Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 140 – Contrat temporaire
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Chapitre 140 – Contrat temporaire

Lorsqu’il entendit les paroles d’Amyrius Rieveldt qui n’avaient rien d’une question, le front de Bilt se couvrit de sueur.

Il en resta bouche bée, espérant s’expliquer, mais finalement, il se mit à genoux et sous l’incroyable pression, répondit :

– « Amiral, Votre Excellence, le clochard dont je vous parlais est mort d’une maladie soudaine. Je n’ai pas eu d’autre choix que de chercher un aventurier capable de se métamorphoser. »

Klein, en cet instant, n’était pas trop nerveux. En effet, Amyrius Rieveldt l’avait remarqué lors de la réception. Il n’y avait donc aucune raison pour qu’il ne se soit pas aperçu plus tôt que c’était un Transcendant. Le fait qu’il ait accepté leur rencontre au lieu d’éviter tout risque laissait à penser qu’il ne se souciait pas de savoir qui Bilt avait engagé.

Pas la moindre inquiétude ? C’est là la confiance d’un demi-dieu, à moins que sa voie Transcendante lui permette d’anticiper toute catastrophe…

Klein releva à grand peine la tête et jeta un regard à l’amiral de marine debout à ses côtés.

– « Plutôt fort », commenta Amyrius Rieveldt, impassible.

Le regard rivé sur Bilt, toujours à genoux, il ajouta : « N’essayez pas de jouer au plus fin avec moi.

« Il y a une nette différence, dans ce monde, entre une personne ordinaire et un Transcendant ; et moi qui suis un adepte de l’ordre, je puis vous le certifier. »

Cela corrobore bien ce qui est écrit dans les informations. Cet amiral a tendance à s’étendre sur certaines choses. Il faut que je m’en souvienne. Son style est totalement différent du mien ou de celui de Gehrman Sparrow…

Pensif, Klein détourna le regard et le reporta sur le sol, comme s’il ne pouvait pas supporter la pression.

Amyrius Rieveldt fit un pas en avant.

– « Le mensonge est la première erreur que vous avez commise, l’imprudence la seconde.

« Un clochard que vous avez mis beaucoup d’efforts à préparer meurt et tout à coup, un aventurier capable de se métamorphoser fait son apparition. Ne trouvez-vous pas que c’est une coïncidence ? »

Oui, tout à fait… se dit Klein qui allait faire la même remarque.

S’il n’avait pas procédé à une divination au-dessus du brouillard, il aurait pu penser qu’il était en train de se faire piéger par une créature légendaire ou un Artefact Scellé de grade 0.

Les pupilles de Bilt se contractèrent tandis qu’il reprenait ses esprits.

Sa peur et sa terreur étaient telles qu’il n’avait pensé qu’à s’agripper à la dernière bouée de sauvetage capable de lui sauver la vie. Il en avait oublié la prudence que lui conférait l’expérience et ne s’était pas même demandé si sa rencontre avec Sparrow était ou non une coïncidence.

Le clochard est mort le jour même de son arrivée au Sweet Lemon ! Plus Bilt y réfléchissait, plus il avait l’impression d’être tombé dans un piège savamment préparé.

Voyant le visage de Bilt changer sous l’effet de la compréhension et du regret, Amyrius Rieveldt hocha doucement la tête :

– « Mon père, le défunt Comte Rieveldt, m’a un jour enseigné une chose.

« Il disait qu’il fallait pardonner la première erreur d’un subordonné.

« Bilt, vous devriez lui être reconnaissant de sa bienveillance. »

Le patron du Sweet Lemon, qui était particulièrement stressé, se détendit et il en fut extrêmement ému.

Il pensait qu’Amyrius Rieveldt, qui était plus proche d’un dieu que d’un homme, l’exécuterait sur le champ en guise d’avertissement à tous les aventuriers qui étaient sous ses ordres. Qui aurait cru qu’il déciderait de le gracier !

– « Votre Excellence, je… je… » bégaya Bilt, incapable de formuler une phrase.

Amyrius, le visage toujours aussi sévère, ajouta d’une voix grave :

– « Il y a une suite à ce dicton, qui est : « À la seconde erreur, punissez-le. » Vous savez ce qu’il vous reste à faire ? » 

Bilt, qui était toujours à genoux, se redressa et porta le poing droit sur son cœur.

– « Je vous serai toujours extrêmement loyal, Votre Excellence ! »

Amyrius acquiesça et se tourna vers Klein.

– « Quel est votre nom ? »

Tout dépend à qui vous vous adressez… railla intérieurement Klein qui répondit posément :

– « Gehrman Sparrow. »

Amyrius Rieveldt garda quelques instants le silence et l’atmosphère dans la salle parut se figer.

Alors que Klein ne pouvait s’empêcher de se sentir mal à l’aise, l’amiral, enfin, lui dit :

– « C’est donc vous. »

Vous semblez me connaître, Votre Excellence. Je ne suis qu’un simple informateur militaire. J’ai seulement touché une prime par votre intermédiaire. Je n’ai même pas fait de demande de remboursement… marmonna le jeune homme, de moins en moins confiant.

Amyrius hocha la tête et s’adressant aux deux hommes :

– « Le plan se déroulera normalement. Cependant, nous allons devoir signer un contrat. »

Un contrat ? Tendu, Klein releva à grand peine la tête vers Amyrius.

Sans plus d’explications, l’amiral prit le papier et le stylo qu’il avait préparés sur le rebord de la fenêtre et se mit à écrire.

Chaque fois qu’il touchait sa plume, une lueur dorée s’en dégageait. La solennité et l’aspect sacré étaient tels qu’on aurait dit qu’il rédigeait une loi.

Klein plissa lentement les yeux tandis que sa vision se brouillait. Il ne put s’empêcher de baisser à nouveau la tête.

Au bout d’un temps indéterminé, Amyrius cessa d’écrire, prit la feuille de papier et dit :

– « Signez en bas de la page. Cela dit, vous n’y êtes pas contraint si les termes ne vous conviennent pas. »

À votre avis, j’ai ou je n’ai pas le courage de signer ? ironisa le jeune homme tandis que Bilt se relevait, prenait le papier et le lui tendait.

Les termes du contrat étaient simples et peu nombreux. La plupart limitaient les actes de Gehrman Sparrow en tant qu’Amyrius Rieveldt. Il s’agissait, entre autres, de ne pas exposer volontairement quelque problème que ce fût, de ne pas utiliser son identité pour s’engager dans des actes préjudiciables à Amyrius, de ne pas avoir de contact intime avec Miss Cynthia, etc.

Je pensais que les gens de cette importance ne se souciaient pas de la chasteté de leurs maîtresses… Cet amiral, en effet, est de la vieille école… Cependant, je ne suis pas ce genre de personne…

Dissimulant sa curiosité, Klein, comme s’il s’agissait d’une question académique, demanda :

– « Et si Mlle Cynthia veut avoir un contact intime avec moi ? »

Le message sous-jacent était que s’il se montrait trop distant ou résistait à Cynthia, celle-ci aurait tôt fait de s’apercevoir que quelque chose clochait. Comment trouver le bon équilibre ?

– « Tout ira bien », répondit Amyrius, impassible. « Durant toute la durée de validité du contrat, soit vous n’aurez aucun désir, soit vous ne serez pas en capacité d’y donner suite la concernant. »

Vous pouvez faire ça ? Ce contrat est plutôt puissant… Cela dit, c’est la première fois que je vois un contrat, excepté ceux que l’on signe avec des créatures du monde des esprits. De plus, le premier utilisait le pouvoir du Monde souterrain alors que celui-ci n’est conclu qu’entre deux parties… S’agit-il d’un pouvoir de demi-dieu que possède l’Amiral Amyrius ? De la voie de l’Arbitre ?

Klein jeta un coup d’œil aux dates et constata que le contrat était conclu pour cinq jours.

Est-il certain d’être de retour dans les cinq jours ou son niveau ne lui permet-il pas de signer un contrat de plus de cette durée ?

Le jeune homme relut une nouvelle fois les conditions, puis prit sa plume et inscrivit le nom de Gehrman Sparrow.

Le dernier caractère rédigé, il vit les mots émettre une lueur dorée et se condenser en un éclat resplendissant.

Puis la feuille de papier se dissipa et disparut, comme si elle s’était fondue dans les règles du monde.

Un brouillard gris, invisible et léger, se répandit doucement autour de lui et Klein perçut les restrictions qui lui étaient imposées.

Celles-ci se fondirent rapidement en lui et pour un temps, ne firent plus qu’un avec son Corps Spirituel et sa chair physique.

Le brouillard gris peut, dans une certaine mesure, bloquer la chance et la malchance provenant de sources externes, mais il est incapable de filtrer un contrat que j’ai signé… C’est clair, car dans le cas contraire, celui que j’ai signé avec la messagère n’aurait pas été valide…

Klein, qui avait compris, regarda une nouvelle fois Amyrius Rieveldt.

L’amiral, qui avait rassemblé ses forces, tenait dans sa paume un charme d’or sombre.

Orné de symboles et de signes magiques représentant l’« Épée du Jugement », il était convergent, sombre et donnait l’impression de faire partie d’un codex.

– « Il s’agit d’un charme de haut niveau créé avec mon sang, un antique codex de la Quatrième Époque et l’Artefact Scellé de grade 0 de la famille royale », dit calmement Amyrius. « Son nom est Neuvième Loi. Lorsqu’on lui injecte une infime quantité d’énergie spirituelle, il peut générer une puissance similaire à la mienne. Même des gens ordinaires peuvent le faire. Sans lui, vous aurez grand’ peine à vous faire passer pour moi. »

En effet, la puissance dont je fais montre en me déguisant n’est que superficielle. Elle suffit à tromper les autres, mais serait totalement inutile si je devais intimider un subordonné… soupira intérieurement Klein, soulagé.

« Votre force actuelle devrait vous permettre de résister à son utilisation », reprit l’amiral.

« Grâce à lui, vous pouvez imposer une restriction nécessaire à la cible, la placer dans une situation extrêmement désavantageuse.

« De cette façon, même si un demi-dieu venait à vous sonder, vous seriez en mesure de le faire fuir.

« Si, lorsque tout sera terminé, aucun problème n’est survenu et si vous n’avez pas eu à vous en servir, vous pourrez le garder.

« Il est utilisable durant un an. »

D’abord déconcerté, Klein en éprouva une grande joie.

Il avait enfin un autre charme de haut niveau depuis qu’il avait utilisé celui créé avec l’Emblème Sacré du Soleil Muté.

Bien que cet objet fût limité dans le temps et à usage unique, il présentait l’avantage de ne pas avoir d’effets secondaires négatifs. Bien entendu, ce type d’objet était très rare étant donné les strictes conditions requises pour en créer un.

Comme on pouvait s’y attendre de la part d’un demi-dieu. Il est bien plus généreux que Bilt… Soudoyer un clochard et un aventurier de niveau amiral pirate n’a pas le même coût… se dit joyeusement le jeune homme en tendant la main afin de recevoir le charme du nom de Neuvième Loi.

Il vit ensuite Amyrius retirer sa ceinture.

Après un bref silence, Klein, réprimant son embarras, se déshabilla sans la moindre expression.

Il eut bientôt troqué ses vêtements contre ceux d’Amyrius et revêtu l’uniforme amidonné bleu sombre de l’amiral.

Il regarda les deux hommes s’éloigner par un chemin isolé du jardin, puis ajusta calmement ses boutons et se tourna vers la vitre.

Dans la nuit noire et sous le clair de lune cramoisi, celle-ci, telle un miroir, lui renvoya vaguement son image.

Il avait des cheveux noirs soigneusement peignés en arrière, des yeux bleus et profonds, des joues légèrement tombantes, un visage imberbe, une attitude vieille école et sévère ; et portait une tenue bleu sombre avec cordon, médailles et épaulettes.

Les coins de sa bouche tressaillirent et le jeune homme se dit en lui-même : À partir de maintenant, je suis un amiral de la marine.

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