Auteur : Thremendous
Traductrice : Moonkissed
J’ai visité quatre autres factions de taille moyenne à Seokyeong.
Parmi elles, j’ai perdu les duels à Eunryubo et à Hwiyeongmun, mais j’ai gagné à Gaejubang et à Yugwolbo.
Ayant gagné une petite notoriété, je me suis ensuite rendu dans des factions de taille moyenne classées parmi les sectes non orthodoxes, dont la faction Hoejaeng.
— Dernièrement, j’ai entendu parler d’un jeune épéiste d’élite qui défie tout le monde en duel à travers Seokyeong. Il s’avère que c’est toi.
La faction Hoejaeng, réputée secte non orthodoxe de Seokyeong, m’accueillit d’un grand rire dès mon arrivée.
Le chef de la faction Hoejaeng, un vieil homme à la longue barbe vêtu d’une robe grise, dégageait une aura particulière qui le faisait ressembler à un ermite. Les anciens de Hoejaeng avaient eux aussi des allures de cultivateurs.
— Malheureusement, je me suis blessé au bras droit ces derniers jours, je ne pourrai donc pas croiser le fer. À la place, les anciens de notre faction relèveront ton défi.
À ces mots, un quadragénaire robuste, au sourire aimable, se leva.
— Je suis Taek Jeok-yeop, premier ancien de la faction, et je serai ton adversaire.
— Je vous demande également un bon combat.
Peu après, nous montâmes sur l’estrade de duel et prîmes nos positions.
— Que le duel…
Boum !
— … commence !
Avant même que le chef présidant le duel n’achève l’annonce, Taek Jeok-yeop se rua sur moi, sabre en avant, et lança l’attaque.
— Ainsi donc, voilà la nature des sectes non orthodoxes.
Imperturbable, j’infusai mon épée d’énergie et parai son assaut.
Épée Tranche-Montagne, Deuxième Mouvement, Entrer dans la Montagne !
Sifflement !
Je passai sous son sabre chargeant en position moyenne puis, en position basse, visai une taille basse pour trancher son bas du corps.
Clac !
Jeok-yeop bondit souplement en l’air, esquiva ma lame et s’abattit avec son sabre.
— L’affronter de front est dangereux.
Mais reculer ne ferait que me placer sous une pression constante.
Épée Tranche-Montagne, Huitième Mouvement, Vallon Retiré.
Whoosh !
Clang !
Je déviai son sabre de ma lame, détournant la direction de son coup puissant. Le sabre, me frôlant de justesse, fit un bruit tonitruant en fracassant le sol de l’estrade.
Je saisis l’instant fugace qui suivit l’attaque de Jeok-yeop pour contre-attaquer.
Épée Tranche-Montagne, Cinquième Mouvement, Falaise Rocheuse.
Whoosh, whoosh, whoosh !
Je tournoyai sur place, tel une danse d’épée, tissant une défense impénétrable de mes mouvements.
Jeok-yeop recula d’un pas pour éviter de se faire happer et je ne manquai pas l’occasion d’avancer de nouveau.
Épée Tranche-Montagne, Quatrième Mouvement, Crête Coulante !
Boum !
Des mouvements ondoyants, semblables aux crêtes d’une montagne, déferlèrent vers Jeok-yeop.
Il brandit son sabre pour contrer mon assaut, mais l’énergie d’épée se tortilla et s’insinua dans sa garde.
— À présent, pour en finir…
Fft !
À cet instant, un objet minuscule et aigu fila droit vers mon œil.
— !
Surpris, j’esquivai et retirai ma lame.
— Une aiguille ?
C’était une fine aiguille.
Jeok-yeop l’avait tirée de sa bouche, grâce à un mécanisme d’aiguille cachée.
— Cela fait partie de mon art martial, j’espère que tu ne t’en offusqueras pas.
Le sourire affable aux lèvres, Jeok-yeop revint sur moi, sabre levé.
Je me sentis soudain l’esprit clair.
‘Ainsi, les sectes non orthodoxes emploient beaucoup d’artifices.’
Clairement, en termes de pur art martial, Jeok-yeop était de plusieurs crans inférieur au maître de la Salle des Huit Respect.
Si j’avais juste un peu plus insisté avec mon épée, j’aurais pu le désarmer complètement.
Mais avec de telles techniques inattendues comme l’aiguille cachée, sa capacité réelle au combat pouvait dépasser celle d’un artiste martial droit et loyal.
‘De telles expériences, je n’aurais pas pu les acquérir aux côtés de Young-hoon hyung-nim.’
Il était le meilleur au monde, un héros noble et droit.
S’il fut appelé le Démon Extrême dans ma vie précédente, c’est parce qu’il s’opposait aux cultivateurs, non parce qu’il était sinistre.
Ainsi, s’entraîner avec lui n’impliquait que l’art martial pur, sans gestion de ce genre de situations imprévisibles.
Désormais, mon expérience s’accroîtrait au fil d’innombrables duels contre des non orthodoxes.
‘Même si, dans ma vie passée, je n’étais pas dépourvu d’expérience réelle, c’était surtout des batailles à grande échelle, des confrontations contre des cultivateurs, ou des raids de bureaux gouvernementaux aux côtés de Young-hoon hyung-nim…’
Je n’avais pas eu tant d’affrontements directs avec des non orthodoxes, à plus forte raison avec un élite des non orthodoxes comme lui !
Clang, clang, clang !
Le sabre de Jeok-yeop me taillada trois fois de suite.
Au même moment—
Pft, pft, pft !
Il me décocha en continu ces aiguilles fines à peine visibles, ce qui était très perturbant.
— Bon, on en finit.
Je décidai d’abattre ma carte maîtresse.
Pour traiter ce genre de gêneur, le mieux est de l’écraser d’un coup.
Épée Tranche-Montagne, Neuvième Mouvement, Peinture de Paysage.
Épée Tranche-Montagne, Sixième Mouvement, Roche Étrange.
Combinant six tailles diagonales aux variations multiples, j’accélérai le rythme des lames.
Éclair !
Les six frappes contrèrent à la fois les aiguilles et le sabre, trouvant une ouverture dans l’enchevêtrement des variations.
Épée Tranche-Montagne, Septième Mouvement, Montagne Profonde !
Je me glissai dans l’ouverture et, pivotant de bas-droite vers haut-gauche, j’abattis une taille ascendante.
Swoosh !
Je ne fis que fendre son vêtement, car il ne s’agissait que d’un duel d’entraînement, et j’émergeai vainqueur.
— Duel, le challenger Seo Eun-hyun l’emporte !
— Quel beau duel. Ha ha.
— J’en ai beaucoup appris.
Je saluai respectueusement Jeok-yeop et m’apprêtais à quitter l’estrade quand quelque chose se produisit.
Caressant sa barbe, le chef de la faction Hoejaeng déclara à haute voix :
— Alors, enchaînons immédiatement avec un duel consécutif !
Quoi ?
Surpris, je l’interrogeai.
— Que signifie “duel consécutif” ? On ne m’en a pas informé à l’avance.
— Hein ? Je ne l’ai pas dit ? Il me semble avoir clairement proposé une série de trois duels consécutifs et que tu avais accepté, non ? Tout le monde, vous m’avez entendu, n’est-ce pas ?
— Oui, le chef a raison.
— Je l’ai très bien entendu aussi.
Les anciens de Hoejaeng acquiescèrent d’une seule voix, et je ne pus que dissimuler mon irritation.
— Ces gens…
Est-ce donc cela, appartenir aux non orthodoxes ?
— N’avaient-ils jamais eu l’intention de me laisser gagner et partir ?
— Tu ne supposes pas que si je gagne et m’en vais, je compte répandre des rumeurs déshonorantes sur Hoejaeng ?
— Ne t’en fais pas, petit.
Le chef sourit d’un air bénin.
— Tu seras légèrement blessé lors de nos duels, tu développeras la gangrène et tu finiras par mourir. Nous prendrons grand soin de toi, mais malgré tous nos efforts, tu rendras malheureusement l’âme.
— Vous êtes fous.
Leur manière de penser était totalement différente.
— N’aviez-vous pas l’intention de me laisser partir si je gagnais ?
— Notre faction Hoejaeng t’a-t-elle jamais semblé appartenir aux justes ? Nous sommes une organisation illégale non reconnue officiellement par les autorités. Venir défier une organisation illégale en duel, c’est comme prendre d’assaut la tanière de bandits.
— …Eh bien.
Je ne pus que rire jaune.
— Je le savais.
Bien qu’on dise que le monde martial est partagé entre factions Droites et Non orthodoxes, il est en réalité écrasé par la faction Droite.
Fondamentalement, le terme « faction Droite » se réfère aux écoles ayant maîtrisé les arts martiaux orthodoxes. Cependant, à Yanguo, la « faction Droite » désigne spécifiquement les écoles reconnues officiellement par les autorités.
À l’inverse, la « faction Non orthodoxe » signifie des groupes de combattants qui s’assemblent pour des activités illégales.
De ce fait, la faction Non orthodoxe ne peut jamais opérer au grand jour, contrairement à la faction Droite, toujours sous la lumière. La plupart des organisations non orthodoxes ne sont pas reconnues ni autorisées par les autorités.
Évidemment, selon les normes, demander un duel à une organisation illégale était de la folie. Ce n’était pas différent que d’aller provoquer une bande dans sa planque.
Bien sûr, les écoles de la ville, contrairement aux repaires de bandits, partageaient quelques points communs avec les écoles droites, mais au fond, elles n’étaient guère différentes ; mon acte restait aberrant.
Mais…
— …Cependant, toutes les factions non orthodoxes ne sont pas des organisations illégales frappées de démence. D’après ce que je sais, certaines conservent encore une fierté d’artistes martiaux. Il semble que Hoejaeng n’en fasse pas partie.
Mon intrusion chez une faction non orthodoxe pour demander un duel n’était pas irréfléchie. Fort des informations glanées dans ma vie précédente, j’avais ciblé des organisations non orthodoxes gardant la fierté des arts martiaux, et Hoejaeng en faisait partie.
Tic.
À mes mots, le sourcil du chef de Hoejaeng tressaillit.
— …La fierté ne remplit pas la marmite. Ne pas commettre d’ignominies ne rend pas une secte prospère…
— Ce que j’en pense ne te regarde pas… Mais ceux qui manquent de la fierté la plus élémentaire resteront au même point toute leur vie.
— …
Bien sûr, je pouvais parler ainsi parce que je savais que Hoejaeng deviendrait une secte droite d’ici quelques années.
— …Quoi qu’il en soit, cela ne change rien. En tant que puissance dominante de ce quartier, nous avons le devoir de nous occuper de l’imbécile qui a osé nous défier en duel.
Clic, clic, clic, clic, clic !
Hormis le premier ancien, dix anciens de Hoejaeng m’encerclèrent.
— Que commence le second combat consécutif !
— …Vous parlez bien.
Dix contre un, en duel ?
La logique de ces non orthodoxes était grotesque, mais…
— Après tout, c’est pour cela que je suis venu.
Je ricanais et tendis mon épée vers les dix anciens qui m’encerclaient.
— Venez. J’accepte.
Ainsi commença le duel.
À Seokyeong, un jeune artiste martial commença à se faire un nom. Il alla défier en duel la faction non orthodoxe Hoejaeng et devint la risée générale. Défi en duel d’une organisation illégale ! Ce n’était pas différent de provoquer un repaire de bandits.
Tous s’attendaient à retrouver le jeune artiste mort le lendemain.
Un jour passa, et l’on supposa que l’artiste avait été tué.
Deux jours passèrent, et la rumeur courut que Hoejaeng avait tué l’artiste et enterré son corps sous leur école.
Le troisième jour, on pleura la mort du jeune artiste.
Cependant, le soir du troisième jour, l’artiste surgit de la forteresse de Hoejaeng, couvert de sang.
Puis il se rendit dans une auberge, commanda des nouilles et des raviolis, et partit aussitôt défier une autre secte.
Plus tard, on apprit que Hoejaeng avait livré des combats consécutifs sans fin contre l’artiste. Des dizaines de combattants de Hoejaeng se relayaient, nuit et jour, sans repos.
Le jeune artiste les affronta tous et les vainquit, durant trois jours et trois nuits. Fidèles à leur nature non orthodoxe, ceux de Hoejaeng qui avaient été vaincus et s’étaient rétablis revinrent même dans l’arène, mais l’artiste leur brisa les membres à quiconque tentait de revenir.
Finalement, le troisième jour, tous les maîtres non orthodoxes de Hoejaeng unirent leurs forces contre le jeune artiste, mais il les surmonta tous et s’échappa de Hoejaeng.
Aussitôt ses nouilles avalées, il partit défier une autre secte.
Les actions insensées du jeune artiste devinrent la rumeur de Seokyeong, et on lui donna un surnom à la mesure de sa folie.
L’Inépuisable Esprit de Combat, Seo Eun-hyun !
C’était moi.
— Slurp !
Après avoir écumé trente-trois petites sectes de Seokyeong et mangé des nouilles dans une auberge, je fis le point.
— Les duels contre les factions droites m’épuisent moins que ceux contre les non orthodoxes.
Lors de ma dernière rencontre avec Hoejaeng, j’avais failli y laisser ma peau.
— Ces brutes sans vergogne…
Même Taek Jeok-yeop, le premier vaincu, était revenu dans l’arène après avoir repris des forces, quand j’étais exténué par les combats à la chaîne.
Quand leurs manœuvres infâmes devinrent flagrantes, je me mis aussi à employer des méthodes peu glorieuses. Feignant d’essuyer mon épée, j’y appliquai en douce un poison tiré d’herbes toxiques.
Dans ma vie passée, quand je devins stratège en chef de l’Alliance du Wulin, j’avais étudié la médecine jusqu’au niveau d’un grand médecin, et j’avais aussi travaillé à la salle de soins de la Place du Dragon Combattant. Mais être grand médecin, c’est aussi être grand empoisonneur. La frontière entre soigner et tuer est ténue.
Avec le poison, les combats devinrent bien plus aisés. Dès que mon épée, enduite de toxique, égratignait un combattant de Hoejaeng, il s’effondrait aussitôt, écumant de la bouche.
Hoejaeng se mit ensuite à employer le poison contre moi. Mais j’étais grand médecin.
— Leur toxicologie, basique et bon marché, ne pouvait m’affecter.
Les poisons de Hoejaeng se neutralisaient sans peine avec les antidotes et les herbes que j’avais préparés à l’avance.
Fou de rage, le chef de Hoejaeng rassembla tous leurs combattants pour me garder captif trois jours et trois nuits.
— Ce vieux fou…
C’était comme des vagues infinies de sous-fifres, comme s’ils avaient un art de clonage. Les combattants de Hoejaeng, voyant leurs défaites, finirent par m’assaillir au grand jour avec lances et flèches, en formations de bataille.
— Sans otages, j’y passais.
À la fin, je dus foncer sur le chef de Hoejaeng, le neutraliser et le prendre en otage pour sauver ma vie. Mais même cela ne suffit pas : les anciens de Hoejaeng ignorèrent le sort de leur chef et continuèrent d’ordonner ma mort, m’obligeant à affronter toute la secte le dernier jour.
— Sans poison, otages, stimulants et narcotiques, je serais mort.
Le dernier jour, j’étais si épuisé que j’avalais des stimulants comme un forcené. Même après m’être échappé de Hoejaeng, j’étais encore sous leur effet, assez pour aller défier sans sourciller une autre secte droite.
— Haaa…
Rien qu’en y repensant, je soupirai.
En dehors de Hoejaeng, les autres non orthodoxes étaient du même tonneau. D’abord, ils semblaient accepter un duel équitable, mais dès que je gagnais, ils imposaient des combats consécutifs. Si je continuais de l’emporter, les disciples aux alentours dégainaient soudain leurs armes dissimulées et m’attaquaient tous ensemble.
Ainsi, de nombreux sous-fifres non orthodoxes épuisaient mes forces. Je prenais des stimulants, répandais le poison, et ripostais. Quand mes forces étaient à bout, je fuyais de toutes mes forces. Si j’avais encore assez d’énergie, j’affrontais toute la faction non orthodoxe, la mettais à genoux, puis partais.
Après de tels — duels, je prenais encore des stimulants et allais défier une secte droite voisine. Dans ces écoles droites, ma vie n’était pas en danger, peu importait victoire ou défaite. Ensuite, gagnant ou perdant, je demandais à passer la nuit sur place. Dans leurs murs, je n’avais pas à craindre d’attaque des non orthodoxes ; je pouvais enfin dormir en paix.
Ainsi, j’ai écumé d’innombrables écoles droites et non orthodoxes à Seokyeong, duellant comme un fou. On me traitait de dingue, d’Esprit de Combat Inépuisable, mais je m’en moquais.
— Je manque de talent.
La voie jusqu’au sommet que je vise est inabordable pour mon talent. Je dois donc me battre sans cesse, franchissant la frontière entre vie et mort. C’est ainsi que je dois atteindre ce royaume.
Que doit faire un sans-talent pour franchir un mur ?
— Devenir fou.
Quand le talent manque, il faut la folie. C’est le seul moyen pour un lourdaud d’apercevoir le même monde qu’un génie.
Ainsi, je mis à sac non seulement Seokyeong mais tout Yanguo, visitant d’innombrables écoles droites et non orthodoxes, duellant sans répit. Deux années passèrent ainsi.
Cela faisait un moment.
J’arrivai à notre première maison de montagne où j’avais promis de retrouver Kim Young-hoon.
Au cours de ces deux années de remous, ma réputation se répandit dans tout Yanguo, surtout après le scandale causé dans les sectes de Seokyeong. En conséquence, les Quatre Étoiles et Trois Démons de Seokyeong tentèrent même de me recruter, ce que je déclinai net. Endosser des responsabilités organisationnelles dévore inévitablement le temps personnel, et vu mon talent limité, cela risquait de m’empêcher d’atteindre la barrière du Pinacle de mon vivant.
Pendant ces deux années de chaos, j’ai multiplié les duels avec les factions droites et accumulé de l’expérience réelle sous couvert de duels avec les non orthodoxes. Il m’est même arrivé d’échapper de justesse à la mort après des guets-apens d’assassins dans des auberges, envoyés par les non orthodoxes.
Mon expérience réelle s’est énormément accrue, au point que je peux dire avec assurance que j’ai au moins dix pour cent de chances de vaincre n’importe quel expert de fin premier ordre, quelle que soit sa force. Cependant…
‘Je ne vois toujours pas le mur du Royaume du Pinacle, et encore moins comment l’atteindre !’
Que me faut-il de plus pour atteindre ce Royaume du Pinacle ?
Soupirant, j’entrai dans la maison pour honorer mon rendez-vous avec Kim Young-hoon.
— Ha ha, qui voilà, si ce n’est le célèbre Esprit de Combat Inépuisable, Seo Eun-hyun ? lança-t-il dans le jargon du jianghu.
— …Je suis honoré de rencontrer le renommé Young-hoon, moi aussi, répondis-je en le saluant.
— Ah, ce titre de Young-hoon ne me convient jamais. Quel monde tordu où il n’y a pas de clan Kim ?
— Eh bien, si tu n’aimes pas Young-hoon, il faudra t’appeler Geum-hoon, plaisantai-je.
— Tsk, ça ne me plaît pas.
— Qu’y a-t-il à redire, Young-hoon, l’un des Trois Grands Guerriers, le Sabre de la Montagne Absolue ?
En effet, Kim Young-hoon, qui avait maîtrisé le Registre de la Contemplation et le Surpassement Martial, avait, en seulement deux ans dans cette vie, atteint le statut d’un des Trois Grands Guerriers.
‘Il a progressé encore plus vite que dans sa vie précédente.’
Le Kim Young-hoon de cette vie pourrait-il vaincre un cultivateur ?
Ses arts, héritant de l’illumination arrachée à sa vie antérieure, se renforçaient beaucoup plus vite qu’avant.
‘Peut-être…’
Oui, peut-être deviendrait-il encore plus fort.
— …Assez bavardé, croisons le fer, cela fait longtemps.
— Ha ha, c’est un honneur d’affronter la lame d’un des Trois Grands Guerriers !
Nous entrâmes dans l’arène intérieure et engageâmes le duel.
‘Les techniques ordinaires ne servent à rien contre Kim Young-hoon.’
Je démarrai d’emblée avec toute ma sincérité.
Épée Tranche-Montagne, Premier Mouvement, Transcender les Pics.
Épée Tranche-Montagne, Douzième Mouvement, Sept Lumières Surgissant du Sommet.
Je me ruai, exécutant une taille horizontale, suivie de sept rais d’énergie d’épée au-delà de la taille.
— Tu t’es amélioré par rapport à il y a deux ans, nota-t-il.
Whoosh !
Sans même dégainer, Kim Young-hoon balaya d’un geste désinvolte son sabre au fourreau et dissipa toute mon énergie d’épée.
— Mais c’est encore maladroit.
— Je vais devoir te montrer du nouveau.
Épée Tranche-Montagne.
Treizième Mouvement.
Joie des Montagnes et des Pics.
Je pivotai rapidement sur place, tranchant trois fois, puis levai haut la lame et l’abattis trois fois.
Des tailles croisées s’abattirent sur Kim Young-hoon.
À partir du treizième mouvement de l’Épée Tranche-Montagne, chacun mérite le titre de « coup décisif ».
‘Il ne pourra pas esquiver !’
Mais Kim Young-hoon, sans tenter d’éviter, allongea son sabre au fourreau et, d’un geste lent et fluide, balaya diagonalement deux fois de bas en haut, neutralisant sans effort mon énergie d’épée.
— Alors, une frappe qu’on ne peut neutraliser…
Épée Tranche-Montagne.
Quatorzième Mouvement.
Mont Qi, Ciel du Cœur !
Whoosh !
L’énergie de tout mon corps monta d’un coup.
Une force majestueuse jaillit de mes méridiens jusque dans ma lame.
Une énergie vaste comme une montagne, un cœur vaste comme le ciel !
L’énergie d’épée, d’ordinaire informe, commença à se condenser, esquissant une forme.
Une ébauche de « soie de l’épée », qui ne devrait être possible qu’au Royaume du Pinacle, fut arrachée de force.
J’exécutai la taille, montant en diagonale de droite à gauche.
Koua-gwang !
Une énergie d’épée formidable fondit sur Kim Young-hoon.
Il leva son sabre encore gainé et visa précisément un point de mon énergie.
En un instant—
Tchang !
L’énergie survoltée éclata en tous sens et se dissipa.
— …
Je le fixai, interloqué.
Mont Qi, Ciel du Cœur avait toujours été ma signature, capable de fendre en deux n’importe quel adversaire ou technique, tant sa puissance était terrifiante. Je croyais qu’elle serait efficace même contre les maîtres au sommet. La voir neutralisée d’un instant me submergea d’une frustration que je ne pus contenir.
— Ton pouvoir est trop dispersé. Concentre ton énergie d’épée en une seule intention, plus dense, conseilla-t-il.
— …Merci du conseil.
— À mon tour, maintenant.
Sans me laisser réagir, il prit sa pose et annonça doucement sa technique.
— Sabre Tranche-Veines, Quatrième Mouvement, Vent de Montagne.
Swoosh !
Ça vient !
Je dégainai vite une technique pour contrer « Vent de Montagne ».
Épée Tranche-Montagne.
Quinzième Mouvement.
Montagnes Superposées.
Je brandis l’épée.
L’énergie émise par un seul trait se scinda en trois.
Une nouvelle taille : ces trois devinrent neuf.
Encore une : les neuf devinrent vingt-sept.
Poursuivant la danse de l’épée, je subdivisai davantage.
Bientôt, l’espace devant moi se remplit d’une futaie serrée d’énergies, comme un taillis d’épines.
Bang !
La pointe presque invisible du Vent de Montagne ne put percer le mur d’énergie formé par les Montagnes Superposées et se dissipa.
— Haa… Hah…
Mais après Montagnes Superposées, j’étais trempé de sueur froide, à peine debout. L’épuisement mental était immense.
Scinder l’énergie exige une concentration énorme.
La morceler en centaines de fragments, dresser un mur comme un fourré d’épines avec Montagnes Superposées, épuisait le cerveau comme s’il fondait.
Les coups décisifs ne portent pas leur nom en vain. Ils sont la quintessence de la concentration extrême et de la détermination d’une vie.
Les arts ordinaires n’en contiennent qu’un ou deux de si terribles. Mais l’Épée Tranche-Montagne, perfectionnée par Young-hoon hyung-nim dans ma vie passée, en possédait douze de plus.
— Un talent dément, vraiment.
Cela signifiait aussi qu’à chaque mouvement au-delà du douzième, je ressentais une fatigue écrasante. Efficaces, oui, mais éreintants.
Sur cette lancée, j’enchaînai et me ruai sur Kim Young-hoon.
Épée Tranche-Montagne.
Seizième Mouvement.
Tigre des Montagnes.
De bas-gauche vers haut-droite.
De bas-droite vers haut-gauche.
Quatre fois chaque.
Huit tailles au total s’abattirent sur lui.
Semblable au Neuvième Mouvement, Peinture de Paysage, où les tailles se dispersent en tous sens, Tigre des Montagnes concentrait la puissance de toutes les tailles vers un seul point.
Chacune des huit devait converger exactement sur un point, demandant une concentration extrême.
— Tes appuis sont ouverts.
Mais Kim Young-hoon visa mes jambes en position basse, brisant complètement Tigre des Montagnes.
Whoom !
— Guh !
Fauché par son sabre encore au fourreau, je tombai.
— On dirait que j’ai gagné.
— Oui, félicitations.
Je rengainai, me relevai, et le remerciai. Sa critique venait de dévoiler des points faibles dans mes techniques.
Pendant un moment, il me montra mes lacunes et axes d’amélioration, que je gravai dans ma mémoire.
Après m’avoir guidé en duel dix nuits durant, il promit une prochaine rencontre et partit.
Moi aussi, je me remis en route pour une nouvelle série de duels.
Ainsi, le temps coula comme un fleuve, et trois années passèrent.
Voilà cinq ans que je suis revenu.
Pas le jour prévu, mais après un duel contre une secte moyenne de Cheongju, Kim Young-hoon me retrouva.
— Ça fait longtemps, Fou Furieux du Combat, Seo Eun-hyun.
— …Kim Young-hoon… C’est bien toi ?
— Haha, c’est peut-être un peu étrange. Les choses sont ainsi…
En trois ans, mon surnom avait glissé d’Esprit de Combat à Fou du Combat. Mon expérience réelle avait encore grandi, ma réputation aussi. Mes talents peu reluisants—poisons et armes cachées—avaient eux aussi progressé au contact des non orthodoxes.
Des cicatrices accumulées maculaient mon corps, preuves de mes années. Mais mon niveau martial restait le même : toujours fin premier ordre. Le mur du Royaume du Pinacle demeurait invisible.
En revanche, le Kim Young-hoon que je retrouvais avait totalement changé.
Son apparence était celle d’un homme dans sa vingtaine.
— Rajeunissement ! Cela signifie…
Il avait déjà atteint le royaume des Cinq Énergies Convergeant à l’Origine, état de jouvence retrouvée.
Je ressentis un léger vide. Tandis que certains progressent à peine après des années d’expérience réelle, d’autres franchissent un palier dès l’activation de leur talent inné.
— Haha, atteindre les Cinq Énergies a rajeuni mon corps. J’ai gagné un domaine entièrement différent du stade des Trois Fleurs Rassemblées au Sommet. Voilà ce qui s’est passé.
— Qu’est-ce qui t’amène ? Ne s’est-on pas vus il y a un an ?
Nous devions nous voir tous les deux ans.
Deux ans après la séparation, puis encore deux ans.
Nous nous étions croisés à chaque fois, et voilà seulement un an s’était écoulé.
— Eh bien, après avoir atteint les Cinq Énergies, j’ai parcouru Yanguo, défiant diverses grandes sectes, et j’ai compris une chose.
— Laquelle ?
— Il s’avère que j’ai atteint l’absolu des arts martiaux en Yanguo. Personne n’égale même une fraction de ma force. Alors, j’ai pensé…
Il fit une proposition subtile.
— À présent, en tant que numéro un, je compte diriger une secte ou une organisation. Je t’offrirai un poste si ça t’intéresse…
— Je me plais tel que je suis.
Il semblait frappé du syndrome du Chef de l’Alliance du Wulin.
Accepter revenait sans doute à devenir conseiller ou chef de division, croulant sous la gestion. Vu ma renommée et mes aptitudes, bien supérieures à celles de mes vies précédentes, ce serait facile, certes.
Mais…
— Je ne peux pas me permettre de laisser mon temps se faire dévorer par l’organisation.
Alors qu’un génie atteint les Cinq Énergies en cinq ans, un lourdaud comme moi progresse à peine.
Chaque minute, chaque seconde m’est précieuse pour atteindre le Pinacle.
Je ne peux donc pas céder mon temps.
Face à mon refus net, Kim Young-hoon soupira et s’éloigna, un peu déçu. Il ajouta qu’une fois son organisation lancée, il serait plus difficile de se voir souvent, et que si je le rejoignais, il pourrait toujours croiser le fer et me guider.
‘Peu importe la qualité de l’offre, je ne rejoindrai pas, cette fois.’
J’avais déjà reçu d’innombrables guidances et séances de duel de lui dans mes vies passées.
À présent, j’ai davantage besoin d’un océan d’expériences réelles !
Même Young-hoon, mon hyung-nim d’autrefois, me conseillait d’accumuler les combats réels une fois le fin premier ordre atteint.
Le rejoindre maintenant serait une perte.
Je décidai d’observer son parcours de loin dans cette vie-ci, et poursuivis mon interminable série de duels.
