Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 102 – Retour à l’Église de la Moisson
Chapitre 101 – Possible Menu Chapitre 103 – Ne jamais rien entreprendre sans y être préparé

Vol 2 : L’Homme Sans Visage / Chapitre 102 : Retour à l’Église de la Moisson

À la Cité d’Argent, dans une pièce exiguë…

Assis au bord de son lit, Derrick Berg se remémorait tranquillement ce qu’il avait appris au sujet des Sept Dieux.

Ces noms jusque-là inconnus de lui et ces obscurs mythes anciens, tout semblait indiquer qu’il existait, en dehors de la Cité d’Argent, un nouveau monde totalement différent du sien.

Serait-ce une terre qui n’aurait pas été abandonnée par les dieux ? Ou peut-être une terre protégée par de nouvelles divinités ?

Il restait là, assis, immobile dans l’obscurité. De temps à autres, un éclair aveuglant illuminait la pièce.

Il se mit à réfléchir aux différents pouvoirs concentrés entre les mains des Sept Dieux et établit un parallèle avec des divinités antiques comme Ankewelt, le Dragon de l’Imagination.

Le dénommé Dieu du Combat me rappelle beaucoup Aurmir, le Roi Géant. Le Seigneur des Tempêtes exerce un pouvoir similaire à celui de Soniathrym, le Roi des Lutins. La Déesse de la Nuit Éternelle semble être une fusion entre Flegrea, le Roi des Loups Démoniaques, et Lilith, l’Ancêtre des Vampires… Mais pour ce qui est de l’Éternel Soleil Flamboyant, de la Terre Mère, du Dieu du Savoir et de la Sagesse et du Dieu de la Vapeur et des Machines, je ne vois aucune entité qui leur corresponde…

Pour ce qui est des légendes mythiques, j’ai manqué beaucoup de choses pour ne pas avoir été suffisamment attentif en classe…

Ouf… Étant donné que je ne suis pas de patrouille pour le moment, je devrais aller me documenter à la bibliothèque de la flèche.

Joignant le geste à la pensée, il se leva.

Le problème auquel il était confronté était celui de la majorité des résidents de la Cité d’Argent. Lors des cours d’enseignement général, ils se concentraient surtout sur les cours pratiques tels que l’Étude des Diables, la Classification des Monstres, les Charmes et les Bases de la Transcendance, sur les connaissances susceptibles de leur servir pour gérer les monstres des ténèbres et augmenter la production de plantes comestibles. Mais pour ce qui était des cours complémentaires comme par exemple la Mythologie, la plupart du temps, ils n’y prêtaient pas grande attention.

Si l’histoire de la Cité d’Argent n’avait pas contribué à faire de ses habitants un peuple plus uni, à élever leur sens de l’honneur ou à renforcer leur sens de la mission – ce sur quoi le Conseil des Six était très strict – Derrick était convaincu qu’il ne pourrait pas se souvenir au-delà des deux ou trois dernières décennies.

S’emparant de la Hache de l’Ouragan, l’adolescent sortit de chez lui et suivit la route de pierre – propre, simple mais vieille et tachetée – jusqu’aux tours jumelles qui se dressaient au nord de la ville.

Dans la flèche de l’une de ces tours avait été établie la bibliothèque de Cité de l’Argent, un lieu convivial où l’on pouvait échanger des points de mérite et distribuer des produits de première nécessité. Dans le dôme résidaient les six membres du conseil. La rumeur prétendait qu’il renfermait un objet occulte ayant soutenu la Cité d’Argent pendant plus de deux mille ans, ainsi qu’un dépôt de formules et d’ingrédients.

Derrick monta directement au troisième étage où, d’après ses souvenirs, se trouvaient les documents et livres anciens relatifs à la mythologie.

Il était sur le point de prendre un ouvrage traitant du mythe de la création lorsqu’une jolie main fine et blanche s’en empara.

Le regard de Derrick remonta le long du bras et aussitôt, il baissa la tête. La main sur le cœur, il murmura :

– « Salutations, Aînée Lovia. »

Celle qui venait de lui prendre le livre n’était autre que la Bergère, un membre du Conseil des Six.

Elle portait une longue robe noire brodée de mystérieux motifs violets. Sa chevelure, d’un gris argenté, était épaisse et bouclée.

Magnifique avec son visage lisse et clair, elle paraissait âgée d’une trentaine d’années. Ses yeux gris clair semblaient dotés du pouvoir de pénétrer l’âme.

Lovia répondit brièvement à la salutation, hocha doucement la tête et, sans un mot, s’éloigna, le livre à la main.

Il semblerait que notre Aînée soit redevenue normale. Elle ne passe plus d’une émotion à l’autre, tantôt à pleurer, tantôt à rire, tantôt colère, tantôt indifférente… Se dit l’adolescent.

Soudain, il éprouva une peur inexplicable.

Lovia se comportait normalement…

Normale…

Klein, qui venait de parcourir l’intégralité du dossier, n’avait rien trouvé qui parlât d’un animal.

De toute évidence, l’enquête initiale avait négligé ce problème.

Bon, je vais devoir me remémorer mes précédentes considérations. Je ne peux pas mener sans réfléchir mes propres investigations. Outre le fait que je n’ai ni les moyens ni la confiance nécessaires pour éviter que le Diable pressente intuitivement le danger, je serais bien ennuyé si je me trouvais face à un Faucon de Nuit. Mon objectif est de rester un auxiliaire dont le travail consiste à analyser, à émettre des suppositions et à vérifier l’authenticité des indices…

Étant donné ce qu’il avait appris sur les capacités des Diables, il ne voulait pas confier à Stuart la mission d’enquêter sur les différents suspects pour savoir s’ils possédaient ou non des animaux de compagnie. Ç’aurait été bien trop dangereux pour ce dernier.

Nous n’en sommes qu’au stade préliminaire de l’enquête, sans direction spécifique. Stuart ne devrait pas rencontrer de problème. A la différence de ces fous de l’Ordre Aurora, un Diable ne s’exposerait pas sciemment. D’ici un ou deux jours, Stuart devrait faire son rapport. Il pourrait contenir des indices que d’autres ne détecteront pas.

Klein se leva et, les mains dans les poches, fit les cent pas dans le salon.

Son dilemme, à présent, était de trouver un moyen d’amener les principaux enquêteurs à inclure les animaux dans leur champ de recherches.

Je ne peux pas en parler directement, cela attirerait les soupçons. Même chose si je tentais de les aiguiller…

Après avoir mûrement réfléchi, notre détective décida d’un plan.

Il prit du papier à lettres, un stylo plume et écrivit :

« Cher M. Stanton,

« Un problème m’est venu à l’esprit. Lorsqu’il y a quelques jours les détectives discutaient, tous trouvaient le meurtrier très habile. Convaincus qu’il ne pouvait s’agir d’un talent inné, ils étaient d’avis qu’il devait avoir une grande expérience, comme c’est le cas pour les étudiants en chirurgie ou encore les bouchers.

« Sur le moment, j’ai pensé qu’il avait pu faire quelque chose de ce style auparavant. C’est une piste à explorer et sur quoi je me concentre actuellement.

« Mais après y avoir bien réfléchi ces deux derniers jours, je suis d’avis que ce n’est pas suffisamment exhaustif. Peut-être ne comptait-il pas sur le fait de tuer des gens pour acquérir de l’expérience.

« Est-il possible qu’il se soit entraîné sur de pauvres animaux ? Différentes sortes d’animaux vivants ?

« Un nombre incalculable d’animaux meurent quotidiennement à Backlund, sans compter ceux qui disparaissent dans les égouts. Ce sont là d’excellentes cibles d’entraînement.

« C’est une idée qui m’est venue et dont j’espère pouvoir discuter avec vous.

« Sherlock Moriarty »

Klein se garda bien de suggérer que le meurtrier pouvait être un animal transformé en Diable. Il fit appel au prétexte de la pratique dans l’espoir qu’Isengard Stanton prendrait note du “monde animal” jusque-là négligé et en ferait part aux Transcendants officiels en charge de l’affaire.

Tout en écrivant, le sentiment lui vint que ce pouvait être aussi une direction de recherche.

Si ce Diable n’a jamais été attrapé, c’est parce que la plupart du temps, il chassait des animaux. Or la chasse n’est pas une chose à laquelle on prête attention.

Eh bien, espérons que cela les inspirera… Pensa le jeune homme en pliant la lettre, après quoi il s’habilla et sortit pour aller la poster au bout de la rue.

Quinze minutes plus tard, voyant le détective Sherlock passer plusieurs fois devant sa fenêtre, l’avocat Jurgen finit par ouvrir la porte et demanda poliment :

– « Auriez-vous oublié votre clé, M. Moriarty ? »

– « Euh, en quelque sorte », répondit Klein en esquissant un sourire.

– « Pourquoi ne venez-vous pas dîner chez moi ? Vous rentrerez une fois la nuit tombée. Vous autres détectives privés êtes très doués pour l’escalade », dit Jurgen d’un air sérieux.

Vraiment ?

L’instant de surprise passé, Klein répondit sincèrement :

– « Ce serait un honneur ! »

La grand-mère de l’avocat, en effet, était un excellent chef cuisinier !

Et il pourrait en profiter pour taquiner le chat !

À la nuit tombée, Klein, qui avait eu son compte, se reposa un moment chez lui et quitta la rue Minsk, sa canne à la main.

Il avait l’intention de retourner rue de la Rose, au sud du pont, et d’interroger l’évêque Utravsky sur l’origine du Passe-Partout.

Aidé de sa Baguette de Sourcier d’orientation et quand bien même il faisait nuit, il parvint à l’Église de la Moisson et s’y faufila par le même chemin que précédemment.

Mais ce soir-là, l’évêque n’était pas là à se repentir. Seules trônaient des rangées de bancs dans le silence et l’obscurité.

Se reposerait-il ? Se demanda Klein, un peu perplexe, en se dirigeant vers le lieu de vie situé tout au bout de la nef.

Mais en prenant un tournant, il aperçut l’évêque géant qui remontait du sous-sol et entendit claquer une lourde porte de pierre.

Qui peut-il bien détenir au sous-sol ?

Une foule d’idées tordues traversèrent l’esprit de Klein.

Utravsky leva les yeux et aperçut Klein, toujours déguisé.

– « Vous n’avez toujours pas retrouvé votre chemin ? » Demanda-t-il, surpris.

… Est-ce que j’ai l’air de quelqu’un qui errerait depuis tout ce temps ?

Le jeune homme eut un sourire forcé :

– « Non, Père, je ne suis pas perdu. »

L’Évêque fronça les sourcils et s’arrêta au milieu des marches, ce qui fit qu’il était à la hauteur de Klein.

– « Vous pensez donc que la formule est fausse ? C’est impossible… »

– « Non, elle est authentique », répondit franchement le jeune homme.

Au même moment, on entendit à nouveau cogner à la porte de pierre ̶ avec une intensité croissante ̶ et une voix masculine cria : « Laissez-moi sortir ! »

– « Qu’est-ce que… ? »

– « Un vampire », répondit Utravsky avec un sourire chaleureux.

Il n’avait pas plutôt fini de parler que l’homme, au sous-sol, cria :

– « Qu’y a-t-il de mal à être un vampire ? Pensez-vous que les vampires doivent être enfermés ici à subir tous les jours votre harcèlement et à vous écouter citer les écritures ? Balivernes, je suis de sang noble ! Ne parlez pas de moi en des termes aussi vulgaires !

« Sachez que je vénère la lune et que jamais je ne me convertirai pour devenir un fidèle de la Terre Mère ! Renoncez, maudit prêtre ! »

Comme c’était la première fois que Klein était confronté à un vrai vampire, il ne put s’empêcher de demander :

– « Mon père, où l’avez-vous attrapé ? »

L’Évêque lui jeta un étrange regard :

– « C’est à lui qu’appartenait le Passe-Partout. Un jour, il s’est perdu et est entré ici. »

Klein était en plein dilemme. Devait-il continuer à porter cette clé sur lui ?

Heureusement que j’ai la divination… se dit-il, reconnaissant.

– « Il se trouve qu’il est arrivé dans un moment où il était assoiffé de sang. C’est comme ça que j’ai découvert son problème », ajouta Utravsky avec un sourire.

– « Balivernes, ne parlez pas de sang ! Ce dont j’ai besoin, c’est du sang d’une belle jeune fille, pas de celui d’un vieux pervers comme vous ! », répondit le vampire, soudain furieux.

Sans le moindre signe de colère, Utravsky expliqua :

– « Lorsqu’il a besoin de sang, je lui en donne un peu du mien. »

Klein hocha la tête et reporta son regard sur la lourde porte de pierre du sous-sol sur laquelle était gravés l’Emblème Sacré de la Vie ainsi que de nombreux symboles mystérieux. Cela formait un véritable sceau.

Durant la journée, lorsque les gens sont nombreux à venir prier, je doute fort que le bruit qu’il fait puisse être entendu à l’extérieur… se dit notre détective.

– « Puis-je vous être utile ? » Demanda soudain l’Évêque Utravsky.

– « Je voudrais savoir d’où vient le Passe-Partout », répondit Klein de but en blanc.

– « C’est à lui qu’il faut poser la question », répondit l’homme d’église en désignant le sous-sol.

Le vampire se tut brusquement puis eut un petit rire :

– « Mon ami, je peux répondre à votre question mais à une condition : délivrez-moi d’abord ! »

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