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L’Avènement des trois calamités | Advent of the three calamities
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Auteur : Entrail_Jl

Traductrice : Moonkissed

Le « Curtain Call Collective » était une association renommée au sein de l’Empire.

Remplissant continuellement les théâtres avec leurs performances, personne ne les ignorait. Ils étaient des célébrités parmi les célébrités.

Chaque année, ils organisaient un spectacle au festival de l’Académie Haven.

De nombreuses personnalités s’y rendaient, il n’y avait pas de meilleur endroit pour se produire. C’est pour cette raison que tout devait être correctement installé.

« Non, ce n’est pas bon ! Mets-le à droite. »

« Oui ! Comme ça… non ! Un peu plus à gauche, ouais, merde, tu es encore allée trop à gauche… ! »

L’organisatrice de l’événement était une femme d’âge moyen connue sous le nom d’Olga. Non seulement elle était l’organisatrice de l’événement, mais elle était également la scénariste de la pièce.

Sa renommée était à peu près la même, sinon supérieure, à celle des acteurs principaux de la pièce.

Dans tout l’Empire, seules sept pièces avaient reçu cinq étoiles, la plus grande et la plus honorable des distinctions.

Les critères d’attribution de cette note étaient extrêmement difficiles, ce qui en faisait une distinction très prestigieuse et très convoitée.

Olga n’avait pas encore reçu sa première cinq étoiles, mais avec plusieurs pièces quatre étoiles à son actif, elle était en passe de recevoir une telle récompense.

Sa dernière pièce, « Les blessures de la lune », était un projet sur lequel elle travaillait depuis plusieurs années. C’était son chef-d’œuvre.

Pour cette raison, tout devait être parfait.

« Non ! Ce n’est pas le bon endroit ! »

Des détails les plus importants aux plus petits.

Tout devait être parfait.

« Madame Olga. »

« Oui, juste là. »

« Madame Olga. »

« Non, vous êtes… »

« Madame Olga ! »

« Hein ? Ah ! »

Surprise, Olga se tourna vers sa gauche où se tenait une jeune femme à lunettes. L’air agacé, elle jeta un coup d’œil autour d’elle et soupira.

« Madame, nous sommes sur le point de passer une audition pour les rôles supplémentaires de la pièce. Plusieurs cadets attendent de passer une audition. »

« Ah, d’accord. Je dois en sélectionner un… »

L’expression d’Olga s’effondra. Perfectionniste, Olga détestait par-dessus tout devoir entacher sa pièce en autorisant des acteurs amateurs et des cadets à y participer. Quel que soit le rôle mineur qu’ils avaient, Olga détestait l’idée de les avoir dans sa pièce.

Si elle n’y avait pas été contrainte, elle aurait carrément rejeté l’idée.

« […] Putain. »

Son dégoût de la situation atteignit un point tel qu’elle finit par jurer.

« Je n’arrive pas à croire que je doive permettre ça. »

La représentation était extrêmement importante pour elle. C’était à cause de son importance qu’elle avait du mal à se contrôler.

« Amène-moi à eux… »

Serrant les dents, elle se dirigea vers la salle principale qui était alors presque complètement vide. Trois autres personnes l’attendaient près de la scène.

« Ah, madame Olga, vous êtes là. »

« Madame. »

Ils étaient des membres clés du Collectif Curtain Call et, à en juger par leurs expressions, il était évident qu’ils ressentaient la même chose qu’elle.

Arborant un sourire impuissant, un homme d’âge moyen au ventre proéminent et aux cheveux clairsemés lui tendit un papier.

« Nous organiserons une audition pour le rôle secondaire d’Azarias. »

« Azarias ? »

Olga fronça les sourcils et faillit encore jurer.

Un tueur en série issu d’une famille noble exilée qui aimait tuer des gens. Avec ses tendances sanguinaires et ses intentions difficiles à déchiffrer, il était le premier « antagoniste » de la pièce.

Un « méchant secondaire », pourrait-on dire.

Mais…

« Je ne peux pas accepter ça. »

C’était un personnage clé. Bien qu’il fût effectivement un méchant secondaire, il était quelqu’un qui avait poussé le personnage principal sur la voie dans laquelle il s’était engagé.

Comment pouvaient-ils laisser quelqu’un jouer un tel rôle ?

« Je ne peux pas l’autoriser. »

C’est pour cette raison qu’Olga claqua le papier sur la table et secoua la tête.

« Vous devriez tous connaître l’importance de ce personnage. Je ne l’autoriserai pas, même si vous m’y forcez. »

« Madame, mais… »

« Pas de mais ! Je ne l’autoriserai pas. Même si… »

« … Vous n’avez pas d’autre choix que de le permettre. »

Une voix grave intervint soudainement, forçant Olga à se taire. Lorsqu’elle tourna la tête, elle faillit jurer.

À quelques mètres d’elle se tenait un homme grand et dégingandé, portant d’épaisses lunettes carrées. Vêtu d’un gilet sans sa veste, ses yeux sombres et profonds scrutaient les environs.

« Les règles sont les règles. Puisque vous vous êtes engagée, vous devez aller jusqu’au bout. »

« Mais Azarias est… »

« Quel autre personnage alors ? »

« Celui… »

Quand Olga fut incapable de répondre, l’homme la coupa froidement.

« Puisque vous ne pouvez pas vous décider, taisez-vous et commencez l’audition. Vous n’avez pas beaucoup de temps. Il y a une chance que vous ayez de la chance et que vous trouviez quelqu’un qui mérite d’être pris en considération. »

Trouver quelqu’un qui vaille la peine ?

Olga faillit se moquer de cette déclaration. Cependant, elle ne le montra pas et se contenta de serrer les dents.

« … D’accord. »

Finalement, elle céda.

Comment aurait-elle pu ne pas être d’accord ?

Il s’appelait Adonis et il était le principal investisseur du collectif.

Sans lui, aucune des pièces ne verrait le jour. Des acteurs aux accessoires, tout était payé par lui. Ses ordres étaient absolus, ne lui laissant d’autre choix que d’accepter la situation en silence.

« Maudits salauds. »

Réprimant sa colère, elle s’assit et leva les yeux vers la scène où l’un des participants l’attendait.

Olga fit signe de la main pour indiquer le début.

« Faites entrer le premier cadet. »

« Oui ! »

Immédiatement, un cadet apparut sur la scène. Avec ses cheveux blonds courts et ses yeux bleus, il semblait plutôt beau.

« Oh, il est plutôt beau. Le public pourrait l’aimer. »

« Il peut compenser son manque de compétences par son apparence. »

Alors que les autres juges faisaient l’éloge de son apparence, Olga n’était pas intéressée.

La seule chose qui l’intéressait était ses compétences d’acteur.

« Je suis… »

Olga interrompit le cadet avant qu’il n’ait pu dire quoi que ce soit.

« Tu as cinq minutes pour te préparer et étudier le script que tu as entre les mains. Dis-nous quand tu seras prêt à commencer. »

« Ah… »

Agité, le cadet baissa immédiatement les yeux sur le papier et commença à mémoriser ses répliques. Olga s’assit tranquillement et observa son entraînement. De la façon dont il essayait de changer ses expressions, au ton de sa voix.

Finalement, au moment où il devait jouer, une minute après le début de la représentation, elle fit signe de la main.

« Arrête. »

« Euh… ? »

« Tu peux partir. »

Sans se soucier de l’expression du cadet, elle regarda l’assistant.

« Envoyez le suivant. »

« Ah, oui… ! »

Un cercle vicieux s’installa à partir de là. Un cadet apparaissait, pour être interrompu une minute après le début de sa représentation.

« Stop. »

« Suivant. »

« Envoyez-en un autre. »

« Est-ce une blague ? »

Olga se fichait des sentiments des cadets. Même s’ils faisaient de leur mieux, elle les rejetait dès qu’ils commettaient une erreur ou agissaient d’une manière qui ne correspondait pas à l’image qu’elle se faisait d’Azarias.

Ses actions ne passaient pas inaperçues auprès des autres juges qui secouaient simplement la tête et la laissaient faire.

« Sors. »

Cela a duré plusieurs heures jusqu’à ce que le soleil commence à montrer des signes de coucher.

Jetant un coup d’œil à sa montre, Olga demanda.

« Combien de cadets restent-ils pour les essais ? »

« Il en reste cinq. »

« Ah. »

Se frottant la tête, Olga réprima son envie de jurer et prit une profonde inspiration. Encore cinq ? Qu’on me tue… Puis, d’un geste de la main, elle marmonna :

« … Faites entrer le suivant. »

« Compris. »

Tak…

Son apparence attira instantanément l’attention de toutes les personnes présentes.

Vêtu de la tenue standard portée par tous les cadets, ses vêtements semblaient épouser parfaitement son physique.

Se déplaçant d’un pas délibéré et mesuré, il gardait une expression stoïque, observant méthodiquement son environnement avec une froide indifférence.

Dès son apparition, les juges se retrouvèrent incapables de détacher leur regard de lui….

Tous sauf Olga qui fronça les sourcils.

Fixant son apparence impeccable, Olga ne ressentit que de la déception. Son visage, ses expressions… C’était comme si elle regardait une feuille de papier vierge.

Il n’y avait tout simplement rien…

« Encore un joli visage… ? »

Plus elle regardait, plus elle était déçue.

Finalement, elle se pencha en arrière sur son siège et ferma les yeux. Ayant vu son lot de performances, un jugement s’était inconsciemment formulé dans son esprit.

« … Encore un raté. »

D’un geste de la main, elle récita les règles habituelles.

« Tu as cinq minutes pour parcourir le script. Une fois que tu as terminé, commence à jouer. Ne te sens pas trop sous pression. Ce n’est qu’un rôle mineur. »

***

Tout s’est passé si vite que j’ai eu du mal à comprendre ce qui se passait.

Je me tenais au milieu de la scène avec un script.

« Tu as cinq minutes pour parcourir le script. Une fois que tu as terminé, commence à jouer. Ne te sens pas trop sous pression. Ce n’est qu’un rôle mineur. »

« … »

J’ai pensé à refuser, mais quand j’ai repensé aux paroles du professeur Bridgete, toute idée de refus a disparu.

‘Même si je finis par me ridiculiser, ça vaut le coup d’essayer.’

Ces crédits supplémentaires… J’en avais certainement besoin.

Je n’étais pas sûr de pouvoir réussir les épreuves écrites et de combat. Peut-être que je pourrais, mais il n’y avait rien de mal à avoir un filet de sécurité.

« Le personnage pour lequel tu passeras l’audition est un méchant mineur du roman. »

Dit l’un des « juges » d’un ton monotone. Dès que je suis entré, ses yeux ne m’ont pas quitté. Cependant, il y avait une certaine indifférence dans son regard qui me mettait mal à l’aise.

« Il s’appelle Azarias. »

Un autre juge se mit à parler. Dès le début, il sembla plus amical en me racontant le scénario.

J’écoutai silencieusement sans dire un mot.

« Autrefois noble, il est maintenant déchu, banni de sa famille pour sa nature psychotique. Dès sa jeunesse, il prit plaisir à tuer, trouvant un frisson croissant à chaque vie prise. Je veux que tu captures la rage et la folie qu’il ressent en tuant son premier humain. »

Je restai immobile un moment et assimilai l’information. « Capturer la rage et la folie qu’il ressent lorsqu’il tue son premier humain. »

Ah…

Ce scénario…

« Ça me dit quelque chose. »

Pour tout dire, ça me donnait la chair de poule.

Cela me rappelait terriblement la première fois que j’avais tué quelqu’un. Je me souvenais encore très bien des émotions que j’avais ressenties à l’époque.

L’état de folie dans lequel j’étais. Les différentes expressions que j’avais faites. Les odeurs, les sons de tout ce qui m’entourait… Et le désespoir qui m’avait conduit à ce point.

Je pouvais encore tout me rappeler comme si c’était hier.

Au point où j’étais sûr de pouvoir faire ressurgir ces émotions.

« Comprends-tu le rôle ? »

La voix du juge résonna à nouveau dans mes oreilles, me poussant à lever la tête. Sur un ton plus doux, il poursuivit :

« N’oublies pas qu’il s’agit d’un rôle mineur. Ne te sens pas trop accablé. Je comprends que tu n’es pas acteur. Nous ne vte jugerons pas trop sévèrement. »

Il sourit légèrement.

« Tu as cinq minutes. Prends ce temps pour apprendre tes répliques et t’adapter aux émotions du personnage. »

Jetant un coup d’œil au script, je secouai la tête.

« Ce n’est pas nécessaire. »

« Pas nécessaire… ? »

Les expressions des juges changèrent alors qu’ils se regardaient. Il en fut de même pour la femme qui semblait indifférente depuis le début. En fait, au moment où ces mots sortirent de ma bouche, son indifférence me sembla encore plus évidente.

« Es-tu sûr ? »

« Oui. »

J’acquiesçai silencieusement.

Il n’y avait que quelques répliques dans le script. Je n’avais pas grand-chose à mémoriser.

La seule chose qui aurait probablement pris du temps, c’était l’ajustement émotionnel, mais…

‘Je le sais déjà.’

J’avais déjà vécu cette situation.

C’est pourquoi je n’avais pas besoin des cinq minutes accordées par les juges.

« Je peux commencer maintenant. »

J’étais prêt à commencer dès maintenant.

Se regardant les uns les autres, les juges m’ont fait signe de commencer.

« … Très bien, tu peux commencer. »

En observant les expressions de tous les juges, de l’indifférence au léger intérêt, mon esprit s’est enfoncé dans mes souvenirs alors que je fermais les yeux.

Peu à peu, je me suis perdue dans ces souvenirs du passé, et quand j’ai rouvert les yeux, le monde était rouge.

Mon visage s’est contracté et mon expression a changé.

Tout comme les visages des juges devant moi qui me voyaient sombrer dans la folie.

Une folie que je parvenais à peine à contenir alors que ma bouche s’ouvrait peu à peu et que je récitais la première ligne du script.

« … La base de tous les chefs-d’œuvre est un bon départ. »



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