“Oh mon Dieu, quelle belle sirène je vois là !” S’exclama le bûcheron Babida, tenant sa hache en main et prenant une minute d’arrêt de travail. La raison de sa petite pause : une jeune demoiselle âgée de dix-huit ans, mince et à la peau ébène avec des cheveux roulés et tenant dans sa main droite un panier de champignons. Elle se nommait Suzie.
Sa grand-mère – grande mamie – comme Suzie l’appelait affectueusement, l’avait envoyée dans les bois pour chercher des champignons à préparer pour le souper du soir.
Elle avait le dos tourné quand Babida la remarqua. Elle cherchait insoucieusement les espèces blanches et faisait le tri des bonnes et des mauvaises. Elle jetait celles qui étaient dangereuses pour la santé et retenait dans son panier en caoutchouc celles qu’elle devait ramener à la maison.
Elle s’accroupissait pour ramasser les champignons et ce faisant, sa mini-robe rose en soie se rétrécissait davantage, laissant voir encore un peu plus ses jambes sans poils. La jupe disposait de cordes au niveau de la taille, lesquelles étaient attachées à l’avant en forme de nœud papillon.
Babida était sous le charme et le petit temps d’arrêt qu’il observait se transforma en un moment éternel d’admiration pour la belle Suzie. La hache en acier qu’il tenait dans ses mains herculéennes depuis deux heures finit sa course au sol recouvert d’herbes vertes.
“Salut ma belle!” S’écria brusquement Babida.
Surprise, Suzie se retourna pour regarder derrière elle, les yeux écarquillés et la main gauche posée sur la poitrine, puis soupira profondément et recula de deux pas.
Devant elle était placé un homme noir et grand d’une trentaine d’années le torse nu, dévoilant des pectoraux aussi massifs que le mont Everest et dont les bras énormes étaient remplis de veines épaisses qui s’entrecoupaient.
“Qui êtes-vous ?” Suzie questionna d’une voix forte et tout apeurée.
“Que faites-vous par ici?” Ajouta-t-elle.
“Veuillez m’excuser mademoiselle ! Loin de moi était l’intention de vous effrayer. Pardonnez mes manières désinvoltes!” Babida lui répondit.
Ne sachant comment réagir devant le parfait inconnu, Suzie choisit de s’en aller malgré les plates excuses de ce dernier.
“Quoi qu’il en soit je m’en vais à présent,” lui dit-elle.
“Un instant je vous en prie mademoiselle. Puis-je connaître votre nom?” lui demanda Babida avec le plus éclatant des sourires.
“Pour quoi faire? Ne vous ai-je pas dit que je suis sur le point de partir ?” Suzie rétorqua et se mit sur la voie de sortie de la forêt, son panier de champignons bien accroché à son bras.
Babida étendit sa main droite afin de l’attraper mais ce fut trop tard. La belle Suzie s’enfuit aussi vite qu’elle put.
Déçu, Babida sauta les poings serrés et cria de rage.