Auteur : Entrail_Jl
Traductrice : Moonkissed
« — Le match est terminé ! La gagnante est Aoife Kell Megrail. »
Wooo !
La foule a explosé de joie. Ses acclamations ont plu sur la plateforme où se tenait une silhouette impassible.
Elle était sous les projecteurs, captivant tout le monde par sa présence.
Ses cheveux roux, qui lui tombaient en cascade dans le dos, mettaient en valeur son trait le plus frappant : ses pupilles jaunes….
Aoife Kell Megrail.
La future Étoile Noire, et l’une des nouvelles recrues les plus prometteuses de Haven.
Face aux acclamations, Aoife les ignora simplement et fixa son adversaire, Jordana. Une chevalière prometteuse de la famille.
« … Décevant. »
Sa voix froide s’abattit sur la jeune fille, lui transmettant son évaluation.
Jordana baissa la tête de honte.
« Je m’excuse. »
« Ne le sois pas. »
Aoife tendit la main, que Jordana saisit.
« C’était le résultat attendu. »
« J’ai fait de mon mieux, mais il semble que même moi, je ne suis pas ton adversaire. J’ai bien peur qu’avec ta force actuelle, tu ne trouveras pas un seul adversaire de ton âge. Pas même à Haven. »
« … »
Aoife n’avait pas de mots pour réfuter.
C’était la dure vérité.
Son talent, associé à l’écart d’âge qu’elle avait pour s’entraîner, faisait d’elle quelqu’un qui se trouvait à un niveau que les cadets ordinaires ne pouvaient pas atteindre.
C’était ce qu’elle croyait, et tout le monde le croyait.
Alors,
[Lettre d’admission]
Nous félicitons la cadette Aoife Kell Megrail pour son admission à l’Institut Haven.
Nous sommes fiers et ravis de vous accueillir dans notre programme.
C’est avec un grand honneur que nous vous invitons à nous rejoindre.
■ [Rang de cadet : 3]
[Lettre d’admission]
« Troisième place ? »
De quel genre de situation s’agissait-il ?
« … Y a-t-il une erreur ? »
Quand elle en parla à son cousin, Atlas, sa réponse fut catégorique :
« Non. »
Feuilletant nonchalamment les pages du livre qu’il tenait à la main, il ne lui jeta même pas un regard.
« Il y a deux cadets que nous avons jugés plus talentueux que toi. »
« Plus talentueux ? Alors… moi ? »
Pour la première fois depuis longtemps, l’expression calme d’Aoife vacilla. Elle ouvrit la bouche, mais les mots refusèrent de sortir.
Comme si quelque chose était coincé, tout ce qu’elle pouvait faire était de bouger sa bouche.
Jusqu’à ce que,
« Julien Dacre Evenus. »
Elle reçut un nom.
Un nom qu’elle grava profondément dans son esprit.
« C’est l’Étoile Noire. »
Et.
« Celui que nous jugeons plus apte à ce rôle que toi. »
***
« … Parler, hein. »
Je regardai la lettre devant moi. Elle m’avait été remise ce matin par un membre du personnel de l’Institut Haven.
Il disait ensuite : « Félicitations pour votre admission à Haven. Nous sommes fiers d’annoncer votre entrée à l’institut… »
C’était une longue lettre.
Mais les points importants étaient :
« L’Étoile noire et la parole. »
Une semaine s’était écoulée depuis l’examen. J’en savais maintenant beaucoup plus sur ma situation.
Par conséquent,
« … Ha. »
Je savais exactement ce que « l’Étoile noire » symbolisait.
Il symbolisait l’excellence et la perfection. Un objectif à atteindre pour les autres cadets. Ce que je n’étais pas.
J’étendis ma main et un léger cercle magique violet se forma.
Tzz——
Il se brisa quelques secondes après que je l’aie activé.
« Toujours rien… »
Il y avait de la magie dans ce monde. C’était un fait dont j’avais pris conscience très tôt. Et apparemment, j’avais du talent pour la magie des malédictions.
Julien, c’était ça.
Moi ?
« On dirait que tu n’as toujours pas compris comment utiliser correctement le mana. »
Je continuai à fixer ma main et ignorai la voix qui me parvenait du fond de la pièce.
Je concentrai toute mon attention sur ma main.
Un courant chaud jaillit du centre de mon abdomen. Je le guidai jusqu’au bout de mes doigts.
Dans mon esprit, une image vivante prit forme, et des runes étranges flottaient dans l’air, s’agençant progressivement dans le cercle violet qui planait au-dessus de mes doigts.
Presque…
De la sueur se forma sur mon front.
Elle coulait le long de mon nez.
S’arrêtant à la pointe.
Les runes se placèrent dans le cercle. Une faible lueur apparut sur ses bords.
Oui… Un peu plus…
J’étais proche.
Je pouvais le sentir.
J’étais…
Tzz——
« Ah. »
Le cercle s’est brisé.
Tous les progrès avaient disparu en un instant.
?| [Mains de la maladie] EXP + 0,01 %
Ce n’était pas un résultat inattendu. Cela avait été comme ça toute la semaine.
Mais.
« … C’est frustrant. »
Essayer encore et encore, avec peu ou pas de progrès.
Je pensais qu’avec suffisamment de temps et de pratique, je verrais une amélioration, mais la semaine où j’ai commencé à m’entraîner, le seul résultat que j’ai obtenu a été un échec.
Ploc…
Quelque chose de mouillé coulait de mon nez.
J’ai utilisé ma manche pour l’essuyer. Seulement pour qu’elle soit tachée de rouge.
C’est là que j’ai réalisé.
« Du sang… »
« Tu te surmènes. »
Finalement, je levai les yeux. Là, debout près de l’entrée de ma chambre, se tenait Leon. Ses yeux gris étaient plus intenses que jamais.
« Tu essaies d’apprendre la magie des malédictions, n’est-ce pas ? Pour ne pas éveiller les soupçons le moment venu. »
« … C’est ça. »
Non, pas vraiment.
C’était en partie la raison. Mais c’était surtout parce qu’apprendre une autre magie s’avérerait trop difficile pour moi.
Du moins, l’ancien moi.
« Tiens. »
Leon s’approcha de moi pour me tendre une feuille de papier.
« Voici le discours que j’ai préparé pour toi. Tu n’auras pas à t’inquiéter de le répéter, car il est assez simple. De plus… Personne ne se doutera de rien si tu le dis exactement tel qu’il est écrit. »
« Je vois. »
Je tendis la main pour le prendre quand il se retira. Je fus surpris.
« … Qu’est-ce que tu fais ? »
« Tout bien réfléchi, je te le donnerai plus tard. »
« Hein ? »
Il me montra mon nez.
« Nettoie-toi. Tu n’es pas en état de penser au discours. »
« Ah. »
D’accord.
Je tendis la main vers le mouchoir le plus proche pour me nettoyer le nez. Il saignait encore. Comme prévu, je m’étais un peu trop entraîné.
Leon se tenait tranquillement à côté de moi.
Il m’observait attentivement.
Jusqu’à ce que,
« Je vais y aller. On se retrouve avant le discours. »
Il décida de partir.
« Attends. Le discours… ! »
Il partit avant que j’aie eu le temps de lui demander le papier.
« … Merde. »
Je me fourrai un mouchoir dans le nez.
« Il se méfie toujours de moi. »
Pendant la semaine que j’ai passée avec Leon, il a toujours semblé sur les nerfs en ma présence. Je savais exactement pourquoi il était comme ça, et j’en ai profité pleinement.
« Je n’ai pas beaucoup de temps. »
Mais je savais que je ne pourrais pas garder la façade plus longtemps.
Il ne lui faudrait pas trop de temps pour comprendre qu’il pouvait me tuer d’une simple pensée. C’était pourquoi j’étais si désespéré de progresser.
Seul le pouvoir me permettrait de rester en vie.
« … Je devrais y aller. »
Je regardai ma montre.
Il était presque temps pour moi de prononcer mon discours. Ce n’était pas comme si j’étais nerveux. Loin de là.
Mais.
« Et alors… ? »
Mon but était de trouver des réponses. Et malgré le fait qu’une semaine s’était écoulée, la seule chose que j’avais réussi à obtenir était encore plus de questions.
C’était bien le monde de L’avènement des trois calamités.
Bien que je n’aie jamais joué à ce jeu, la situation m’est apparue clairement après avoir découvert le monde la semaine dernière.
Durant cette semaine, j’ai continuellement pensé à quitter cet endroit.
La vision qui a précédé mon arrivée ici m’a montré en train de me faire tuer par une longue lame, avec trois femmes à mes trousses.
La vision était-elle celle du Julien du futur, ou était-ce moi dans le futur… ?
Même si c’était le cas, combien de temps avais-je avant que Leon ne me tue ?
« … Quelle que soit l’issue, il semble que chacun de mes mouvements mène à ma mort. »
Pour un tel avenir, la bonne réponse n’était-elle pas de fuir ? De quitter cet endroit. Je pourrais certainement vivre une belle vie si je le faisais.
« … Comme si. »
L’idée de ne pas savoir pourquoi j’étais là semblait me ronger plus que mon désir de vivre.
Je suppose qu’ayant déjà péri une fois, j’accordais moins d’importance à ma vie qu’à la vérité.
« Ce n’est pas tout… »
Mes yeux se reportèrent sur mon bras.
En le tournant, un trèfle à quatre feuilles entra dans mon champ de vision.
« … »
L’une des feuilles s’illumina.
Un sentiment d’effroi monta du plus profond de mon esprit alors que mon regard restait fixé sur la feuille. C’était la même feuille que la dernière fois.
Cela me rappela l’examen.
C’était grâce à cette feuille que j’avais pu devenir l’Étoile Noire.
Je ne savais toujours pas à quoi elle servait.
Le lendemain, quand je me réveillai, elle s’était à nouveau illuminée. Je ne l’avais pas touchée depuis. Les séquelles de cette situation continuaient de m’affecter. Mon esprit était-il encore capable de supporter des émotions aussi intenses ?
Je n’en étais pas sûre.
Mais s’il y avait une chose dont j’étais sûr…
« Les émotions. »
Colère, tristesse, joie, amour, surprise, peur…
« … je ne serai pas consumé. »
Bruissement…
J’enfilai un blazer noir et des gants en cuir noirs pour cacher les blessures sur mes mains. Après m’être assuré que tout était bien ajusté, je me dirigeai vers la porte.
Ni maintenant, ni jamais.