Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 152 – Jolie tentative
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Chapitre 152 – Jolie tentative

Le brouillard gris, éternel et immuable, emplissait l’air, parsemé d’étoiles cramoisies, irréelles, à des distances variables. Assis à l’intérieur du haut palais, dont on aurait dit la demeure d’un géant, Klein observait tranquillement ce décor désormais familier.

Au bout de quelques secondes, il détourna le regard et fit apparaître une peau de chèvre. Puis il prit un stylo plume et nota l’incantation qu’il avait quelque peu modifiée en vue du rituel d’invocation.

Allumer une bougie qui me représente.

Générer un mur spirituel pour sacraliser l’environnement.

Verser sur la flamme une goutte d’Essence de Pleine Lune, de la Rosée de Camomille Pure, de la Poudre de Fleur de Sommeil et d’autres ingrédients. (Remarque : il n’est pas nécessaire d’être trop précis dans cette étape, puisque l’on s’invoque soi-même).

Réciter l’incantation ci-dessous :

JE! (En Hermès Ancien, en Jotun, en langue Draconique ou Elfique. Ce doit être un cri profond)

J’invoque en mon nom (Hermès),

Le fou qui n’appartient pas à cette époque, le mystérieux souverain élevé au-dessus du brouillard gris, le roi du jaune et du noir qui confère la chance.

Après avoir relu trois fois le processus, Klein inscrivit au bas du parchemin :

Ce rituel présente un danger s’il est effectué en dehors de ce monde.

Laissant échapper un soupir, il posa son stylo, sortit de sa manche la chaîne d’argent et la prit dans sa main gauche.

Le pendentif en topaze pendait droit au-dessus de la peau de chèvre, à seulement une légère distance au-dessus de la déclaration. Klein retint ses pensées et entra en Méditation.

Ce rituel présente un danger s’il est effectué en dehors de ce monde.

Ce rituel présente un danger s’il est effectué en dehors de ce monde.

Au bout de sept répétitions, Klein ouvrit ses yeux qui étaient presque noirs et constata que le pendentif tournait dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.

Il n’y avait donc aucun danger !

Je vais essayer, se dit Klein en faisant disparaître les objets posés devant lui. Il s’enveloppa d’énergie spirituelle et simula la sensation de chute.

De retour dans sa chambre et vu qu’il avait déjà isolé la pièce, le jeune homme débarrassa aussitôt son bureau et plaça au centre de celui-ci une bougie parfumée à la menthe.

Il appuya légèrement sur la mèche de manière provoquer des frictions par le biais de son énergie spirituelle et celle-ci s’enflamma.

Sous la faible lumière vacillante, Klein versa sur la flamme les huiles essentielles requises, la rosée pure et la poudre d’herbes.

Un parfum apaisant s’éleva soudain et la pièce alterna entre luminosité et obscurité.

Reculant de deux pas, Klein regarda la bougie qui le représentait et cria en Jotun : Je!

Puis en Hermès : J’invoque en mon nom :

Le fou qui n’appartient pas à cette époque, le mystérieux souverain élevé au-dessus du brouillard gris, le Roi du Jaune et du Noir qui confère la chance.

Au moment où il finissait de parler, il sentit la lueur vacillante des bougies danser vigoureusement et produire un vortex avec le parfum environnant. Celui-ci absorbait son énergie spirituelle à un rythme insensé.

Fleur de Sommeil, herbe qui appartenez à la lune rouge, s’il vous plaît, soutenez de vos pouvoirs mon incantation… Reprit Klein, surmontant l’inconfort causé par le fait d’être vidé de son énergie spirituelle.

La chandelle cessa alors de vaciller et se teinta d’un lustre gris qui s’étendait sur à peu près la taille d’une paume.

Je n’ai rien convoqué… Mais peut-être faut-il je me rende au-dessus du brouillard gris pour y répondre ? C’est vraiment très difficile de s’invoquer soi-même… murmura-t-il en pinçant son front douloureux.

Il se calma, fit quatre pas dans le sens antihoraire et se retrouva au-dessus du brouillard gris. Au-dessus du siège d’honneur, devant la table antique, flottait une lumière ondoyante.

Elle provenait de l’étrange symbole ornant le dossier de la chaise, cette mystérieuse gravure composée d’un œil sans pupille, d’un signe représentant le secret et de lignes déformées symbolisant le changement.

Klein tendait la main pour l’atteindre lorsqu’aussitôt, il entendit :

« Je ! J’invoque en mon nom : le Fou qui n’appartient pas à cette époque, le mystérieux souverain… »

Il vit alors une vague d’énergie spirituelle se combiner à la lumière ondoyante pour former une porte irréelle et informe.

Celle-ci tremblait comme si elle voulait qu’on l’ouvre. Pris d’une inspiration soudaine, Klein lui ordonna mentalement de s’ouvrir.

Presque instantanément, le brouillard illimité et le palais furent attirés et il y eut quelques ondulations à peine perceptibles qui se dirigeaient vers la porte.

Mais Klein eut beau la pousser, impossible de l’ouvrir. Chaque mouvement aboutissait à un silence de mort.

Serait-ce parce que la Porte d’Invocation n’a pas encore pris forme ? Se dit Klein en réprimant sa force de volonté.

Il l’avait nommée ainsi sans vraiment réfléchir.

Hmm, je dois manquer d’énergie spirituelle pour former une Porte d’Invocation complète. Quand j’aurai évolué en Clown de Séquence 8 et que j’aurai passé l’étape initiale, qui est dangereuse, je retenterai. Peut-être que ce ne sera alors plus un problème … Se dit Klein, qui avait vaguement compris ce qui se passait, en hochant légèrement la tête.

Cette expérience lui donna un regain de confiance. Il se sentit réconforté car c’était la première fois qu’il recevait une réponse de l’espace mystérieux au-dessus du brouillard gris, autre que l’incident survenu lorsqu’il avait voulu procéder à une divination au sujet de l’Éternel Soleil Flamboyant.

Un jour viendra où je connaîtrai tous les secrets de ce lieu  ! Se dit-il avec enthousiasme avant de s’envelopper d’énergie spirituelle et d’amorcer sa descente.

De retour dans sa chambre, Klein souffla aussitôt la bougie, mettant fin au rituel. Puis il rangea son bureau et dissipa le mur spirituel.

Alors qu’il bâillait, une rafale de vent soudaine se mit à souffler. Il s’effondra dans son lit, remonta la couverture et s’endormit rapidement.

Dans le rêve brumeux suivit, le jeune homme se réveilla brusquement assis dans le salon, le Tingen City Honest Paper à la main.

… Ne me dites pas que le Capitaine est revenu ? Se dit-il, abasourdi, en regardant par la fenêtre. Bien qu’exaspéré, il trouvait encore le moyen de faire de l’humour.

La porte s’ouvrit en grinçant et Dunn, vêtu de son coupe-vent noir qui lui descendait au-dessous des genoux, entra lentement, sa pipe à la bouche et sa canne à la main.

Comme à son habitude, il portait son haut-de-forme noir.

La Capitaine vint prendre place dans un fauteuil et croisa tranquillement sa jambe droite sur la gauche.

Mettant de côté sa canne, il ôta son chapeau, se laissa aller contre le dossier et observa Klein avec l’air de quelqu’un qui réfléchit.

Capitaine, qu’essayez-vous de faire cette fois… Se demanda Klein, stupéfait.

Ne voulant pas laisser voir qu’il savait que c’était un rêve, il fit celui qui n’en était pas affecté et poursuivit sa lecture.

Une minute, deux minutes, cinq minutes passèrent. Il leva la tête vers Dunn et vit que le Capitaine était toujours assis là à le regarder, pensif.

Cinq minutes, dix minutes, quinze minutes… Klein parcourut le journal à plusieurs reprises tout en regardant Dunn du coin de l’œil : l’homme était toujours dans la même posture.

Capitaine, vous me mettez très mal à l’aise… Se dit le jeune homme qui n’était pas tranquille.

Il plia le journal, le mit de côté, adressa un sourire à Dunn puis se rendit à la cuisine pour y prendre un chiffon et se mit à essuyer la table suivie de la table basse.

Mais Capitaine, vous voyez bien que mon rêve est simple, banal et ennuyeux. Il n’y a rien à observer. Allez, partez vite ! Sinon, faites semblant d’être un fantôme. Je ferai alors semblant d’avoir peur et vous aurez réussi en tant que Cauchemar !

Sur cette supplication silencieuse, Klein leva la tête… et croisa les yeux d’un gris profond de Dunn, toujours plongé dans une profonde réflexion.

Sous son regard calme et constant, Klein épousseta tous les meubles et nettoya sa chambre. Ce rêve était vraiment épuisant !

Mais le pire, c’était Dunn Smith qui ne le quittait pas des yeux.

Il n’avait aucune idée du temps qui s’était écoulé lorsque soudain, le Capitaine décroisa les jambes et se leva. Puis il prit sa canne, mit son chapeau et s’en alla.

Klein retint son souffle, le regarda quitter la maison et machinalement, lui fit un signe de la main.

Tout étant revenu à la normale, le jeune homme laissa échapper un soupir de soulagement.

Pour un cauchemar, c’était un cauchemar ! Se dit-il, trop préoccupé pour les larmes.

Grand magasin Philip’s, à l’Ouest de Backlund.

Ce magasin, classé parmi le haut de gamme du Royaume de Loen, n’était accessible qu’aux nobles et aux riches estimés dignes d’en être clients .

On voyait toujours, garées devant, des voitures aux différentes armoiries. Non seulement c’était un endroit sûr pour faire du shopping, mais ce magasin était également devenu un lieu social populaire en raison des restrictions strictes imposées à ses clients.

Accompagnée d’Annie et de Susie, son golden retriever, Audrey descendit de voiture sous le regard attentif d’un employé et passa la porte d’entrée.

Croisant des filles de vicomtes, des Comtesses ou des jeunes filles dont les parents bénéficiaient d’un statut social élevé, elle les salua gracieusement avec un petit mot pour chacune en fonction de la situation.

Lorsque, par exemple, elle se retrouvait face à une certaine Comtesse, elle la complimentait sur sa toilette et lorsqu’elle saluait une Baronne, elle louait son époux pour sa performance exceptionnelle à la Chambre des lords.

Si autrefois Audrey était trop têtue et trop orgueilleuse pour ce genre de politesses, elle n’avait désormais plus grand effort à faire.

Une Spectatrice, en effet, pouvait lire sur les visages la plupart des émotions et des pensées des dames nobles.

En arrivant au deuxième étage, Audrey se dirigea vers une boutique de prêt-à-porter.

Elle était tenue par une jeune fille vêtue d’une robe noire et blanche et dont les cheveux blonds descendaient jusqu’aux épaules. C’était Xio Derecha, l’Arbitre.

L’air de rien, Audrey lança un regard à Susie. La chienne comprit aussitôt le message de sa maîtresse et se précipita vers un autre comptoir.

Annie la suivit dans l’intention de la ramener.

Bien joué ! Pensa Audrey qui s’approcha de Xio et fit semblant de regarder les robes.

– « … Pourquoi me rencontrer ici ?» Murmura la jeune femme en lui présentant à haute voix les articles.

Elle parlait d’un ton aussi doux que celui d’un enfant.

– « Où est l’employée habituelle ? » S’enquit Audrey pour toute réponse.

Xio regarda autour d’elle :

– « Je l’ai convaincue de prendre sa matinée pour se reposer. Elle en était ravie. »

Tout en admirant les différentes robes, Audrey sortit de son sac à main en cuir d’agneau un morceau de papier soigneusement plié qu’elle passa discrètement à Xio en murmurant :

– « Le Contre-amiral Ouragan, ou Qilangos, s’est introduit dans Backlund. Voici son portrait. J’espère que vous pourrez m’aider à le retrouver. Oh et surtout, n’attirez pas son attention. »

Xio déplia le papier et y jeta un rapide coup d’œil. C’était le portrait, très réaliste, d’un homme dans la trentaine au large menton bien caractéristique.

Mon professeur d’arts me félicitait souvent autrefois… pensa Audrey. Puis, levant la tête vers Xio, elle ajouta :

« Le Royaume offre une récompense de dix mille livres pour Qilangos. S’il est arrêté, la personne qui a fourni ne serait-ce que quelques indices se verra certainement gratifier de quelques centaines de livres. »

Au moment où elle finissait sa phrase, elle vit les yeux de Xio rayonner de joie, comme elle s’y attendait.

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