Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 187 – Croissance du “novice”
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Vol 2 : L’Homme Sans Visage / Chapitre 187 – Croissance du “novice”

Derrick Berg, qui avait feint l’inconscience, se releva brusquement. Il se trouvait dans une pièce sombre, construite en dur.

Sa Hache de l’Ouragan avait été emportée pour inspection et on avait vidé toutes ses poches. Il n’avait plus rien sur lui.

L’adolescent prit une inspiration et regarda calmement autour de lui.

Soudain, deux rayons semblables à ceux du soleil illuminèrent ses yeux qui se mirent à refléter tout ce qui se trouvait dans la pièce.

Il n’y avait, pour tout mobilier, qu’une table et deux chaises. Le sol, pavé de pierres, était orné de motifs étranges.

Comme il était d’usage à la Cité d’Argent et parce que des monstres pouvaient apparaître brusquement si l’obscurité régnait trop longtemps, on avait déposé sur la table une bougie déjà à moitié brûlée.

Sans aucune hésiter, Derrick s’assit, s’en empara, puis la brisa en trois morceaux, l’un des trois quarts de la longueur de la bougie, les deux autres de la moitié du quart restant.

La mèche des trois bougies ainsi créées étant désormais à nu, il frotta ses doigts l’un contre l’autre, créant une flamme avec laquelle il les alluma.

Les deux bougies supérieures représentaient Le Fou et la dernière lui-même.

Ces préparatifs terminés, au lieu de brûler, comme de coutume, des poudres d’herbes, Derrick y versa de l’huile essentielle, puis, s’adossant à sa chaise, scanda doucement le titre honorifique du Fou et entra rapidement en Méditation.

Il répétait encore et encore, sur un ton monotone comme pour s’hypnotiser.

La Méditation aidant, Derrick entra dans un état étrange où son esprit était plongé dans un profond sommeil tandis que son énergie spirituelle se dispersait. Il avait l’impression de dériver tout en conservant une étrange lucidité. Sa psyché, s’évadait vers le haut, de plus en plus haut.

C’était du “somnambulisme artificiel”.

Derrick, avec la permission du Fou, allait pouvoir simplifier certaines des étapes inutiles.

Au-dessus du brouillard gris, dans l’antique et imposant palais…

Klein, qui jouait avec l’Œil Noir, vit soudain l’étoile cramoisie qui symbolisait Petit Soleil exploser de lumière et se condenser en une ombre humaine, perturbant quelque peu l’énergie de l’espace mystérieux.

Il poussa un soupir de soulagement. Petit Soleil en avait fini avec la partie la plus dangereuse de l’opération et il ne lui restait plus qu’à finaliser.

Sans plus tarder, Klein posa l’objet qu’il avait en mains et prit la carte de l’Empereur Noir.

Gagnant aussitôt en niveau et en autorité, il força les puissances agitées du brouillard gris à se soumettre à lui.

Puis, prenant une figurine de papier, il la lança d’un geste du poignet vers l’étoile cramoisie correspondant au Soleil.

La figurine de papier et le flux d’énergie fusionnèrent et prirent l’apparence d’un ange gigantesque doté de douze paires d’ailes noires qui, traversant la lumière cramoisie, vint se superposer à la silhouette immatérielle de Derrick.

Il brûla en silence et moins d’une seconde, il n’en resta plus que cendres.

A ce stade, Klein n’avait plus aucun moyen d’influer sur ce qui se passait à la Cité d’Argent. Quant à savoir si son “ange de substitution” allait pouvoir aider Le Soleil à passer les enquêtes et investigations ultérieures, il n’en était pas absolument certain.

Il soupira intérieurement.

Avec tout ce qui a été fait et le dur labeur accompli, il ne reste plus qu’à attendre que le destin arrange les choses. Avec un peu de chance, tout se passera bien…

Dans un état second, Derrick vit descendre devant lui un ange dont l’aura couvrait les cieux et qui l’enveloppa de ses douze paires d’ailes noires.

Il reprit brusquement ses esprits et vit les trois bougies qui brûlaient tranquillement.

Après avoir sincèrement remercié Le Fou, le jeune homme mit fin au rituel, éteignit les deux plus petites bougies qu’il retira et fit apparaître dans sa main une flamme brillante et dorée.

Les deux bougies eurent tôt fait de fondre, répandant leur cire sur la troisième et autour d’elle.

Elles se consumèrent totalement, ne laissant sur la table que la troisième. Elle avait certes réduit, mais de façon si peu perceptible qu’on aurait dit qu’elle n’avait brûlé que très peu de temps.

Après avoir fait disparaître toute trace, Derrick éteignit la flamme jaune de la dernière bougie.

Il s’assit en silence, les yeux rivés devant lui et resta là un long moment.

Le jeune homme craignait que le Conseil des Six ne réagisse pas assez vite, ce qui laisserait le temps aux membres de l’équipe d’exploration de corrompre d’autres habitants de la Cité d’Argent avec leurs “champignons” et leurs “fruits Doom”.

Il avait peur que le Chef et les autres ne trouvent ailleurs des indices complémentaires et ne contrecarrent tous ses préparatifs.

Il détestait ces “étrangers” qui rôdaient dans les profondeurs de l’obscurité et desquels émanait une forte malveillance, y compris Amon et le Créateur Déchu.

Il se sentait coupable d’avoir évité l’expédition sans prévenir Darc et les autres, provoquant ainsi leur transformation en monstres corrompus.

Il souffrait aussi d’avoir éliminé de ses mains un camarade de classe qu’il considérait comme un ami.

S’il n’avait pas assisté à l’extrême fin de Darc, ce dernier était dans un état tel qu’aux yeux de Derrick, il était comme mort.

En proie à ces sentiments contradictoires, l’adolescent ne savait combien de temps s’était écoulé. Au bout d’un moment, il avait même rallumé la bougie.

Enfin, il entendit le bruit du sceau qu’on enlevait et la porte s’ouvrit.

Il tourna la tête et vit, à la faible lueur de la bougie, entrer une femme en jupe noire. Ses cheveux, attachés en queue de cheval, pendaient jusqu’au bas de sa veste.

– « Madame Aiflor », dit-il instinctivement.

Aiflor était une jolie femme, mais qui avait des rides au coin des yeux. Elle sourit, hocha la tête, s’avança à pas légers et prit place en face de lui.

– « Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez dire ? » demande-t-elle doucement.

Derrick leva instinctivement la tête vers elle et s’aperçut que ses pupilles avaient pris l’apparence de fentes verticales dorées.

Son esprit partit alors à la dérive. On aurait dit qu’il entrait dans un état de somnambulisme.

Aiflor ajusta la flamme de la bougie de sorte que la faible lumière jaune éclaire complètement le visage du garçon.

Ses pupilles d’or pâle prirent alors un air indifférent, comme si elle n’était qu’une spectatrice sans émotion.

Soudain apparurent dans ses yeux, l’un après l’autre, de légers anneaux de lumière qui semblaient former un vortex, édifier un labyrinthe.

Dans sa stupeur, Derrick se sentit flotter dans une obscurité infinie et d’innombrables couleurs vives.

Alors brusquement, il retrouva sa lucidité avec l’impression que quelque chose l’avait ingénieusement capturé dans cet état de rêverie.

Il aperçut la lueur jaune et vacillante d’une bougie et Aiflor aux pupilles verticales d’or pâle assise en face de lui.

Dans un coin, Colin Iliad, le Chef aux cheveux grisonnants, sortait de l’ombre.

Aiflor le salua d’un signe de tête et s’adressant à Derrick, demanda :

– « Qu’avez-vous fait tout ce temps ? »

Se remémorant son entraînement, l’adolescent répondit dans le même état d’esprit qu’auparavant.

– « Je ne sais pas. Je suis toujours dans un état d’hébétude, comme dans un rêve. Ce n’est qu’occasionnellement que je retrouve la clarté d’esprit… »

Tandis qu’il parlait, deux symboles complexes de couleur vert sombre apparurent dans les yeux du Chasseur de Démons qu’était Colin.

– « Savez-vous que vous avez eu un conflit avec Darc Régence ? » reprit Aiflor.

Derrick lui raconta alors une longue histoire qu’il avait préparée :

– « Je me souviens seulement que nous nous sommes battus… Je crois avoir vu un homme suspendu à l’envers sur une croix et un autre coiffé d’un chapeau pointu et qui portait un monocle de cristal. Oui, je l’ai vu dans le cachot… Il parlait en souriant… »

Aiflor jeta un coup d’œil au Chef :

– « Qu’a-t-il dit ? » insista-t-elle.

– « Je ne m’en souviens pas. Je ne me rappelle que d’une chose… Il disait en souriant : Le Créateur Déchu, le Vrai Créateur… La Bergère… », répondit Derrick qui avait bien du mal à dissimuler son enthousiasme.

Il avait pris tous ces risques simplement que le Chef l’entende prononcer le nom du Créateur Déchu et pour l’avertir qu’il existait une Bergère suspecte !

– « Le Créateur Déchu… Le Vrai Créateur… Cela corrobore les peintures murales trouvées au fond du temple ». Colin hocha légèrement la tête et murmura en fronçant les sourcils : « La Bergère… »

– « Et ensuite ? »

La voix d’Aiflor était incroyablement douce.

Derrick, dans son état second, répondit :

– « Ensuite, ils se sont affrontés. Il y avait beaucoup de lumière, des lumières très vives. Puis, je me suis réveillé et me suis mis à tousser… »

Les symboles dans les yeux de Colin ne s’étant pas estompés, il fit signe à Aiflor de demander des détails.

Derrick répondit à ses questions de manière sélective et conformément au scénario prévu, rejeta la faute sur Amon, prétendant être amnésique sur tout le reste.

Pour finir, Aiflor demanda :

– « Où avez-vous trouvé la hache ? Où vous êtes-vous procuré la formule de potion de la Voie du Soleil ? »

– « J’ai acheté la hache dans un marché clandestin. La personne étant masquée, je sais seulement qu’il s’agissait d’un homme… Quant à la formule de potion, elle m’a été léguée par mes parents qui l’avaient découverte lors d’une expédition… », répondit l’adolescent, sûr de lui.

Ces doutes ayant toujours existé, Le Pendu, convaincu qu’on allait inévitablement lui poser ces questions lors de l’interrogatoire, l’avait contraint à répéter à plusieurs reprises les réponses.

Même si, à la Cité d’Argent, le marché clandestin était semi-public, il y avait toujours des gens qui, pour diverses raisons, s’efforçaient de dissimuler leur identité. C’était une explication toute trouvée pour Derrick.

Aiflor l’ayant écouté attentivement, elle tourna la tête vers Colin :

– « Il ne ment pas. Il est impossible qu’il mente. J’utilise les pouvoirs de la Couronne de Gloire. »

Le Chef hocha la tête :

– « Dans cet état, il ne montre aucun signe de malignité, de dégénérescence ou de corruption. »

Mettre en lumière ces choses relevait d’une capacité bien spécifique aux Chasseurs de Démons.

Ceux-ci, qui exerçaient un travail de Haute-Séquence, avaient pour point fort de dissimuler leurs mouvements et leurs intentions, de sorte qu’il était impossible aux cibles capables de prédire le danger de pouvoir les déceler.

Ces Transcendants étaient, par conséquent, les ennemis jurés des Démons.

Ayant réfléchi, Colin se leva et quitta la pièce. Il dit à l’ombre qui se tenait tapie dehors, dans un coin :

– « Je compte libérer Derrick car je pense qu’il va bien pour l’instant. Cela dit, surveillez-le encore un moment. Si Amon a pu produire deux avatars, il se pourrait qu’il soit capable d’en créer un troisième. »

– « Bien, Chef », répondit respectueusement l’ombre.

À son “réveil”, Derrick constata qu’il était seul dans la salle d’interrogatoire. Quelques mots l’informaient qu’il était libre de partir.

Il poussa un discret soupir de soulagement et s’apprêtait à sortir lorsque le conseil du Pendu lui revint à l’esprit : Ne vous relâchez pas trop vite sous peine de négligence. Vous serez certainement surveillé durant encore un certain temps. Le contraire serait un manquement de la part de votre Chef !  

Pour le moment, je ne peux même plus prononcer le titre honorifique de M. Le Fou… pensa Derrick en descendant l’escalier en colimaçon.

Alors qu’il marchait, il aperçut soudain une silhouette familière vêtue d’une robe noire à rayures pourpres. C’était Lovia, la belle Bergère.

Elle balaya le jeune homme de son regard gris pâle et un doux sourire éclaira son visage.

De retour dans sa chambre, l’air indifférent, Lovia se dirigea vers le bureau et déplia un parchemin fait de cuir.

De sa main gauche, elle saisit son index droit et le brisa. Pas une seule goutte de sang ne coula. On aurait dit que celui-ci s’était rassemblé à la surface de son doigt qu’elle utilisa pour tracer sur le parchemin un symbole complexe composé d’un Œil sans Pupille – qui symbolisait le secret – et de lignes déformées qui représentaient le changement.

Après un examen minutieux, elle enveloppa le doigt de ce parchemin, le fourra dans sa bouche, puis croqua et avala le tout.

Alors qu’il ne lui restait plus que quatre doigts, de la chair et du sang se mirent à se tortiller autour de sa blessure à la main droite et en un rien de temps, formèrent un nouvel index à la couleur un peu pâle.

Elle baissa les yeux, regarda sa main et murmura : Le Fou ?

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