Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 15 : L’invitation
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Suite aux paroles de Dunn, une vague d’émotions tumultueuses monta dans le cœur de Klein. – « Pourquoi ? » Lâcha-t-il instinctivement. 

Les Transcendants courraient-ils de sérieux dangers cachés ? À tel point que, le pouvoir judiciaire interne de l’Église et les Transcendants en charge de ces phénomènes étranges, étaient également sujets à des problèmes ? 

Dunn entra dans la voiture et se rassit. Son expression et son ton n’avaient pas changé. 

– « Vous n’avez pas besoin de le comprendre. D’ailleurs vous ne le pourriez pas, à moins que vous ne deveniez l’un des nôtres. »

Klein en resta un moment muet après quoi il s’assit et, d’un ton à moitié dubitatif, moitié plaisantin, demanda : 

– « Si je ne peux pas comprendre, comment pourrais-je prendre ma décision ? »   

D’un autre côté, si Klein ne les rejoignait pas, il ne comprendrait jamais. Il était donc dans une impasse… 

Dunn Smith reprit sa pipe, la plaça contre son nez et en prit une bouffée.

– « Vous avez probablement mal compris : les membres du personnel civil sont également des nôtres. »

– « En d’autres termes, il suffirait que je devienne l’un de vos employés civils pour être en mesure de comprendre les secrets pertinents, les dangers cachés qui affligent les Transcendants, ceux que l’on peut rencontrer et prendre la décision ou non de devenir, par la suite, un Transcendant ? » Paraphrasa Klein, tentant de remettre de l’ordre dans ses pensées.   

– « C’est cela », répondit Dunn, « excepté pour un point. Vouloir devenir un Transcendant ne suffit pas pour le devenir, chaque Église étant très stricte à ce sujet. » 

Le contraire m’aurait étonné…  Pensa Klein, railleur, après quoi il ajouta en haussant la voix : 

– « Et pour les membres du personnel civil ? Je suppose que c’est plutôt strict également ? » 

– « Pour vous, il ne devrait pas y avoir de problème », répondit Dunn, les paupières à moitié fermées, l’air plus détendu en tirant sur sa pipe… qu’il n’avait pas allumée.  

– « Pourquoi ? » Demanda Klein, à nouveau aux prises avec le doute, tout en pensant sur le ton de la plaisanterie :  

Si je comprends bien, mon caractère unique et mon halo, en tant que transmigrateur, sont aussi brillants et exceptionnels que les lucioles dans la nuit ? 

Dunn rouvrit ses yeux argentés qui reflétaient toujours la même tranquillité. 

– « Premièrement, vous avez réussi à survivre sans notre aide dans une telle situation. Tous n’ont pas certaines qualités exceptionnelles, comme par exemple la chance. Les chanceux sont souvent les bienvenus. » 

Devant l’expression vide de Klein, Dunn eut un léger sourire. 

« Très bien, prenez-le comme une déclaration humoristique. Ensuite, vous êtes diplômé du département d’histoire de l’Université Khoy. Or nous avons un besoin urgent de gens comme vous.  Même si Leumi, un fidèle de l’Eglise du Seigneur des Tempêtes, a un regard écœurant sur les femmes, ses opinions sur la société, les sciences humaines, l’économie et la politique restent incisives. Il a prétendu que les talents étaient essentiels pour maintenir un avantage concurrentiel et un développement positif, point sur lequel je suis tout à fait d’accord. » 

Voyant que Klein fronçait légèrement les sourcils, Dunn ajouta nonchalamment : « Vous imaginez bien que nous tombons souvent sur des documents et des objets datant de la Quatrième Époque, voire plus anciens encore.  De nombreux cultes et hérétiques ont tenté de s’en servir pour gagner en pouvoir. Parfois, ils peuvent mener à des choses étranges, terribles. 

« À l’exception de Transcendants spécialisés dans certains domaines, la plupart d’entre nous soit ne sont pas doués pour les études, soit ont passé l’âge », dit Dunn Smith en désignant sa tête avec un léger rictus, comme pour se moquer de lui-même.  « Ce savoir brut et ennuyeux endort tout le monde, même les Insomniaques. Autrefois, nous collaborions avec des historiens ou des archéologues, mais nous courrions le risque de dévoiler des secrets et des mésaventures pouvaient survenir à ces professeurs non impliqués et à des adjoints. Nous aurions donc bien du mal de refuser un professionnel de plus. »  

Klein acquiesça d’un léger signe de tête.  Les pensées sens dessus-dessous, il demanda :

– « Mais pourquoi ne pas directement… euh … en former un ? » 

– « Cela m’amène au troisième et dernier point, le plus important. Comme vous avez déjà vécu une épreuve similaire, vous inviter ne viole pas la clause de confidentialité. 

« En ce qui concerne le développement des autres, en cas d’échec, j’en porterai la responsabilité. La plupart des membres de notre équipe, de notre personnel civil, viennent de l’intérieur de l’Église. » 

Klein écouta, silencieux, après quoi il demanda :

– « Pourquoi êtes-vous si strict quant au maintien de la confidentialité ? La diffusion publique de l’information à un plus grand nombre de gens et une sensibilisation accrue ne réduiraient-elles pas les chances qu’une erreur similaire se reproduise ? La plus grande peur provient de celle de l’inconnu. Or nous pouvons faire connaître l’inconnu. »

– « Non, la stupidité humaine dépasse votre imagination. En réalité, davantage de gens imiteraient ces actes, générant ainsi plus de chaos et d’incidents graves », répondit Dunn Smith en secouant la tête. 

– « C’est vrai », reconnut Klein. « La seule leçon que les humains peuvent tirer de l’histoire est justement qu’ils n’apprennent jamais rien et répètent toujours les mêmes tragédies.» 

– « Cette célèbre citation de l’empereur Roselle est pleine de sens philosophique en effet », approuva Dunn. 

… L’Empereur Roselle a dit ça ? Ce vieux transmigrateur n’a vraiment laissé aucune chance aux « retardataires » …   se dit Klein qui ne savait que répondre. 

Dunn tourna la tête et regarda hors de la calèche où les réverbères entrelaçaient leur faible lumière jaunâtre pour montrer la splendeur de la civilisation. 

– « … Le pouvoir judiciaire des principales Églises tient un discours similaire : c’est peut-être là la principale raison de la stricte confidentialité à l’égard des gens ordinaires. » 

– « Et quel est-il ? » Demanda Klein dont le sentiment de pénétrer des secrets piquait la curiosité.   

Dunn tourna la tête ; ses muscles faciaux si légèrement crispés que c’était à peine visible. 

– « La foi et la peur génèrent de plus en plus de problèmes à mesure qu’elles grandissent et ce jusqu’à la destruction totale », répondit Dunn avant de conclure : « En dehors de prier pour obtenir des dieux leur aide et leur bénédiction, les hommes ne savent pas résoudre leurs problèmes majeurs. »   

Klein se répéta mentalement ce qu’il venait d’entendre. Il ne comprenait pas pleinement. Comme les ombres que projetaient les réverbères au dehors, la peur venait de l’incertitude générée par l’inconnu. On pouvait avoir l’impression que l’obscurité totale était peuplée d’yeux cruels et de gueules grandes ouvertes.

Tandis que le cheval, agile, galopait vigoureusement et que la voiture approchait de la Rue de la Croix-De-Fer, Dunn brisa soudain le silence et prit un ton officiel : 

– « Voulez-vous vous joindre à nous en tant que membre du personnel civil ? » 

De multiples pensées jaillirent dans l’esprit de Klein.

– « Puis-je avoir un peu de temps pour réfléchir ? » 

Cette décision étant lourde de conséquences, il ne pouvait la prendre à la légère.  

– « Aucun problème, mais donnez-moi une réponse avant dimanche », acquiesça Dunn. « Il va de soi que vous devez garder tout cela pour vous et ne divulguer à personne ce que vous savez au sujet de Welch. Pas même à vos frère et sœur. Si jamais ils venaient à l’apprendre, non seulement ils auraient des problèmes mais vous-même pourriez être convoqué devant un tribunal spécial. » 

– « Entendu » répondit gravement Klein. 

Le silence retomba. 

Voyant qu’ils approchaient de la maison, une question traversa l’esprit de Klein. 

– « Monsieur Smith, quel est le salaire du personnel civil ? Ont-ils des avantages ? » Demanda-t-il après une courte hésitation. 

C’était une question sérieuse… 

Surpris sur le moment, Dunn répondit en souriant :

– « Vous n’avez pas à vous soucier de ce problème. Nos fonds sont garantis par l’Église et le service de Police. Les nouveaux membres, au départ, touchent dix Soli par semaine, plus dix autres en compensation du risque et de la confidentialité, ce qui fait un total de trois Livres. Presque autant que ce que touche un professeur d’université confirmé.

« Par la suite, votre salaire augmentera progressivement en fonction de votre expérience et de vos contributions.

« En général, les membres du personnel civil signent un contrat de cinq ans suite auquel vous êtes libre de partir. Il suffit de signer un accord de confidentialité à vie et vous ne serez pas autorisé à quitter Tingen sans autorisation. Si vous souhaitez déménager dans une autre ville, il faudra d’abord vous inscrire auprès du Faucon de Nuit local. »

« Soit dit en passant, il n’y a pas de week-end et vous travaillerez uniquement par équipes de manière à ce qu’il y ait en permanence des membres du personnel civil en service. Si vous souhaitez prendre des vacances dans le Sud ou à Desi Bay, il faudra vous arranger avec vos collègues. »

Dunn finissait à peine de parler que la calèche s’arrêta au pied de l’immeuble où résidaient Klein, son frère et sa sœur.   

– « Je comprends maintenant », dit ce dernier en descendant de voiture. « A propos, M. Smith, où puis-je vous contacter lorsque j’aurai pris ma décision ?»

Dunn eut un petit rire rauque :

– « Vous irez trouver Wright, patron du Hound Pub qui se trouve Rue du Berceau. Dites-lui que vous voulez engager une petite troupe de mercenaires pour une mission. » 

– « Pardon ? » S’exclama Klein, confus. 

– « Tant que vous n’avez pas accepté de devenir l’un d’entre nous, je ne peux vous révéler notre localisation. Sur ce, M. Klein Moretti, faites de beaux rêves », dit Dunn en souriant. 

Klein ôta son chapeau, le salua et regarda la calèche s’éloigner, après quoi il tira de sa poche sa montre à gousset et l’ouvrit : il était à peine quatre heures du matin. Une brise relaxante et fraîche soufflait dans la rue éclairée par la faible lueur jaunâtre des réverbères. 

Klein prit une profonde inspiration et apprécia le silence.   

Ce quartier animé et bruyant le jour pouvait être si calme et désert la nuit… C’était un contraste frappant avec les observations silencieuses et la séance qui venait d’avoir lieu avec la médium chez Welch. 

Soudain, il réalisa que le dos de sa chemise de lin était imprégné d’une sueur froide et moite.

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