas, les pirates du Crâne Rouge sont-ils très célèbres dans toute la mer de Sonia ? ” demanda Donna avec une logique concise.
“Oui. Teague acquiesça.
“Mais pourquoi ont-ils fui ? Donna cligna des yeux.
“Ce n’est peut-être pas eux qui ont fui…” Cécile ne connaissait pas non plus la raison.
Cleves regarda à nouveau par la fenêtre en fronçant les sourcils.
“Il y a peut-être une autre raison. Peut-être qu’ils n’avaient pas l’intention de nous piller. Ils sont juste tombés sur nous.”
D’autres raisons ? Donna eut soudain une idée.
Serait-ce le gentil messager de l’oncle Moineau qui les a fait fuir ? Oui, c’est vraiment effrayant ! L’esprit de Donna bouillonnait comme de l’eau.
Elle tourna la tête avec excitation et baissa les yeux pour s’apercevoir que ceux de son frère brillaient également.
Les deux se pincèrent les lèvres et réalisèrent immédiatement que leurs pensées étaient les mêmes.
“Sortons prendre l’air à ce niveau. Donna trouva une raison d’entraîner son frère hors de la salle 305.
Dehors, Denton dit d’une voix étouffée : “On va trouver l’oncle Sparrow ?”
“Exactement !” Donna sourit d’un air fougueux. “Je l’ai vu entrer dans la chambre 312.”
…
Dans la chambre 312.
Blazing Danitz, qui ne mentionnait plus le contre-amiral Iceberg, regarda le Crâne Rouge qui avait tourné son arc et gloussa de rire.
“Ils ont dû être effrayés par la déclaration des canons de la Marine et par la nouvelle qu’un équipage de pirates avait été détruit récemment. Ils ont pris le risque de s’attaquer à cette route maritime afin de gagner suffisamment d’argent avant de quitter la mer.
“Heh, et s’il y a des canons géants ? La marine et l’Église ont beaucoup de choses puissantes, et elles ont toujours existé. Mais ils ne nous ont jamais empêchés de continuer à être des pirates. Nous ne pouvons pas les battre de front, mais nous pouvons toujours nous échapper, n’est-ce pas ? Ils ne peuvent pas rester éternellement sur les navires marchands, n’est-ce pas ?
“Je sais, le navire de guerre à cuirasse devient de plus en plus grand, et la machine à vapeur qui y est installée deviendra également plus puissante. Un jour, la vitesse dépassera les 18 nœuds, 20 nœuds, et une fois qu’ils seront à vos trousses, il ne vous restera plus qu’à attendre d’être rattrapé. Mais la mer est si vaste. Des dizaines de milliers de navires ne pourraient même pas remplir un coin, même s’ils y étaient tous jetés. Il y a aussi beaucoup de zones inexplorées en mer. On peut s’y cacher après avoir fait quelque chose. Même si c’est dangereux, il y a toujours des opportunités.”
Ce type est vraiment du genre bavard… Tu ne crois pas qu’un aventurier fou ne se soucierait pas de ces choses-là ? Klein détourna le regard et balaya la pièce du regard.
Son regard se posa finalement sur sa valise en cuir. Il leva le menton et dit : ” Lavez les vêtements sales à l’intérieur. ”
L’expression du visage de l’exubérant Danitz se figea. Il avait envie de brûler tout le navire.
Il sentait que sa colère était comme une vapeur jaillissante qui avait soulevé la porte de la raison.
Danitz ouvrit la bouche et respira avant de la répéter.
Son visage rougi s’adoucit et il demanda sans sourire : “C’est tout ?”.
“Seulement les plus sales. Le manteau a juste besoin d’être brossé.” Klein était presque amusé par la colère de l’homme, et il pensait que c’était ce que Danitz méritait pour avoir volé des innocents.
Les vêtements qui se trouvaient dans sa valise étaient ceux qu’il avait changés hier soir après avoir pris une douche. Comme il se sentait un peu paresseux, il n’avait lavé que ses sous-vêtements.
Calmez-vous, ne perdez pas le contrôle. Après s’être répété plusieurs fois, Danitz se dirigea vers la valise de Gehrman Sparrow, l’ouvrit et en sortit les vêtements qui avaient besoin d’être nettoyés.
Alors qu’il s’activait dans la salle de bains, il entendit la sonnette de la porte d’entrée.
Klein ouvrit la porte et découvrit Donna et Denton.
“Oncle Sparrow, j’espère que je ne vous ai pas dérangé. Les yeux de Donna vont de gauche à droite.
“Non. Klein s’écarte.
Les deux jeunes gens entrèrent dans la pièce et furent surpris de voir Danitz en train de faire la lessive.
“Où sont les domestiques ? demanda inconsciemment Denton.
“Je ne les ai pas emmenés”, répond Klein au nom de Danitz.
Donna demande, apparemment confuse : “Mais il y a des blanchisseuses attachées aux cabines de première classe. Elles sont facturées au baril.”
Avant qu’elle n’ait pu terminer, Danitz s’est figé.
Il était tellement en colère qu’il en avait oublié l’existence.
Danitz secoua l’eau de sa main, se retourna et força un sourire à Gehrman Sparrow.
“Puis-je engager la blanchisseuse pour l’aider ?”
Klein n’insista pas pour voir le pirate se ridiculiser, alors il sourit et dit : “Seuls les résultats m’intéressent.”
Ouf ! Danitz pousse un soupir de soulagement.
Leur échange de questions-réponses fait comprendre à Donna que quelque chose ne va pas. La jeune femme demanda avec méfiance : “Oncle Sparrow, vous n’êtes pas amis ? Pourquoi a-t-il l’air différent d’avant ?”
Klein trouva une chaise et s’assit. Sans rien cacher, il dit calmement : “Pour être exact, c’est mon prisonnier de guerre.”
“Prisonnier de guerre ?” Denton regarda autour de lui d’un air hébété, ne se rappelant pas quand les deux oncles avaient eu un conflit.
Donna est d’abord restée perplexe, puis son cœur a battu la chamade. Elle demanda joyeusement : “C’est… c’est un pirate ?”
“Oui.” Klein hocha doucement la tête.
“Les pirates du Crâne Rouge ont également été effrayés par vous, Oncle Sparrow ?” Donna insiste avec enthousiasme.
Klein jeta un coup d’œil à Danitz et répondit sans expression : “D’une certaine manière”.
Ayant obtenu une réponse à toutes ses questions, Donna se sentit anormalement heureuse. Elle jeta un coup d’œil à Danitz et, sans le savoir, baissa la voix.
“Oncle Moineau, a-t-il un nom ? Non, est-ce qu’il a une prime sur lui ?”
Non ! Je ne dois laisser personne savoir ce qui m’est arrivé ! Danitz ouvrit la bouche pour tenter de répondre avant que Klein ne le fasse.
“Je m’appelle Sieg !
A ce moment-là, Klein dit d’une voix fugace : “Danitz.”
“Danitz… Donna et Denton se regardent sans poser plus de questions.
Les frères et sœurs ne restèrent pas longtemps et prirent bientôt congé. Ils continuaient à sentir que les yeux du pirate étaient féroces.
Lorsqu’ils retournèrent dans la chambre 305, ils virent que son père et l’oncle Clèves étaient toujours en pleine discussion. Donna s’interposa innocemment en posant une question.
“Beaucoup de gens parlaient de pirates à l’instant. Quelqu’un a parlé de Danitz. Est-il très puissant ?”
“Danitz… Blazing Danitz. C’est le subordonné du contre-amiral Iceberg, le quatrième maître d’équipage du Rêve d’or…” Cleves répondit simplement.
En disant cela, il devint soudainement silencieux et rétracta son regard, apparemment en rappel.
Le subordonné d’un amiral pirate… demanda Donna avec curiosité. “Quel est le montant de sa prime ?”
Cleves revint à la normale et dit d’une voix grave : “3 000 livres.”
Trois mille livres ? Donna et Denton ouvrirent peu à peu la bouche, oubliant presque de la refermer.
Le capitaine des pirates du Crâne Rouge n’a qu’une prime de 900 livres, mais l’homme qui ressemble à un serviteur vaut 3 000 livres ? Les frères et sœurs se regardent, incapables de prononcer un seul mot.
…
À 18 heures, le White Agate est de nouveau entré dans un port.
“Bansy Harbor ? Elland est très prudent…” Danitz se tenait près de la fenêtre, regardant le port assombri et le grand phare.
Sans attendre la réponse de Klein, il rit et dit : “On dirait qu’il y a de vilaines légendes ici.”