Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 104 – Exposition Commémorative sur Roselle
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Vol 2 : L’Homme Sans Visage / Chapitre 104 – Exposition Commémorative sur Roselle

Quartier Ouest, 2 Avenue du Roi, Musée Royal.

Ce n’était pas le week-end et pourtant, lorsque Klein arriva, il y avait une longue file d’attente à la porte.

Par les journaux et magazines, il savait que dans ce monde, la classe moyenne avait très peu de moyens de se divertir. Outre la lecture de journaux et de romans, les concerts d’opéra, les parties de tennis et de squash, les pièces de théâtre et les banquets, trois choix seulement s’offraient à eux : se promener dans un parc, se rendre à une exposition et partir en vacances. Grâce à l’influence de l’Empereur Roselle, les vacances annuelles étaient déjà un phénomène courant.

À neuf heures précises, Klein, qui portait un chapeau haut de forme en soie, une canne noire et une longue redingote à double boutonnage, entra dans le musée à la suite personnes qui le précédaient.

Différents guides étaient là qui précédèrent les groupes de visiteurs dans différents couloirs séparés.

Klein et une vingtaine de personnes suivirent donc une jolie femme et l’écoutèrent présenter la vie de Roselle.

Cela n’avait aucun intérêt pour le jeune homme qui était partiellement historien et il s’ennuyait tellement qu’il se mit à vérifier où était son portefeuille.

Sa fortune s’élevant désormais à 952 livres ̶ à deux doigts des mille livres ̶ et son portefeuille ne pouvant pas contenir autant de liquide, il n’en emportait qu’une partie. Quant au reste, comme il n’était pas tranquille à l’idée de le laisser chez lui sans protection, il avait tout transféré au-dessus du brouillard gris.

Ils entrèrent dans la première salle d’exposition.

– « Mesdames et messieurs, voici les objets qu’utilisait au quotidien l’Empereur Roselle. Vous avez là sa couette en velours, et ici la verrerie incrustée d’or dans laquelle il buvait son vin.

« Là, ce sont les toilettes qu’il utilisait, les premières toilettes au sens moderne du terme. »

On expose jusqu’à ses toilettes ?

Klein ressentit soudain une certaine compassion pour Roselle, mais celle-ci fut de courte durée car tandis qu’il regardait ces toilettes et son système de chasse d’eau derrière la paroi de verre, il constata qu’elles brillaient d’une lumière dorée. Apparemment, elles étaient dorées à la feuille et ornées d’un motif artistique autant que luxueux.

Quelle extravagance… Pensa le jeune homme.

Séparés des toilettes par une simple couche de verre, on pouvait voir les vêtements que portait l’Empereur au quotidien, dont, entre autres, des manchettes ou encore une chemise avec des plis au col.

De toute évidence, la guide était assez impressionnée par la culture vestimentaire d’Intis.

Suivait ensuite une salle où étaient exposées des versions originales d’importants documents publiés par Roselle, dont le Code Civil et autres reliques historiques extrêmement précieuses.

Soudain, la guide a pointé du doigt une vitrine :

– « Voici l’un des carnets de notes que nous a laissés par l’Empereur Roselle. Il contient des symboles mystérieux qu’il a lui-même créés et qui n’ont pas encore été déchiffrés à ce jour. Bon nombre d’historiens et d’archéologues pensent que ces notes renferment les secrets les moins connus de l’Empereur.

« En tant que romantique, j’ai mes propres hypothèses. Peut-être s’agit-il de symboles dont il avait convenu avec une femme aimée. Ils lesquels il s’était mis d’accord avec la femme qu’il aimait le plus. Ils écrivaient l’un sur l’autre mais n’ont jamais vraiment pu être ensemble. »

Vous êtes faite pour écrire des romans… Pensa Klein avant de poser les yeux sur le cahier, qui, ouvert, laissait voir des lignes écrites en chinois simplifié qu’il connaissait parfaitement.

« 6 mars. Bon sang, je vais finir par être constipé à force d’ingurgiter la nourriture que l’on trouve ici ! »

« 17 Mars. Les femmes d’Intis sont-elles donc si ouvertes ? Est-ce moi qui l’ai draguée ou elle ? Je trouve ça bizarre. »

« 22 mars. Il est temps de choisir une religion. J’ai d’un côté il y a l’Église de l’Éternel Soleil Flamboyant et de l’autre, l’Église de l’Artisanat.

« Mon choix ne fait aucun doute. Loué soyez-vous, Dieu de Toutes les Machines !

« Un jour, je ferai en sorte que l’Église de l’Artisanat devienne Église des Machines. »

… C’est en effet très romantique… Une constipation romantique… Il doit s’agir d’un journal que Roselle tenait à ses débuts. Ces informations n’ont aucun intérêt pour moi… Et son écriture est encore plus laide que la mienne… Pensa Klein en détournant les yeux du document.

Il n’avait bien sûr entrevu que les deux pages ouvertes et ignorait ce que contenait le carnet.

Je serais curieux de connaître les mesures de sécurité prises ici. Je me demande s’il serait possible de venir le lire en douce…

Klein regarda autour de lui et vit constata qu’il y avait là pas mal de personnel d’agents de sécurité.

Peut-être y a-t-il parmi eux des Transcendants de l’Église du Dieu de la Vapeur et des Machines… marmonna-t-il pour lui-même en suivant leur guide qui se fondait dans la foule.

La salle d’exposition suivante avait pour nom : “Roselle Le Tendre”.

– « Voici la première lettre d’amour de l’Empereur Roselle. Et voici le premier poème d’amour qu’il a composé et qui s’intitule : “Quand vous serez vieille…”  », dit la guide en regardant le manuscrit à travers la vitrine avec des yeux brillants.

Quelle impudence ! Yeats doit se retourner dans sa tombe (*) ! Railla Klein.

– « Voici un bracelet qu’il a fabriqué. Ici, vous pouvez voir le manuscrit original de son roman… », expliqua la guide, littéralement en adoration.

… Klein fit de son mieux pour ne rien laisser paraître de ce qu’il ressentait.

L’Empereur Roselle, Artisan de sa profession Transcendante, était certainement très compétent dans son artisanat.

– « Ceci est le manuel d’enseignement de base qu’il a amélioré à l’intention de ses enfants. Chaque mot est illustré par une image… Ici, vous pouvez voir un petit jeu qu’il avait inventé pour ses enfants, similaire aux échecs d’Intis mais qui, pour on ne sait quelle raison, n’a jamais vraiment eu de succès… Ici, vous avez des blocs de construction qu’il a créés, toujours à l’intention de ses enfants… », expliqua la guide qui avait pris un ton doux sans même s’en apercevoir.

N’est-ce pas là ce foutu jeu d’échecs chinois ? Par ailleurs, vous allez devoir verser des royalties à Lego ! Pensa le jeune homme en souriant pour dissimuler ses émotions.

D’un coup d’œil, il remarque une femme de plus d’un mètre soixante-dix debout devant la vitrine. Elle avait de longs cheveux châtains qui lui tombaient jusqu’à la taille et une silhouette parfaitement proportionnée.

Si sa robe en dentelle lui donnait un air de jeune fille, en revanche, elle portait un chapeau mou démodé agrémenté d’une résille qui dissimulait son visage.

Elle resta là un long moment à observer les objets présents dans la vitrine et ne bougea pas, même quand Klein et les autres visiteurs passèrent à la suivante.

Quelques salles plus loin, la guide annonça :

– « Vous allez maintenant découvrir le bureau restauré de l’Empereur Roselle. Une partie seulement, bien entendu. »

Comme elle parlait, Klein et les autres entrèrent dans la salle et découvrirent le spectacle qui s’offrait à eux.

On aurait dit une bibliothèque dont les étagères s’élevaient sur deux étages. En bas, on pouvait voir des échelles et des allées menaient à ce paradis du livre en trois dimensions.

– « Vous pouvez imaginer le propriétaire de cet endroit montant et descendant ces échelles à la recherche d’un livre… », dit la femme, peignant une image saisissante.

Non, Roselle ne serait pas monté lui-même chercher un livre. Il aurait certainement envoyé ses domestiques… Pensa Klein.

Au centre des rangées d’étagères se trouvaient des bureaux, des sièges, des lampadaires en laiton et autres objets similaires, protégés par des vitres et isolés du monde extérieur.

Au premier coup d’œil, Klein repéra une pile de documents manuscrits au papier jauni dont ont ne pouvait voir que la première page.

Sur celle-ci était représenté un objet rectangulaire accompagné d’une description détaillée :

« Application portable et miniaturisée du télégraphe permettant de se connecter à toute personne en possession de cet objet, d’échanger des informations et même de converser.

Cela nécessite un meilleur positionnement. Je pense que nous pouvons hardiment jeter nos regards vers le ciel. Là, il n’y a pas d’obstruction et cela permettrait une meilleure transmission des signaux. »

Empereur, vous ne pouvez pas lâcher le téléphone portable ! Pensa Klein en portant la main à son visage.

C’est alors que la guide présenta les manuscrits :

– « Ici sont consignées les merveilleuses idées de l’Empereur Roselle, toutes les inventions qu’il n’a pas eu le temps de concrétiser, la gloire de ce dont notre civilisation humaine est capable ! »

Klein ne prêta pas attention à ces flatteries. Il observait tranquillement les autres objets lorsque soudain il avisa, posé sur le bureau, un livre à couverture rigide dans lequel était inséré un marque page orné d’un griffonnage d’enfant.

L’Empereur n’était pas doué pour le dessin… Raillait le jeune homme lorsque soudain, une pensée lui traversa l’esprit : Roselle avait un jour déguisé une Carte du Blasphème en marque-page et l’avait placée dans un livre !

Serait-ce celui-là ?

Il observa l’objet quelques secondes mais ne nota rien de particulier.

Mais j’y pense : il a dit que les Cartes du Blasphème possédaient des caractéristiques anti-divination et anti-prophétie. Dans des circonstances normales, rien ne permet de les repérer… Si c’était si simple, l’Église du Dieu de la Vapeur et des Machines les aurait emportées depuis longtemps…

Klein examina alors les autres livres et s’aperçut que beaucoup contenaient un signet, tous de formes différentes.

Il réfléchit un moment et, utilisant sa capacité de clown pour contrôler les muscles de son visage, demanda :

– « Tous ces livres sont-ils des ouvrages que l’Empereur Roselle a lus ? Pardon, je voulais dire, des originaux ? »

La guide hocha fermement la tête :

– « Oui, tout ce que vous voyez ici ̶ livres, manuscrits, signets, lampes, bouteilles d’encre, entre autres choses ̶ est issu du bureau de l’Empereur. Il y en avait bien davantage mais tout a été détruit au cours des différents conflits. »

Klein hocha légèrement la tête et se remit à examiner les signets.

Dans son journal, Roselle disait qu’il allait placer la Carte du Blasphème dans un livre très précieux afin que nul ne se doute que le plus précieux, dans ce livre, était en fait un obscur marque-page… Voyons, lequel de ces livres pourrait être précieux ? Se demanda le jeune homme en éliminant les ouvrages un par un.

« L’Ère glorieuse » … ça n’en a pas l’air…

« Histoire du Royaume d’Intis » … non, je ne pense pas…

« Géographie du Continent Nord » … possible mais peu probable…

« Principes Améliorés des Machines à Vapeur » … même chose.

Soudain, son regard s’arrêta sur la pile de manuscrits qu’il avait vue précédemment et qui concernait des objets provenant de la Terre que Roselle n’avait pas eu le temps ni les moyens d’inventer.

De ceux-ci dépassait un marque-page représentant cet homme en tenue d’Empereur.

NDT :

(1) Petite allusion à la culture européenne et au mystère auréolant la sépulture de William Butler Yeats, poète et prix Nobel irlandais mort en 1939.

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