De retour dans le centre d’Ékulé, l’un des villages les plus incroyables de l’empire Batang en Afrique, Suzie respira d’un grand coup. Elle venait d’échapper à l’inconnu.
Elle continua sa route et rentra à la maison où sa grand-mère l’attendait depuis bien longtemps pour concocter la soupe de champignons.
“Bonsoir grande mamie !” Suzie s’adressa à la vieille dame pendant qu’elle pénétrait l’enceinte de la barraque.
“Je suis de retour à la maison,” lui dit-elle tout en se dirigeant vers la cuisine. Elle posa le panier de champignons sur l’évier.
“Où étais-tu passée, petite casse-couilles?” Lui demanda la grand-mère verte de colère.
“Grande mamie, je suis vraiment navrée,” répondit Suzie qui ensuite se précipita pour embrasser la matriarche dans l’optique de la calmer.
“Aujourd’hui, la forêt était parsemée de tellement de champignons. Il fallait donc que j’en prenne autant que possible. Et aussi, je devais sélectionner les meilleurs pour ta soupe préférée,” expliqua-t-elle.
“Hummm, tu sais comment me flatter. Tu réussis à chaque fois à m’apaiser, surtout lorsque tu ramènes à la maison ce que j’aime le plus,” s’exprima grand-mère d’une voix douce.
Suzie repartit dans la cuisine. Elle retira les champignons du panier et les plaça dans une marmite. Elle ouvrit le robinet pour recueillir un peu d’eau et les nettoya.
Et soudain…! La mémoire de ce qui s’était passé dans les bois surgit.
“Grande mamie, laisse-moi te raconter la chose étrange qui s’est déroulée lorsque j’étais en journée dans la forêt d’Ékulé,” déclara Suzie à sa grand-mère qui était assise sur sa chaise en rotin au salon.
La sexagénaire qui s’aérait avec un ventilateur à main, regarda dans la direction de sa petite-fille et susurra: “Toi encore avec tes histoires, que y a-t-il cette fois-ci, petite commère ?”
“Non, grande mamie, il ne s’agit pas des racontars habituels sur les gens du village.” Suzie la contredit.
“J’ai été épiée par un homme dans la brousse. Il semblait être bûcheron de profession mais je n’eus pas le temps de le vérifier,” affirma-t-elle.
“Pardon? Qu’est-ce que j’entends là ?” S’écria grand-mère, foudroyée.
“Qui est cet individu impertinent qui a osé faire du mal à mon petit ange?” Gronda encore plus fort la vieille femme.
“Non, grande mamie, je n’ai pas été blessée. J’ai juste été désagréablement éberluée à sa vue. Je pensais être toute seule dans les bois,” décrit Suzie à sa grand-mère furieuse.
“Qu’importe! Cela ne doit plus jamais se répéter,” réagit grande mamie, balayant fermement d’un revers de la main l’euphémisme de sa petite-fille.
Suzie se tut et reprit la cuisson des champignons. Elle versa l’eau sale de la marmite dans l’évier et en prit une autre plus fraîche du robinet.
Elle sala les champignons et ensuite ajouta du persil émincé, des lamelles d’oignons et de la poudre d’ail. Enfin, elle posa la marmite sur un feu de bois qui se consumait paisiblement.
Une demi-heure plus tard, grand-mère se mit à humer les délicieuses arômes de son plat favori de toujours.
“Hummm, Suzie, tu me fais saliver. Combien de temps faudra-t-il encore attendre avant que tu me serves?” interrogea grande mamie qui s’impatientait.
“Juste une dizaine de minutes le temps que la soupe mijote un peu et ce sera prêt,” répondit la petite-fille toute souriante.
“Okay, très bien ! Mais s’il te plaît, sois rapide ! J’ai très faim.” Grand-mère l’implora.
Dix minutes plus tard, la cuisson de la soupe de champignons était finalement terminée. Son odeur parfumée se répandait partout dans le chalet. Suzie en servit une grosse portion à grande mamie dans son assiette et la lui apporta à la salle à manger.
“À table!” s’exclama Suzie.
Grand-mère se leva avec hâte de sa chaise en rotin et s’empressa de se rendre dans la pièce à souper. Elle tira sa chaise en bois de frêne et s’assit.
“Succulent! Une fois de plus, tu as encore fait étalage de tes talents culinaires, ma petite chérie. Je me régale,” apprécia la vieille dame.
“Merci grande mamie ! À présent, il est temps que je repose mes yeux éreintés. J’ai eu une journée ô combien fastidieuse,” confessa Suzie avant de monter à l’étage où se trouvait sa chambre.