Auteur : Thremendous
Traductrice : Moonkissed
Je tendis mon bras au renard qui s’était approché de moi ce matin-là, le coupant moi-même.
C’était un acte symbolique : trancher toute hésitation future.
Après avoir mangé mon bras, le renard nous permit de rester, puis s’en alla.
Sans prêter attention aux autres, je gagnai une partie tranquille de la forêt et continuai à brandir mon épée, cherchant à retrouver cet instant d’illumination !
Mais un jour passa, puis deux, et le troisième jour, lorsque les cultivateurs vinrent enlever mes camarades — alors même que je m’étais acharné à manier mon épée sans manger, sans dormir, sans repos —, l’illumination ne revint pas.
Je ne m’arrêtai que le quatrième jour, juste après que le Roi Dragon des Mers, Seo Hweol, eut enlevé la Directrice Oh.
Je préparai alors un festin pour la Directrice Kim et Kim Young-hoon, assis dans le désespoir, en ajoutant des épices aux champignons grillés.
Nous trois mangeâmes ce festin et eûmes notre dernière conversation. Peu après, la Directrice Kim éveilla ses pouvoirs et, au loin, un vieil homme chevauchant une marionnette géante apparut.
Après un bref affrontement avec la Directrice Kim, le vieil homme nous poussa, Kim Young-hoon et moi, dans une faille spatiale, et nous fûmes projetés au loin.
Je fermai les yeux une dernière fois en voyant la Directrice Kim tendre la main vers nous.
Quand je les rouvris, je me trouvai sur un arbre.
— Hmm…
Je fis appel à mon agilité pour descendre et découvris que Kim Young-hoon était lui aussi suspendu dans un autre arbre.
Après l’avoir aidé à descendre, j’examinai les environs.
— C’est la partie sud-ouest du Yanguo.
Dans ma vie antérieure, en parcourant le pays, en dirigeant le Palais des Démons Célestes et le Gwiyeonggak, j’avais acquis assez d’assurance pour déterminer à peu près ma position n’importe où dans le Yanguo.
— Après une centaine d’années à errer dans le Yanguo…
Bien sûr, je ne connaissais pas chaque recoin du pays, mais je pouvais en deviner l’emplacement général.
— Réveille-toi, Directeur.
Je réveillai Kim Young-hoon et lui expliquai la situation. Il semblait paniqué, mais, après tout ce que nous avions vécu, il l’accepta avec un certain calme.
Ensemble, nous nous dirigeâmes vers la ville la plus proche, tandis que je lui enseignais les lettres et la langue en chemin.
Quelques jours plus tard, nous atteignîmes la ville de Hobeok. Nous vendîmes des herbes médicinales et achetâmes un manoir.
Je lui enseignai la lecture, la langue et la Technique du Sabre Sectionneur de Veines — une technique qu’il avait créée dans sa vie passée en modifiant mon Art de l’Épée Tranche-Montagne.
Sous ma tutelle, il devint un maître du pinnacle en seulement trois mois.
— C’est un peu vide, tout ça.
Certains passent toute une vie à peine à atteindre le niveau supérieur, tandis que d’autres parviennent au sommet en trois mois.
— Et penser qu’il a atteint les Trois Fleurs Rassemblées au Sommet…
Je le regardai manger une racine de bambou jaune, tandis que les Trois Fleurs flottaient au-dessus de sa tête.
— Pfff…
Lorsqu’il eut terminé sa méditation, il se leva, le visage détendu.
— Ha ha, je crois que je pourrais même te battre maintenant, Directeur Seo !
…
Je le regardai, plein d’énergie, et ressentis un mélange doux-amer.
Il était le Young-hoon Hyung-nim que j’avais connu dans ma vie antérieure.
Mais mentalement, il était désormais bien plus jeune que moi.
‘Si l’on compte les années vécues, je suis assez vieux pour être l’arrière-grand-père du Directeur Kim Young-hoon.’
Face à son enthousiasme, je songeai à ne pas l’accompagner dans cette vie-ci.
— … Directeur, j’ai quelque chose à te dire.
— Quelque chose ? Oh, bien sûr. Ne t’inquiète pas, je t’enseignerai bien cet art martial…
— À partir d’aujourd’hui, je vais me séparer de toi, Directeur.
— Quoi ?
Il me regarda, interloqué.
— Pourquoi, Directeur Seo ? Non… Seo Eun-hyun.
— Exactement comme je l’ai dit. Je compte voyager seul désormais.
— Pourquoi ?
Des souvenirs de Young-hoon Hyung-nim dans mes vies antérieures me revinrent.
Dans la première, il était devenu chef de l’Alliance du Wulin, mais avait fini par découvrir le monde des cultivateurs, les avait affrontés, désespéré, puis s’était effondré.
Dans la seconde, il avait fondé la plus grande faction du monde, s’était rebellé contre les cultivateurs, les avait massacrés, avant de renoncer aux arts martiaux pour devenir lui-même cultivateur.
Sans doute en serait-il de même cette fois.
Dans cette vie encore, il s’élèverait, apprendrait les arts martiaux, affronterait les cultivateurs, désespérerait devant eux et choisirait la voie de la cultivation.
Je ne voulais plus le voir sombrer dans ce désespoir.
— … Je suis…
Mais je ne pouvais pas le lui dire.
— Je veux parcourir le monde et élever mon royaume intérieur.
— Mais je peux t’enseigner ça aussi…
— Je veux le faire seul.
— Non, tu ne peux pas. Comment pourrais-je vivre sans toi ?
— Tu iras bien, Directeur. Je t’ai appris à lire, à parler et à manier les arts martiaux. Tu es devenu un maître accompli par toi-même. Tu n’as plus à t’inquiéter.
— Mais…
Il avait l’air abattu.
— Vais-je encore être séparé de mes compatriotes ?
Le choc d’avoir été transporté dans un autre monde et d’avoir perdu tous ses collègues en si peu de temps n’était pas encore tout à fait dissipé.
— Alors retrouvons-nous tous les deux ans dans cette maison, qu’en dis-tu ?
— … Hmm.
Après avoir convaincu le morose Kim Young-hoon, je me séparai de lui et quittai la ville.
Rester à ses côtés, guidé par le plus grand expert martial du monde, m’aurait permis d’atteindre plus vite le Royaume du Pinnacle.
Mais je ne voulais plus le voir désespérer.
Après avoir quitté la ville, j’observai le paysage.
— Je devrais d’abord aller à la cité de Seokyung.
Je pensais rencontrer les Quatre Étoiles et Trois Démons de la capitale du Yanguo.
Avec les nombreux excellents cultivateurs des Sept Sects de Seokyung, je pourrais peut-être recevoir leurs enseignements.
— Je vais tenter quelques duels martiaux.
Mais bien sûr, je n’avais aucune intention de provoquer de grandes sectes comme les Quatre Étoiles Trois Démons.
Mieux valait éviter de telles puissances avant d’être moi-même un maître du pinnacle, sous peine d’attirer des ennuis.
Je me rendis donc dans une petite secte en périphérie de Seokyung, le Pavillon des Huit Respect.
Le Pavillon des Huit Respect était une secte de taille moyenne, dirigée par un expert de haut niveau.
Lorsque j’y arrivai, deux gardiens m’arrêtèrent.
— Que venez-vous faire au Pavillon des Huit Respect ?
Vêtus de tuniques martiales achetées avec l’argent de la vente d’herbes, les gardiens se montrèrent polis.
Je rendis leur salut et énonçai ma requête :
— Je suis venu demander un duel martial au Pavillon des Huit Respect.
À ces mots, leurs sourcils tressaillirent.
— Notre pavillon n’est pas un endroit où n’importe qui peut venir…
Fffsch !
Je dégainai brusquement mon épée et tranchai leurs vêtements sans les blesser.
L’énergie de l’épée coupa le tissu de leur tunique.
Voyant cela, leurs visages pâlirent.
— De l’énergie d’épée !
— Un maître de premier ordre !
— Ai-je encore l’air d’un “n’importe qui” ?
Les deux gardiens me demandèrent d’attendre, puis entrèrent dans le pavillon.
Un peu plus tard, l’un d’eux revint, en sueur.
— Veuillez entrer. Le maître vous attend.
Je le suivis jusque dans la cour d’entraînement du bâtiment principal.
Un homme d’âge mûr, barbe longue, m’y attendait, un fouet à neuf sections à la main.
— Eh bien, je me demandais qui pouvait être ce maître de premier ordre, mais je ne m’attendais pas à un si jeune héros.
— Je suis Seo Eun-hyun, humble guerrier sans renom. C’est un honneur de rencontrer le maître du Pavillon des Huit Respect.
— Ha, jeune héros, mais ton esprit martial n’a rien d’ordinaire.
— Le vôtre est également exceptionnel, Maître. Veuillez éclairer ce modeste guerrier de vos enseignements.
Après quelques salutations, nous commençâmes le duel.
Clang !
Le maître du Pavillon lança la première offensive.
Son fouet à neuf sections s’abattait tel un serpent, ses mouvements empreints de rigueur ; son art semblait faire corps avec lui.
Je parai ses attaques à l’aide des mouvements de l’Art de l’Épée Tranche-Montagne.
Soudain, le maître lança un coup de pied derrière son fouet.
Whoosh !
Je m’accroupis pour l’éviter et ripostai d’une position basse, brisant sa garde.
Clang !
Son fouet tomba vers moi, mais je reculai vivement et repris une posture défensive.
— … Votre forme et votre élan ne font qu’un. Union du corps et de l’épée… stade avancé du premier ordre.
— Vous aussi avez fusionné votre art avec votre être, Maître. J’apprends beaucoup.
— Ha… ha…
Il soupira en me regardant.
— Atteindre un tel niveau à ton âge… Tu es un vrai génie.
— Un génie…
Je souris amèrement.
Aux yeux des autres, j’étais sans doute un prodige immense : atteindre le stade avancé du premier ordre avant la trentaine relevait du miracle.
Si l’on considère qu’il faut des décennies aux gens ordinaires pour y parvenir, je devais paraître un génie envoyé par le ciel.
— Un talent céleste…
Mais je connaissais la vérité : je n’étais pas un génie accordé par le ciel.
Je n’étais pas un génie du tout.
— …Merci de louer mon talent insuffisant.
Pour moi, être appelé « génie » n’était pas un compliment.
Les génies sont rares, mais la médiocrité est commune.
Être comparé à eux alors que je ne devais mon niveau qu’à la régression aurait été une supercherie.
Ainsi, je décidai d’assumer ce titre de génie.
— Je vais maintenant utiliser l’énergie d’épée.
— Allez-y. Je combattrai moi aussi de toutes mes forces.
Nous fonçâmes l’un vers l’autre.
Art de l’Épée Tranche-Montagne.
Première posture : Sommets Transcendants.
Je balançai mon épée de gauche à droite à hauteur moyenne, créant une lame d’énergie en croissant de lune qui fendit l’air vers le maître.
Il esquiva en pliant la taille et riposta d’une posture basse avec son fouet.
Deuxième posture : Entrée dans la Montagne.
Swish !
Je passai moi aussi en posture basse, bloquant son fouet à la même hauteur.
Nos armes s’entrechoquèrent, projetant des étincelles.
Boom !
Le maître bondit et abattit son fouet du ciel.
Troisième posture : Veine Ascendante.
Je levai mon épée pour détourner le coup et me préparer à contre-attaquer.
Quatrième posture : Crête Fluide.
Je poussai l’épée dans un mouvement fluide ; il tenta de bloquer, mais ma lame tourbillonna, perçant sa défense.
Il évita de justesse, mais l’énergie spiralée effleura sa tunique.
Profitant de l’ouverture, je poursuivis :
Cinquième : Falaise Rocheuse.
Sixième : Pierre Étrange.
Mon épée tournoyait comme une danse, formant une tornade impénétrable de coups qui s’accéléraient peu à peu.
Whirling, whirling, whirling !
Septième : Mont Profond.
Utilisant la force de rotation, j’attaquai.
Le maître tenta d’abattre son fouet, mais grâce aux variations subtiles issues de la sixième posture, je pénétrai sa garde.
— Hmm… !
Après avoir percé sa défense, je pivotai du bas droit vers le haut gauche et frappai.
Whoosh !
Le maître esquiva en tournant sur lui-même, mais mon énergie d’épée trancha encore le devant de sa tunique.
Profitant de l’élan, il fit tournoyer son fouet vers moi.
Huitième : Vallée Retirée.
Je balançai mon épée, déviant le fouet et annulant la force contenue dedans.
Whoosh, whoosh, whoosh !
Le maître recula et fit claquer trois fois son fouet.
Je relevai mon épée vers la gauche.
Neuvième : Peinture de Paysage.
Je tranchai en diagonale vers le bas droit, puis, emplissant la lame d’énergie interne, frappai trois fois — haut droit, bas gauche, successivement.
Six coups au total parèrent son fouet.
Je levai alors mon épée, concentrant mon énergie.
Dixième : Veine du Dragon.
L’énergie interne du Qi des Veines du Dragon jaillit violemment.
Une force colossale remplit la lame, s’abattant sur le maître avec une férocité dévastatrice.
— Ugh !
Boom !
Il para avec son fouet, et nos armes se heurtèrent dans une explosion assourdissante.
— Ugh !
Sous le choc, il tourna sur lui-même et fit claquer son fouet quatre fois.
Quatre fois !
Onzième : Bord de Falaise.
Crack !
J’alourdis mon épée d’une force équivalente à mille livres grâce à mon énergie interne.
La lame devint d’une lourdeur terrifiante, fendant même le sol du terrain d’entraînement.
Je tranchai du bas vers le haut, frappant le maître.
— Argh !
Swoosh !
Même coincée dans le sol, l’épée bougea avec vitesse ; une fois libérée, sa célérité décupla.
Pris de court, le maître fut effleuré encore une fois à la poitrine.
— Il est temps d’en finir.
Douzième : Sept Lueurs du Sommet Émergent.
Comme le soleil se levant derrière la montagne, illuminant le monde de ses rayons,
sept flots d’énergie d’épée jaillirent, prolongeant la onzième posture.
Clang !
Le fouet du maître fut tranché net et tomba hors du terrain.
— Ah… je suis vaincu.
— C’était un bon combat.
Je m’inclinai respectueusement, puis quittai le Pavillon des Huit Respect.
— Le Pavillon des Huit Respect… même dans ma vie antérieure, il était connu pour sa droiture et son refus des méthodes sournoises.
Je comptais désormais défier d’autres factions honorables comme celle-ci, gagner en réputation, puis affronter plus tard les écoles douteuses.
En continuant ainsi mes duels, j’étais décidé à…
Atteindre le Royaume du Pinnacle dans cette vie !
Dans cette vie-ci, je le réaliserai à coup sûr !