Auteur : Entrail_Jl
Traductrice : Moonkissed
Tac Tac —
Des pas calmes et réguliers.
Ils se dirigèrent vers un petit bâtiment où plusieurs personnes étaient rassemblées. Tous les regards se tournèrent vers l’homme vêtu d’une robe sombre lorsqu’il entra et ôta son chapeau haut de forme. Leurs expressions changèrent immédiatement et ils baissèrent tous la tête pour s’adresser à lui respectueusement.
« Inquisiteur Hollowe. »
« … Inquisiteur. »
Mais il ne leur prêta aucune attention. Ses yeux se posèrent sur le cadavre nu qui gisait au milieu de la table.
Un homme d’âge moyen en tenue de cérémonie s’avança pour expliquer.
« … Nous l’avons trouvé ainsi après que les invités aient tous été libérés. Nous pensons que cela s’est produit moins de cinq minutes après qu’ils soient sortis. Nous n’avons pu trouver le cadavre qu’après qu’un membre de notre personnel soit entré pour vider les pièces. »
Il continua ensuite en pointant le cou de l’auteur.
« Si vous regardez son cou, nous pensons qu’il est mort par strangulation. »
« …. »
Une fois de plus, l’Inquisiteur resta silencieux. Il s’approcha du cadavre nu devant lui et posa sa main sur sa poitrine.
« Inquisiteur ? »
Alors que les autres s’interrogeaient sur ses actions, il finit par parler.
« Il n’est pas mort par suffocation. »
« Hein ? Mais… »
Il pencha la tête et fronça les sourcils.
« Je sens des traces de magie maléfique. Faibles, mais je les sens. »
« Ah. »
« Mais même cela ne suffit pas à le tuer. Elles sont trop faibles. Un mage de bas niveau. »
Une image de la scène se rejoua dans l’esprit de l’Inquisiteur. C’était une scène dont il était plus ou moins certain.
Il continua en ouvrant les yeux du cadavre avant d’acquiescer.
« Ce type s’est suicidé. »
« S’est suicidé ?! »
« Quoi ? Mais… ! »
Sa conclusion provoqua le choc de toutes les personnes présentes, mais alors que les yeux de l’Inquisiteur se portaient sur l’avant-bras de la victime, son expression changea légèrement.
« Oui, il s’est suicidé. »
Il en était encore plus sûr maintenant.
L’image dans son esprit devint plus claire.
« La magie maléfique a été utilisée pour le retenir. Cependant, avant qu’il ne puisse obtenir une réponse, ce type s’est suicidé. L’étranglement est probablement quelque chose qui a été fait pour s’assurer qu’il était mort. Plutôt méticuleux. »
Un compliment subtil. Mais c’est tout. Il détourna les yeux du cadavre et se retourna.
« Euh… ? Inquisiteur ? »
« Mon travail est terminé ici. Je comprends plus ou moins ce qui s’est passé. »
« … Mais qu’en est-il du voleur ? »
« Voleur ? »
L’Inquisiteur cligna des yeux. Puis, se rappelant les informations qu’il avait reçues de la « Centrale », il se frappa subtilement le front.
« C’est vrai. »
Il désigna le cadavre.
« C’est probablement lui. »
Avant même que les personnes présentes dans la pièce puissent répondre, il remit son chapeau et ouvrit la porte.
« Si vous voulez bien m’excuser. Je dois aller quelque part. »
Un endroit qu’il avait hâte de visiter. Un endroit intéressant.
Il sortit des locaux.
Juste avant de partir, il laissa quelques derniers mots.
« Eh bien… Probablement ? »
***
C’était le lendemain et je sortis de la salle de bain en tenant un orbe d’apparence familière.
Je le posai sur le bureau et m’assis sur une chaise où je pris un livre et l’ouvris. Pour l’instant, je décidai de mettre de côté le problème concernant le tatouage sur ma main.
S’il y avait effectivement une chance que Delilah connaisse ma situation…
« Non, elle le sait probablement. »
Cela n’avait aucun sens pour quelqu’un d’aussi puissant qu’elle de ne pas connaître une telle organisation. C’était probablement pour cela qu’elle avait mentionné mon tatouage à l’époque.
Si je lui posais la question, elle serait probablement capable de me répondre, mais…
« Haha. »
Je me mis soudain à rire.
En me penchant en arrière sur ma chaise, certaines choses commencèrent à prendre sens.
« … C’est donc pour ça qu’elle a fait de moi son assistant. »
Ce n’était pas parce que j’étais faible ou quelle que soit l’excuse qu’elle m’avait donnée à l’époque.
Loin de là.
« Elle veut me surveiller. »
Cela m’est apparu clairement après avoir réfléchi à la situation. Ce tatouage que j’avais… Même s’il était possible que je me trompe, j’étais enclin à croire que ma déduction était correcte.
Cela soulevait maintenant plusieurs autres questions.
Que savait-elle ? Quel genre d’organisation était-ce ? Pensait-elle que je faisais partie de cette organisation ? Si oui, était-elle mon alliée ou mon ennemie ?
« … Comme c’est ennuyeux. »
Plus j’y pensais, plus ma tête me faisait mal.
La situation devenait encore plus compliquée. Une autre raison pour laquelle j’avais décidé de ne pas la rencontrer.
Jusqu’à ce que je sache quelle était sa position, je comptais prendre mon temps pour observer la situation.
« Haa. »
Je reportai mon attention sur le livre que je tenais en main, [Classification des os et leur utilisation]. C’était un livre qui nous avait été donné dans le cadre de notre choix de cours.
Cela s’était avéré être une bonne chose, car emprunter à la bibliothèque aurait été problématique.
Surtout si quelqu’un venait enquêter à l’Académie et découvrait que juste après être revenu de la vente aux enchères, la première chose que j’avais faite avait été de faire des recherches sur les os.
Suspect, n’est-ce pas ?
Flip…
Je feuilletai les pages du livre et commençai à lire. Je connaissais les informations générales, mais cela ne suffisait pas. J’avais besoin d’en savoir plus.
C’est ce que je fis.
[Introduction : Les os dimensionnels et leurs usages]
Il y avait trois sections dans la table des matières. Rangs et classifications, utilisation et intégration, et types.
Pendant environ une heure, j’absorbai toutes les informations du livre avant de finalement résumer toutes les informations dans mon esprit.
« Hu. »
Je pris un stylo et notai tout.
: Rangs. Les os étaient classés en fonction du rang du monstre d’origine. Un monstre de rang nourisson produisait un os de rang nourisson, et ainsi de suite. Il existait des monstres de rang primordial, mais aucun os de ce type n’avait jamais été trouvé. Plus la force du monstre était grande, plus la capacité était puissante.
: Types. Le corps humain ne pouvait accepter qu’un maximum de cinq os et une fois intégrés, ils ne pouvaient être retirés. S’il y en avait plus, le corps se décomposait. Il n’y avait que sept types d’os qui pouvaient être intégrés dans le corps humain : l’os du crâne, l’os de la côte, l’os du cubitus, l’os du fémur, l’os du bassin, l’os de la vertèbre et enfin l’os de la mandibule.
« … »
Mon stylo s’arrêta là et je reportai mon attention sur l’orbe à mes côtés.
Enfin, l’intégration.
« Par ici, c’est ça ? »
Je pinçai l’orbe entre mes doigts et y canalisai mon mana. L’orbe brilla d’une teinte blanche tandis que la pièce s’éclairait soudainement.
Un cercle magique flottait dans l’air. Il dura plusieurs secondes avant de se briser.
Puis…
Boum !
Un long os noir tomba sur la table dans un bruit sourd.
« … Pas étonnant qu’il paraisse si petit. »
En réalité, il s’agissait simplement d’un récipient contenant l’os lui-même, qui avait à peu près la taille de ma cuisse.
J’observai attentivement l’os devant moi et je reculai. Il dégageait une aura qui me mettait mal à l’aise. Mon visage se crispa. De plus, l’odeur qu’il dégageait était tout sauf agréable.
Néanmoins, après un examen attentif, j’ai pu comprendre de quel os il s’agissait.
« L’ulna droit. »
L’os juste sous l’avant-bras.
« … Le rang semble également être Junior. »
L’os appartenait à un Metryl, connu pour être un monstre de rang Junior. Même si ce n’était pas le cas, le livre indiquait que les os de rang Terreur et supérieur brillaient et étaient extrêmement denses en mana.
Celui-ci ne l’était pas, il était donc raisonnable de supposer qu’il s’agissait d’un os de rang Junior. Peut-être nourisson, mais j’en doutais vu le prix.
« Pour un os de rang Junior, c’est trop cher… »
À quel point les prix des os de rang supérieur étaient-ils absurdes ? Cette pensée me donna envie de vomir.
Il fallait vraiment que je trouve un moyen de gagner plus d’argent.
Mes progrès augmenteraient sûrement.
« Huu. »
Je pris une profonde inspiration et tendis la main vers l’os. Les étapes de l’intégration étaient plutôt simples.
Il fallait placer l’os sur la zone concernée et créer un flux de mana entre les deux.
Si je comprenais le principe de l’intégration, je n’étais pas vraiment sûr de pouvoir y parvenir.
Je tentai néanmoins ma chance.
Je suivis les étapes habituelles. En concentrant mon attention sur mon centre, une certaine chaleur envahit mon corps.
Je la guidai vers l’os que je tenais dans ma main.
« Hm. »
Je sentis mes sourcils se froncer.
Il y eut d’abord une petite résistance de la part de l’os, mais au fil des secondes, il commença à accepter mon mana.
La première étape que je devais franchir était l’« Assimilation ». En bref, je devais habituer l’os à mon mana. C’était une étape nécessaire avant la partie « Intégration ».
Je décidai donc de faire preuve de patience. Cette étape ne serait pas facile.
« …. »
J’avais raison.
Le processus d’« Assimilation » prenait un peu plus de temps que prévu.
Cependant, en jetant un coup d’œil à l’horloge, je souris.
C’était dimanche.
J’avais tout le temps du monde.
Au total, il m’a fallu une trentaine de minutes de plus pour pouvoir enfin canaliser sans heurts mon mana dans l’os.
« … Hah. »
Dès que j’atteignis ce stade, je laissai échapper le souffle que je retenais. Il était maintenant temps pour moi de passer à la partie la plus importante.
« L’intégration. »
Ce processus n’était pas très compliqué non plus. Cependant, le livre décrivait cette étape suivante comme la plus difficile. Non pas parce qu’elle était difficile à réaliser, mais à cause de la douleur que l’on ressentait pendant l’intégration.
C’était pour cette raison que l’Institut testait la tolérance à la douleur de chacun.
À moins d’atteindre un score de trois, ils ne permettaient à aucun des cadets d’essayer d’intégrer un os sans aucune aide.
Mais pour moi…
Cela n’avait pas d’importance. Trois, quatre, cinq, six… Tant que mon corps ne me laissait pas tomber, ce n’était rien.
La douleur… C’était quelque chose que je pouvais gérer.
Donc.
Je n’ai pas hésité à passer à l’étape suivante.
« … ! »
L’os s’est collé à mon avant-bras et une douleur atroce a envahi mon corps.
La douleur était difficile à décrire.
C’était comme si les os de mon avant-bras avaient été écrasés par un gros rocher en tombant. Les muscles se tordaient et se contorsionnaient en conséquence, et l’os s’est collé à ma peau.
Grincement… ! Craquement… !
Les sons qui sortaient de mon avant-bras étaient tous pour moi.
Mes lèvres tremblaient et mon cœur se tordait de douleur.
Je pouvais ressentir la douleur de manière très vive dans mon esprit.
Mais.
Même en étant submergé par cette douleur intense, je n’ai pas laissé échapper un seul son. Je refusais tout simplement de céder à la douleur.
La douleur.
Elle signifiait beaucoup pour moi.
Ayant tant souffert, je connaissais toutes sortes de douleurs. Et… crier à cause de ce type de douleur me semblait pathétique.
‘Il y a pire. Ce n’est rien.’
Alors.
« … »
Je restai debout en silence et regardai mon avant-bras se tortiller et se contracter.
Grincement… ! Craquement… !
Les sons continuaient mais rien ne sortait de ma bouche. Je ne voulais rien laisser sortir.
Cette douleur dura pendant l’heure qui suivit.
Pendant tout ce temps, je restai immobile et absorbai la douleur.
Je la mémorisai.
… Pour que la prochaine fois que je vivrais quelque chose de similaire, je puisse me dire : « J’ai tenu le coup, pourquoi ne pourrais-je pas tenir encore le coup ? »
« … ! »
Crac !
Alors que j’entendais un fort bruit de craquement, un sentiment de faiblesse m’a finalement frappé.
J’ai trébuché de plusieurs pas en arrière avant de tomber sur ma chaise.
Le monde tournait et les bords de ma vision ont commencé à s’assombrir. Peu à peu, l’obscurité s’étendit, gagnant toutes les zones avant de finalement m’aveugler.
Même dans cet état, je restai silencieux.
« … »
Je sentis mon bras droit se contracter et quelque chose en sortir.
Je ne savais pas quoi.
Je ne pouvais pas voir.
Il fallut plusieurs minutes pour que ma vision revienne.
Quand elle revint, je regardai autour de moi.
Tout ce que je vis était…
« … des fils. »